HOTEL CALIFORNIA !
La synergie entre les marques Chrysler
et Mercedes-Benz se poursuit. Deuxième volet de la fusion
pour la marque Chrysler : le Crossfire Roadster. Reprenant la plate-forme,
les mécaniques et l'habitacle de l'ancien Mercedes SLK R170,
le Chrysler Crossfire Roadster a-t-il pu conserver son authenticité
et ses racines américaines ? Retour sur un mariage entre
la bière et le Coca-Cola...
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Pour ceux qui auraient manqué l'épisode
Chrysler Crossfire Coupé, il faut donc rappeler que le groupe
DaimlerChrysler commence enfin à voir les fruits de sa fusion
et des synergies. Ainsi, alors que le SLK R171 est commercialisé,
l'ancien SLK reprend du service avec un sérieux lifting.
C'est en effet le premier SLK (R170) qui est ré-utilisé par
Chrysler pour la conception de son Crossfire. La plate-forme, la
mécanique et l'habitacle sont intégralement repris.
Les trains roulants bénéficient quant à eux
de réglages de suspension spécifiques et de jantes
de plus grand diamètre. Le coupé a particulièrement
été bien accueilli en Europe. Son design très
plaisant et innovant n'y est pas étranger. Mais il faut également
mettre au crédit de ce beau coupé une rigueur tant
dans la tenue de route, que dans la qualité de fabrication.
L'influence Mercedes a du bon chez Chrysler lorsqu'ils savent améliorer
leurs produits à l'image de leur prestigieux partenaire,
et qu'ils réussissent à conserver un caractère
propre aux productions U.S..
DESIGN
Le coupé Crossfire s'était distingué par un
design agressif et ramassé. Très évocateur,
il suggère la performance. Le roadster Crossfire conserve
bien évidemment ses proportions ramassées, mais l'ablation
du toit modifie profondément la physionomie du Crossfire.
De profil la ligne affiche une pureté sans égale,
tandis qu'une fois capoté, le Chrysler Crossfire roadster
se mue en petit coupé élégant. La capote n'est
pas doublée mais est équipée de série
d'une lunette arrière en verre dégivrante. A noter
que découvrir électriquement le Crossfire ne nécessite
que 22 secondes. De nombreux détails de style étonnent
et assurent le spectacle dans la rue comme les ouies latérales
ou encore les légères nervures sur le capot. L'aileron
arrière mobile, qui se déploie en roulant, n'est également
pas étranger aux regards ébahis des petits et des
grands. Les très grandes jantes alu à 7 branches sont
dans des tailles impressionnantes avec 18 pouces à l'avant
et 19 à l'arrière !
A BORD DU CROSSFIRE CABRIOLET
L'habitacle est intégralement
repris du SLK et du Crossfire Coupé. La planche de bord du
SLK a été intégralement revêtue d'un
traitement aluminium du plus bel effet. La finition est de belle
facture. L'équipement est des plus complet de série
avec : le cuir, les sièges chauffant électriques,
le régulateur de vitesse, la climatisation, et un système
audio de qualité Modulus d'Infinity de 240 W et 6 haut-parleurs
dont 2 caissons de basses. Seul reproche, le volant n'est réglable
qu'en profondeur, et il est positionné un peu bas, comme
dans les Porsche 944 à l'époque. Un filet anti-remous
est à l'étude et sera prochainement proposé
en option.
MOTEUR
Rien de nouveau sous le soleil. C'est l'archi-connu et utilisé
V6 3,2 litres Mercedes qui est installé sous le capot. Avec
218 ch à 5 700 tr/mn, il est selon la tradition Mercedes,
pas un moteur très sportif dans l'âme avec un choix
délibéré pour privilégier le couple
et la souplesse d'utilisation que les hauts rendements. Par rapport
au SLK, le Crossfire a bénéficié d'une sonorité
moteur particulièrement travaillée. Il en résulte
un plaisir auditif à la conduite qui fait vite oublier la
très bonne sono montée de série. Avec son timbre
très métallique, chaque accélération
vient vous prendre aux tripes, surtout lorsque vous roulez décapoté.
