© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (24/05/2004)
LA BEAUTE DU DIABLE !
Avec une situation stable depuis
plus de 15 ans maintenant, sous la houlette de Ford, Aston Martin
poursuit son développement de gamme. C'est au tour de la
DB7 d'être remplacée. Avec sa nouvelle DB9, Aston Martin
revisite le style Aston et place sous son long capot un somptueux
V12 ! Power, Beauty and Soul sont les maîtres mots avancés
par Newport-Pagnell pour présenter sa nouvelle DB9. Une réussite
?
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Depuis le rachat d'Aston Martin-Lagonda par la Ford Motor Company
en 1989 et son intégration dans la structure PAG (Premium
Automotive Group), l'avenir et la pérennité d'Aston
Martin semblent enfin assurés. Après avoir remisé
au placard les antiques Aston AM V8, dérivées elles-même
des DBS des années 70 (celle de Brett Sinclair dans la série
Amicalement vôtre), Ford avait développé la
DB7 qui reprenait
ainsi les initiales de David Brown, longtemps propriétaire
de la marque. Il fut notamment l'artisan du développement
à l'échelon international d'Aston Martin avec en point
d'orgue les DB5 si charismatiques
et montures du plus célèbre agent secret britannique,
James Bond.
La DB7 partageait alors son châssis avec sa cousine
la Jaguar XK8 tandis que sa plate-forme était dérivée
de la Jaguar XJS.
Le six en ligne, en provenance de Jaguar, était doté
d'un compresseur. Sa ligne effilée, renouait avec bonheur
avec les modèles à succès des années
60. Si sur le papier, la DB7 pouvait passer pour une GT hybride,
la production est passée à 700 exemplaires dès
la première année de production pleine en 1995. C'est
à comparer aux 42 Aston Martin produites en 1992 ! L'Aston
Martin Vanquish s'est chargé de la montée en gamme
et entre-temps la DB7 a troqué son 6 en ligne " étranger
" contre un V12 100% Aston dès 1999.
GENESE
Pour remplacer
l'Aston Martin DB7, les hommes de Newport-Pagnell vont partir d'une
feuille presque blanche pour une GT de conception 100% Aston Martin.
La DB9 arrive, et ses rivales peuvent trembler tant sur le papier
elle est exceptionnelle. Et preuve des ambitions d'Aston Martin
pour sa DB9, une nouvelle usine high-tech ultra-moderne a été
construite à Gaydon, tandis que les actuels locaux de Newport-Pagnell
vont devenir à terme un centre de restauration pour les vieilles
Aston-Martin...
DESIGN
C'est le designer Henrik Fisker et son équipe qui sont les
heureux responsables du design de la DB9. Quelle ligne ! Quelle
harmonie ! Alors que la Porsche
911 type 997 semble chercher sa voie pour se renouveler sans
changer, et que les Ferrari explorent de nouvelles voies, les designers
de Newport-Pagnell ont réussi le tour de force de dessiner
une Aston Martin rapidement identifiable. La calandre typique des
Aston est bien entendu présente et annonce le long capot
avec ses prises d'air sur les flancs. Les blocs optiques avant oblongs
et étirés s'inspirent de ceux des DB7 et Vanquish,
mais en y ajoutant une touche d'élégance et de distinction
qui font défauts aux deux autres. De profil, le dessin dynamique
des custodes sont reprises de celui de la Vanquish ce qui dynamise
le profil de la DB9. Enfin, la partie la plus réussie à
nos yeux est sans conteste cette poupe magistrale. D'une finesse
et gracilité sans faille, les feux sont totalement intégrés
dans la ligne générale et il n'y a aucun décrochement
dû au pare-chocs. Joli coup de crayon !
HABITACLE
L'habitacle n'est
pas en reste avec une présentation très luxueuse et
hig-tech. La qualité des assemblages force l'admiration,
et sur les premières DB9 présentées, les matériaux
employés sont de très haut niveau. Aston Martin a
mis à profit son intégration dans Premium Automotive
Group en sollicitant les spécialistes de Volvo pour toutes
les techniques de sécurité passive mais également
pour le traitement de l'habitacle. Les hommes d'Aston Martin ont
donc utilisé du bois massif, non verni pour le laisser vieillir,
coupé au laser pour plus de précision ! Le cuir est
bien entendu très présent, tant sur la sellerie, que
sur la planche de bord et les contreforts de portes. Produit en
Ecosse, il est fournit par Bridge of Weir Leather Company, également
fournisseur attitré du Queen Elizabeth II, de l'Hôtel
Burj al Arab de Dubaï ou encore de la British House of Parliament.
MOTEUR
Les techniciens
de Newport-Pagnell ont décidé de faire battre le cur
de la DB9 au rythme du V12 Aston Martin. C'est le V12 6 litres de
cylindrée de la DB7 Vantage qui est intégralement
repris pour la DB9. Il est pour l'instant toujours assemblée
chez Cosworth, propriété de VAG ! Sa fabrication sera
prochainement transférée dans une nouvelle usine à
Cologne où seront également produits les futurs V8
de la prochaine Aston Martin AMV8. Par rapport à la DB7 Vantage,
sa gestion électronique a été revue et ses
collecteurs et arbres à cames retravaillés lui autorisent
de nouvelles performances : 450 ch à 6 000 tr/mn et 570 Nm
de couple à 5 000 tr/mn dont 80% disponible dès 1
500 tr/mn ! A la différence des V12 Ferrari par exemple,
privilégiant les régimes de rotation élevée
avec une puissance maximale à 7 500 tr/mn, le V12 Aston se
contente de 6 000 tr/mn. Un choix plutôt délibéré
sur les reprises et le couple plus que la puissance spécifique.
