© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (16/12/2004)
SEUL AU MONDE
A travers sa marque AMG et son usine
spécifique d'Affalterbach, Mercedes-Benz poursuit le développement
d'une véritable gamme pour amateurs d'automobiles d'exception
et sportives. Dernier modèle en date, le SL 65 AMG. Malgré
un SL 55 AMG compresseur, toujours au catalogue, qui gratifie ses
propriétaires de 500 ch et de performances détonnantes,
Mercedes et AMG ont décider de glisser au chausse-pieds le
V12 biturbo de 612 ch des CL et S65 AMG. Inutile de préciser
que les performances sont tout simplement ahurissantes et que le
SL65 AMG se permet le luxe d'accélérer plus fort qu'une
Aston Martin Vanquish et qu'une Ferrari 575 GTC Maranello. Mieux
qu'un SLR ?
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Le groupe DaimlerChrysler a de grandes ambitions
pour toutes ses marques. Ambitions en image et en prestige mais
également en volume. Alors comme la marque Mercedes-Benz
tend à élargir sa clientèle en augmentant les
volumes, AMG, à l'instar de Maybach, a en charge la personnalisation
des produits et le développement d'une image haut de gamme
qui doit rejaillir sur le reste de la gamme, jusqu'à la "
petite " Classe A. Lorsque le nouveau SL type R230 avait été
présenté en 2001, un nouveau pas avait été
franchi pour revenir à un roadster plus sportif. Déjà
en son temps le SL type R129 avait opéré un premier
pas vers des véhicules plus sportifs, mais le dernier des
SL avec son châssis équipé d'une suspension
active, lui permet d'offrir un comportement rigoureux et presque
sportif. Pour le sport, le SL 55 AMG Kompressor avait jusqu'à
présent rempli sa mission avec les honneurs, tant son succès
n'est plus à démontrer. Le SL 600 et son V12 biturbo
hérité des classe S et CL, développe la même
puissance, soit 500 ch, mais distille un agrément plus typé
grand tourisme que réellement sportif. Mais désormais,
Mercedes-Benz met tout le monde d'accord et rappelle à tous
que son engagement à tous les niveaux de compétition
(DTM, Formule 1
) n'est pas sans conséquence sur les
véhicules de série. Le SL65 AMG avec son V12 biturbo
de 612 ch est tout simplement le roadster le plus puissant de la
planète actuellement commercialisé. Du sport au programme
mais en conservant toujours la philosophie Mercedes-Benz : qualité,
finition, facilité d'utilisation, polyvalence et boîte
automatique.
DESIGN
On ne présentera pas en détail le design du SL R230,
dont les lignes initiales remontent déjà à
2001 et ont fait l'objet de diverses présentations dans nos
dossiers consacrés aux SL 500 et SL 55 AMG. Le SL 65 AMG se
distingue en revanche très nettement de son "petit" frère, le SL 55, par une présentation spécifique
: boucliers avant et arrière au dessin plus agressif et avec
des aérations agrandies, jantes alu de 19 pouces de diamètre
au dessin reprenant les double branches. Les amateurs éclairés
auront reconnu le look du SL 55 AMG Pack Performance. En effet, c'est
la même présentation extérieure. L'assiette
de l'auto est abaissée ce qui confère un look plus
trapu et plus sportif au SL 65 AMG qui réussi à ne
pas se départir de son élégance naturelle.
Le fin du fin restent les prises d'aération latérales
sur les bords du bouclier avant. Superbes !
