CONCENTRE DE BMW
En se lançant dans le segment des compactes haut de gamme, BMW
a une fois de plus démontré sa force d'innovation. Toutefois, pour
que nos âmes de passionnés soient en émoi, il
manquait à l'appel une vraie version de pointe. A défaut
d'une hypothétique M1, BMW nous propose donc en cette rentrée
une alléchante 130i avec en option, un pack M sport...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
Rien que dans les quatre premiers mois après la présentation
de la nouvelle série de modèles - soit de septembre
à décembre 2004 - 39 247 BMW Séries 1 ont quitté
l'usine de Regensburg en Allemagne. Pourtant, avec la BMW
120i, il nous était encore permis de douter de la philosophie
sportive de l'engin. Avec cette nouvelle 130i, le doute n'est désormais
plus de mise. Et comme pour mieux nous en convaincre, Bmw propose
en option un kit "M sport package". D'ailleurs la Bmw
M1 ayant déjà ses entrées au panthéon
de l'automobile sportive, il serait peut-être délicat
de rebaptiser de la sorte une série "Une". Quoiqu'il
en soit, dans la catégorie des compactes, la BMW 130i risque
bien de faire du bruit. D'une part c'est la seule propulsion du
marché dans son segment, et elle reprend à ce titre
dignement le flambeau de ses ainées, les série 3 compact
323 Ti, puis 325 Ti,
d'autre part son niveau de performances a tout pour faire d'elle
une véritable référence face aux Audi
A3 V6, VW Golf R32,
Renault Megane RS et
autres Alfa Romeo 147 GTA.
Assurément, la série une veut être première
de sa classe, dès la rentrée !
DESIGN
Berline compacte à cinq portes (bien que l'on soit en droit
de se plaindre à l'arrière...) et hayon de coffre,
la série 1 joue un positionnement très haut de gamme
dans sa catégorie, accentué notamment par des prix
de vente élitistes. La 130i se décline en 4 finitions
: Confort, Luxe, Sport et Grand Tourisme. Dotée de phares ronds doubles
derrière des verres lisses, la BMW 130i arbore, elle aussi,
le nouveau visage de la marque. On note à ce sujet, l'introduction
de l'éclairage directionnel adaptatif.
PACK M
Dynamique et raffiné,
le pack sport M proposé en option arrive à point nommé pour
le lancement de la BMW 130i et sera proposé pour toutes les
BMW de la Série 1. Il permet de valoriser l'allure sportive de cette
compacte au design décalé, signé par le très
controversé Chris Bangle. Des pneus de 18 pouces
de diamètre posés sur des jantes à 5 doubles
branches rappellant celles de la plus exclusive Bmw
M6, l'échappement double à embouts chromés, les réflecteurs
de phares couleur titane, les antibrouillards, le look "Shadow line"
et - signe distinctif de tous les modèles à six cylindres de BMW
- les lames chromées dans les naseaux de la marque. S'il y avait
un petit M en lieu et place du logo 130i, on se croirait réellement
en face d'une réalisation signée Motorsport et pourtant
la branche prestigieuse de BMW n'en est pas l'auteur.
Si vous disposez
de l'accès confort, un émetteur intégré à la clé déclenche le déverrouillage
automatique des portes dès que vous vous approchez de la voiture
et saisissez la poignée de porte. L'échange de signaux entre la
clé et la voiture va encore plus loin : dès qu'un conducteur ouvre
la voiture avec sa clé, les sièges à réglage électrique, les rétroviseurs,
le climatiseur et le système audio, etc. reprennent leurs réglages
préférés. Quel bon animal, il reconnait son maître !
HABITACLE
A l'intérieur,
les sièges sport, le ciel de pavillon BMW Individual de couleur
anthracite, le volant gainé cuir, le repose-pied, les caches de
marchepied au style BMW M ainsi que les baguettes décoratives spéciales
en aluminium témoignent de la sportivité accentuée du pack M.
Mais les plastiques durs utilisés ça et là viennent ternir le tableau et se montrent décevant de la part de Bmw.
La place au volant montre cependant que la BMW 130i a été conçue
pour le conducteur. Ce dernier dispose d'un
levier de vitesses plus court et peut régler le volant sur une grande
plage dans l'axe horizontal et vertical. Son pied gauche repose
sur un repose-pied robuste occupant une position idéale.
Les pédales d'accélérateur, de frein et d'embrayage sont centrées
par rapport au siège du conducteur. Ceci aussi est loin d'être une
évidence dans la catégorie des compactes. Bien que d'un dessin sportif,
les sièges sport de la BMW Série 1 dotée du pack M pack répondent aussi aux besoins
du gros rouleur parcourant de longues distances. Les plages de réglage
sont généreuses, y compris pour la colonne de direction qui s'ajuste
dans l'axe horizontal et vertical, avec un appui lombaire à quatre
voies. Les sièges sport de la BMW 130i pack M offrent, de plus,
la possibilité d'augmenter ou de diminuer le volume des flancs des
dossiers grâce à un réglage pneumatique pour s'adapter à
tous les gabarits.
