LA TRADITION A DU BON
Avec une concurrence qui s'active
et se livre à une débauche de puissance, Ferrari ne
pouvait rester inactif avec sa 575 Maranello. Déjà
très réussie, la 575 Maranello reste une GT sportive,
au poids conséquent, mais aux performances déjà
convaincantes. Alors comme la mode est à l'usage circuit
et à la présentation racing, Ferrari nous gratifie
d'une 575 Maranello Handling GTC dont la présentation et
certaines options techniques retenues, lui sont spécifiques.
Peut être enfin la vraie remplaçante de la mythique
250 GT SWB : polyvalente, aussi à l'aise sur circuit que
sur route ou dans les parkings des hôtels chics...
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Chez Ferrari,
l'ère est à la polyvalence depuis longtemps déjà.
Fini les embrayages durs comme du bois, les autos au ralenti capricieux
et délicat dans les usages urbains. Les Ferrari
550 Maranello et 456
GT avaient d'ailleurs marqué cette nouvelle tendance.
Mais avec un peu de recul, la Ferrari 550 Maranello, devenue depuis
575 Maranello était commandée avec des options plus
radicales par plus de 45% des clients. Au programme, châssis
Fiorano (suspensions, jantes, pneus
) et boîte F1. Alors,
pour faire face à la montée en puissance de la concurrence
(Porsche 997
S, Aston
Martin Vanquish S, Mercedes
SL65 AMG
), Ferrari a revu sa GT deux places à moteur
V12 avant en la dotant d'une présentation spécifique
et la magnifiant. L'idée ? Pouvoir satisfaire pleinement
les propriétaires qui roulent sur circuit avec leur Ferrari,
mais qui souhaitent pouvoir s'y rendre avec. Une sorte de plaidoyer
de l'esprit grand tourisme des années 50. C'est le rôle
qu'endosse et assume avec brio la Ferrari 575 Maranello Handling
GTC.
DESIGN
La Ferrari 575 Maranello GTC reste un must en matière de
design et d'harmonie dans les GT à moteur avant. Nous sommes
loin de l'allure presque typée berlinette hatchback d'une
Aston Martin Vanquish par exemple. Avec la Maranello, c'est une
carrosserie 3 volume traditionnelle avec malle de coffre arrière
comme en leurs temps, les meilleurs canons de la marque (Ferrari
250 GT, 275 GT
). C'est l'expression du Grand Tourisme interprété
par excellence par Pininfarina ! Par rapport à la Ferrari
550 Maranello, quelques détails ont évolué
en douceur afin de réactualiser le dessin de la diva italienne.
Les optiques sont désormais au xénon et lenticulaires,
le bouclier arrière et certains éléments ont
été redessinés. Sur la Maranello, pas d'artifices
inutiles. Les amateurs d'ailerons et de spoilers ramasse-miettes
devront rebrousser chemin. En version GTC, la 575 Maranello dispose
de jantes alu de 19 pouces de diamètre boulonnées
et non monobloc. Aérées et fines, elles laissent apparaître
les freins céramiques de la version GTC. Sur la poupe, on
retrouve les 4 petits feux ronds qui s'accordent à merveille
non seulement avec la tradition, mais également avec les
4 sorties rondes d'échappements. Vue la vocation de la 575
Maranello GTC, il nous paraît logique de la choisir dans la
teinte rouge Ferrari avec les autocollant de la Scuderia sur les
flancs.
HABITACLE
Dans l'habitacle, on conserve toujours l'esprit Grand Tourisme,
mais avec quelques touches racing bien senties, dictées tant
par un souci d'esthétisme, que d'efficacité. Un arceau-cage,
recouvert de cuir rouge, a pris place dans l'habitacle, tandis que
les sièges baquets sport offrent une position de conduite
et un maintien optimal. La finition n'a pas changé par rapport
à la version standard. Il reste toujours quelques détails
peu en rapport avec le prix de l'engin, mais globalement on reste
émerveillé par l'ambiance intérieure. Petit
détail sympa : le logo Ferrari brodé sur les ceintures
de sécurité !
