© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (11/01/2012)
VEHICULE SPECIAL
La SOVAM (SOciété Véhicules André Morin) est l'évolution de l'atelier de carrosserie fondé en 1930 par son père, Robert Morin, à Parthenay dans les Deux-Sèvres (79). En 1962 est créé en parallèle ETALMOBIL qui construit des camions magasin. En 1964 Sovam tente un collaboration avec Renault pour la construction d'un petit utilitaire, le VUL (Véhicule Utilitaire de Livraison), sur base de châssis de 4L raccourci de soixante centimètres mais le partenariat n’aboutira pas...
Texte :
Aurélien RABBIA
Photos : D.R.
En 1965 la SOVAM prend une nouvelle direction et une voiture de sport est étudiée puis présentée au salon de l'Auto 1965 au tarif de 9990 Fr. Elle repose sur la même base châssis que le VUL et dispose du moteur de la Dauphine, le 850 cm3 de 45 ch et de sa boite de vitesses à trois rapports. Les performances sont assez modestes (145 km/h et le 400 m DA en 21 s) malgré le faible poids de l'engin de 570 kg. Finalement quelques mois plus tard elle sera commercialisé au tarif de 10870 Fr avant de recevoir des moteurs plus vaillants.
DESIGN
Ce petit coupé de seulement 3,63 m reprend, comme tout kit car, des éléments de la grande série mais se voit habillé d'une coque maison en polyester de 3 à 4 mm d'épaisseur avec des renforts métalliques incorporés. Cette carrosserie dessinée par André Morin sera fabriquée par Jacques Durand. Il a une expérience du polyester (fibre de verre + résine) en ayant lui-même déjà construit ses propres voitures sur des châssis de Panhard. Jacques Durant sera le plasturgiste de Sovam de 1965 à 1969, avant de créer sa propre voiture, la Jidé. Le long capot intègre quatre phares ronds à iode, des clignotants de 2cv et un fin pare-choc en chrome. Le pare-brise est celui des Renault Floride mais pour des raisons d'aérodynamisme il sera inversé résultant en une ligne de toit très bas. Le toit peut être enlevé et stocké dans le compartiment à bagages, faisant de cette Sovam une targa. A l'intérieur le tableau de bord est une simple planche de polyester imitant le bois avec l'instrumentation des Renault 8 S et des R8 Gordini pour les modèle 1100 VS et 1300 GS. La 1300 sera, non plus une stricte deux places, mais une 2+2 et recevra un nouvel arrière de type fastback, un capot redessiné, de nouveaux phares carrées SEV identiques à ceux des Matra 530, une calandre plus étroite entourée par un pare-choc avant en deux parties et elle reçoit des jantes en alliage léger. La lunette arrière est maintenant plus grande et la partie arrière de la carrosserie devient plus rectangulaire.
MOTEUR
La dernière évolution de la Sovam bénéficie donc du 1300 Gordini ou plus précisément du 1255 cm3. Le moteur est une évolution du 4 cylindres de 956 cm3 Renault qui a d'abord été réalésé à 1108 cm3 puis 1255 cm3 par augmentation de l'alésage à 74,5 mm. Pour cela le bloc a été modifié. En effet sur le 1108 les entraxes des cylindres ne sont pas identiques. Il est de 87 mm entre les cylindres 2 et 3 mais de seulement 83 mm pour les autres. Pour le réalésage les entraxes ont tous été ramenés à 85 mm pour que le joint de culasse ne soit pas trop fin entre les cylindres 2 et 3. Cependant par soucis d'économie Renault a gardé le même vilebrequin donc l'astuce est dans l'utilisation de bielles ayant leur pied décalé de 2 mm par rapport à leur tête. Ce moteur a un traditionnel bloc en fonte avec un arbre à cames latéral. Le travail de Gordini a donc été fait sur la culasse spécifique qui reste en aluminium mais devient hémisphérique avec des soupapes positionnées en V et une bougie centrale. Il est alimenté par deux carburateurs Weber double corps de 40 mm lui permettant de développer 103 ch SAE (88 ch DIN) à 6750 tr/min et 11,9 m.kg à 5000tr/min. La boite 5 rapports, ce qui était encore assez rare à l'époque, vient aussi de la R8 Gordini.
