GROS CUBE...
La précédente Audi S4, à l'instar de sa
petite soeur la S3, disposait de performances de premier plan, mais
manquait singulièrement de personnalité. Certes, la
RS4 comblait le manque, mais uniquement en version break baptisée
Avant. Pour la nouvelle S4, les ingénieurs d'Ingolstadt ont
repris l'équation et on clarifié les débats.
Avec un V8 sous le capot, les arguments de cette nouvelle S4 sont
percutants...
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Le segment des berlines familiales musclées devient de plus
en plus encombré. Ainsi, les valeurs établies du segment
que sont les Mercedes C32 AMG K et BMW M3 marquent de leur empreinte
et leurs caractéristique en plaçant la barre à
plus de 340 ch. Audi, pour y faire bonne figure se devait de donner
à sa nouvelle S4 une mécanique de choix. Pour remplacer
le V6 biturbo des anciennes S4, Audi a opté pour le V8 de
la RS6. Mais dans le
cas présent, il est monté dans une variante atmosphérique.
DES LIGNES TRES AUDI
Depuis les années 90, Audi présente une sorte
de marque de fabrique avec des arches de roue prononcés et
épais, dont le paroxysme est atteint sur le coupé
et roadster TT.
L'avantage de ce trait de style est une impression de puissance,
robustesse et stabilité, pour bien illustrer le système
Quattro Audi. Sur la nouvelle S4 B6 (Typ 8E ou plus exactement 8E2 pour la berline), les lignes générales
sont devenues plus tendues, les surfaces plus travaillées
et ces arches de roues typiques ont été conservées
pour notre plus grand bonheur. Il se dégage du design de
cette S4 une impression de puissance contenue. Et cela sans artifice
de style : point d'aileron gargantuesque, pas de spoiler "pelle
à tarte"... Bravo Audi. Pour les pères de famille
ou les adeptes du sport au matériel encombrant, la S4 existe
aussi en Avant (break).
INTERIEUR : DU SERIEUX !
Chez Audi, les intérieurs présentent toujours
une qualité de finition et d'assemblage exceptionnelle. Sur
la nouvelle S4, les anciens propriétaires de S4 ne seront
pas dépaysés. Bloc d'instruments avec console centrale
large et traditionnelle, les designers d'Audi n'ont pas réellement
innové. On se consolera donc sur la dotation très
riche en équipements de série et surtout sur la qualité
des assemblages et des plastiques employés. Seule ombre au
tableau, les sièges baquets qui semblent admirablement bien
dessinés, le sont en réalité nettement moins
à l'usage
MOTEUR : PLACE AU V8 !
En reprenant le V8 4,2 litres de la RS6, mais en délaissant
la suralimentation, les ingénieurs d'Audi ont du résoudre
quelques problèmes. Vous vous doutez qu'insérer une
telle mécanique dans le compartiment moteur de l'Audi A4
ne s'est pas fait sans modifications notables. Le plus gros changement
concerne le remplacement de la courroie de distribution par une
chaîne à maillons, qui est installée à
l'arrière du bloc, du côté du volant moteur.
Pour le reste, rien n'a changé et les 40 soupapes, les quatre
arbre à cames en tête et le système de calage
variable agissant sur l'admission ont été conservés.
Avec ses 4,2 litres de cylindrée et une puissance de 344
ch, ce V8 comme tous les gros cubes se distingue surtout par son
couple appréciable de 41,8 mkg dès 3 500 tr/mn. Un
bon point pour l'agrément et la souplesse.
