© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (20/10/2005)
LE POUR ET LE CONTRE...
Après avoir sauvé les meubles, Alfa Romeo a signé
brillament son retour grâce à la 156 et sa petite soeur
147. Aujourd'hui, le constructeur Milanais se doit de convaincre
plus de clients, tout en augmentant sa marge opérationnelle.
Une tâche délicate, à laquelle beaucoup ont
échoué. Lancée au front, la nouvelle 156 V6
Q4 arrive avec de solides arguments mais aussi de nouveaux handicaps...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
Les Alfa Romeo 147 GTA et 156
GTA sont des sportives d'exception, essentiellement parce que
leur moteur V6 fait figure de référence dans la production
mondiale. Toutefois, l'alchimie aurait été parfaite
si ces deux purs sangs ne devaient pas composer avec la problématique
d'une traction avant surpuissante. Le retour du Q4 au sein de la
gamme Alfa Romeo, éclipsé depuis les 155 Q4 et 164
Q4, nous laisse pourtant présager qu'on en a de nouveau
fini avec les problèmes de motricité. Protagoniste
incontestée de la dernière édition du Salon
International de Genève, l'Alfa 159 est le chef de file d'une
nouvelle famille destinée à remplacer la 156. Héritière
d'un modèle à succès vendu à plus de
680.000 unités depuis 1997, cette berline originale reprend
le flambeau, avec l'objectif de devenir la nouvelle référence
de son segment, face aux Mercedes Classe C, BMW série 3 et
Audi A4 !
DESIGN
Un long capot, une face avant agressive, un habitacle compact, des
flancs traversés par une nervure élégante,
une partie arrière équilibrée et généreuse.
L'Alfa 159 emprunte au concept Brera pour se profiler une allure
sportive et solide. Dessinée par Giorgetto Giugiaro en collaboration
avec le Centro Stile Alfa Romeo, cette nouvelle voiture affiche
des traits distinctifs qui définissent sa personnalité
inimitable et la rendent immédiatement reconnaissable, dans
la meilleure tradition du Constructeur. Ll'aile "musclée"
qui, alignée sur les roues généreuses, coïncide
avec le point le plus large de la voiture, exprime sans compromis
l'idée d'une automobile solidement "collée à
la chaussée". Sur l'Alfa 159 Q4 3.2 JTS, la sportivité
est sobrement suggérée par la double tubulure d'échappement
chromée. Un esprit à l'allemande, qui confirme les
ambitions clairement exprimées des dirigeants de la marque
: aller marcher sur les terres de BMW.
HABITACLE
Lors de sa définition, les concepteurs du Centre de Style
Alfa Romeo ont mis l'accent sur l'assiette de conduite, en plaçant
le pilote au centre de leurs préoccupations. Les excellents
rapports des distances entre le pédalier, le siège,
le volant et le levier des vitesses permettent de maîtriser
parfaitement la voiture, au profit d'un plaisir de conduite typiquement
Alfa Romeo. La planche de bord et la console centrale enveloppantes
intègrent tous les instruments de conduite, orientés
vers le conducteur selon des critères d'ergonomie chers à
la marque. L'ensemble est toutefois un peu dérangeant, sorte
de croisement mal abouti entre un style "à l'ancienne"
avec ses indicateurs analogiques et arrondis, et d'un autre coté
un écran de navigation ou une clé en forme de bidule
électronique dans la plus pure tradition technologique de
ce début de millénaire. De ce point de vue (celui
du conducteur), on aurait pu faire mieux et plus gracieux. Heureusement,
le volant et le levier des vitesses sportifs tombent parfaitement
en mains, l'habitacle plus spacieux et lumineux faisant un réel
bond en avant en matière de finition et de qualité
de fabrication ainsi que dans le choix des matériaux, Alfa
Romeo arrive au terme d'une longue croisade à égaler
en qualité perçue le niveau des constructeurs allemands.
