LE PETIT LUTIN NIPPON
Depuis la Honda S800, les productions sportives du constructeur
japonais sont toujours pétillantes à souhait. Le coupé
CRX 1.6i-16 Mk2 ne déroge pas à cette tradition. Sur
le marché de l'occasion, les prix démarrent à
des cotes relativement attractives avec en prime : une ligne séduisante,
une finition hors pair, une mécanique d'orfèvre et
un châssis efficace. La meilleure affaire du moment en occasion
?...
Texte :
Nicolas LISZEWSKI
Photos : D.R.
Sochoïro Honda a fondé son entreprise en 1947. Son
catalogue ne comportait alors que des motos. Ce n'est qu'au début
des années 60 que le constructeur Japonais se tournera vers
l'automobile sans délaisser pour autant le monde de la moto.
La grande saga des Honda Civic a démarré en 1972.
Mais il faudra attendre la quatrième génération
pour que Honda
lui offre un dérivé ludique sous la forme d'un petit
coupé biplace. Né CRX en juillet 1983 avec des moteurs
1300 et 1500 cm3 (de 100 ch), la course à la puissance va
démarrer en 1986 avec un 1,6 litres 16 soupapes de 125 ch.
Mais Honda, fidèle à sa tradition de motoriste et
de fabricant de motos, poursuit donc l'évolution de ses modèles
et de ses mécaniques, sans pour autant sombrer dans la facilité
de l'augmentation de cylindrée. La nouvelle CRX Mk2 aura
donc toujours un moteur 1,6 litres mais développant 5 ch
de plus que sur la CRX Mk1 1600 en attendant la future CRX VTEC
de 150 ch.
DESIGN
Les designers Honda n'ont pas trop cherché à tout
bouleverser. Force est de constater que le premier coup de crayon
était si réussi, tant sur la Civic Mk4 que sur le
coupé CRX Mk1 qu'une réactualisation de la carrosserie
était suffisante. Le coupé CRX Mk2 est même
plus réussi que le Mk1. Les lignes se sont adoucies et les
phares se sont affinés. La participation discrète
de Pininfarina en tant que consultant est certainement pas anodine
dans le résultat obtenu. La poupe présente notamment
une petite originalité avec une deuxième vitre sous
l'arête du hayon. Efficace et esthétique. Un tel artifice
sera repris plus tard par Mercedes
sur son Coupé
Sport et par Citroën
sur sa C4 coupé.
A BORD DU COUPE CRX
Les surfaces vitrées se sont élargies et donnent plus
de clarté dans l'habitacle. En revanche, en été
sans climatisation, l'habitacle devient vite surchauffé comme
dans les anciennes Opel Tigra ou Opel Calibra sans climatisation.
L'habitacle offre en revanche un réel changement. La place
intérieur demeure identique, en revanche la présentation
est beaucoup plus moderne même si le dessin de l'ensemble
demeure encore très classique. Le combiné d'instruments
(complet) est face à vous et sur le côté se
trouve la console centrale où sont regroupées toutes
les autres commandes. Le coupé Honda CRX Mk2 s'est offert
une paire de baquets siglés " CRX " du plus bel
effet. Beaux, confortables et efficaces. Les plastiques sont de
très bonne facture et les assemblages sont irréprochables.
Nous sommes bien loin de la finition d'alors des Peugeot
205 GTI et des Renault
Supercinq GT Turbo. L'équipement de série était
relativement complet surtout pour les versions françaises
puisque seule la climatisation était alors en option.
MOTEUR
Avant qu'Honda ne commercialise la variante 1,6 litres VTEC avec
ses 150 ch et sa distribution variable évoluée, le
coupé CRX 1.6i-16 Mk2 reçoit donc le moteur 1,6 litres
DOHC tout alu. Coiffé d'une culasse 16 soupapes à
deux arbres à cames en tête, ce moteur à la
conception soignée développe 130 ch à 6800
tr/mn et 143 Nm de couple à 5700 tr/mn. Des données
qui pourraient laisser craindre une mécanique pointue, mais
il n'en est rien dans les faits puisque la courbe de couple reste
généreuse de 2800 à 7000 tr/mn. Ce bloc Honda
est donc l'un des rares moteurs multisoupapes de sa génération
à rester souple et disponible même à bas régime.
Avec sa conception tout alu, il est plus léger que celui
monté sur le coupé CRX 1.6i-16 Mk1 et gagne 10% de
puissance en plus. Les silent-blocs et les points d'ancrage du moteur
ont été prévus de telle façon à
limiter les vibrations en tout genre. C'est par une boîte
mécanique à 5 rapports (celle du coupé Honda
CRX 1.6i-16 Mk1 avec des rapports un peu plus courts) que le conducteur
anime le 1,6 litres de 130 ch. Le maniement du levier est ferme
et précis et les rapports idéalement étagés.
