RENAULT AUSTRAL E-Tech 200 Esprit Alpine (2022 - )
Esprit es-tu là ?
Le 8 mars 2022, Renault a officiellement lancé sa nouvelle griffe Esprit Alpine. Comble de la polémique, c’est sur le SUV Austral, remplaçant le Kadjar, qu’elle est lancée. Sabotage ou coup de génie ?
Texte : Maxime JOLY
Photos : D.R.
Entre Alpine et Renault, cela semble être un éternel « je t’aime, moi non plus ». Pour vous refaire l’histoire complète, le livre « Alpine : les flèches de Dieppe » aborde tous les sujets. Si Renault est toujours accusé d’avoir tué le "A fléché" à petit feu, puis avec le coup de grâce du Renault Sport Spider, il ne faut pas oublier que la Régie a également permis de maintenir en vie pendant de nombreuses années la marque créée par Jean Rédélé, jusqu’à la fin du BEREX...
PRESENTATION
Exposé pour la première au Mondial de l'automobile de Paris 2022, l'Austral (code projet HHN) repose sur la plateforme CMF-CD3 également utilisée par Nissan sur le Qashqai III mais également Renault sur l'Espace VI dans une version rallongée. Remplaçant du Renault Kadjar, déjà cousin du Qashqai, l'Austral (ou Austral-E dans sa version hybride) est commercialisé depuis le dernier trimestre 2022 y compris avec la nouvelle finition Esprit Alpine.
L'Austral adopte une identité de marque en pleine mutation avec le logo "Nouvel'R" tandis que les feux à LED "C-Shape" semblent encore ancrés dans le passé. Ce design baptisé "Sensual tech", à cheval entre deux époques, est l'oeuvre d'Agneta Dahlgren et non du nouveau patron du design Renault, Gilles Vidal, arrivé en cours de projet. De ce fait, le Rafale, dérivé "coupé" de l'Austral, peut sembler plus moderne avec une rupture de style plus franche. Cela étant, le SUV compact de Renault se montre assez court et bien adapté à "la vraie vie" avec 4,51 m de long pour 1m83 de large et 1m62 de haut. Les jantes alu de 20 pouces (siglées Alpine) renforcent évidemment cette impression visuelle de compacité.
Après les GT-Line, puis l’éphémère RS-Line dispersées dans la gamme, Renault a dévoilé l’Esprit Alpine avec l’Espace. Une histoire cousue de fils blancs, en particulièrement après l’officialisation de la fin de Renault Sport Cars, devenue Alpine Cars. Cependant, au-delà du maladroit lien fait entre les marques Alpine et Renault (par analogie il n’existe pas de finition "Porsche Spirit" chez Volkswagen...) en totale contradiction avec la politique de la renaissance de la marque, c’est l’appellation Esprit Alpine qui chagrine le plus. Une Alpine-Line aurait sans doute été moins pénible à supporter.
Car de quel esprit parle-t-on ? De la peinture Gris Schiste mat facturée 2 000 € ? Extérieurement les retouches se limitent en effet à un bouclier avant avec lame sport gris satin, des jantes alliage Daytona de 20", des entourage des vitres noir brillant et des feux arrière à effet moiré 3D. Sans oublier les divers badges Alpine bien entendu. Pour autant, cette bonne grosse ficelle marketing semble fonctionner parfaitement puisque Renault annonçait en début d'année réaliser la moitié des ventes d'Austral avec cette finition...
HABITACLE
A bord, l'Austral parait nettement plus imposant qu'il n'est. Un sentiment renforcé par la hauteur d’assise digne d’un vieux Range Rover. Si votre A110 manque d’espace pour transporter votre famille, vous trouverez votre bonheur dans l’Austral, à l’avant comme à l’arrière. Sans oublier le coffre, dont la capacité va de 430 à 1455 litres. La planche de bord de l'Austral, baptisée OpenR, est largement inspirée de celle de la Mégane E-tech Electric bien que l'aménagement soit légèrement différent.
L’équipement est pléthorique (écrans OpenR de 774 cm², affichage tête haute de 210 cm² et services Google intégrés), du moins sur la version "Iconic Esprit Alpine", Renault ayant choisi de compliquer la donne en proposant l’Esprit Alpine sur deux finitions au lieu de faire un "Pack Alpine" sous forme d'option.
Ainsi, pour la touche Dieppoise on dispose de sièges chauffants et massants en Alcantara, agrémentés d'un tissu "will" type fibre de carbone et de double surpiqûres Bleu Alpine avec logo brodé sur les appuie-têtes et un discret drapeau français tricolore inséré dans les coutures latérales intérieures. Des inserts en Alcantara surpiqués de bleu ornant les panneaux de porte et la planche de bord face au passager avant accompagnent une console centrale dite "grand confort", également dotée de surpiqûres bleues. Le volant en cuir Nappa chauffant réglable électriquement avec inserts Alcantara reçoit pour sa part des surpiqûres tricolores en bleu blanc rouge tandis que le ceintures de sécurités sont rehaussées d'un liseré bleu. Enfin, le côté sportif ne fait pas l'impasse sur l'incontournable pédalier aluminium tandis que l’inscription Alpine sur les seuils de porte semble vouloir authentifier cette mise en scène, de bonne facture il faut reconnaître.
