© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (01/01/2001)
LE VRAI RETOUR AUX AFFAIRES
?
Chez
Aston Martin les nouveautés s'enchaînent quasiment au
rythme des saisons et des salons ! Fort de son rajeunissement
de gamme à succès et loin de s'arrêter
en pleine gloire, Aston a donc une fois de plus surpris
les amateurs d'automobiles exclusives au Birmingham
Motorshow 2002, avec une nouvelle déclinaison
plus sportive de son emblématique DB7 : la GT…
Texte : Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
La DB5
est la dernière vraie Aston qui fut à la fois sportive
et GT de luxe, se posant ainsi en vraie rivale des Ferrari.
Son 6 cylindres en ligne dégageait une puissance suffisante
pour donner du tonus à une auto élégante et bien née
que James Bond su admirablement détruire dans chacune
de ses aventures. Et quel son dégageait alors ce berlingot,
dont les mélomanes avertis que vous êtes ont pu en entendre
quelques vocalises dans Goldeneye, un James Bond avec
Pierce Brosnan lors d'une course avec la méchante en
Ferrari F355. Puis, la DB6 ne fut qu'une évolution de
la DB5 en plus longue, moins sport et plus luxueuse,
et lorsque les DBS 6 cylindres puis DBS V8 sortirent,
le sport était complètement oublié. Devenant ainsi des
sortes de Rolls coupés luxueuses et rapides mais qui
avaient alors perdu toutes velléités sportives. Les
V8 ne durent leur salut à la sportivité que grâce aux
variantes Vantage dont le V8 surpuissant propulsait
ces lourds coupés (près de 2 tonnes !) dans le monde
des GT ultra rapide, mais toujours trop lourdes pour
être sportives. Dès 1988, après quelques 20 ans de règne,
la lignée des DBS-V8 céda sa place aux nouvelles Aston
V8 toujours aussi imposantes mais au look plus actuel.
Hélas, leur prix était lui aussi à la hauteur de l'exclusivité
d'Aston Martin. Quelques évolutions notables, tel des
berlines au style discutable et des break de chasse
so British mais encore plus inaccessibles en terme de
tarif virent le jour, et enfin, Newport Pagnell proposa
une variante Vantage surpuissante. Lorsque la DB7
est présentée en 1997, Aston semble enfin être remis
sur de bons rails. Le style est racé mais suffisamment
élégant, et les prix sont même inférieurs à ceux proposés
alors par Ferrari pour sa F355 !!
LA VANQUISH, UNE DB7 ?
La gamme DB7 représente une panoplie de coupés
et cabriolets 2+2 qui reprennent en fait la même
plate-forme que les XK8
et XKR
de Jaguar, autre marque de la galaxie Ford. Au sommet
de la gamme DB7 on retrouve la Vantage équipée
du V12 de 6 litres de cylindrée développant
420 ch après avoir été développé
en collaboration avec Cosworth Racing. Et rares sont
les coupés à se targuer de posséder
un V12 sous le capot. L'arrivée de la Vanquish
chamboule quelque peu la hiérarchie dans le catalogue
Aston Martin. Et elle sème par-là même
le doute et la confusion dans l'esprit du néophyte.
Aussi bien la Vanquish que la DB7 Vantage possède
le même V12 de 6 litres, leur style extérieur
est proche. Alors ? Est-ce à dire que la Vanquish
est une DB7 Vantage Sport ? En réalité
pas du tout. D'une part si la Vanquish reprend le V12
6 litres développé chez Cosworth Racing,
la puissance a été portée à
460 ch, soit un gain de 40 ch. Et c'est tout au niveau
des points communs, car la Vanquish possède de
nombreuses caractéristiques qui lui sont propres
: Châssis (conçu en grande partie par Lotus
Engineering) avec profilé d'aluminium, commande
de boîte séquentielle au volant, freinage
Brembo surdimensionné, 2 places uniquement
Les performances sont également à l'avenant,
le style (du à l'excellent Ian Callum) est tout
de même beaucoup plus racé et agressif
que celui de la DB7, la planche de bord est spécifique.
Et surtout, malheureusement, la Vanquish coûte
tout de même 2 fois plus cher qu'un coupé
DB7 Vantage !! En revanche, comme pour toutes les Aston
Martin, la carrosserie est entièrement réalisée
en alliage d'aluminium, mais n'est pas martelé
et formé à la main, comme ce fut encore
le cas des dernières V8.
D. BROWN PEUT DORMIR EN PAIX
Evidemment, lorsque l'on compare la Vanquish avec ses
rivales, ou plutôt sa rivale de Modène,
car peut de constructeurs aujourd'hui sont capables
de jouer dans le même registre qu'Aston Martin,
on peut reprocher ci et là quelques détails
de finition qui agacent, ou alors quelques dixièmes
de secondes de moins sur telle ou telle distance. Mais
au delà des chiffres, rien ne vaut l'ambiance
inimitable qui règne à bord de cette Aston.
Sonorité fantastique du V12, manipulation aisée
et efficace de la boîte séquentielle, intérieur
au style britannique. Les performances sont évidemment
à l'avenant avec plus de 300 km/h en pointe et
moins de 24 secondes pour abattre le kilomètre
DA. En outre, le couple gargantuesque du V12 avec ses
55,2 mkg permet de jouer également sur le registre
de la souplesse. Sur route, l'équilibre général
et l'efficacité de la tenue de route sont excellents,
mais le compromis efficacité/confort semble un
ton en dessous de ce que propose Maranello sur ses 456
GT M et ses 550 Maranello. Les deux seuls points noir
de cette fantastique GT sont un freinage indigent, surtout
à cause d'un poids beaucoup trop élevé
(1,8 tonnes !) et une autonomie ridicule car avec un
réservoir de 80 litres pour alimenter le chant
du V12, vous n'irez guère plus loin que 400 km.
ASTON MARTIN PRECURSEUR TROP TOT ?
Lorsqu'Aston Martin a commencé avec sa DB6 à
alourdir ses GT, les autres constructeurs sportifs,
Ferrari en tête, continuaient à faire la
part belle au sport au détriment du confort.
Pour conduire une Ferrari, il fallait parfois savoir
souffrir lorsque l'on envisageait un usage quotidien.
Et nombre de personnes s'en sont ouvertement plaint
comme Ferruccio Lamborghini par exemple ou même
plus tôt, Jean Daninos, l'élégant
créateur des Facel Véga. Aujourd'hui,
l'Aston Martin Vanquish pèse 1,8 tonnes, lorsque
la F550
Maranello pèse 1,7 tonnes. Alors, il paraît
difficile de reprocher toujours à Aston Martin
un poids trop élevé, car les autres les
ont rejoint depuis un certain temps. Telle est la rançon
des équipements intérieurs et électroniques
toujours plus nombreux à bord.
:: CONCLUSION
Bien que très proche de la DB7 Vantage et deux fois
plus chère on l'a vu, il n'en reste pas moins que la
Vanquish mérite d'exister ne serait-ce par son design
des plus réussi, sa sonorité envoûtante, sa boîte séquentielle,
ses performances et surtout sa rareté, car avec près
de 200 exemplaires prévus chaque année, il n'est pas
utile de vous dire que vous n'en croiserez pas beaucoup
dans la rue… Le rêve est à ce prix ! |