PETITE MISE AU POINT
Que tous les
propriétaires de Megane RS qui avaient rangés les gants et les bottines
se réjouissent : Renault a entendu la voix du peuple ! Ou plus exactement
Renault Sport, qui nous dévoile sous forme de série limitée,
toutes les modifications apportées à la Megane RS. Par le biais
d'un "châssis sport" très attendu, la compacte sportive
du losange corrige les principales lacunes de la première mouture...
Texte : Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
Avec plus de 2 700 unités vendues
dans les neuf mois qui ont suivi son lancement, la Mégane
RS représente 7,8 % de part de marché de sa catégorie, celle des "grosses
GTI". Les cinq marchés européens où elle a connu le plus grand succès sont
la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Suisse et l'Espagne, mais ses ventes
au Mexique, en Afrique du Sud et au Japon ont permis d'atteindre un volume de
ventes total de 5 200 unités en 2004. Bien que les volumes de ventes de la Megane
Renault Sport 2.0 turbo ne compromettent pas le succès du modèle
de grande série, il représente tout de même 39 % des ventes
de véhicules produits dans l'usine de Dieppe en 2004, qui emploie 420 personnes.
Ce qui explique sans doute que Renault Sport Technologies ait tenu à proposer
une Mégane "RS" dotée d’un châssis encore plus sportif, destinée
avant tout aux amateurs de sorties sur circuit. Ce châssis sport est inauguré
sur une série limitée au design exclusif baptisée Renault Megane « Trophy », fabriquée
à une cadence de 30 véhicules par jour, mais sera également disponible en option
sur toutes les Mégane Renault Sport. Pas de panique, y'en aura pour tout l'monde
!
DESIGN
La série limitée Mégane Trophy se différencie par quelques
éléments stylistiques exclusifs, et avant tout par ses superbes jantes "graphite"
de 18 pouces, ce qui ne manque pas d'ajouter un côté "racing"
très sympathique. Elle se remarque aussi par une teinte unique « gris Makaha
». Dans l’habitacle, on découvre une sellerie originale et de nombreux habillages
avec un revêtement en carbone véritable. Une plaque numérotée, comme sur
feu la Clio Williams, disposée
en partie basse de la planche de bord, rappelle le caractère exclusif de ce véhicule.
La série limitée Trophy dispose aussi en série de l’ensemble des équipements déjà
présents sur la Mégane Renault Sport, avec en complément une Radiosat 4x40W Cabasse-tronic
avec changeur 6 CD en façade et une sellerie cuir spécifique. Les coutures
du volant, du pommeau et du soufflet de levier de vitesses sont de couleur bleue,
comme les surpiqûres des sièges et les sangles de ceintures de sécurité. La vue
de tout ça nous amène à regretter que cette version au nom
si évocateur n'ait pas osé sacrifier quelques gadgets inutiles sur
l'autel de la sportivité et surtout du poids (et oui, vous pouvez vous
dire qu'il n'est jamais content celui-là !).
MOTEUR
Pour
poursuivre sur le plan des déceptions, nous aurions aussi apprécié
une légère évolution du point de vue mécanique, ne
serait-ce que pour donner une légitimité au nom emprunté
à la version de course de la Megane, propulsée par un V6 Nissan
de 350 ch... Que néni ! Que voulez-vous, on peut pas avoir le beurre, l'argent
du beurre et le sourire de la crémière. Dommage... Tanpis. Ne boudons
pas trop notre plaisir car le 2.0 turbocompressé placé sous le capot
du losange fait clairement partie des meilleurs élèves de la classe.
Certains lui reprochent un tempérament trop linéaire, les autres
(et ils sont plus nombreux) en apprécient la grande disponibilité
à tous les régimes. Comme la Mégane Renault Sport, la série limitée
Trophy est donc motorisée par le bloc 2.0 16v Turbo (F4Rt) développé conjointement
par la direction de la mécanique de Renault et par Renault Sport Technologies.
Pour rappel, ce moteur développe une puissance de 225 ch (165 kW) à 5 500 tr/mn
et un couple de 300 Nm (30,6 mkg) à 3 000 tr/mn, avec 90 % du couple maximal disponible
entre 2 000 et 6 000 tr/mn. Ce moteur est accouplé à une boîte de vitesse manuelle
à 6 vitesses. Face au chronomètre, et sans baisse de poids qui s'en tient
toujours à 1375 Kg, la Megane RS trophy réitère à
peu de choses près les chiffres enregistrés avec la précédente
version.
