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Péage en flux-Libre SUR l'A13 : Un projet-pilote pour moderniser les autoroutes

Le péage en flux libre, ou free-flow en anglais, est une innovation qui remplace les barrières physiques par un système de détection automatique. Sur l'A13, cette technologie est entrée en service entre Paris et Caen depuis fin 2024. Objectif : supprimer les arrêts aux péages et réduire les temps de parcours. Mais l'automobiliste a-t-il vraiment tout à y gagner ? Réponse dans notre test...

Texte : Sébastien DUPUIS
Photos : SANEF

L’autoroute A13, pionnière des autoroutes françaises depuis 1946, a écrit une nouvelle page de son histoire en 2024. Fini les barrières, les queues aux péages et les coups de frein intempestifs : place au péage en flux libre, un dispositif technologique ambitieux qui promet une conduite sans interruption. Mais au-delà des promesses, que vaut réellement ce système sur le terrain ? Nous l’avons testé pour vous.

Péage en flux libre : la révolution de l’autoroute A13

Inspiré de modèles déjà en place dans de nombreux pays dont l'Autriche, les Etats-Unis, l'Espagne, le Portugal ou la Norvège, le péage en flux libre repose sur un principe simple : on roule sans s'arrêter, on paie après. Encouragé par la loi d'orientation des mobilités 2019, le péage en flux libre a été mis en place pour la première fois en France à titre expérimental sur une portion de l'autoroute A4, gérée par la Société des autoroutes du Nord et de l'Est de la France (SANEF), elle-même contrôlée par la société espagnole Abertis, filiale de la holding italienne Mundys S.p.A. du groupe Benetton.

Forte de cet essai jugé concluant (99% de fiabilité annoncée par l'opérateur), en 2021, la Société des autoroutes Paris-Normandie (SAPN), filiale de la SANEF, décide de convertir intégralement les autoroutes A14 et A13 au péage en flux libre, moyennant un investissement de 120 millions d'euros.

Deux ans plus tard, le péage en flux libre devient une réalité sur l'A14 puis fin 2024, pour tous les conducteurs circulant sur l'axe Paris-Normandie. Ce changement marque un tournant historique dans la gestion du trafic autoroutier. D'ici 2027, les anciennes gares de péages disparaîtront totalement pour laisser place à des tronçons standardisés et une revégétalisation des anciennes surfaces bitumées sera opérée.

Fonctionnement du péage en flux libre

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Le système du péage en flux libre repose sur un réseau de portiques équipés de caméras et de capteurs. Dès qu’un véhicule passe sous l’un d’eux, sa plaque d’immatriculation est lue, et le montant du péage est automatiquement calculé.

Le système s'appuie pour cela sur plusieurs technologies de reconnaissance :

Les portiques (25 au total sur le trajet Paris-Caen) sont positionnés en hauteur, à des points stratégiques de l’axe. Le conducteur peut choisir entre :

  1. Télépéage : rien à faire, c’est automatique.
  2. Enregistrement anticipé de la plaque : via l’appli ou le site internet Sanef.
  3. Paiement après passage : dans un délai de 72 heures maximum.

Ce que ça change pour les automobilistes :

Notre test : le flux libre à l’épreuve sur l'autoroute Paris-Normandie

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Direction la Normandie, au départ de la région parisienne, au petit matin du 12 avril pour participer au salon "Deauville Classic". Malgré ce week-end de départs en vacances, le trafic n'est pas trop encombré à l'ouest de l'Ile-de-France en cette heure très matinale. Tant mieux. Une fois lancé sur l'A13 arrive donc rapidement le premier péage historique de Mantes-la-Jolie. Au moment de passer les nouveaux portiques du péage en flux libre, la circulation est réduite à deux voies seulement mais aucun bouchon à signaler là non plus. Sur ce secteur, encore en chantier, un regain de prudence et d'attention est toutefois requis. La vitesse y est d'ailleurs réduite à 70 km/h sur les quelques mètres du contournement mis en place, en attendant la fin des des travaux de démantèlement des anciennes barrières et guichets, prévus jusqu’en 2027. En passant devant ces témoins en sursis d'une époque révolue où on pouvait, éventuellement, repartir avec le sourire et un "bonne journée" d'une opératrice, impossible de ne pas poser un regard un peu nostalgique...