La gamme se décline en deux niveaux de finition, et la planche
de bord est disponible en trois coloris (noir, gris ou beige) avec
des aménagements intérieurs noir, gris ton sur ton,
noir/beige. Les clients ne manqueront pas d'apprécier les
sièges enveloppants au galbe résolument sportif, réalisés
dans des cuirs "pleine fleur" Frau® et travaillés
dans les moindres détails ; des lisérés, des
coutures et des motifs cannelés très soignés.
Ces détails évoquent le charme du travail artisanal,
dans la tradition du luxe à l'italienne et nul ne s'en plaindra,
même si tout ceci risque fort de peser sur la balance...
MOTEUR
Le cur sportif de l'Alfa Romeo 159 Q4 s'exprime au travers
du nouveau moteur 3.2 JTS. Il marque un changement radical par rapport
au précédent moteur V6 de la marque, dont il ne constitue
aucunement l'évolution naturelle comme souhaiterait le laisser
croire la marque à ses clients les plus crédules.
Car c'est précisément là que le bas blesse.
Ce nouveau V6 est une adaptation d'une mécanique Yankee (un
reste de la période GM précisément) au tempérament
bien moins fougueux. Les normes Euro4 en matière d'émissions
polluantes ont malheureusement eu raison du beau V6 Alfa, et c'est
le coeur brisé que nous devons nous y résigner : rien
ne sera plus jamais comme avant.
Toutefois, de nombreux composants ont été redessinés
pour donner à ce V6 l'esprit de la Vouivre Milanaise, principalement
au niveau du haut moteur. Comme les récents 4 cylindres,
le nouveau moteurs à 6 cylindres de l'Alfa Romeo 159 adopte
lui aussi un système d'injection directe JTS (Jet Thrust
Stoichiometric) qui, comme son nom l'indique, envoie le carburant
(avec une pression de 120 bars) directement dans la chambre de combustion,
créant un mélange air/essence dit "stchiométrique",
et non un mélange pauvre comme certains systèmes d'injection
directe. Du fait d'une meilleure propagation du mélange dans
le cylindre, le système d'allumage peut se contenter d'une
seule bobine par cylindre, donc pas de fameux "Twin Spark".
La culasse en aluminium à 24 soupapes (diamètre de
33,4 mm à l'admission et 28,4 mm à l'échappement,
avec rattrapage hydraulique du jeu des poussoirs) possède
également un "Twin Phaser", nom officiel pour définir
le calage variable en continu à l'admission et à l'échappement,
qui optimise le rendement volumétrique à tous les
régimes. Le rapport volumétrique de 11,25:1, trahit
un excellent rendement moteur, y compris avec du super 95 RON. Pour
remonter le moral de nos âmes en peine, le nouveau moteur
3.2 JTS développe une puissance maximale de 260 ch (+20 ch
par rapport au 3.2 V6, soit une augmentation de plus de 8%), un
couple maximum de 322 Nm à 4.500 tr/mn (+33 Nm, soit une
augmentation de plus de 11%) avec 90% de la valeur maximale disponible
dès 1800 tr/mn (290Nm), ainsi que sur une large plage de
régimes (entre 1800 et 6250 tr/mn).
Voilà, nous y sommes. Le moment est grave, une certaine anxiété
mélée de curiosité envahit notre esprit : comment
va "sonner" ce nouveau V6 ? On insère la clé
électronique dans le tableau de bord. Suivant la tendance,
cette Alfa Romeo 159 se démarre avec un petit bouton start
situé juste en dessous. Contact, les 6 pistons se mettent
en mouvement, faisant vrombir l'échappement. Moins métallique,
moins organique, le V6 à la sauce GM (ou OGM) n'a clairement
pas le charisme de son prédécesseur mais la sonorité
n'est pas désagréable. C'est plus lisse, plus moderne...
ou plus fade dirons certains.
Quelques tours de roue suffisent également à constater
sa plus grande inertie à monter dans les tours, peu aidé
dans sa tâche par l'embonpoint spectaculaire de la nouvelle
italienne qui n'a pas suivi le régime méditéranéen
: 1 740 Kg en ordre de marche ! Bon sang ! Voilà bien un
record dans la catégorie ! Equipée du V6 3.2 JTS,
l'Alfa 159 atteint pourtant une vitesse de pointe de 240 km/h et
accélère de 0 à 100 km/h en 7,0 secondes, passant
le 1000m en 27"5. Pas mal, mais vraiment pas exceptionnel,
notamment face à la dernière BMW 330i qu'elle est
justement sensée concurrencer.