CHASSIS
Venons en au gros morceaux de l'évolution,
le châssis. Dédié plus encore au plaisir du pilotage, la nouvelle Mégane
RS Trophy, bénéficie de pièces et de réglages spécifiques qui seront très
bientôt proposées sur le modèle de série sous la forme
d'une option "châssis sport" ou directement en série. A
priori, une option "châssis sport" sur une sportive, ça
prête à sourire. Mais compte tenu de la part non négligeable
de la clientèle qui ne mettra jamais les gommes sur un circuit, l'offre
s'avère au final plutôt pertinente, et surtout, très attendue
compte tenu des reproches émis à l'encontre de la précédente
mouture. Premier point, le système ESP est enfin totalement déconnectable. Du
moins, le croit-on. Car en cas de freinage appuyé, le système se réactive
si l'ABS se déclenche. Pour reculer justement sa mise en action, les disques
de frein sont percés à l’avant et à l’arrière pour garantir un meilleur refroidissement,
un fonctionnement optimal en condition de pluie et plus accessoirement, une réduction
des masses non suspendues. Revers de la médaille, ce système est
aussi plus bruyant. Un travail important a été réalisé pour améliorer le dosage
et l’attaque de la pédale de frein. Le diamètre du maître cylindre passe de 23,8
mm à 25,4 mm, au bénéfice d’un meilleur feeling au niveau de la pédale. Excellente
nouvelle, le système AFU a été supprimé ! Le conducteur peut enfin exploiter lui-même
le dosage de ses freinages. La Mégane RS bénéficie également de cette amélioration
en série. L'autre partie du travail a porté sur l'amortissement
qui perdait toute sa superbe sur les petites routes pondérées de
bosses et trous, comme on sait si bien les faire en France, sur notre beau "réseau
secondaire". Toutefois, compte tenu des modifications apportées, ce
ne sont pas vos lombaires qui vont se réjouir. Amortisseurs, ressorts et
barre anti-roulis sont adaptés à une conduite encore plus radicale que le châssis
de base. Sur le train avant, la raideur des ressorts est augmentée de 25% à 42
N/mm. Afin d’augmenter son potentiel, le diamètre de la barre antiroulis est légèrement
diminué. Sur le train arrière, la raideur des ressorts est augmentée de 77% à
44 N/mm. L’amélioration du maintien de caisse permet ainsi une diminution du roulis
(-10%), du cabrage à l’accélération et de la plongée au freinage. Ces développements
améliorent la motricité sur tous types de revêtement. Avec une dimension élargie
de 235 / 40 R18, le pneumatique Dunlop SP Sport Maxx va également dans
ce sens. Notons que les jantes de 18" de la Trophy ne sont pas là
que pour faire joli, elles apportent un gain de 1,5 kg par roue sur les masses
non suspendues. L’ensemble de ces caractéristiques assure un comportement plus
performant et ludique à la fois, les vitesses de passage en courbe étant
assez impressionantes pour une "simple" berline à traction avant.
Enfin, dernier point largement critiqué, la direction assistée, comme sur
l’ensemble de la gamme Mégane, inaugure une nouvelle assistance électrique. Une
liaison glissière réalisée à l’aide d’une coulisse dynamique, appelée « tube in
tube », relie les deux éléments de la colonne de direction. Elle remplace la liaison
élastique implantée sur la génération précédente. La sensation de clavetage autour
du point milieu apparaît plus mesurée. La précision de conduite est améliorée
par une meilleure remontée d’information en provenance de la route. Le paramétrage
des 16 lois d’assistance qui régissent la direction assistée est adapté à ce nouveau
dispositif. Mais on ne nous enlèvera pas de l'idée que rien ne vaut
un bon vieux système hydraulique, bien que la dernière Golf
GTI tende à prouver le contraire...
::
CONCLUSION
Présentée au salon de Genève 2005, la série limitée Mégane
Trophy sera produite à 500 exemplaires et commercialisée en France à 100
ex. seulement. Mais il est inutile de s'en inquiéter, la RS "de base"
profitera elle aussi de toutes ces évolutions ! Grâce à cette petite mise
au point, Renault Sport parvient donc à gommer la plupart des défauts de la première
Mégane RS. Bien qu'un peu chère face à la nouvelle Golf GTI, la Mégane conserve
toutefois l'avantage en performances pures.
CE
QU'ILS EN ONT PENSE :
"Aussi performante qu'une Mégane RS
- référence actuelle de la catégorie dans ce domaine -, elle
progresse en agrément de conduite grâce aux modifications de direction
bientôt généralisées à l'ensemble de la gamme
Mégane, mais reste néanmoins sensiblement plus chère et moins
bien suspendue que ses rivales directes."
LE MONITEUR AUTOMOBILE -
N°1338 - PREMIER ESSAI RENAULT MEGANE RS TROPHY.
"Sur
la route, la marque au losange lâche une Mégane RS comme nous en
révions, l'autobloquant en moins. Plus efficace et moins avare en sensations
que le modèle de base, la Trophy surclasse la Golf GTI et vient se frotter
à l'intégriste Civic Type R sur le terrain du sport avec un grand
S."
ECHAPPEMENT - N°452 - ESSAI RENAULT MEGANE RS TROPHY. |