LA "GOLF GTI" TURINOISE
Ce n'est certes pas celle que l'histoire aura retenu mais la
Fiat Tipo 16V entendait bien en remontrer aux principales adversaires
de la catégories des "GTI 16V", généralement
des compactes, faisant suite à l'épopée des
petites GTI. Avec tous ses défauts et ses qualités,
la Tipo possède le vrai tempérament d'une italienne.
Petit flash Back sur un véritable "collector" malgré
lui...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
La Fiat Tipo a été présentée au public
en Janvier 1988. Elle remplace avantageusement la Ritmo après 10 ans de carrière, avec un design moderne et des prétentions qualitatives
en hausse. Elue voiture de l'année 1989, elle incarne le
nouveau modernisme de la FIAT. En Novembre 1989 Fiat lançait
sa première sportive "16V", la Tipo 1.8ie 16V,
qui ne rencontra pas le succès escompté. Au salon
de Genève 1991 le nouveau modèle de haut de gamme
recevait un 2.0ie 16v, qui allait finalement signer l'arrêt
de mort du 1.8 16v en septembre de la même année. Ce
n'est qu'en 1993, à l'occasion du restylage, que la Tipo
16V va être proposée en 3 portes, un atout qui lui
manquait cruellement en Europe pour s'imposer sur ce créneau
où près d'une sportive sur deux vendue n'a pas plus
de 2 portes pour monter à bord.
DESIGN
D'un style peu conventionnel, surtout à l'époque,
la Fiat Tipo répond à un cahier des charges mettant
l'accent sur la compacité, l'aérodynamique (qui permet
à la Fiat Tipo d'afficher un Cx favorable de 0.31), la luminosité
et l'habitabilité intérieure. Produite dans l'usine
italienne de Cassino, sur une chaîne de montage profondément
revue, la Tipo est l'oeuvre de 403 robots travaillant sous surveillance
vidéo. Sa structure doit satisfaire à deux nouvelles
contraintes, notamment en matière de sécurité
et de longévité. La légende des Fiat qui rouillent
semble trouver un terme avec l'arrivée de la Tipo dont la
caisse est à 70% galvanisée.
Proposée initialement
en carrosserie 5 portes uniquement, la Fiat Tipo restylée
en 1993 va accueillir une nouvelle déclinaison 3 portes,
notamment pour sa version "Sedicivalvole", comme estampillé
sur la plaque noir du hayon au-dessus de la plaque d'immatriculation.
Ces modèles se reconnaissent également à leur
nouvelle grille de calandre, des phares plus fins et quelques détails
comme les jantes. Les autres modifications s'inscrivent dans les
tendances des années 90, à savoir l'ajout
massif d'éléments de sécurité. Renforts
de portières, ceintures ajustables avec pré-tensioneurs,
airbags (option) etc. La ligne de la Tipo 16v en 3 portes est nettement
plus dynamique et élégante. L'abandon de la troisième
vitre latérale y est pour beaucoup, tout comme le montant
central peint en noir. On remarque également sur cette version
sportive de discrets bas de caisse noirs et des boucliers noirs
avec liseré rouge, façon Peugeot
205 GTI.
HABITACLE
Comme le spécifiait le cahier des charges, l'impression
d'espace à bord de la tipo 16v est réelle. Côté
finition et présentation, s'il s'agissait à l'époque
d'un immense saut qualitatif pour Fiat, nous serions moins indulgents
avec une bonne décennie de recul... Le design de la planche
de bord est "personnel", innovant mais très démodé,
trop torturé et fort peu raffiné. Plastiques durs,
assemblages très approximatifs source d'inombrables "cui-cui",
l'habitacle de la compacte italienne vieillit assez mal. On apprécie
cependant les excellents sièges baquets Recaro (une option
à 5300 FF !), à l'inverse du volant dont la jante
est peu agréable en mains. Voilà pour ce qui est du
"visuel", mais comme chacun sait, dans une italienne,
le meilleur est sous le capot !
MOTEUR
Le moteur 2.0ie 16V est apparu en 1991, en remplacement du 1756
cm3 de 138 ch. Le coeur sportif de cette GTI à l'italienne
est un 4 cylindres en ligne de 1995 cm3 double arbre à cames
en tête et culasse 16 soupapes, comme son nom l'indique. Alimenté
par une injection électronique IAW Marelli, il développe
142 chevaux à 6000 tr/mn avec une hargne bien sensible dans
les tours. Moins creux à mi-régime qu'une Renault
19 16s par exemple, le moteur 16 soupapes Fiat se montre très
plaisant à l'usage avec son couple de 18 Mkg disponible à
5000 tr/mn. Sonorité sportive typique Fiat, petits soubressauts
au démarrage à froid, pas de doute possible, il s'agit
bien d'une authentique sportive.