Le client pourra choisir entre deux types de transmission une classique
boîte mécanique à 6 rapports qui correspond
bien au caractère de l'engin, et une boîte automatique
à 5 rapports qui ne se prête guère aux conduites
sportives. C'est notamment les rétrogradages intempestifs
dans les courbes en appui qui désarçonneront les pilotes
en herbe. Ce sont les roues arrière qui transmettent la puissance
au sol.
CHASSIS
L'ancien SLK, agréable à mener, manquait de précision
et de rigueur dans ses trains roulants. Sa tenue de route était
saine, mais manquait d'agilité. Pour le Crossfire roadster,
bénéficiant de renforts par rapport au coupé
(occasionnant au passage un surpoids de 36 kg seulement), les ingénieurs
de Chrysler ont retravaillé ce domaine. Très généreusement
chaussé avec des pneus avant de 225/40 R18 et à l'arrière
de 255/35 R19, le Chrysler Crossfire se conduit avec précision
et exactitude. Son rayon de braquage impressionnant et son empattement
court lui autorise une vivacité réelle et plaisante.
Mais ce n'est qu'avec la boîte mécanique que vous pouvez
espérer atteindre les limites de l'auto. La boîte automatique
est quelque peu castratrice pour les vélléités
sportives. Les aides à la conduite sont toujours de la partie
avec l'ESP, ou le BAS. Le freinage est suffisamment puissant et
endurant pour ralentir le Crossfire Roadster en toute circonstance.
La rigidité torsionnelle du Crossfire est excellente et ne
paraît jamais être prise en défaut. Même
sur revêtement dégradé, le Crossfire conserve
sa superbe et ne montre aucun signe de vibrations ou grincements.
Avec son V6 mélodieux, le Chrysler Crossfire jouit donc d'un
châssis à la hauteur de celui du coupé. C'est
donc une franche réussite, même si on ne pourra jamais
le prendre pour une sportive pure et dure comme l'est la BMW Z4
par exemple ou encore mieux la Lotus Elise. Au volant, toutes les
têtes se dévissent sur leurs cous dans la rue, tant
le Chrysler Crossfire roadster fait sensation. Cela ajoute également
au charme de l'auto.
:: CONCLUSION
Qui aurait pu prédire que Chrysler produirait un jour des
autos adaptées au marché européen et avec de
nombreuses qualités ? Le Crossfire roadster confirme donc
les bonnes impressions laissées par le coupé. Ses
maîtres mots sont un look unique, une finition de bonne facture,
un moteur mélodieux et communicatif et un châssis très
réussi. Pour 39 500 euros, l'Amérique est à
vos pieds avec la rigueur germanique en prime, sans oublier l'esprit
U.S. Une réussite...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"Pur produit de l'alliance DaimlerChrysler, ce roadster s'offre
un comportement routier hors pair. Il coule, il est vrai, du sang
de Mercedes dans les veines de l'américain. Développé
sur la plate-forme de l'ancien SLK, le Crossfire jouit d'une maniabilité
exceptionnelle, fruit d'un diamètre de braquage record. Précise
et consistante, la direction donne le ton. La rigidité du
châssis, l'efficacité de la suspension et le mordant
du freinage rivalisent avec les meilleures. Quant au moteur dont
la fiabilité a été largement éprouvée
par un constructeur étoilé, il délivre des
reprises percutantes ponctuées d'envolées lyriques
parfaitement enivrantes."
ACTION AUTO MOTO - HS Driven Juin 2004 - Chrysler Crossfire Roadster.
"Le roadster Crossfire n'est pas
spécialement donné. Il est, par exemple, vendu sensiblement
plus cher que le nouveau SLK 200K (39 500 euros contre 37 400 euros),
certes moins puissant et moins équipé. Face à
ce concurrent encombrant, comme ceux de chez Audi, BMW ou Porsche,
le vendeur Chrysler pourra faire valoir la rareté et le caractère
un peu exotique du modèle. Des arguments qu'il connaît
bien, mais cette fois, il n'aura pas à craindre une confrontation
directe sur la route."
LE MONITEUR AUTOMOBILE - 6 mai 2004 - Chrysler Crossfire Roadster. |