DODGE CHALLENGER (3) V6 3.6 (2011 - 2023)

Gueule d'amour
L'appellation Challenger renaît chez Dodge en 2008. Cette troisième génération aura eu une belle carrière longue de 15 ans. Un voyage aux Etats-Unis a été l’occasion d’essayer sa version la plus abordable afin de voir si le charme opère quand même…
Texte & photos : Maxime JOLY
La seconde génération de la Dodge Challenger, basée sur la Mitsubishi Galant Lambda (rien que son nom en dit long...) n’a pas grand-chose à voir avec son aïeule et fait figure d’intrus dans la saga de ce mythique coupé américain. Voici pourquoi nous avons décidé de sauter directement de la 1ère génération de la Dodge Challenger vers la 3ème qui renouait en 2008 avec l'esprit original des Muscle Cars américaines.
Mais, alors que la dernière Ford Mustang (7) nous a permis de fêter les 60 ans de la Mustang, la Dodge Challenger n'a, malheureusement pour nous, jamais été distribuée officiellement en Europe. Et, bien qu'ayant fêté ses 50 ans en 2019, 2023 marquait la dernière année de production de la Challenger Mk3. Alors pour compenser cette absence, rien de tel qu'un voyage dans son pays natal pour découvrir ce rêve américain par le biais de la location...
PRESENTATION
Dévoilée au Salon de l’Auto de l’Amérique du Nord 2006 sous la forme d'un concept et commercialisée en 2008, la Dodge Challenger III est un grand coupé dépassant les 5 mètres de long qui répond à tous les critères esthétiques du coupé américain typique, tout en assumant une forme de néo-rétro en reprenant plusieurs traits hérités du coupé de 1970. Le prix de lancement est évidemment canon : $40.095 en 2008 !
La Dodge Challenger a été restylée pour la dernière fois en 2014 pour le millésime 2015. Cela se traduit par une nouvelle calandre plus fine et plus agressive et des modifications plus prononcées à l’arrière grâce aux feux arrière séparés. La signature à LED fait son apparition. Depuis, l'américaine a poursuivi son petit bonhomme de chemin au gré des millésimes, gagnant sans cesse en puissance via ses versions sportives SRT (voir encadré ci-dessous) mais sans évolution notable sur l'entrée de gamme, hormis les équipements et options. Dodge pensa d'ailleurs aux réfractaires de la propulsion en ajoutant en 2017 une version AWD (quatre roues motrices) au catalogue de la Challenger. D'abord réservée à la finition GT, elle a été étendue en 2019 à la SXT et se singularise par une discret badge "4" sur le becquet de coffre.
LES DECLINAISONS SPORTIVES DE LA CHALLENGER
Outre la SRT8, la Challenger a connu un nombre impressionnant de versions très pimentées. Citons pèle-mèle, la V8 HEMI 392 « POWERED BY SRT » passant à une cylindrée de 6.4l pour 485 chevaux, à la SRT HELLCAT en 6.2l compressé affichant 717 chevaux, aux versions SRT DEMON 768 et 851, la SRT HELLCAT REDEYE 797 faisant le lien entre la Hellcat et la Demon puis la SRT Demon 170, dépassant les 1000 chevaux et le 1200 Nm !
HABITACLE
Le dossier presse fourni à l'époque par Dodge indique que l’intérieur de la Challenger "MY2015" a gagné en qualité avec un nouveau tableau de bord profitant de meilleurs matériaux et d’un nouveau design. Malheureusement, tout ceci accuse désormais une décennie et on est quand même toujours clairement dans une construction à l’américaine. Mais, compte tenu du prix de vente, on le pardonne volontiers. La navigation est en option, dans les menus de l’écran de 8,4 pouces.
MOTEUR
La Dodge Challenger qui sert de monture à notre road trip Californien dispose du plus petit moteur de la gamme. Rassurez-vous, il ne s’agit pas d’un 4 cylindres, mais tout de même d’un V6. Faisant partie de la famille Pentastar (dont nous avons essayé un dérivé chez Maserati sur la Ghibli S Q4), il s’agit d’un bloc aluminium cubant 3.6l aux cotes supercarrées de 96 x 83 mm. Ce moteur remplace le précédent V6 3.5l de 253 chevaux, déjà doté de 24 soupapes, monté jusqu'en 2011. La puissance annoncée par Dodge, en chevaux SAE, pour ce nouveau V6 3.6 est plus qu’honorable avec 305 "Horsepower" (soit 309 ch DIN) tandis que le couple dépasse symboliquement les 100 Nm/l pour un total de 363 Nm. Pour d'obscures raisons, la puissance officielle du V6 a été ramenée à 303 ch SAE à partir de 2020, tout en maintenant la valeur de 227 kW...
Autant le dire tout de suite, au ralenti et jusqu’à mi-régime, le son de ce V6 3.6 Pentaster ne fait pas lever les foules. Sa sonorité est même carrément quelconque et loin de ce à quoi on s'attend à bord d'une Muscle Car ! Le feulement typique du V6 ne s’entend finalement qu’à partir de 4000 tr/min pour réveiller un peu les passagers.