L'AUDI S4 SUR LA ROUTE
Prendre en main une auto relativement compacte avec un gros
cube sous le capot est toujours un vrai plaisir. Dans le cas de
notre Audi S4 du jour, l'excitation est bien là. Son look
est suffisamment évocateur pour s'attendre à des performances
de choix, digne de ses rivales directes énoncées plus
haut. Toujours impressionnant de qualité ses intérieurs
Audi, même si l'ensemble reste un peu froid. Clé de
contact tournée et le V8 s'ébroue. Avec un timbre
rond et rauque, ce V8 ravit l'oreille du passionné averti
de belles mécaniques. Toutefois l'insonorisation nous semble
trop poussée ce qui gâche au plaisir phonique de ce
V8. Nous ne cesserons d'ailleurs de penser que les V8 font partis
des architectures mécaniques les plus réussies sur
des autos sportives. Et le sport alors sur cette Audi S4 ? Il se
porte plutôt bien, car malgré le poids élevé
de l'ensemble, cette S4 se meut aisément, et même légèrement
sur les routes tortueuses. L'équilibre est saisissant, et
surtout, la facilité d'utilisation est bien réelle.
La mener vite sur circuit, ou sur autoroute allemande est un réel
moment de bonheur. Autre point très positif, le groupe VAG
semble avoir payé une formation sur la conception des amortisseurs
et désormais l'efficacité de la suspension est saisissante
et bien en phase avec le feeling de la direction impeccable. Enfin,
la pièce maîtresse de cette auto, son V8 atmosphérique
se montre élastique à tout moment et autorise d'excellentes
reprises. Seul son poids la pénalise en accélérations
pures comparé à ses rivales directes (C32 AMG et M3)
:: CONCLUSION
Le segment des berlines sportives a beau être encombré,
Audi répond à une vraie demande et comble un vide
laissé par l'exclusive et ultra sportive BMW M3, et la GT
rapide à 4 portes qu'est la Mercedes C32 AMG Kompressor.
Et ce V8 est une pure merveille surtout dans une carrosserie aussi
compacte ! Il sera donc dit que seul VAG innovera à chaque
fois pour monter des gros cubes dans des petites caisses comme ce
fut déjà le cas avec feu la Golf III VR6
CE
QU'EN PENSENT NOS CONFRERES :
"Pour doper l'A4, Audi n'y est pas allé par
quatre chemins. La berline allemande reçoit un nouveau V8
de 344 ch. Comme il se doit chez le constructeur aux anneaux, la
transmission bénéficie du système Quattro.
Ce qui explique en partie la masse pachydermique de la S4 et son
comportement pataud. Finition et performances haut de gamme sont
au rendez-vous."
AUTO HEBDO - 20 août 2003.
"Oubliez l'ancienne S4 et son V6
biturbo. Aujourd'hui, place au V8 atmosphérique (le même
que l'A6, mais dans une configuration spécifique), affichant
la même puissance qu'une BMW M3 ...à un cheval près.
Audi, pourtant, n'a pas cherché à réaliser
un clone de la BMW. La S4 dispose notamment de quatre roues motrices,
lui permettant un comportement sérieux, notamment en conditions
d'adhérence précaire. Elle garde pour autant la fibre
athlétique, même si elle s'affiche plus comme une puissante
grande routière tout temps, qu'une supersportive."
SPORT AUTO - Juin 2003.
"L'actuelle S4 se remarque principalement
par l'arrivée d'un nouveau propulseur : le V8 de la RS6 dans
une version atmosphérique. Forte de ses 344 ch, cette Audi
est désormais en mesure de discuter d'égal à
égal avec les ténors de la catégorie des berlines
survitaminées, comme la M3 ou la C32 AMG. Cela dit, face
à de tels engins, l'Audi fait surtout prévaloir l'avantage
indiscutable que représente ses 41,8 mkg de couple, puisque
c'est lors des reprises qu'elle se montre surtout intraitable. Côté
feeling de pilotage, la S4 frôle le sans faute grâce
aux réglages plutôt fermes de sa suspension à
un amortissement aujourd'hui de référence. Sans pour
autant mettre en cause la souveraine Béhème, la nouvelle
S4 se dresse comme l'un de ses plus sérieux outsiders."
ECHAPPEMENT - Juin 2003. |