© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (12/12/2004)
GOD SAVE THE QUEEN !
La Vanquish vous faisait rêver, mais vôtre banquier
n'était pas de cet avis ? Passez votre chemin ! L'Aston Martin
Vanquish S est une Vanquish sublimée, dans tous les sens
du terme. A contre courant d'une DB9 qu'on pourrait presque trouver
populaire, la Vanquish nous revient plus belle, plus puissante et
plus désirable que jamais. Attention, collector...
Texte :
Anthony SINCLAIR
Photos : D.R.
Depuis son introduction en 2001, l'Aston
Martin V12 Vanquish a prouvé que le savoir faire de la
firme savait évoluer vers l'utilisation de matériaux
modernes et de moteurs rageurs. Preuve incontestable, le célèbre
agent secret de sa majesté, alias James Bond, troqua sa vilaine
Béhème contre la noble production nationale dans le
film Die Another Day. A n'en pas douter, il nous plairait
d'être, l'espace d'un instant, au volant d'une voiture de
fonction telle que la nouvelle Aston Martin Vanquish S. Présentée
en première mondiale au salon de Paris le 23 septembre 2004,
la Vanquish S s'impose en effet par les chiffres, comme la plus
rapide des Aston Martin jamais produite. Les 320 Km/h revendiqués
en font l'égal des Ferrari et autres rares GT d'exception.
Histoire de justifier, peut-être un peu plus, un tarif presque
deux fois supérieur à celui de la récente,
et non moins sublime, DB9.
Selon les dire, Dieu en personne serait venu à la rescousse
de la reine. Sacrés anglais !
DESIGN
L'Aston Martin Vanquish S se distingue dans une nuance très
subtile de sa version "de base". Et d'ailleurs, comment
retoucher la sculpture aussi parfaite de l'artiste Ian Callum ?
4m66 de long, 1m92 de large, 1m31 de haut, la Vanquish S affiche
des mensurations très séduisantes et des proportions
parfaites, un véritable classique du design automobile moderne
et un grand cru hors d'âge. Face avant, la fameuse grille
maison est un peu plus ouverte afin d'améliorer le refroidissement
du gros V12 qui gargouille derrière. Un léger spoiler
sur le bouclier, augmente quant-à lui l'appui à grande
vitesse. A l'arrière, la malle est un peu plus relevée,
à l'image d'une BMW
M3 CSL. Le Cx passe de 0,33 à 0,32, un gain qui à
lui seul ne peut justifier l'augmentation sensible des performances.
Le petit S qui vient s'ajouter au patronyme sur le coffre, achève
la signature de ce modèle particulièrement exclusif.
Pour le côté invisible, l'ensemble de la carrosserie
est toujours réalisé en aluminium, chaque pièce
étant soigneusement ajustée à la main sur la
structure centrale. De même, la perfection de la couche de
peinture traduit une qualité artisanale, dans le sens le
plus noble. Pas de doute, à Newport Pagnell dans le Buckinghamshire,
les processus industriels du groupe Ford ne passeront pas par la
Vanquish. A l'intérieur, on découvre avec bonheur
une atmosphère magique faîte de cuir et de métal
noble, la qualité de fabrication étant particulièrement
remarquable. On note au passage que la console centrale délaisse
le placage d'aluminium pour un cuir étendu dans les moindres
recoins. On se tait et on admire, ou plutôt on savoure, le
confort royal et le maintien impeccable des sièges baquets.
Sous vos yeux, les compteurs sur fond blanc, marqué du sceau
de la marque et soudain, une seule pensée vous vient à
l'esprit : démarrer le monstre !
MOTEUR
Avec 60 valeureux "Horse Power" de plus que la Vanquish,
la cavalerie du V12 de 5,9L s'établit à 527 chevaux
européens, qui plus est obtenus au régime de 7 000
tr/mn. Le couple grimpe pour sa part à 577 Nm délivrés
à 4000 tr/mn. On ne vous le dira jamais assez, c'est du lourd,
du copieux, du sérieux. Le V12 initialement conçu
par Cosworth Racing se trouve encore un peu plus sublimé
et sa sonorité déjà fantastique prend littéralement
les trippes de son auditoire. Grave, sensuel, viril, le V12 de l'Aston
Martin Vanquish S fait rapidement oublier ses origines roturières
issues de l'accouplement de deux V6 de Ford
Mondeo ST 220 (mais chut, on avait promis de ne pas le rappeler
!). Retravaillé et optimisé au niveau des chambres
de combustion et des têtes de pistons redessinées,
le 12 cylindres adopte une nouvelle gestion électronique,
recalibrée pour le flux d'air d'admission augmenté.
