© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (23/06/2010)
LE SPORT
POPULAIRE PAR ALFA
Depuis 1971, l'Alfasud a permis à nombre de clients d'accéder
à la gamme Alfa Romeo en raison d'un prix plus attractif. Les puristes
crient au scandale d'autant plus que c'est une traction avant !
Mais à l'usage, ce modèle va devenir très excitant, surtout dans
sa variante Sprint, un petit coupé 4 places vif et plaisant dessiné
par Giorgetto Giugiaro…
Texte:
Nicolas LISZEWSKI - Photos: D.R.
Avant guerre, Alfa Romeo était un constructeur italien renommé
pour ses véhicules sportifs et luxueux dont les moteurs étaient
des six cylindres minimum. Après-guerre, changement de contexte.
Alfa Romeo est nationalisé et doit participer au développement de
l'automobile dans la péninsule. Quelques modèles luxueux dotés d'un
très beau six en ligne subsistent bien au catalogue, mais il faut
réaliser et commercialiser du plus accessible et "populaire". Vinrent
donc les générations Giulietta, Giulia. Et à la fin des années 60,
l'Italie connaît un déséquilibre géographique économique : Tout
est au Nord et rien ou presque au sud. Alors sous l'impulsion du
gouvernement italien, Alfa Romeo construit une usine dans le sud
de l'Italie pour produire son nouveau modèle à vocation populaire
: l'Alfasud !
PASSAGE A L'AVANT !
Une Alfa populaire !! Déjà les Alfistes convaincus et passionnés
crient au scandale, mais lorsqu'en plus ils apprirent que la nouvelle
venue était désormais une traction avant et non pas une propulsion
comme il était de tradition chez Alfa, c'était la crise d'apoplexie.
Pourtant, à y regarder de plus prêt, la petite Alfasud est pétrie
de qualités. Le passage à la traction avant n'a pas entamé l'efficacité
de la tenue de route, au contraire, sa ligne est des plus sympathique,
le moteur est un boxer tout neuf qui est vif et mélodieux… Et comme
Alfa a une tradition à perpétuer, un coupé baptisé Alfasud Sprint
dessiné par Ital Design (mené par Giorgetto Giugiaro) est commercialisé
dès 1976, soit 5 ans après la sortie de la première Alfasud. Esthétiquement
on peut l'assimiler un coupé Alfa
Romeo Alfetta GTV en réduction avec des lignes plus saillantes
et une calandre droite. Mais c'est bien une Alfa avec ses quatre
phares ronds et son cœur de calandre en forme de pyramide inversée.
DES CŒURS SPORTIFS
En 1976, la première Sprint possède un 1286 cm3 qui développe déjà
76 ch. Pas mal pour l'époque surtout avec son rendement de près
de 60 ch/l. On peut tabler sur un bon 165 km/h chrono qui était
déjà une bonne performance en son temps. Mais si le moteur est vif
et sonne bien, on est conscient chez Alfa qu'il faut donner du muscle
à ce coupé sympathique tant ses qualités routières sont excellentes.
Deux ans plus tard, en 1978, le coupé Sprint connaît donc sa première
évolution notable. Le 1 286 cm3 est remplacé par un 1 351 cm3 développant
79 ch et surtout un couple plus généreux, et en haut de l'échelle
est installé un 1 490 cm3 qui développe 85 ch. Les performances
commencent à être là avec notamment une vitesse de pointe de 170
km/h. La gamme Sprint s'articule donc autour de deux modèles : le
Sprint 1300 et le Sprint 1500.
DE LA VELOCITE
Le succès commercial aidant allié à l'image sportive d'Alfa Romeo
alors en plein engagement en championnat de Formule 1, en sport-prototypes…,
il faut passer la vitesse supérieure, surtout que le trou existant
en terme de performances entre les Alfetta GTV et les Sprint est
trop important. Alors, Alfa ressort les bonnes vieilles recettes.