LA TRANSMISSION Q4
Sans être aussi précise que celle de BMW, la boîte de vitesse
à 6 rapports courts sait être rapide et efficace en conduite
musclée. Elle transmet la puissance aux quatres roues, via le système
de traction intégrale Alfa Romeo Q4. A l'image du système
Quattro de chez Audi, il s'agit d'une traction 4x4 permanente avec
trois différentiels. Le différentiel central autobloquant
Torsen C gère la répartition du couple motrice à
raison de 57% sur les roues arrière et 43% sur les roues
avant, ce qui mine de rien, rapproche plus le comportement de la
159 d'une propulsion que d'une traction. Cette solution "mécanique"
a le mérite de privilègier les bons vieux systèmes
et non de s'en remettre complètement à l'électronique.
Bien sûr, le tout est secondée par le contrôle
électronique de la stabilité VDC, non déconnectable
mais qui n'intervient que dans des conditions proches de la limite
de stabilité de la voiture (et elles sont loins ces limites
!), aidant le pilote à la maîtriser en freinant les
roues internes ou externes et en réduisant la puissance du
moteur (via le papillon). Intégré dans le VDC, le
système anti-patinage ASR (Anti Slip Regulation) optimise
la traction par l'intermédiaire des freins (patinage d'une
roue) et de la gestion du moteur (patinage de deux roues motrices).
Mais n'est-ce pas justement le but du différentiel autobloquant
? A force, le mieux peut devenir l'ennemi du bien, et en l'occurence,
c'est le poids engendré par tous ces systèmes qui
devient l'ennemi du plaisir...
CHASSIS
En dépit d'une mécanique moins brillante qu'espéré,
la nouvelle Alfa Romeo 159 Q4 3.2 JTS est une "Alfa racée",
par la tenue de route et le plaisir de conduite, qui gravit encore
un nouvel échelon. Généreusement chaussés
de pneus Pirelli Pzero rosso en 225/50 R 17, l'ensemble des trains
roulants subit en effet une sérieuse optimisation.
Ainsi, la nouvelle suspension avant reprend le principe en quadrilatère
haut de la 156 mais l'axe de braquage a été rapproché
du centre de la roue et le niveau d'Ackerman a été
augmenté, apportant davantage de parallélisme dans
le mouvement des roues lors du braquage pour une réaction
plus précise dans les virages. Le nouveau montant de roue
a été optimisé au niveau des points de connexion
avec les leviers, en exploitant au maximum l'espace disponible à
l'intérieur des jantes, au bénéfice de la rigidité
latérale. Parmi les autre modifications apportées,
on note le groupe ressort/amortisseur coaxial bi-tube surdimensionné
et les bras oscillants inférieur et supérieur en aluminium.
Ce dernier adopte deux bagues glissantes à frottement sec,
solution plus robuste, plus fiable et plus performante en termes
de progressivité de la direction. Enfin, la suspension a
été reliée à la coque par le biais d'un
berceau à géométrie fermée, plus rigide
par rapport à la solution précédente, comportant
une seule traverse.
Dans la foulée, la suspension arrière adopte un principe
"multilink". La solution à trois leviers et lame
transversale a permis de spécialiser les performances des
différents composants sous charge longitudinale, en vue d'obtenir
un meilleur filtrage des aspérités sous charge latérale.
Ainsi, le point d'ancrage du bras longitudinal, plus haut par rapport
au centre de la roue, permet une course plus longue et plus flexible
de la suspension, d'où une meilleure réaction lors
du franchissement d'un obstacle. Le montant en aluminium est muni
d'un moyeu haute rigidité et supporte les bagues de connexion
pour le levier de carrossage et le bras longitudinal. Le groupe
ressort/amortisseur bi-tube, surdimensionné par rapport aux
solutions ordinaires, assure un meilleur compromis entre maniabilité
et confort. Le bras de carrossage, outre à supporter le réglage
du carrossage statique, a permis de réaliser une géométrie
capable de garantir un important rattrapage de carrossage dans la
phase de débattement, afin d'assurer toujours la meilleure
empreinte au sol et une usure uniforme des pneumatiques. La bague
arrière, du type hydraulique, assure elle aussi une meilleure
capacité de filtrage des aspérités en permettant
le recul de la roue lors du franchissement d'un obstacle. Une traverse
en acier haute résistance est isolée de la bague à
l'aide de quatre bagues élastiques qui atténuent les
vibrations à haute fréquence.