Les soupapes ont également de nouveaux arbres à cames
gérant leur ouverture. Le taux de compression passe de 10,5:1
à 10,8:1. Les bielles sont renforcées pour supporter
la pression. Ajoutez à cela un rapport de pont sensiblement
raccourci (4.3:1 contre 3.69:1) de la boîte de vitesses robotisée
à 6 rapports et vous avez déjà là une
bonne raison de troquer votre vieille Vanquish pour la S (si vous
avez cette chance!) Certes, il vous faudra aligner 6 chiffres avant
la virgule sur un joli chèque de banque, mais le plaisir
de rouler dans l'une des meilleures automobiles du monde ne vaut-il
pas ce maigre sacrifice financier ? A côté de ces considération
techniques, il faut préciser que le gain en performances
est relativement mesurable : 3 dixième en moins de 0 à
100 km/h, près d'une demi-seconde de 0 à 160, attention,
vous êtes déjà en infraction, et 320 km/h en
pointe contre 306. Pas de doute, à ce rythme, les 80L du
réservoir ont une espérance de vie relativement courte...
mais quelle jouissance d'entendre gronder comme un orage mécanique
ce formidable dévoreur d'énergie fossile ! Oups, politiquement
incorrect tout ça.
CHASSIS
Côté balance, sa majesté a pris un peu de leste.
40 Kg au total, qui ne grèvent en rien le rapport poids/puissance
exceptionnel de 3,5 Kg/ch. Évidement , on est loin ici des
préceptes de ce cher Colin Chapman, autre sujet de sa majesté,
qui se serait sans doute offusqué des 1875 Kg à vide
du gros bébé de Newport ! Shocking ! Malgré
tout l'emploi de matériaux modernes, nobles et chers, l'Aston
frôle l'obésité d'un grotesque SUV. Heureusement,
le premier travail a consisté à redimensionné
le dispositif de freinage. Les énormes disques avant atteignent
378mm de diamètre (contre 355) et réduisent la température
maximum de 33%, gage d'une très attendue endurance renforcée.
A l'arrière, pas de changement en diamètre, on reste
à 330mm, mais avec 2mm de plus en largeur Aston Martin revendique
un gain de 21% en résistance au fading. Le montage de type
flottant des disques permet de conserver une dureté constante
à la pédale. Les nouveaux étriers à
6 pistons remplacent les 4 pistons avec une surface de contact augmentée
de 21% et les plaquettes haute température participent bien
sûr à l'amélioration du comportement de la Vanquish
S en usage sur circuit, même si l'évidence vous rappelle
à la raison que ce n'est pas là son terrain de jeu
privilégié. Pourtant, la maniabilité de la
Vanquish ne fait pas défaut, contre toute attente, sa direction
repensée offre une réponse plus rapide et incisive,
parfaitement accordée avec la nouvelle suspension sport (abaissement
de 5 mm et ressorts/amortisseurs plus fermes). Pour apprendre à
maîtriser votre investissement dans des conditions optimales,
Aston Martin convie ses clients à une "Performance Driving
Course", comprenez des cours particuliers de pilotage. Pour
cela, il vous faudra vous rendre, prudemment, au volant de votre
bolide, à Millbrook (en Angleterre) ou à Lommel (en
Belgique) ou bien encore à Romeo, dans le Michigan.
:: CONCLUSION
L'Aston Martin Vanquish S possède toujours cette capacité
à faire dévisser les têtes des passants, dont
l'oreille aujourd'hui trop habituée aux claquements des Diesel
se trouve soudainement ensorcelée par la mélodie sportive
des 12 cylindres. Pour ceux qui en douterait, oui, une telle automobile
trouve preneur. 1500 exemplaires de la Vanquish ont été
écoulés en 3 ans et ce petit S devrait ravir les amateurs
du genre. Aaaah, si j'étais un gentlemen driver...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"Ces modifications ne transfigurent pas le caractère
originel. Mais leur utilité est manifeste, ne serait-ce que
pour conserver la tête haute face à la concurrence
et justifier l'écart de prix par rapport à la DB9."
SPORT AUTO - OCTOBRE 2004 - ESSAI
ASTON-MARTIN VANQUISH S . |