La Xantia Activa, véritable référence
en terme de tenue de route.
Programme de variations de la hauteur de caisse en fonction de la vitesse.
Un exemple
d'amortisseur "piloté" électroniquement.
L'ADS
chez Mercedes, apparu sur la classe S est un sytème de suspension
active très complexe.
LA
SUSPENSION PILOTEE
L'embourgeoisement des sportives a vu débarquer une débauche
de gadgets censés aider le pilote au quotidien. Quel amoureux
des sensations ne s'est jamais demandé pourquoi il n'y avait
pas de bip d'aide au stationnement dans une Lotus Elise Les
capteurs de distance, le câblage et le reste entraînant
une surcharge pondérale de plusieurs Kilos. En rajoutant
encore des accessoires inutiles on pourrait presque atteindre le
poids d'un Mercedes SL : 1955 Kg. Il faut alors se rendre à
l'évidence, le poids ne se porte pas bien chez un athlète.
Il entraîne sur nos belles une prise de roulis néfaste
pour la tenue de route. Pour compenser l'inertie en virage les ressorts
se sont fait plus courts et plus fermes, nuisant en cela au confort.
Une véritable sportive sera royale sur autoroute (ou sur
circuit) mais très inconfortable dès que l'on sort
de la platitude des goudrons parfaits. La solution arrive en 1954
grâce à Ferrari ? Non à Porsche ? Non
en fait c'est Citroën qui le premier à eu la
bonne idée de rendre les suspensions "actives".
Aujourd'hui tous les constructeurs emboîtent le pas du français
et la technique reste à peu près la même pour
tous : des amortisseurs actifs et beaucoup d'électronique...
Texte
: Jérôme TORDJMAN
- Photos : D.R.
HISTORIQUE DE LA SUSPENSION PILOTEE
1954 Citroën lance sur sa traction avant la première
suspension à sphère sur l'essieu arrière. Et
c'est un an plus tard lors de la sortie de la DS au salon de Paris
que les ingénieurs de la marque aux chevrons dévoilent
(d'après une idée de Paul Magès) la suspension
entièrement hydropneumatique à 4 sphères. Poussant
jusqu'au bout leur concept en 1961 un prototype sur base de DS hérite
d'une suspension antigite. Elle permet à la voiture de se
pencher à l'intérieur du virage en compensant la prise
de roulis naturelle. Cette première suspension active donnera
naissance 29 ans plus tard à
ADS CHEZ MERCEDES
Pour comprendre le fonctionnement de l'amortissement piloté
étudions le cas des Mercedes classe S. Le système
des allemands est l'un des plus moderne et est similaire dans le
principe avec celui des autres constructeurs. Chez Mercedes les
ressorts sont remplacés par des ensembles pneumatiques et
le système d'amortisseurs possède quatre lois d'amortissement
différentes. Ainsi la hauteur du véhicule peut être
contrôlée suivant plusieurs paramètres et l'amortissement
vari selon les conditions de conduite. Le principe de fonctionnement
est simple, la suspension pneumatique est un système autoporteur
dont l'intégralité de la portée statique et
dynamique est assurée par les quatre coussins de suspension
disposés au niveau des roues (cf. schéma : 40, 41).
La suspension pneumatique comporte les fonctions suivantes :
o Le réglage du niveau permet l'élévation ou
l'abaissement du niveau du véhicule en mode manuel. Ce réglage
s'effectue aussi en mode automatique en fonction de la vitesse.
La hauteur peut se trouver à trois niveaux (cf. schéma)
:
- niveau standard du véhicule A = 0 mm,
- niveau véhicule abaissé B = -15 mm lorsque le véhicule
dépasse les 140 Km/h,
- niveau véhicule surélevé C = + 25 mm au démarrage
en mode automatique et jusqu'à 80 Km/h, ou lors de circulation
dans des chemins cahoteux (jusqu'à 120 km/h). Cette variation
de la hauteur permet de rouler plus facilement sur routes abîmées
et la diminution de hauteur définit une meilleure aérodynamique
(moins de traînée), améliorant la vitesse de
pointe et la consommation.
o Le correcteur électronique d'assiette régule et
maintient constant (pas de plongé aux freinages appuyés)
le niveau du véhicule sur les essieux avant et arrière
en fonction de l'état de roulage et du chargement momentané.
o Le système d'amortissement adaptatif (ADS II) adapte l'amortissement
(diminution du roulis) aux conditions de la chaussée et au
style de conduite. L'état de la chaussée est détecté
par des capteurs d'accélérations verticales posés
sur la carrosserie. Le style de conduite (accélération
horizontale) est calculé à partir des informations
recueillies par les différents capteurs (+ESP).