Mécaniques identiques mais alimentées cette fois-ci par deux carbus
double corps et une appellation "Veloce" (prononcez Vélochché !)
du plus bel effet qui nous donne encore des frissons. Le Sprint
1300 Veloce commercialisé dès 1980, développe 86 ch, soit plus que
le Sprint 1500 normal, tandis que le Sprint 1500 Veloce développe
d'abord 95 ch dès 1979 puis 105 ch par la suite. Fini les voitures
de fillettes. Les rendements moteur deviennent évidemment plus éloquent,
de même que les rapports poids/puissance (seul réel juge de paix
des sportives). Et là, avec le Sprint 1500 Veloce, on tutoie les
180 km/h ! En 1982, le coupé Sprint commence à accuser son âge esthétiquement.
Nous sombrons alors en pleine période plastique et le coupé Sprint
possède encore des fins pare-chocs en inox, certes plus élégants
avec le recul, mais ringard en 1982. D'ailleurs, le coupé Alfetta
GTV avait déjà cédé à la mode du plastique noir. Pour doper les
ventes, une série spéciale, qui sera la première d'une longue série,
baptisée Trofeo sera diffusée à 400 exemplaires. Elle bénéficiait
essentiellement d'une présentation spécifique.
ALFASUD SPRINT : AN 2
Durant l'hiver 1983, le coupé Sprint en profite pour se payer un
lifting. Vive le plastique, ont dû s'écrier les décisionnaires chez
Alfa. La face avant est entièrement revu avec une calandre totalement
en plastique noir mat accompagnée de pare-chocs de la même veine.
Les bas de caisses reçoivent eux aussi leurs parements en plastique
noir mat, de même que la poupe du beau coupé italien. Les feux arrière,
comme sur les Alfetta GTV série 2, sont désormais regroupés en un
seul bloc. L'intérieur a reçu lui aussi une légère cure de jouvence.
Bonne nouvelle, l'allumage transistorisé est enfin monté en série.
La gamme se compose toujours d'un 1300 de 86 ch et d'un Sprint 1500
QV (Quadrifoglio Verde) développant 105 ch. Le coupé reprenait en
fait le moteur de l'Alfasud TI QV. Ce coupé de pointe dans la gamme
Sprint héritait de jantes alu de 14" et de bandeaux latéraux verts.
Les performances progressent également sensiblement par rapport
à l'ancien Sprint 1500 Veloce. En 1984, Alfa propose une série spéciale
basée sur les Sprint 1500 QV dénommée Balocco. Tous les modèles
sont blancs avec des inscriptions vertes et sont livrés de série
avec un toit ouvrant souple.
UN CŒUR D'ALFA 33
En 1985, l'Alfa 33 remplace l'Alfasud après une carrière (trop)
longue de 14 ans. Le coupé Sprint dont l'ensemble mécanique était
intégralement repris de l'Alfasud pour des raisons évidentes de
coûts, va jeter son dévolu sur la nouvelle venue. Elle hérite donc
d'un nouveau système de freinage à tambours à l'arrière et non plus à disques comme cela avait été le cas jusqu'à présent. L'année suivante
en août, nouvelle série spéciale appelée Grand Prix, en mémoire
aux nombreuses participations de la firme milanaise en Formule 1.
Les Sprint Grand Prix sont équipés d'office de lave-phares, ont
leurs boucliers avant et arrière peints ton caisse et possède une
présentation spécifique. En 1988, c'est le chant du cygne de coupés
sympathiques dont il n'y aura pas de descendance. Le moteur 1500
est arrêté au profit d'un 1700 de 118 ch. Appelé Sprint 1.7 QV,
ce nouveau modèle dans la gamme Sprint reprend le moteur de la 33
et autorise une vitesse maximale de 190 km/h. C'est la dernière
sportive de la gamme, mais pourquoi arrive-t-elle si tard ? L'année
qui suit est l'arrêt de toute la gamme Sprint. Après avoir chanté
ses mélodies pétillantes 13 ans sur nos routes d'Europe, les boxers
se sont tus et cesseront d'ailleurs d'exister dans la nouvelle gamme
145.