A BORD DU SL 65 AMG
Le grand avantage du
SL R230 est son toit Vario, qui permet en une fraction de seconde de
transformer le véhicule en un coupé à toit
rigide ou en cabriolet. Une fois à bord, l'habitacle offre
un design identique à celui des autres SL 55 AMG. On regrettera
comme sur ce dernier les parements en plastique imitation métal,
peu en rapport avec le prestige de la marque et le prix affiché
de 219 000 euros ! Le volant multi-fonction en main, toutes les
fonctions et commandes sont habilement réparties sur la planche
de bord. Sur la console centrale est située la commande de
toit et également les commandes de la suspension ABC re-paramétrée
par AMG. Les sièges multi-contours maintiennent bien le corps
et offrent une position de conduite idéale. Si l'équipement
est des plus complet, on vient à s'étonner que la
télévision, le radar de distance Dystronic et le toit
panoramique soient encore au chapitre des options. Si l'acheteur
veut bénéficier des ces options, il devra ainsi débourser
encore 5 790 euros. Mais là on fait la fine bouche, car pour
le reste tout y est : climatisation électronique, sièges
électriques, chauffant, ventilés et massants (!),
volant chauffant, GPS, aide au stationnement, Keyless Go (démarrage
sans clé), cuir Nappa
Classe et cossu ce SL65 AMG qui
bénéficie de multiples sigles " AMG " dans
l'habitacle.
MOTEUR
Sous le capot avant, on retrouve le moteur dérivé
du V12 biturbo 6 litres des Maybach. Mais si sous le capot des Maybach,
il délivre déjà 550 ch, sous le capot du SL 65
AMG développe 612 ch et 1000 Nm de couple après être
passé dans les mains du sorcier d'Affalterbach ! Le système
de suralimentation biturbo joue un rôle majeur dans les performances
extraordinaires du V12. Par rapport au moteur du SL 600, le 65 AMG
est doté de turbocompresseurs plus importants et d'un échangeur
thermique de suralimentation air/eau de plus forte capacité.
Bien que raffiné et surpuissant, ce V12 sait se montrer docile
et souple. Avec un tel couple, on en attendait pas moins. Il faut
avouer que sa courbe de couple est tout simplement bluffante avec
570 Nm dès 1000 tr/mn, soit le moteur au ralenti (!), puis
830 Nm dès 1500 tr/mn et il atteint son couple maximum dès
2 000 tr/mn jusqu'à 4000 tr/mn. Comme tous les moteurs AMG,
il est assemblé à la main par le même technicien
à Affalterbach, à proximité immédiate
de la ligne de production du moteur V8 suralimenté de la
Mercedes SLR McLaren. La philosophie " un homme, un moteur
" est authentifiée par la plaquette des caractéristiques
du moteur V12 AMG.
La puissance démoniaque de ce V12 vitaminée,
est transmise aux roues arrière via la boîte de vitesses
automatique à 5 rapports Speedshift. Avec ses commandes de
sélection au volant, elle peut donner l'illusion d'une boîte
séquentielle. Mais ne rêvez pas trop, car malgré
l'efficacité du système, cela ne remplace pas une
vraie boîte robotisée, ni même une bonne boîte
mécanique. Il vaut mieux l'utiliser en mode automatique,
tant le couple et la puissance suffisent pour laisser la boîte
agir à votre place. Vous verrouillerez les rapports à
l'approche de certaines courbes pour une meilleure assise et éviter
le passage aux rapports supérieurs.
Que dire des performances ?
Trouver des mots suffisamment forts et exacts est un exercice
délicat tant les performances sont hors-normes : 250 km/h
limitée électroniquement, 4,2 secondes pour le 0 à
100 km/h, près de 22 secondes pour le kilomètre DA
que vous franchissez à largement plus de 200 km/h !! Le SL65
AMG est un véritable missile qui atomise tout ce qui roule
et vous le fait sentir. Chaque pression forte sur l'accélérateur
se solde par un placage en règle dans le dossier des sièges
en cuir Nappa. Unique !
CHASSIS
Pas facile de passer 612 ch au sol dans un roadster. Sur le SL65
AMG, AMG et Mercedes ont réalisé un énorme
travail pour conserver au roadster allemand toute sa superbe. Par
rapport au SL55 AMG notamment, divers éléments ont
été renforcés, tant dans la boîte que
les arbres de transmission, les porte-moyeux, des roulements de
roues de plus fortes dimensions et des ressorts spéciaux
pour la suspension arrière. Le carter de différentiel
de pont arrière renforcé, avec radiateur est du type
à glissement limité multi-disques, asymétrique
à commande mécanique, avec un facteur de blocage de
40% sous charge. Il assure ainsi une bonne traction, plus particulièrement
en conduite extrêmement sportive. En complément, le
système antipatinage électronique ASR est monté
de série pour contrôler au mieux les ruades de ce dragster.