FONCTIONNEMENT DANS LE DETAIL
Lorsque le moteur tourne, la suspension pneumatique maintient
le niveau du véhicule constant quel que soit l'état
de charge et les différentes forces appliquées aux
trains roulants. Pour ce faire le compresseur envoie de l'air dans
les jambes de suspension via le bloc de valves et ce jusqu'à
ce que le niveau standard du véhicule soit obtenu. Le niveau
du véhicule est mesuré par trois capteurs de niveau
: deux à l'avant et un à l'arrière (Cf. schéma
: B22/8, B22/9, B22/3). La régulation de niveau est assurée
par quatre valves logées dans le bloc de valves G36/6 et
une valve de décharge de pression installée sur le
bloc compresseur A9/1. Un accumulateur en parallèle (Cf.
schéma : 42) permet de réguler le niveau du véhicule
y compris lorsque le véhicule est à l'arrêt
évitant ainsi de solliciter trop souvent le groupe compresseur.
On comprend alors que les capteurs envoient au système les
informations concernant la hauteur du véhicule. Celui-ci
compare cette valeur à la hauteur standard ou à celle
souhaitée par le conducteur. Il décide en fonction
du delta entre les deux de compresser de l'air et de l'envoyer vers
les amortisseurs (augmentations de la hauteur) ou d'ouvrir les valves
(diminution de hauteur). La correction de la force (dureté)
d'amortissement est régulée dans les vannes d'amortissement
(Y51, Y52, Y53, Y54). Sur chaque roue, une vanne d'amortissement
est montée entre les chambres supérieure et inférieure
de l'amortisseur oléopneumatique monotube intégré
à la jambe de suspension. Chaque vanne d'amortissement contient
deux vannes électromagnétiques (y1, y2) permettant
d'obtenir quatre niveaux différents de force d'amortissement
(1-1, 1-0, 0-1, 0-0) selon le pilotage via le calculateur ADS et
suspension. Grâce à la durée de commande extrêmement
courte (de l'ordre de quelques millisecondes), le niveau de pression
d'amortissement optimal est disponible pratiquement immédiatement
en cas de variations soudaines de l'état de marche, par exemple
lors d'un déboîtement. Après avoir compris comment
fonctionnaient les éléments mécaniques de la
suspension pilotée demandons nous ce qu'il en est de l'électronique.
Le système ADS II qui est disponible sur les hauts de gamme
Mercedes est un système de gestion électronique complexe.
La voiture est suréquipée de capteurs qui envoient
les informations au contrôleur de la suspension qui pilote
à son tour le combiné compresseur/décharge
et les vannes d'amortissements. Si on résume, l'information
sur la vitesse est déterminée par l'intermédiaire
de l'Esp qui donne la hauteur de débattement des suspensions,
cette altitude est maintenue par les capteurs de niveau. Les capteurs
d'accélération sont au nombre de trois (AvG : B24/3,
AvD : B24/4, ArD : B24/5), ils permettent d'effacer les effets de
plongée au freinage et de variation du à la charge.
En plus ils permettent, en fonction du braquage du volant, avec
l'aide du capteur de pression B7 (qui détermine l'état
de la pression du système), des capteurs de niveau (état
des suspensions) et en fonction du programme engagé (mode
sport ou confort), de palier au roulis que prend la voiture et de
le compenser rapidement grâce aux vannes d'amortissements
sur chaque amortisseur.
On peut alors facilement comprendre les avantages d'un tel système
:
- Amélioration de la sécurité et de l'agrément
de conduite
- Adaptation de l'amortissement à l'état de la chaussée
et au style de conduite
- Abaissement du centre de gravité
- Moindre résistance à l'air, donc consommation diminuée
- Réduction de la force ascensionnelle sur l'essieu avant
- Augmentation de la garde au sol en cas de chaussée accidentée
- Possibilité de choisir deux types de lois d'amortissement
privilégiant le style de conduite confortable ou sportive.
:: CONCLUSION
Hier les ingénieurs se demandaient comment fabriquer des
voitures légères pour leurs permettrent d'être
performantes. Le poids était un ennemi et les sportives de
l'époque, à l'image de la Porsche 356, se voulaient
dépouillée. Le confort a aujourd'hui gagné
le match qui l'opposait à la sportivité, les questions
ne sont plus la valeur pondérale des autos mais comment la
gérer. On assiste alors à des croisements hors du
commun un 4X4 et une GT, un coupé Sport Legé et une
Berline. Les monstres de la route pèsent autant que des tracteurs
et filent comme des fusées. Heureusement l'électronique
et la technologie veillent au confort des pilotes de ces TGV. Mais
à côté d'eux certains résistent encore
à cet alourdissement général, non pas Audi
avec son A8 en alu, mais des artisans comme Lotus avec l'Elise,
PGO avec la speedster II, ou même Donkervort avec sa D8. Alors
gardons l'espoir que demain les suspensions pilotées s'offriront
des vacances sur des voitures de 800 Kg et ne serviront plus de
rail à mastodonte mais d'aide aux pilotes ambitieux.