Un rapide coup d'œil sur les instruments ronds
suffit pour signaler d'emblée, ce qui change au volant de la BMW
130i : un compte-tours dont l'échelle va désormais jusqu'à 8 000
tr/mn et un compteur de vitesse gradué jusqu'à 260 km/h !
Bourrée de gadgets en tout genre, la Bmw 130i possède
un manuel d'utilisation plus épais que celui de Windows !
Nous souhaitons donc bon courage à ceux qui voudront explorer
les multiples raffinements de cette GT compacte, notre intérêt
personnel se situant plus en avant du tableau de bord...
MOTEUR
Qu'on ne s'y trompe pas, la force de propulsion de la BMW 130i n'est
aucunement revisitée par les ingénieurs de Motorsport
Gmbh. Toutefois, ce six cylindres en ligne d'une cylindrée de 2
996 cm³ déjà vu sous le capot des 330i et 630i a encore
glané quelques chevaux supplémentaires avant d'entrer
sous le "petit" capot de la 130i. Il atteint désormais
une puissance de 265 ch à 6600 tr/mn, pour hisser la série
1 au premier rang de sa classe.
Il est traditionnellement admis que
le principe de construction du six cylindres en ligne offre des
conditions optimales pour un grand velouté et un débit harmonieux
de la puissance. A ces prédispositions naturelles, BMW ajoute
la distribution entièrement variable, associant pour la première
fois la gestion variable de la levée et de l'ouverture des soupapes
VALVETRONIC et le calage en continu des arbres à cames d'admission
et d'échappement VANOS double, lui confère une efficacité époustouflante
sur toute la plage d'utilisation.
Dans un contexte de retour au
moteurs suralimentés, Bmw nous fait une nouvelle fois la
preuve qu'une mécanique atmosphérique bien conçue
est capable d'offrir encore plus de plaisir. Atteignant 315 Newtons-mètres
à 2750 tr/mn dont jamais moins de 280 Nm sont disponibles
sur une large plage entre 2 000 et 6 600 tr/mn, le couple de ce
3L atmo est omniprésent, ce qui lui confère, comme
à l'habitude chez Bmw, une très grande linéarité.
Pourtant, vue la promptitude à prendre ses tours et la sonorité
dégagée, cette linéarité ne se traduit
pas par un manque de caractère.
A l'arrivée, les performances
sont éloquentes : 6,1 secondes seulement s'écoulent pour qu'elle
file à 100 km/h, 25"9 pour passer la borne. Et sa vitesse maximale
est bridée électroniquement à 250 km/h. Pour couronner ce brillant
travail de motoriste, la consommation moyenne n'est que de 9,2 litres
aux 100 kilomètres, bien en dessous des valeurs habituelles de cette
catégorie de puissance. Parmi toutes les innovations qui permettent
d'afficher de tels progrès, la nouvelle pompe à eau électrique
ne consomme ainsi qu'environ 10% de la puissance habituellement
requise.
Six cylindres, six vitesses, voilà une alliance
qui aurait été parfaite avec un étagement mieux
travaillé, tirant plus court sur les derniers rapports et
moins sur les premiers. Face à la généralisation
des systèmes à commande séquentielle et à
la problable apparition de l'option SMG, la bonne vieille "boîte
méca" garde pourtant tout son intérêt en
matière de plaisir. Grâce à des courses courtes et à un guidage
ferme et précis du levier de commande, changer les vitesses sur
cette BMW est toujours un plaisir pour tout conducteur aimant la
conduite sportive.
Comme sur le roadster
Z8, il suffit d'introduire la clé électronique dans la
fente prévue à cet effet, d'appuyer sur la pédale d'embrayage et
enfin sur le bouton start logé sur le tableau de bord, pour que
le moteur de la BMW 130i se réveille. On préssent la bonne
santé du 6 en ligne dès le premier coup donné sur l'accélérateur.
Répondant spontanément avec son timbre si particulier,
le 6 en ligne évolue entre un grondement sourd et des aigus
métalliques pénétrants. La BMW 130i s'exprime
avec plaisir à travers une ligne d'échappement spécifique,
entièrement en inox. Malgré une masse totale indécente
à cause d'un équipement très riche, le rapport
poids/puissance de 5,2 Kg par ch seulement est un autre indice du
potentiel élevé de la voiture.
CHASSIS
Le centre de gravité en arrière de l'essieu avant apporte une contribution
importante à la répartition idéale des masses idéale
(50/50) de la BMW 130i. Sur la Série 1, le porte-à-faux avant ultracourt,
l'empattement particulièrement long (2,66 m) et la voie large sont
d'autres conditions favorisant un comportement routier agile et
en même temps une stabilité directionnelle élevée, bien qu'en la
matière, on pourra toujours lui préférer une
série 3, au passage pas beaucoup plus chère.
"Notre"
Bmw 130i dotée du pack M sport, possède des tarages
des ressorts et amortisseurs spécifiques, nettement plus
fermes mais pas inconfortables. Accompagnés d'un abaissement
de la caisse de 15 mm, ils confèrent un comportement en accord avec
la touche plus sportive de l'engin. Quitte à casser sa tirelire,
on ne saurait que mieux vous conseiller d'opter pour cette option.