MOTEUR
Sous le capot écarlate, percé de sa prise d'air centrale,
on retrouve le V12 magistral de la Ferrari 575 Maranello. Mais les
amateurs d'exclusivité seront déçus. Pas question
ici d'un V12 vitaminé. Remarquez, avec sa cylindrée
de 5,8 litres, ses 515 ch à 7 250 tr/mn et son couple appréciable
de 589 Nm à 5 250 tr/mn, il fait déjà le bonheur
des passionnés. Seul l'échappement a été
retravaillé pour donner une sonorité plus libre, mais
ce V12 reste encore trop discret à notre goût. Rien
à voir par exemple avec une Ferrari Challenge Stradale. Pourquoi
en effet n'avoir pas prévu un système de valve à
ouverture programmée dans l'échappement de la Maranello
GTC ? Côté transmission, c'est la boîte F1 qui
est montée d'office. Un choix de l'usine qui est également
plébiscité par 85% des clients de Ferrari 575 Maranello
standards. Un choix rationnel considérant la vocation circuit
de la Maranello GTC. Côté performances, la Ferrari
575 Maranello GTC revendique des chiffres peu communs : 325 km/h
en vitesse maximum, moins de 22 secondes au kilomètre DA
et 4,2 secondes au 0 à 100 km/h. Quelle pêche !!.
CHASSIS
Les clients des Maranello standards peuvent opter pour l'option
châssis Fiorano. Un choix opéré par 45% des
clients Ferrari. La suspension de la GTC est raffermie avec la pose
de ressorts plus raides de 35% sur l'avant et 15% sur l'arrière.
Les amortisseurs sont retarés mais sont toujours pilotés.
Ils se durcissent lorsque la vitesse augmente ou que la caisse prend
des G. Une barre antiroulis arrière plus raide de 73% participe
à la sportivité et l'efficacité du châssis.
Bonne nouvelle pour les amoureux du pilotage efficace et autonome,
pas d'ESP sur la Maranello. Juste un ASR qui vient donner un coup
de main. Porsche devrait imiter cette méthode et autoriser
la désactivation totale du PSM. Un autobloquant taré
à 25% à l'accélération pour la motricité
et 45% à la retenue pour la stabilité. Une combinaison
très efficace pour qui sait piloter une GT de plus de 1,7
tonnes. La boîte montée à l'arrière concours
à une répartition des masses optimale, favorisant
l'équilibre naturel de l'auto. Des freins en céramiques
sont montés et sont cachés par des jantes 19 pouces
déjà décrite dans le chapitre design chaussées
de pneus Pirelli PZero Corsa en 235/35 à l'avant et 305/30
ZR 19 à l'arrière. L'avantage de ces pneumatiques
spécifiques est qu'ils sont essentiellement prévus
pour être efficaces sur circuit. Une fois en piste, la magie
se mêle à l'efficacité. La Maranello accélère
fort et la boîte F1 permet de se prendre au jeu. Elle reste
très stable en toute circonstance et autorise des vitesses
de passage en courbe impressionnante. Lorsque l'on attaque des portions
lentes, le châssis optimisé fait presque oublier la
masse pourtant imposante de la Maranello. Un exercice dans lequel
elle se trouve à son aise, bien plus que certaines de ses
concurrentes directes. Il n'y a pas qu'en Formule 1 que Ferrari
maîtrise son sujet. Ses GT de route (pardon de circuit !)
en sont également le plus bel exemple
FERRARI
575 M GTC COURSE
Dans le
cadre du championnat GT-FIA, Ferrari a également
prévu une GTC "course" pour lutter
dans la course à la performance du championnat
GT. Ici, toute notion de luxe ou de confort a été
oublié et c'est l'allègement et la rigidité
qui ont été privilégiés.