Pour permettre au SL65 AMG de donner une tenue de route saine et
efficace à son pilote, la suspension pilotée ABC est
de série et a été reparamétrée
par AMG. L'amortissement est ainsi plus ferme et cela se ressent
notamment sur chaussées dégradées. En mode
sport, la suspension ABC gomme toutes les variations de caisse et
permet au SL65 AMG de virer à plat. L'ESP, le BAS et l'ABS
sont également de la partie pour sécuriser (castrer
?) le pilote. Inutile d'espérer contrôler un tel engin
sans ces assistances électroniques à la conduite.
Pour ralentir son missile, Mercedes a monté de généreux
disques ventilés de 390 mm à l'avant et 360 mm à
l'arrière percés par des étriers 8 pistons.
Le système de freinage fait appel à la technologie
SBC (brake by wire) et résiste bien à l'échauffement,
ce qui est une prouesse compte-tenu du poids de l'auto. Seul regret,
l'absence de freins en carbone ou céramique, alors que l'option
existe chez Mercedes sur le CL. Etonnante de facilité et
de polyvalence, il faut aller titiller le SL65 AMG sur circuit pour
apercevoir ses limites. Le poids de plus de 2 tonnes se fait cruellement
sentir, notamment sur le train avant et les pneus hurlent à
l'agonie. Dommage, car pour le reste c'est carton plein avec un
équilibre excellent, une suspension ABC qui augmente encore
les vitesses de passage en courbe et un freinage efficace et endurant.
Du beau travail qu'il convient ici de saluer
:: CONCLUSION
Le SL65 AMG s'annonce comme un des roadsters les plus emblématiques
de tous les temps. Sa beauté du diable est à l'image
de ses performances hors norme. Tous les superlatifs ne suffiraient
pas pour résumer ce monstre de technologie et performance.
Avec sa présentation AMG et sa finition Mercedes-Benz, le
SL65 AMG est un joyau dont l'image et la renommé va demeurer
longtemps dans les mémoires. A l'Automobile Sportive, nous
regrettons un poids beaucoup trop lourd qui grève un peu
l'efficacité par rapport à une Ferrari 575 GTC Maranello
par exemple. Imaginez un SL65 AMG " light " avec freins
en céramique
Il y à fort à parier que
descendre sous les 20 secondes au km DA serait envisageable !...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"La Mercedes surprend par son confort et son silence, même
si ses suspensions filtrent moins bien les imperfections que celles
d'un SL500. Elle reste quand même facilement utilisable au
quotidien. Son V12 biturbo sait même faire patte de velours
pour peu que l'on écrase pas l'accélérateur
comme un buf. Dans ce cas, c'est la charge de toute la cavalerie
avec déclenchement d'aides à la conduite en prime
et apparition de la guirlande électrique au tableau de bord.
Et là, c'est le passage dans la cinquième dimension.
Le conducteur et son passager sont littéralement collés
au dossier et l'aiguille du compteur de vitesses monte frénétiquement.
En moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, le SL 65 AMG
se cale au limiteur, soit 250 km/h. Le roadster jaillit des virages
comme un boulet de canon. Sur sol sec, la motricité reste
de très bon niveau grâce au différentiel autobloquant
et à l'antipatinage électronique. Inutile de préciser
qu'en cas de panne du système, la Mercedes deviendrait quasiment
inconduisible, à fortiori sur revêtement humide. [
]
Les limites de la physique sont déjà atteintes sur
la route où la masse pachydermique du SL se fait ressentir
dans les courbes serrées. Le pauvre train avant sature et
inflige une sérieuse punition aux pneumatiques dont les pavés
ont tendance à s'arracher."
AUTO HEBDO - 15 septembre 2004 - Mercedes-Benz SL65 AMG. |