LES ILLUSIONS
PERDUES
Fort d'un palmarès sportif faisant notre récente
fierté tricolore, Citroën lance sa C4 VTS, succédant ainsi
à la Xsara VTS, reine par extrapolation du championnat du monde des rallyes.
Une couronne qui ne donne malheureusement pas le droit à l'erreur à
sa descendante...
Texte : Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
La "voiture
de sport" est devenue pour bon nombre de constructeurs généralistes, une notion
très relative visant généralement à poser un kit carrosserie et de grosses roues,
avec un soupçon de cuir et une pincée de chrome ou d'aluminium. On le sait, le
style d'une automobile est devenu, dans un contexte hautement sécuritaire, le
premier facteur d'achat et les responsables du marketing Citroën ont parfaitement bien intégré les différentes composantes de notre environnement
socio-culturel et économique pour concevoir la C4 coupé VTS, les chevrons sauvages
semblant bien définitivement rangés à l'écurie. Stylée,
moderne et technologique avant tout, la Citroën C4 tente de renouer avec
la tradition des années glorieuses où les création de notre
bon André faisaient rêver les ingénieurs de la planète
entière. Et le sport dans tout ça ?
DESIGN
La force
du style extérieur de la Citroën C4 Coupé VTS émane de sa silhouette élancée
et tirée, symbole de dynamisme et de vitesse (oups, pardon, mot tabou,
voire censuré...), qui combine un empattement et un porte-à-faux avant
longs à un porte-à-faux arrière court. Cette mode des "gros nez" répond
également à une prise en compte plus conséquente des chocs
piétons. Extrêmement tiré sur l'arrière, le pavillon s'achève par une tombée
de lunette arrière, élément stylistique majeur de la ligne du coupé.
Pas de doute, la Citroën C4 Coupé VTS possède un style à part entière, bien
dans la tradition des mythiques Citroën comme la DS et la 2CV, c'est à
dire un peu déroutant et qu'on a du mal à qualifier de "beau"
ou "moche". Non, la C4 VTS est simplement originale et c'est aussi ce
qui fait sa force dans une catégorie où le design a bien du mal
à évoluer ces dernières années, Volkswagen Golf en
tête. Le style entier du coupé traduit la recherche d'une aérodynamique
optimale, une des valeurs traditionnelles de la marque dont la gamme C4 a hérité.
La C4 coupé bénéficie effectivement d’un coefficient de pénétration dans
l’air record dans le segment (Cx = 0,28). Un bon point, en théorie, pour
la consommation et les émissions de CO2. Le travail sur l'étanchéité et les sources
de bruits aérodynamiques ont aussi permis d'optimiser le confort acoustique à
bord. La forme en drapeau des rétroviseurs extérieurs, le pare-brise feuilleté
(avec un film amortissant entre les deux couches de verre), le vitrage latéral
épaissi (3,82 mm au lieu des 3 mm habituellement proposés sur les véhicules de
ce segment), les essuie-vitres avant intégrés dans la baie d'auvent, le joint
de pare-brise anti turbulence, les doubles joints de portes, le traitement et
l'obturation de tous les corps creux sont autant d'éléments prouvant
un réel travail accompli dans ce domaine. A l'image d'une Mercedes Classe
S, excusez du peu, le vitrage latéral feuilleté proposé en option renforce
encore cet excellent filtrage des bruits.
HABITACLE
Autre atout de ce coupé, son
architecture offre aux passagers une habitabilité généreuse, identique à
la berline. Le bien-être à bord de cette Citroën C4 VTS est dû aussi à une
agréable luminosité et à la présence d’équipements totalement
innovants. Ainsi, le volant à commandes centrales fixes regroupe à portée de la
main les principales fonctions de confort et d’aide à la conduite. Un peu déroutant
au début, ce volant à moyeu fixe repose sur un principe technique
simple : une couronne dentée liée au volant engrène un pignon intérieur, lui même
relié à la colonne de direction. L'intervalle libre entre la couronne et le pignon
est utilisé pour relier entre eux les éléments fixes, c'est-à-dire le moyeu du
volant avec le support de la colonne de direction. Pas de "drive by wire"
ici mais du bon vieux contact mécanique, Dieu merci. Moins convaincant,
le combiné qui affiche ses informations sur une lame translucide, implantée au
centre de la planche de bord, semble un peu désuet et surtout l'affichage
déporté de la vitesse semble en contradiction avec les vertus sécuritaires
tant recherchées. Plus GT que GTI dans l'âme, la Citroën C4
VTS créé une véritable atmosphère de sérénité dans son habitacle,
une sensation renforcée par la présence presque surréaliste d’un parfumeur
d’ambiance, intégré à la climatisation. Au fil des découvertes,
on prend conscience que, malgré la simplicité esthétique
de sa planche de bord, la C4 recèle de nombreux équipements modernes d’aide
à la conduite, allant du terminal Bluetooth pour téléphoner sans
perdre de points, jusqu'aux dispositifs innovant comme l'AFIL, comprenez l'Alerte
de Rranchissement Involontaire de Ligne. Mais Késako ? Testé depuis
longtemps sur des véhicules laboratories, ce système détecte, sur autoroute
ou voie rapide, le franchissement involontaire des lignes continues ou en pointillés,
si le clignotant n’est pas actionné. Notre C4 reçoit également,
en option, des projecteurs directionnels xénon bifonction (croisement et route).