Du fait des 1840 kg annoncés pour la version 4 roues motrices, soit 100 de plus que la propulsion, il n’y a rien de trop pour avancer dignement. Le 0 à 100 km/h dépasse d’ailleurs les 7 secondes. Cependant, plus que le poids du coupé Dodge, ce 6 cylindres est handicapé par la boîte automatique préhistorique à 5 rapports de notre modèle d'essai. Il est d'ailleurs très étonnant d’avoir cette transmission puisque nous aurions dû avoir la TORQUEFLITE 845RE, à huit rapports, montée depuis le restylage de 2015 sur les Challenger V6 équipées de la transmission intégrale. Peut-être s’agit-il d’accords commerciaux avec les sociétés de location…
Quant à la consommation de cette Dodge Challenger V6 3.6, il faut tabler sur environ 13l/100 km, moyenne mesurée sur l'ensemble de notre voyage que nous vous partagerons prochainement. Avec 70 litres de réservoir, cela laisse une autonomie des plus correctes. En revanche, les taxes californiennes sur le carburant font mal au porte-monnaie !
SUR LA ROUTE
La bonne nouvelle est que la suspension arrière de la Dodge Challenger III est indépendante. La mauvaise est que la suspension Sport ou Performance a longtemps été réservée en série aux versions hautes, R/T et SRT. La SXT, finition de base de la Challenger ayant remplacé la SE à partir de 2012, en disposait toutefois en 2023 (année de production de notre modèle d'essai) mais pas la SXT AWD... Pour autant, est-ce quand même sympa une Dodge Challenger V6 de base, à transmission intégrale ?
La rencontre est délicate. La direction, assistée électriquement et très démultipliée, est digne d’un semi-remorque et l’amortissement approximatif fait office de déambulateur. Les premiers kilomètres sont donc carrément décevants si vous ajoutez la punition de la boîte auto. Pour autant, sur cette gamme tarifaire, c’est toujours plus sympa que de rouler en Rav4…
Etonnamment, à la fin de la journée, on s’adapte à ces défauts et c’est, en réalité, sur les petites routes que la Dodge Challenger va se dévoiler réellement. On apprécie alors l’absence de sous-virage mais aussi de survirage excessif grâce à la transmission intégrale. Le système AWD de Dodge comprend à la fois une boîte de transfert active et un système de déconnexion de l'essieu avant. Le système utilise par défaut les roues arrières mais peut transférer du couple sur l'avant si certaines conditions sont remplies, comme une température extérieure basse, des précipitations ou une perte de motricité. En mode Sport, la Challe,nger AWD utilise exclusivement la transmission intégrale. Jusqu'à seulement 38 % de la puissance est transférée aux roues avant.
Malgré la transmisison intégrale qui annule en partie ce bénéfice, le V6 allège un peu le train avant qui favorise un côté incisif et améliore la répartition du poids (52/48 sur une SXT RWD contre 57/43 sur une Hellcat). Notre Challenger AWD chaussait des pneus "all season", ici des Pirelli PZero, faisant partie de la configuration basique de l’auto et adaptés aux température très variables de la Californie entre bord de mer, désert et montagne ! On notera également que, de base sur son dernier millésime, la Challenger SXT AWD chaussait du 19" contre 18' pour la SXT propulsion. Quoi qu'il en soit, la tenue de cap est sûre et efficace mais gare sur le mouillé aux excès d’optimisme, même avec 4 roues motrices la Challenger conserve une nature de propulsion.
Enfin, que dire du freinage de cette grande et lourde américaine ? Qu’il serait rapidement sous-dimensionné en Europe mais que l’allure adaptée aux limitations locales fait que les freins de notre Challenger V6 n’ont jamais été saturés, même en zone montagneuse.
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
DODGE CHALLENGER (3) V6 3.6 SXT / SXT AWD
MOTEURType : 6 cylindres en V à 60°, 24 soupapes
Position : longitudinal AV
Alimentation : Injection multipoint indirecte
Cylindrée (cm3) : 3604
Alésage x course (mm) : 96 x 83
Puissance maxi (ch SAE à tr/mn) : 305 à 6350
Couple maxi (Nm SAE à tr/mn) : 363 à 4800
TRANSMISSION
AR / Intégrale non permanente
Boîte de vitesses (rapports) : automatique (8)
ROUES
Freins Av-Ar (Ø mm) : disques ventilés (320), étriers monopiston
Pneus Av-Ar : 235/55 R18 / 235/55 R19
POIDS
A vide constructeur (kg) : 1742 / 1837
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 5.4 / 6

PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 211 / 192
400 m DA : 14"7 / 14"8
0 - 100 km/h : 6"6 / 6"7
CONSOMMATION
Moyenne EPA (L/100 km) : 10.2 / 11.2
Moyenne de l'essai (L/100 km) : 13
CO2 (g/km) : NC
PRIX NEUF (2023) : Non commercialisée en France
COTE (2025) : à partir de 20.000 €
PUISSANCE FISCALE : 24 CV
CONCLUSION
Si la Dodge Challenger motorisée par le V6 Pentastar perd de son intérêt après les coûts d’homologation française, elle n’en demeure pas moins une alternative crédible à faible prix lors d’un voyage sur ses terres natales. Plutôt rare en France, mais pas non plus introuvable du fait de sa longue carrière, elle s'assure encore un certain exotisme même sans l'emblématique V8...
Design typique de coupé américain !
Coffre immense
Tarifs, aux Etats-Unis…
… sans homologation française
Sonorité décevante du V6
Direction de camion
Suspension Sport non disponible
Boîte auto 5 dépassée (modèles <2015)