La boite de vitesse manuelle à
5 rapports est d'ailleurs l'autre atout du 4 cylindres Fiat. Parfaitement
étagée et guidée, elle permet de profiter pleinement
et avec plaisir de la mécanique. Pourtant, face au verdict
du chronomètre, la Tipo se traîne légèrement,
poids élevé (1200 Kg) oblige. 30"4 (mesure Option
Auto 1995) pour passer le kilomètre, c'est très moyen
et encore plus regrettable que le moteur italien fait connaître
son bon appétit pour le super sans plomb 98. Notons à
ce sujets que les modèles d'après 1993 étaient
pourvus d'un catalyseur. Toutefois on se console par des reprises
très satisfaisantes et un réel agrément d'utilisation
qui dépasse les simples mesures chiffrées. Une satisfaction
qui provient du moteur, mais aussi du châssis qui le met en
valeur.
CHASSIS
Le châssis de la Tipo prouva sa bonne conception à
travers diver smodèles du groupe Fiat, comme la Tempra ou
le coupé Fiat, mais aussi
l'Alfa Romeo 155 ou la Lancia Dedra. D'un schéma traditionnel,
la suspension à 4 roues indépendantes de la Fiat Tipo
2.0ie 16V reprend à l'avant un MacPherson avec une barre
anti-roulis. A l'arrière comme à l'avant, les suspensions
sont dotées de ressorts plus courts et d'amortisseurs raffermis.
La direction est particulièrement agréable, avec une
assistance pas trop molle. Les freins sont largement dimensionnés,
disques ventilés de 284mm et 240mm, respectivement devant
et derrière, l'ensemble secondé à partir de
1993 par un ABS Bosch de série, malheureusement peu progressif
comme souvent sur les voitures de cette époque.
Sûre
et prévisible en toutes circonstances, la Fiat Tipo 16V est
comparable à une Golf
II GTI16V et n'a donc pas l'agilité d'une Peugeot
309 GTI16. Elle n'a pas non plus le caractère piègeux
de cette dernière, imposant une certaine maîtrise du
contre-braquage. Campée sur des jantes en alliage léger
montées en 195/50, elle vire à plat et d'une façon
totalement neutre. On atteint ainsi sans arrière pensée
les limites d'adhérence, ce qui est idéal pour rouler
vite et se faire les dents sur circuit sans avoir le stress d'un
arrière qui peut décrocher soudainement dans une dérive
qu'on ne saura pas entretenir ou rattrapper.Sur ce point, la Tipo
16V se montre toujours d'une étonnante modernité.
ACHETER UNE FIAT TIPO 16V
La production de la Fiat Tipo 2.0ie 16V s'est étendue de
1991 à 1995, ave cun restylage comme nous avons vu en 1993.
C'est la Fiat Bravo HGT qui reprit le
flambeau avec un inédit 5 cylindres en ligne. Très
fiable mécaniquement, la Tipo 16V est une sportive qui s'apprécie
longtemps. Contrairement au viel adage prétextant que tout
ce qui est rare est cher, la Tipo 16V très peu vendue en
france, car éclipsée par des rivales plus performantes,
est donc très diffcile à trouver dans l'hexagone mais
se monaye à moins de 2000 euros. De plus, le seul vrai point
faible de cette motorisation est sa consommation : 10L/100 minimum,
c'est beaucoup pour un "simple" 2.0L, mais l'agrément
dispensé en retour vaut bien ce petit sacrifice si vous ne
roulez pas trop.
Côté carrosserie, pas de gangraine
généralisée à craindre. La corrosion
peut éventuellement percer, mais à quelques endroits
seulement. Vérifiez les passages de roues, les supports de
suspensions etd e moteur, les charnières de portes. Mettez
vos doigts sur la moquette pour voir si elle n'est pas humide, ce
qui aurait pour incidence de faire pourrir rapidement le plancher.
Les boucliers noirs en plastique dur vieillissent mal, mais elle
n'est pas la seule à en souffrir. On pourra éventuellement
le speindre pour lui redonner la beauté de sa jeunesse !
A tester également, les fonctions électriques. Peu
de Fiat ne sont pas touchées par cette maladie... Mais de
toutes façon, quoi qu'il en soit, même un très
bel exemplaire ne vous coutera pas une fortune, que ce soit à
l'achat - la cote est très basse - ou en entretien car les
principaux organes sont plutôt résistants (voir embrayage
et synchros de boîte). En somme, une très bonne affaire
à dénicher avec un peu de patience...
:: CONCLUSION
Bien moins surcotée que les Best sellers du segment, c'est
finalement une alternative attachante pour qui veut bien outrepasser
les "à priori" et les préjugés, même
si certains sont justifiés comme la finition déplorable.
Toutefois, économique et fiable, la Fiat Tipo 16V peut constituer
une bonne affaire pour qui veut une voiture moins ordinaire pour
aller au travail ou pour faire quelques tours de circuit de temps
en temps. |