CHRONOLOGIE ALFA ROMEO ALFASUD
1971 : Présentation de la berline Alfasud.
1976 : Présentation en septembre de l'Alfasud Sprint doté
d'un 1 286 cm3 de 76 ch. Vmax : 165 km/h. Ligne dessinée
par Giugiaro.
1978 : Motorisation de 1 351 cm3 en mai développant 79 ch
et motorisation de 1 490 cm3 (Sprint 1500) de 85 ch et 170 km/h.
1979 : Au mois de juin est présentée la version Sprint
1500 Veloce. Le moteur est toujours le 1 490 cm3 mais équipé
de 2 carbus double corps développant 95 ch. Vmax : 175 km/h.
1980 : Arrêt de la version 1 300 au profit d'une nouvelle
version 1 300 Veloce développant 86 ch et 170 km/h.
1982 : Série limitée à 400 exemplaires baptisée
Trofeo bénéficiant d'une décoration spécifique.
1983 : Relyfting complet à l'hiver du coupé Sprint
: calandre en plastique noir mat, pare-chocs AV et AR en plastique,
nouveaux feux AV et AR, baguettes latérales de protection,
nouvelle planche de bord, etc
L'allumage transistorisé
est monté en série. Version 1.5 Quadrifoglio Verde
(QV) développant 105 ch (comme sur la berline TI) et 180
km/h. Elle est dotée de jantes alu 14" et de bandes
vertes latérales.
1984 : Série spéciale Balocco basée sur la
1.5 QV 105 ch. Tous ces modèles sont blancs avec inscriptions
vertes et toit ouvrant souple.
1985 : Avec l'apparition des Alfa 33, l'Alfasud Sprint reprend l'ensemble
mécanique de la nouvelle venue, y compris pour les freins
AR qui deviennent des disques et non plus des tambours.
1986 : Série limitée Grand Prix commercialisée
en août. Les boucliers et la calandre sont peints de la même couleur
que la carrosserie, la décoration est spécifique et
les modèles étaient équipés de lave-phares.
1988 : Arrêt de la 1.5 QV. Commercialisation de la 1.7 QV
reprenant le moteur de la 33 : 1 712 cm3, 118 ch et 196 km/h. Les
jantes alu proviennent de la 33 et le coupé Sprint 1.7 QV
reçoit un becquet AR.
1989 : Arrêt des coupés Alfasud Sprint.
:: CONCLUSION
Que reste-il aujourd'hui de ces pétillants coupés ? Plus grand chose
malheureusement car la rouille a fait des ravages irréparables.
Les premières versions commencent à devenir très rares tandis que
l'on voit encore ici et là dans les annonces des coupés Sprint série
2. Inutile de préciser que les série 1 ont la préférence des Alfistes
surtout en 1500 Veloce. Toutefois, certains lui préfèrent la dernière
1.7 QV pour ses performances plus aguichantes. Monter dans un Sprint
c'est l'adopter tant le boxer qui les anime vous enchante. Il est
très fiable, à condition d'avoir reçu l'entretien et l'usage ad
hoc. Une huile de très bonne qualité est indispensable. Quelques
faiblesses au niveau des roulements et des synchros de boîte sont
également apparus. A vérifier avant achat. Quant à l'électricité…
La cote de ces petits coupés italiens, derniers du genre, est au
plus bas. A partir de 1 300 € pour les Sprint série 1 et 2 800 €
pour des 1500 Veloce en très bon état, et à partir de 1 500 € pour
les série 2 dont 3 000 € pour des très beaux 1.7 QV. Alors à ce
prix-là, en assurance collection, on a toujours pas encore compris
pourquoi vous n'en bichonnez pas un dans votre garage… |