Si la puissance est transmise fort logiquement aux roues arrière,
c'est pour l'instant à une boîte automatique ZF à
6 rapports qui se charge d'animer le V12 de l'Aston Martin DB9.
Il est possible de commander la boîte via des palettes situées
derrière le volant. A terme, une boîte mécanique
Graziano à 6 rapports sera proposée, mais pas de boîte
robotisée au programme. Le maniement
de la boîte automatique via des palettes est cependant efficace et rappelle
le principe de la boîte auto Speedshift de la Mercedes SL
55 AMG Kompresseur. Attendons donc la future boîte mécanique
à 6 rapports, même si dans la définition de
départ des hommes d'Aston Martin, l'esprit GT au long cours
est clairement privilégié par rapport au sport. Un
choix, plus même une philosophie qu'Aston Martin défend
et revendique pour se faire une place entre les très sportives Ferrari 575
Maranello et Porsche
911 Turbo (996) et la "confortable" Bentley
Continental GT
CHASSIS
Pour tenter de limiter la prise de poids et conserver une rigidité
conséquente, gage d'un bon comportement routier, les techniciens
anglais ont eu recours à une structure en alu extrudé
de type Space Frame. C'est le spécialiste suédois
Hydro qui est l'artisan de cette structure en alu, déjà
concepteur du châssis de la Lotus Elise, une sacrée
référence ! La structure de la DB9 ne pèse
donc que 275 kg. Les trains roulants sont constitués de doubles
triangles superposés en alu forgés aux quatre roues.
Une biellette transversale est montée sur l'essieu arrière
pour améliorer la tenue de route. Les amortisseurs restent
de facture classique, et ne sont pas pilotés. La DB9 repose
sur de très belles jantes multi-branches de 19 pouces chaussées
en copieux 235/40 devant et 275/35 derrière.
Nous n'avons pas pu encore essayer cette noble anglaise. Toutefois,
les nombreux essais dans la presse invitée à tester
cette nouvelle Aston Martin DB9 nous permettent de mieux la cerner.
Si tous sont unanimes sur la ligne de la DB9 et sur son habitacle
au charme si particulier et bien fini, le premier frisson vient
des premières vocalises du V12 Aston. Le démarrage
se fait via un bouton au tableau de bord appelé " engine
start " dont la texture fait penser à du diamant. Dès
les premiers tours de roue, l'Aston Martin DB9 se montre fidèle
à l'esprit Grand Tourisme de la marque. Malgré ses
grosses roues, elle gomme les aspérités de la chaussée
et sait rester confortable. Il n'est ainsi pas toujours nécessaire
d'avoir recours des suspensions pilotées ultra-sophistiquées
pour obtenir un bon compromis confort/efficacité. Pour maîtriser
le couple gargantuesque un ESP Conti Teves intégrant l'aide
au freinage d'urgence, , la répartition électronique
et l'antipatinage a été monté. Bonne nouvelle
pour les amateurs de sport et de travers, l'ESP de la DB9 peut être
déconnecté à partir d'un bouton au tableau
de bord. Si vous décidez de le laisser actif, il se déclenche
très discrètement de manière opportune tout
en ménageant la susceptibilité du conducteur.
:: CONCLUSION
David Brown peut reposer en paix. L'Aston Martin DB9 est bien la
digne héritière de la longue lignée des DB
(de 1 à 6). Un design d'une beauté fatale, un châssis
classique mais bien conçu, et un V12 démoniaque sont
là pour vous rappeler que la magie Aston Martin opère
toujours. Sans parler de l'habitacle à l'ambiance cosy si
britannique et dont la finition ferait pâlir d'envie certaines
italiennes prestigieuses. La DB9 est assurément une réussite
qui va fixer de nouveaux standards chez Aston Martin...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"La fantastique mélodie du V12 nous arrache à
nos réflexions. Le système d'échappement by-pass
permet une sonorité plus explosive à hauts régimes,
lorsque le flux de gaz se libère de façon plus directe.
Ce moteur est un véritable orchestre philharmonique ! Le
large répertoire musical n'est pas son unique atout. Cette
noble mécanique, qui convient parfaitement à une GT
britannique de grande classe comme la DB9, se montre également
douée pour changer de caractère à la demande.
Sa disponibilité remarquable permet de jouer sur du velours
dans les grandes courbes autoroutières, avec l'assurance
d'être catapulté en un clin d'il si le besoin
s'en fait sentir
"
SPORT AUTO - mai 2004.
"Ce qui ne les empêche pas
de se montrer en accord parfait avec ce coupé dont le cahier
des charges mettait sur un pied d'égalité le maintien
du confort et de celui des mouvements de caisse. Le confort est
acquis grâce à une faculté de filtrage étonnante
des petites aspérités, qui sont proprement gommées
alors que, dans le même temps, les bruits de roulement apparaissent
étonnement bas compte tenu de la générosité
des pneus de 19 pouces."
LE MONITEUR AUTOMOBILE - 8 avril 2004. |