Les nouveaux portiques sont quant à eux discrets et, après la refonte du site, il sera possible de passer ces péages d'un nouveau genre sans ralentir ni même s'en rendre compte. Sur le plan de l’expérience de conduite et malgré les travaux en cours, le gain est déjà réel et appréciable. Seuls les adeptes des grosses remises de gaz en sortie de péage regretteront sans doute cette occasion perdue de rompre la monotonie de l'autoroute en faisant rugir un peu la mécanique...

Le fonctionnement du péage en flux libre repose toutefois en grande partie sur la rigueur du conducteur : sans compte client ni badge, le paiement ne se fait pas automatiquement. Et contrairement aux péages traditionnels, aucun ticket n’est fourni. Il faut donc se connecter soi-même sur les sites sanef.com ou nirio.fr pour régler... ou risquer une amende de 90 € (minimum !) en cas d’oubli. Dans le cas où un paiement en ligne n'est pas possible, on peut heureusement payer en espèces ou par carte bancaire dans les points de vente agréés du réseau Nirio (groupe FDJ), toujours dans les 72h suivant le trajet. De ce point de vue, pour un utilisateur très occasionnel, le gain de temps apparaît moins évident puisque l'étape de paiement se trouve simplement différée...

Enfin, au moment d'imprimer son justificatif ou une facture, utile notamment pour ceux qui se font rembourser leurs frais de déplacement, on regrette que le détail des gares de péage empruntées et leur coût respectif ne soit précisé nulle part. Seul le montant total est communiqué. Niveau transparence, voilà qui laisse un peu à désirer...

Comme tout progrès, cette nouvelle expérience du péage sur autoroute apporte donc autant de satisfaction qu'elle soulève de doutes sinon de réticences pour certains usagers. En imaginant tous les cas de figures où les choses ne se passeront pas comme les ont prévues les ingénieurs, on se dit qu'il y aura peut-être effectivement des automobilistes qui regretteront le temps où on devait simplement passer sa carte bleue dans le TPE et attendre que la barrière se lève...

Tableau comparatif : Péage classique vs Péage en flux libre

Critères Péage classique Péage en flux libre
Arrêt obligatoire Oui Non
Temps de passage Allongé et variable (ralentissement) Quasi instantané
Mode de paiement Sur place (CB, badge, espèces) En ligne, télépéage, appli
Ticket de preuve Oui Non (sauf en ligne)
Risque d’amende Faible (paiement immédiat) Élevé si oubli de paiement
Accessibilité numérique Non requise Requise (site ou appli)

Les avantages du péage en flux libre

Les inconvénients du système

L'avenir du péage sans barrière : une généralisation à prévoir ?

Depuis 2022, un tronçon de l'autoroute A79, situé dans l’Allier et géré par Eiffage, via son concessionnaire APRR et sa filiale Aliae, est déjà passé lui aussi au péage en flux libre. Si l'expérience de l’A13 s'avère concluante à moyen terme, d’autres autoroutes devraient adopter le système dans les années qui viennent. Vinci Autoroutes prévoit par exemple une généralisation du péage en flux libre d’ici 2030 sur plusieurs axes majeurs en France.

Notre avis sur le péage en flux libre de l'autoroute A13

Avec seulement quelques mois de recul sur son fonctionnement, le péage en flux libre de l'autoroute A13 reste en phase expérimentale. Néanmoins, si le progrès semble réel pour les utilisateurs réguliers, à l'inverse, pour les nombreux touristes qui empruntent l'A13 chaque année, et/ou ceux qui se déplacent avec un autre véhicule que leur véhicule personnel (voiture d'entreprise, de location ou de prêt par exemple), le bilan apparaît plus mitigé. Nombreux sont aussi les utilisateurs à se plaindre d'un délai de paiement trop court (72 heures seulement), d'un problème de reconnaissance de plaque ou d'un site non fonctionnel pour le paiement en ligne. De même, pour les personnes âgées non habituées au paiement en ligne, le péage en flux libre peut se transformer en piège fiscal impitoyable... Tout retard débouchant directement sur une verbalisation à 90€, il y a de quoi faire grimper en flèche le prix d'un trajet déjà pas spécialement donné. On en vient à se dire que maintenir en parallèle une bonne vieille cabine à carte, pour ceux qui ne veulent pas utiliser le système de péage en flux libre, ne serait peut-être pas une mauvaise idée...

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