Si vous n'avez pas tout suivi (c'est possible !), sachez simplement
que la nouvelle Alfa Romeo 159 combine à merveille un amortissement
souple et confortable avec un niveau d'efficacité et de précision
jamais atteint sur les modèles précédents et
même rare parmi la concurrence y compris la Peugeot 407, nouvelle
référence française en la matière. Alfa
Romeo améliore la capacité d'absorption des aspérités
de la chaussée et le "toucher de route" est réellement
fin et très agréable, grâce aussi à une
direction très directe et dotée d'une bonne vieille
assistance hydraulique. Cet ensemble convaicant rattrappe en grande
partie la déception vue au chapitre moteur et compense sans
doute en bonne partie un poids de limousine. L'attirail de supervision
électronique de l'Alfa 159 est complétée par
le système HBA, assistant électro-hydraulique de freinage
qui augmente automatiquement la pression du circuit des freins lors
d'un freinage d'urgence. On se demande là encore si tout
cela était bien nécessaire puisqu'avec des disques
ventilés de 330 x 28 mm à l'avant, étrier fixe en aluminium
à 4 pistons et de 292 x 22 mm ventilés à étrier
flottant à l'arrière, l'Alfa 159 Q4 semble correctement
parée. Enfin, l'ABS intègre un correcteur électronique
de freinage EBD (Electronic Brake force Distribution) qui répartit
l'action de freinage sur les 4 roues. Ce système adapte également
son fonctionnement à l'efficacité des plaquettes des
freins, en réduisant la surchauffe de ces dernières.
:: CONCLUSION
Le bilan de cette Alfa Romeo 159 est pour le moins enthousiasmant.
Cette nouvelle approche s'est concrétisée par un excellent châssis
à quatre roues motrices, avec des suspensions plus efficaces
mais aussi par une nouvelle génération de moteurs, tirant un trait
sur une longue lignée de V6 parmi les plus réussis de la planète,
principalement du point de vue émotionnel. Au moment de clore cet
essai, on se prend donc à rêver d'une version GTA, à la fois plus
légère et puissante, imprégnée de toute la magie Alfa
Romeo.
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Avis des propriétaires
Comme la plupart des V6 le moteur est très coupleux et donc très très agréable, les perfs sont bien présentes, ça roule vite, cependant c'est un moteur atmosphérique, il faut monter dans les tours pour avoir des sensations sportives.
La tenue de route est sans reproche, surtout en version intégrale Q4, un rail en courbes même a vitesse très élevé.
La consommation est effrayante, en moyenne je fais du 15/ 16 litres à l'éthanol, sans trop pousser les rapports, et guère plus en les poussant.
Éthanol obligatoire selon moi, a 1.60 euros le litres de super, mais 0.63 en éthanol.
Le moteur en repro flex fuel ne bronche pas, ça fonctionne nickel.
Je ne suis pas les directives constructeur pour les vidanges, 12000 km maxi pour ma part, cela est fondamental pour les tendeurs de chaînes distribution, la voiture a mauvaise presse pour des souci de distri, cela est toujours dû à un mauvais entretien, c'est une voiture passion, il faut la respecter en tant que tel.
Pour moi c'est une des plus belles auto de ces 20 dernières années, toutes marque confondu, et en tant qu'Alfiste de longue date, je regrette que la guilia n'ai pas autant de caractère visuel.
Pour conclure je dirais que c'est une excellente auto si on respecte certaines règle d'entretien et d'usage. Voir tous les avis sur la ALFA-ROMEO 159 Q4 V6 3.2 JTS
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