CHASSIS
Pour le châssis la base reste donc celui de la 4L, surbaissé et raccourci avec une partie tubulaire. Les trains roulants proviennent aussi de la 4L avec quatre roues indépendantes ainsi que la direction et le freinage, d'où les quatre tambours sur la 850. Le moteur se retrouve après modification en position centrale avant permettant une meilleure répartition des masses qui concoure à l'excellente tenue de route. Donc oui la SOVAM reste une traction avant ! La traction avant était encore une solution rare à l'époque et encore plus sur une sportive, mais cela permettait d'avoir une voiture beaucoup plus facile à mener. La carrosserie de la Sovam 1300 sera rallongée de 18 centimètres pour atteindre 3m82 afin d'en faire un coupé 2+2. La carrosserie est aussi plus large de 2 centimètres mais les voies et l'empattement restent identiques.
EVOLUTION
En 1966 sera proposée une autre version de la Sovam, la 1100 VS. Avec le moteur de la Caravelle S revu par Ferry (avec échappement et admission Autobleu et carburateur double corps Weber) elle porte la puissance du 1100 à 62 ch. La puissance reste modeste mais le poids contenu de 570 kg permet des performances honnêtes. La vitesse de pointe est de 165 km/h, le 1000 mètres est abattu en 34 secondes et les "cent à l'heure" en 13 secondes. Elle reçoit même des freins à disques à l'avant avec double étriers et une boite de vitesses à quatre rapports entièrement synchronisés, avec commande au plancher. Une centaine de voitures seront vendues cette années-là, le prix étant encore raisonnable. En 1967 en raison de la faible diffusion, des performances trop justes et d'un tarif trop élevé (augmentation de 2000 Fr comme celui de la 1100 VS) la version 850 est abandonnée. De plus la finition sera améliorée et un nouveau tableau de bord apparaît. La dernière évolution de la Sovam est la 1300 GS. Cette fois-ci c'est un 1300 qui est monté, celui de la R8 Gordini. La puissance fait un bond de 62 à 103 ch avec un poids restant à 610 kg. Les performances deviennent enfin honnêtes avec 195 km/h en pointe cependant le prix est trop élevé (21500 Fr)! Il avait déjà bien augmenté l'année précédente mais cette année, malgré ses bonnes performances, la 1300 se retrouve plus chère que la R8 Gordini et pas beaucoup moins que l'Alpine A110. Ironie de l'histoire, le stand Sovam est voisin du stand Alpine au Salon automobile de Paris 1968. Malgré son grand prix de l'art et de l'industrie Automobile, la Sovam souffre la comparaison face à sa rivale normande. C'est donc malheureusement un échec commercial cuisant, seulement 5 Sovam 1300 GS seront produites.
SOVAM EN COMPETITION
Maïté PATOUX devant la SOVAM 850 cm3 avant le Raid Paris Calcutta Paris. Maïté et Chantal BERNARD sa copilote réaliseront un raid de 18500 kilomètres de juillet à novembre 1966 afin de démontrer la fiabilité d'une SOVAM. Le retour se fera juste avant le Salon de l'auto de 1966 (modèles 67) pour exposition de l'auto sur le stand. 3 SOVAM seront ainsi exposées au salon. Après le Raid Paris/Calcuta/Paris de 1966, Maïté PATOUX participa pour SOVAM sur un modèle 1 100 de couleur blanche avec un freinage amélioré au 12ème Rallye National d'Automne à La Rochelle les 18 et 19 novembre 1967. Ce sera la seule participation de l'usine en compétition
CHRONOLOGIE SOVAM 1300
1930 : Création de la SOVAM
1965 : Présentation de la 850 au Salon de l'Auto
1966 : Sortie de la 1100 VS de 62 ch
1967 : Abandon de la 850 et sortie de la 1300 GS de 103 ch
1969 : Fin de la production
:: CONCLUSION
La concurrence était difficile pour Sovam qui affichait ces voitures au prix des Alpine. Malgré l'arrivé de la 1300 aux performances intéressantes les ventes chutent faute de soutien d'un plus grand constructeur. Sovam arrête la construction automobile et se reconverti en 1975 dans les équipement d'aéroport! Seulement 145 Sovam furent construites entre 1965 et 1969, dont 63 exemplaires de 850 et 77 de 1100 VS.
Nos plus vifs remerciements au site jide-scora.fr, à YBINATS de Flickr, au site garagedepoche.com et au site rmc-cars.fr pour les photographies et enfin à Philippe Berneux du Rétro Club Sovam et Claude SOMMIER pour l'aide apportée à la réalisation de cet article.
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