© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (18/02/2008)
ASTON CONTRE-ATTAQUE !
Porsche et
Ferrari n'hésitent plus à mouiller leurs " chemises "
pour séduire leurs clients les plus intégristes. Scuderia et GT3
ne jurent ainsi que par un allègement maximum pour garantir non seulement
un comportement plus sportif pour les amateurs de belles trajectoires, mais aussi
une exclusivité qui permet d'augmenter le prix de vente de manière
significative. Aston Martin en plein renouveau avec sa gamme complète ne
compte pas reste sur le bord du chemin. La V8 Vantage N24 arrive pour la contre-attaque
! Et si on les retrouvait toutes au Mans en 2008 ? Chiche...
Texte : Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Aston Martin est en pleine forme et c'est pour notre plus grand plaisir. Les nouveaux dirigeants
de la firme de Newport Pagnell peuvent être fiers de leur gamme 2008 garnie
de modèles aussi séduisants que sportifs : DB9, V8 Vantage, et la dernière DBS qui servit
de monture à David Craig le dernier James Bond dans Casino Royal. Mais
cela ne suffit pas, et en véritables passionnés de voitures de sport
et de compétition, Dr. Ulrich Bez en tête (PDG d'Aston Martin), les
hommes d'Aston n'ont pas hésité à se lancer à l'assaut
du Nürburgring. En juin 2006, l'Aston N24 a participé avec succès
aux 24 Heures du mythique circuit et a terminé 24e. C'est donc peu étonnant
si cette Vantage V8 très spéciale est baptisée N24 et désormais
construite en série limitée. Les amateurs de sorties circuits et
même de courses officielles seront ravis, l'Aston Martin N24 est homologuée
dans de multiples catégories : VLN Endurance Championship au Nürburgring,
Britcar Endurance Series, Dutch Supercar Challenge, le championnat australien
de GT et le championnat européen d'Endurance. Elle est même éligible
aux championnats suivants : European GT4 Series, Grand-Am Cup, SCCA Touring Class
aux USA.
DESIGN
On
ne reviendra pas en détail sur le style général de cette
"baby" Aston qui est si réussi. C'est en partant des lignes tracées
par le Danois Henrik Fisker (également auteur des lignes de la DB9 et parti
depuis fonder son propre studio de Design en Californie), que les techniciens
anglais ont travaillé l'aérodynamique de la N24. Avec sa suspension
rabaissée et posée par terre sur des jantes Speedline Corse de 18
pouces. En bonne auto de course ou prévue comme telle avec une mécanique
plus velue dégageant nécessairement plus de calories, de multiples
aérations sont greffées sur le capot moteur. Toutefois, malgré
un soint évident apporté à l'allègement (vitres latérales
en polycarbonate) et l'efficacité l'élégance semble reste
de mise puisque les rétroviseurs extérieurs restent à l'identique,
de même que les poignées de portes encastrées et dignes des
Ferrari des années 70. Dans les évolutions dans le détail
on notera la trappe à essence alu type aviation, la "bouche Aston"
qui hérite
d'une grille au quadrillage plus aéré et est parée d'un "verre
à lèvres" tranchant avec le jaune de la carrosserie du modèle
de présentation. La poupe n'évolue pas et n'est pas affublée
d'un aileron disgracieux, prouvant ainsi le bien-fondé des études
aérodynamiques de la V8 Vantage de série. Au cas où, en bon
débutant ou bien sorti de la piste, poussé par un concurrent peu
fairplay vous iriez vous figer dans les graviers, les anneaux de remorquages rouges
vifs sont bien visibles et apportent une touche racing supplémentaire.
C'est l'habitacle qui est le plus touché par la course à l'armement,
ou plutôt à l'allègement. Exit les beaux baquets douillets
plus prévus pour descendre les Champs-ELysées ou maintenir votre
corps délicats dans les virolos de la French Riviera. C'est arceau cage,
baquets Aston course et harnais qui ont la tâche de vous fixer dans l'auto.
L'accès à bord est compliqué entre le treillis-cage, et le
baquet. Un peu de méthode et beaucoup de souplesse seront indispensables,
rendant ainsi un usage quotidien plus compliqué qu'à bord de ses
rivales directes. Une "street version" plus réaliste serait une
idée à travailler. Le coffre est largement amputé par le
réservoir d'essence compétition.
MOTEUR
Né
chez Jaguar puis peauffiné et assemblé à la main en allemagne
à Cologne dans le département moteur d'Aston Martin, le V8 4.3 litres
atmosphérique à 32 soupapes est situé sous le capot avant.