MOTEUR
Le 4 cylindres 1.2 TCe de Renault (H5FT) a fait beaucoup parler de lui... pour ses problèmes de surconsommation d'huile. Mais, malgré une appellation identique, le 1.2 l qui sert de base à la motorisation "E-Tech 200 Full hybrid" du Renault Austral n'a plus rien à voir avec le premier cité. Il s'agit en effet d'un évolution du 3 cylindres (HR12) d'origine Nissan qui se distingue notamment par une conception modulaire, un turbo à géométrie variable, un double calage variable continu (admission+échappement), une transmission par chaîne et des cotes très différentes.
Le travail des motoristes sur cette évolution s’est axé autour de la réduction des frottements, de l’amélioration de la combustion, de l’augmentation du taux de compression et l’utilisation du cycle Atkinson. Conçu pour satisfaire à la future norme Euro7, ce petit 3 pattes typé longue course (75,5 x 89,3 mm) délivre seul 131 ch et 205 Nm. Dans le cas présent, il intègre un ensemble HEV (hybride classique, sans nécessité/possibilité de se recharger) dont la partie électrique comprend une batterie 400V de 2 kW et 2 moteurs électriques fournissant autant de couple. Cette association bénéfique, sur le papier, abaisse les émissions de CO2 officielles à 104 g/km faisant du même coup disparaître le spectre du malus...
Mais autant le dire tout de suite : question agrément, ce n’est pas ça. On est très loin du très bon 1350 cm3, conçu en collaboration avec Mercedes, et qui aurait dû poursuivre sa carrière avec Euro7, coûte que coûte. L’association avec l'originale boîte à crabots à 4 rapports (+2 pour l'électrique), symbole de la technologie hybride E-Tech, est ratée. C’est encore plus rageant que ce n’était pas le cas sur la précédente motorisation pilotée par le 1600 cm3 atmo. La boîte est désormais très typée CVT. Le moteur mouline en permanence avec, en bonus, une sonorité désagréable.
Quant au bilan énergétique, il faudra choisir entre consommation et performances. En mode Normal, la moyenne affichée est inférieure à 6l/100 km, pour des performances neutres. Pour bénéficier des 200 chevaux et 350 Nm du GMP, il faudra consentir à une hausse de la consommation de l’ordre de 20%.
SUR LA ROUTE
A défaut d’une mécanique enthousiasmante, l’Austral promet une conduite dynamique grâce à la technologie 4Control des quatre roues directrices. Réintroduite sur le marché par Renault Sport Technologies avec la Laguna III GT en 2007 et utilisé jusque récemment sur les Megane 4 GT et RS Trophy, ce serait presque le seul lien crédible avec la marque Alpine... sauf que, d'une part Alpine ne l'utilise pas et, d'autre part, cet équipement n'est pas réservé à la finition Alpine. Bref...
Déjà maintes fois présenté, rappelons que le 4Control a pour but d’améliorer l’agilité autant que la stabilité. Ainsi, jusqu’à 50 km/h, les roues arrière tournent (jusqu’à 5°, contre 3,5° précédemment) dans le sens opposé des roues avant pour réduire le diamètre de braquage. Au-delà, c’est l’inverse, mais jusqu’à 1°, en donnant les bénéfices d’un empattement long. Longtemps jugé agressif sur ses réglages, le 4RD Renault a été revu sur cette troisième génération et est ici entièrement paramétrable par le conducteur. C’est pourquoi son appellation officielle est 4Control Advanced.
Par ailleurs, l’Austral dispose d’un train arrière multi-bras et il est désormais possible de modifier la suspension. Le résultat est franchement bluffant avec, de surcroît, un train avant incisif et un bon amortissement au rendez-vous. Attention toutefois aux places arrière : c’est ferme !
Enfin, la direction est plutôt bien calibrée en mode Sport. Sur un marché où les 4 roues motrices sont de plus en plus prisées, il demeure tout de même étonnant que Renault se cantonne encore uniquement à la traction sur ce type d’engin mais il faut dire que la puissance modeste dont on dispose ne maltraite pas trop la motricité malgré une monte pneumatique qui n'a rien de sportive non plus (Michelin Primacy)...
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
RENAULT AUSTRAL E-Tech 200 Esprit Alpine
MOTEUR
Type : 3 cylindres en ligne, 12 soupapes
Position : transversal AV
Alimentation : Injection directe + turbo
Cylindrée (cm3) : 1199
Alésage x course (mm) : 75.5 x 89.3
Puissance maxi (ch DIN) : 200
Couple maxi (Nm) : 205 + 205
TRANSMISSION
AV
Boîte de vitesses (rapports) : automatique (4)
ROUES
Freins Av-Ar (Ø mm) : disques ventilés
Pneus Av-Ar : 235/45 R20
POIDS
A vide constructeur (kg) : 1517
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 7,6
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 175
1000 m DA : 30"8
0 - 100 km/h : 8"
CONSOMMATION
Moyenne WLTP (L/100 km) : 4.5-4.8
Moyenne de l'essai (L/100 km) : 6.5
CO2 (g/km) : 101-109
PRIX NEUF (09/2023) : 42 900 €
PUISSANCE FISCALE : 7 CV
CONCLUSION
Pour les passionnés (puristes ?) tels que nous, le seul tort de ce Renault Austral E-Tech Esprit Alpine est cette appellation totalement usurpée. A l'instar du retour du label Gordini à ses débuts, le succès est pourtant au rendez-vous depuis son lancement. Après Amédée, c'est peut-être Jean qui se retourne dans sa tombe…
4Control de série et paramétrable
Rayon de braquage
Comportement routier
Equipements de série
Espace arrière et coffre
Consommation correcte (hors mode Sport)
Quel esprit Alpine ?
Agrément moteur / boîte
Amortissement ferme à l’arrière
Tarifs catalogue