Un immense aileron arrière a pris place sur le
coffre, les entrées d'air sont proéminentes
pour le refroidissement du V12 toujours atmosphérique
mais amélioré pour l'occasion. Sa cylindrée
est portée à 6 litres et il développe
609 ch et 730 Nm de couple. Le moteur est accouplé
à une boîte de vitesses séquentielle
à 6 rapports. Toute la caisse a été
renforcée et allégée alors que
la GTC repose sur des jantes de 18 pouces et non 19
pouces sur la version route. Inutile de préciser
que l'échappement est racing, et que, sans les
isolants pour cause de gain de poids, la sonorité
intérieure est démentielle. Quel son,
mais aussi quel ambiance course !! Une auto fantastique
à déguster sur circuit sans modération
:: CONCLUSION
Ainsi définie, la Ferrari 575 Maranello GTC est une auto
très désirable et cohérente. Performante, belle
à mourir, une définition permettant un usage circuit
avec un châssis sportif, permet à la Maranello de distiller
à son pilote un plaisir de pilotage important. Et même
si son poids reste encore important, il sait se faire oublier avec
la puissance de son V12. La tradition a du bon, car avec la Ferrari
575 Maranello GTC, on se croirait revenu à la belle époque
de la Ferrari 250 GT SWB. C'est le plus beau compliment que l'on
puisse lui faire...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"La route sinueuse met en exergue l'agilité du châssis,
la rigueur des trains roulants, l'équilibre de cette GT,
pourtant lourde (1730 kg), mais aussi la faiblesse de l'éclairage,
bien qu'il soit au xénon. Vivement demain matin. Lever dans
un grand ciel bleu, direction le massif de la Vanoise. Le col du
Glandon est avalé comme qui rigole, malgré une pente
qui avoisine parfois les 13%. Le couple dantesque (589 Nm) et l'antipatinage,
aussi discret qu'efficace, permettent de s'extirper proprement et
sans effort de chaque virage en épingle."
L'AUTOMOBILE MAGAZINE - septembre 2004 - Ferrari 575 Maranello
GTC.
"Le circuit, c'est pour la Ferrari.
Une 575M s'en tirait déjà avec les honneurs. Equipée
du pack GTC, elle devient magistrale. Virages serrés, grandes
courbes, rien ne l'effraie. Le train avant semble scotché
à la piste, directif sans être trop vif, tandis que
l'arrière reste insensible aux levers de pied en appui. D'où
une stabilité bienveillante dans les parties rapides. Dans
les virages plus lents, un transfert de charge inscrira cependant
la voiture comme il faut. La puissance disponible laisse ensuite
le pilote le choix d'entreprendre une dérive ou de sortir
" propre "."
AUTO HEBDO - 15 septembre 2004 - Ferrari 575 Maranello GTC.
"La Maranello se vit très
bien à deux. On apprécie autant le baquet de droite,
où l'on peut faire un petit somme réparateur sur fond
sonore de douze cylindres, du vrai grand tourisme ! Même raffermie,
la suspension tolère la balade. Mieux, elle y incite. Posée
sur des ressorts plus raides de 35% à l'avant, de 15% à
l'arrière, la GTC reste confortable. Retarés, ses
amortisseurs sont toujours pilotés, ne se durcissant que
lorsque la vitesse augmente et que la caisse prend des G. Malgré
sa suspension Fiorano et ses pneus Pirelli P Zero Corsa, la 575
GTC ne vous fait pas perdre vos plombages à la moindre plaque
d'égout. Bien sûr, elle apparaît résolument
sportive et tend un peu à lire les imperfections de la route.
Mais, encore une fois, elle représente l'archétype
du grand tourisme. En fait une sportive authentique et réussie."
SPORT AUTO - octobre 2004 - Ferrari 575 Maranello GTC. |