Moderne, il utilise un système de calage variable de l'arbre à cames
et une lubrification par carter sec qui offre le double avantage d'un centre de
gravité plus bas et d'une meilleure lubrification du moteur lors des contraintes
physiques horizontales (virages, freinages). Pas question ici de faire une version
racing sans accroître les performances du V8 anglais. Ainsi les 385 ch semblant
un peu juste, surtout lorsque la concurrence se bat avec une centaine de chevaux
de plus, c'est désormais avec 410 ch à 7 500 tr/mn que le pilote
peut compter ainsi qu'un couple en léger progrès avec 425 Nm contre
417 Nm sur la version "standard". Pour arriver à ces nouvelles
valeurs, le travail a été conséquent sur le V8 britannique.
Si l'admission, l'échappement et la gestion moteur ont été
recalibrés pour la circonstance, on trouve également un haut moteur
revu avec un nouveau taux
de compression. La boîte de vitesses mécanique Graziano à
6 rapports est ferme et précise, impeccable. C'est plus viril, mais ça
change des commandes séquentielles au volant, désormais très
répandues ou des boîtes automatiques imposées chez Mercedes.
CHASSIS
Pas de bonne GT pour le circuit sans
grosses modifications impératives ! L'Aston N24 n'y coupe pas, et les techniciens
sont intervenus sur de très nombreux points. La V8 Vantage est le second
modèle d'Aston Martin, après la DB9, utilisant le concept d'architecture
VH (Vertical Horizontal). Construit à partir d'éléments allégés
d'aluminium extrudé, assemblés, pressés, collés avec
des résines de l'aérospaciale et rivetés avec une grande
précision, l'ensemble possède une grande rigidité. On aperçoit
d'ailleurs sous le capot et dans l'habitacle de nombreux renforts de structure,
à l'image de la barre anti-rapprochement au-dessus du moteur. Pour les
ressorts, c'est Eibach qui fourni, tandis que l'amortissement est réglable.
Les barres antiroulis avant et arrière ont été raidies. Le
carrossage est spécifique et typé piste. Certes pas au niveau d'une Renault 8 Gordini, mais bien plus prononcé
que sur la version route. La liaison au sol est assurée par les pneus Yokohama
A048-R, une référence pour les amateurs exigeants de sorties circuit.
Tout le travail d'allègement a porté ses fruits avec un poids annoncé
de 1 350 kg, soit près de 220 kilos de moins! Les freins sont dotés
d'étriers 4 pistons (pour les quatre disques ventilés et rainurés,
en alu pressant des plaquettes racing Pagid RS 29. Du poids en moins, de la rigidité
en hausse, de la performance en hausse et un châssis typé course,
pas de doute possible, l'efficacité et le plaisir doivent être au
rendez-vous...
CHRONOLOGIE ASTON MARTIN V8 VANTAGE
2004 : Création
de l'Aston Martin Racing pour engager les modèles usines en compétition.
2005 : Lancement de l'Aston Martin V8 Vantage (V8 4,3 litres et 380 ch).
Retour
officiel en compétition d'Aston Martin avec la DBR9 en catégorie
GT1.
2006 : Au salon British Motor Show, Dr. Ulrich Bez annonce la construction
en série limitée de voitures basées sur la V8 Vantage.
Le
18 juin, l'Aston Martin N24 termine 24e au général sur 220 participantes
aux 24 Heures du Nürburgring.
En juin, Aston dispute les 24 Heures du
Mans avec la DBRS9 en catégorie GT3.
En décembre, l'Aston Martin
N24 termine 8e aux 24 Heures de Bahrein.
2007 : Présentation
officielle de l'Aston Martin N24.
:: CONCLUSION
Plus voiture de circuit
que réelle GT radicale à l'image des Porsche 997 GT3 RS ou encore
Lamborghini Gallardo Superleggera, l'Aston Martin V8 N24 prouve au moins que le
retour d'Aston au plus haut niveau n'est pas que le fruit du hasard. Un engagement
en compétition récurrent depuis plusieurs années, notamment
au Mans, une indépendance britannique retrouvée, et surtout une
gamme complète pemettent de donner des couleurs au constructeur anglais.
Alors saluons comme il se doit cette version N24 qui semble prévue pour
les Gentlemen épicuriens des belles trajectoires sur circuit. Et si le
championnat BPR qui avait démarré dans les années 90 sur
les cendres des groupe C du Mans revenait à ses racines pour que nous puissions
assister à un match au somment entre les meilleures GT de la planête
qui viendraient au circuit par la route comme dans les années 50 ? C'est
toujours bon de rêver... |