Comme sur une bonne vieille DS, lorsque la voiture aborde un virage, le faisceau
lumineux éclaire l'intérieur de ce virage, avec des angles pouvant aller jusqu'à
15° (8° pour le projecteur extérieur au virage et jusqu'à 15° pour le projecteur
intérieur au virage). Cette fonction , développée de façon mécanique par Citroën
à l'époque de la DS est aujourd'hui pilotée de façon électronique et on se demande
bien pourquoi elle a été abandonnée si longtemps tant elle
parait évidente à l'usage... Enfin, l’alerte de sous-gonflage et
surtout l'indispensable limiteur de vitesse viennent renforcer le confort de conduite
de cette C4, résolument moderne.
MOTEUR
Délaissant
le 2.0 16 soupapes de 167 ch de la Xsara
VTS, relégué au placard pour cause de pollution, la Citroën
C4 VTS s'offre les services du récent 2.0i 16V 180 ch, type EW10J4S, faisant
depuis plus d'un an le bonheur des propriétaires de Peugeot
206 RC et depuis peu, de 307
CC. Ce moteur développe une puissance de 130 kW CEE (180 ch DIN) à 7 000 tr/mn.
N'espérez pas mieux, il s'agira vraissemblablement du moteur le plus puissant
de la gamme C4, aucune version plus sportive n'étant programmée.
A priori, cela semble un peu juste pour aller tutoyer les ténors de la
catégorie comme la Renault
Megane RS, actuelle référence parmis les sportives compactes
françaises. Très linéaire, pour ne pas dire trop, ce moteur
est volontaire et ne rechigne pas à prendre des tours. Malgré ça,
le 2.0 16v perd ici son peu de caractère par un poids élevé,
1 337 Kg tout de même, ce qui monte le rapport poids/puissance à
7,42 Kg/ch. Le plaisir de le faire grimper jusqu'à plus de 7000 tr/mn perd
un peu de sa saveur. Il devient d'ailleurs assez présent d'un point de
vue sonore, mais moins que dans la 206. Le couple maximum de 202 Nm perché
à 4 750 tr/mn à pour conséquence de rendre le moteur un peu mou
sous les 3000 tr/mn, un handicap pourtant censé être compensé
par le système de distribution à calage variable en continu de l’arbre à cames
de l’admission (VVT). Encore une fois, on est loin de l'agrément du 2.0
turbo de la Renault. Punition logique face au chronomètre, la C4 VTS se
laisse distancer par son ailleul, la Xsara. Après la déception de
la C2 VTS, la C4 a comme un même
goût de trop peu et nous laisse une certaine amertume... Le 1000 m est abattu
de justesse sous la barre des 29 secondes et le 0 à 100 en 8"3 laisse
la Citroën à plusieurs poignées de secondes derrière
ses plus sérieuses rivales. La boîte 5 pourtant étagée
court, conserve les défauts déjà émis pour la Peugeot,
à savoir un guidage un peu flou qui manque de verrouillage et des débattements
de levier trop longs.
CHASSIS
Reprenant la base de la Peugeot
307, le châssis et les liaisons au sol de la Citroën C4 VTS assurent,
sans surprise, un comportement routier précis et une grande sécurité active. Le
train avant du véhicule est de type pseudo-McPherson avec des bras inférieurs
triangulés et une barre anti dévers. Le train arrière dispose d'une traverse déformable
associée à une barre anti dévers. Les lois d'amortissement ont été adaptées de
manière à préserver le confort mais avec une optimisation du comportement
en conduite sportive, un délicat compromis difficile à réaliser
sans la suspension active qui fait pourtant la fierté de la marque depuis
plusieurs décennies. Avec la motorisation 2.0 16v 180, la C4 VTS dispose
de roues de 17 pouces avec des pneumatiques 205/50R17. Après de telles
explications techniques, on prend donc le volant d'une voiture plutôt neutre
par nature et littéralement soudée au bitûme, glissant des
quatre roues en cas extrême. La direction à assistance variable montée
en série n'est pas totalement convaincante par manque de consistance. Le niveau
d'assistance est pourtant lié au régime moteur de manière à obtenir une prestation
adaptée aux conditions d'utilisation. La C4 VTS est équipée d'un système de freinage
qui comprend des disques ventilés à l'avant et des disques pleins à l'arrière,
associés à un système d'ABS avec répartiteur électronique de freinage (REF) et,
en série, l'aide au freinage d'urgence (AFU) avec allumage automatique des feux
de détresse, une très bonne idée qui met pourtant encore du temps
à se généraliser. L'ESP (Electronic Stability Program), bien
calibré, est également disponible comme le veut désormais la tendance.
Il est couplé à l'ASR qui agit en cas de patinage des roues mais, dans un souci
de sportivité, il est totalement déconnectable avec cette motorisation
2.0i 16V de 180 ch.
:: CONCLUSION
Triste époque
où l'on s'extasie béatement sur une climatisation à diffuseur
de parfum, oubliant du même coup toute notion de plaisir de conduite et
surtout de sensations. La Citroën C4 VTS est une auto bien dans son époque,
efficace, sûre, mais sans réelle saveur. Le pire étant surtout
que le niveau de performances est inférieur à celui de celle qu'elle
remplace. Dur à avaler. |