L'essieu arrière à cinq bras de la BMW 130i est une conception entièrement
nouvelle dérivée pour l'essentiel d'un essieu arrière à double triangulation,
dont chaque triangle supérieur et inférieur a cédé sa place à deux
bras de suspension individuels. Cette configuration présente l'avantage
d'accorder une liberté totale dans la définition du point cinématique
virtuel efficace, indépendamment des conditions de place. Résultat
: une élastocinématique assurant sur toute la plage de débattement
exactement le guidage des roues souhaité. De plus, les bras de levier
étant réduits, elle ne réagit guère aux irrégularités de la route.
La conception de l'essieu avant fait également preuve d'un niveau
inédit dans la catégorie des compactes. Réalisé en très grande partie
en aluminium, cet essieu à jambes de suspension à double articulation
et tirants doté d'une barre antiroulis offre un excellent compromis
entre rigidité élevée et poids réduit. Etant donné que les bras
de suspension et les paliers de pivots sont également en aluminium,
les masses non suspendues sont sensiblement réduites.
Notons enfin
que la BMW 130i est dotée du DSC de dernière génération possédant
des fonctions de freinage supplémentaires. Par ailleurs, le mode
DTC (contrôle de traction dynamique) permet de relever les seuils
d'intervention de l'ESP. Ce dernier peut aussi être entièrement
déconnecté. En effet, BMW considère les systèmes d'assistance
à la conduite comme une aide pour le conducteur, en non pas
pour le train roulant. Une philosophie dont certains constructeurs
pourraient s'inspirer... Pourtant, le répartiteur électronique
de la force de freinage (EBD) gère la répartition
optimale du couple de freinage en fonction du chargement de la voiture.
Au chapitre dynamique, on trouve également le CBC, système
qui améliore la stabilité de la voiture en cas de
léger freinage en virage en abaissant légèrement
la pression de freinage sur la roue avant intérieure au virage
et les deux roues arrière bien avant que l'ABS ne doive intervenir.
Il contrecarre ainsi la tendance de chaque véhicule à
survirer au freinage en courbe. En pratique, on peut donc s'interroger
de l'utilité d'un tel système sur une propulsion,
dont le pilote aura justement tendance à vouloir exploiter
le potentiel survireur.
L'impression ressentie au volant dès les
premiers tours de roues, est comme attendu rassurante, tout en restant
caractéristique d'une propulsion, ce qui a pour premier avantage
d'exclure toute influence de la transmission sur la direction. Un
avantage qui s'apprécie d'autant que l'on a affaire à
un vrai moteur, et donc principalement lors des phases d'accélération
et dans les virages. L'essieu arrière étant chargé sous l'effet
du transfert dynamique des masses, il favorise la motricité. Même
dans les virages serrés et à vitesse élevée, la BMW 130i n'affiche
pas cette tendance au sous-virage prédominant sur les tractions,
et le contact au sol reste entier même sur des revêtements délicats.
Puissant et efficace, le freinage de la BMW 130i peut se vanter
des meilleures décélérations de sa catégorie.
A l'avant, on trouve ainsi des freins à disque de 330 x 24 mm à
étrier flottant et piston unique, tandis qu'à l'arrière
les disques sont de 300 x 20 mm. Un indicateur continu de l'usure
des garnitures de frein remonte l'information en permanence
sur l'ordinateur de bord. A ce sujet, on note également un
nouveau domaine d'intervention pour le DSC (Dynamic Brake Control)...
Il contrecarre la tendance à l'évanouissement (fading),
assez fréquent sur les BMW, lorsque les disques chauffent,
en augmentant la pression de freinage. Pour le conducteur l'effet
de freinage reste ainsi "virtuellement" constant. Véritable
prolongement du cerveau humain, le DSC prépare le freinage
en amenant les garnitures de frein au plus près des disques,
dès que le conducteur lâche abruptement l'accélérateur
! Encore plus fort, sur le mouillé ce Big Brother dernier
cru amène les garnitures de frein à des intervalles
définis contre les disques pour les sécher. Si, si...
c'est possible ! Reste à notre avis, qu'avec de vrais bons
freins et vu la qualité des trains roulants, on aurait sans
doute pu se passer d'une telle débauche technologique...
:: CONCLUSION
Ca ressemble à du M, ça a le goût du M, ça
en a presque le prix, mais ce n'est pas du M ! L'illusion est pourtant
presque parfaite : un 6 cylindres en ligne coupleux à bas
régime et rageur jusqu'à 7000 tr/mn, un look sportif
et sobre, des trains roulants aussi sophistiqués qu'efficaces.
Pourtant, il manque cette petite pointe de magie et d'ivresse qui
caractérise chaque BMW marquée du sceau Motorsport.
Alors y'aura-t-il une série 1 "M" ? Même
si la question nous taraude, il faut déjà se satisfaire
de cette "baby M" pour le moins performante et informatisée,
quoiqu'en la matière, la dernière M5 nous laisse imaginer
qu'on pourra aller encore beaucoup plus loin... |