Cela permet ainsi au coupé CRX 1.6i-16 Mk2 d'être performant
(205 km/h en vitesse maxi), d'accélérer rapidement
avec le 0 à 100 km/h en 8,1 secondes et moins de 30 secondes
pour le kilomètre départ arrêté. Les
reprises sont correctes grâce aux rapports de boîte
et à l'élasticité du moteur.
CHASSIS
Afin de faire taire les critiques naissantes sur la tenue de route
des Honda, le constructeur nippon n'a pas hésiter à
employer des solutions techniques issues de la compétition.
L'essieu avant abandonne en effet le classique MacPherson pour un
système à double triangulation. Les points d'ancrages
sont situés sur un faux châssis frontal. Avec un tel
montage, l'avantage est que les combinés ressorts-amortisseurs
avant peuvent se consacrer pleinement à l'absorption des
chocs et des vibrations de manière optimale. L'essieu arrière
est composé également de deux triangles superposés
appliqués à 2 bras tirés. Un dispositif complet
de bras oscillants dénommé " Multicontrol "
complète le dispositif du train arrière. Aussi bien
à l'avant qu'à l'arrière, des barres antiroulis
sont montées. Une direction non assistée à
crémaillère et des freins à disques (ventilés
à l'avant) complète la panoplie. Tous les journalistes
de l'époque qui l'ont essayé ont loué ses qualités
dynamiques. Vive, tenue de route efficace et précise et direction
idoïne. Le seul reproche trouvé est l'instabilité
lors des phases de freinage appuyées.
ACHETER UNE
HONDA CRX 1.6i-16 Mk2
Les Honda CRX 1.6i-16 Mk2 sont des autos rares sur le marché
français de l'occasion. La faute à ces quotas de 3%
d'importation de véhicules japonais dans les années
80. Pendant des années en effet, les concessionnaires Honda
vendaient plus d'autos qu'ils pouvaient en avoir. Comptez minimum
3000 euros pour un exemplaire en bon état, et 5000 euros
pour un très bel exemplaire entretenu et pas trop kilométré.
La fiabilité générale des coupés CRX
est excellente et largement supérieure à la moyenne.
Heureusement car les pièces Honda sont très chères
à l'achat. Honda préconisait à l'époque
pour l'entretien de raccourcir l'espacement entre chaque vidange
moteur si le conducteur utilisait son CRX intensivement. On note
quelques faiblesses sur l'embrayage au démarrage qui pour
les départ arrêtés peut raccourcir leur durée
de vie et également des disques de freins qui s'usent assez
rapidement en cas de conduite dynamique récurrente (voilage
des disques). L'intérieur vieillit très bien et l'électricité
est fiable. Le coupé Honda CRX 1.6i-16 Mk2 s'avère
être un achat sans histoire mais qui permet de goûter
aux joies des sportives des années 80-90. A acheter maintenant
de toute urgence tant qu'il en reste en bon état
CHRONOLOGIE HONDA CRX
1972 : Commercialisation de la première Honda Civic.
1983 : A l'automne, Honda dévoile et commercialise
les coupés CRX Mk1. Basés sur la Honda Civic. Moteurs
1300 et 1500 cm3 (de 100 ch).
1986 : Au début de l'année, le CRX Mk1 reçoit
un moteur 1,6 litres 16 soupapes de 125 ch.
1987 : Toute la gamme Civic et CRX est remaniée. C'est
la deuxième génération de Honda CRX et la quatrième
génération de Civic. Honda CRX 1.6i-16 avec 130 ch
et 205 km/h.
1991 : Commercialisation de la Honda CRX 1.6i-VTEC avec nouvelle
distribution variable, 150 ch et 222 km/h.
1992 : En mars, peu de temps après le remaniement
de la gamme Civic (qui passe ainsi à la cinquième
génération), les CRX sont totalement renouvelés.
Nouveau concept de coupé-cabriolet targa deux places.
:: CONCLUSION
Le coupé Honda CRX 1.6i-16 Mk2 a redonné un coup de
boost à la lignée CRX. Juste avant le fantastique
moteur VTEC de 150 ch, le 1,6 litres 16 soupapes tout alu de 130
ch permet de bien mettre en valeur un châssis vif et sportif
le tout emballé dans une carrosserie au look craquant. Et
si on vous dit en plus que les CRX vieillissent bien, sont fiables
et endurants et que leur cote est très accessible, il ne
faut pas hésiter trop longtemps...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"Pour peaufiner le tout, la boîte est parfaitement étagée
et son maniement est un modèle du genre, ce qui nous donne
une auto agréable, dont le plaisir de conduite se rapproche
de celui d'un engin de compétition. Les Honda n'avaient pas
spécialement bonne réputation sur le plan de la suspension.
Enfin jusqu'ici, car les techniciens de la firme ont remplacé
la MacPherson avant par des triangles superposés (idem voitures
de course !) et l'essieu de torsion arrière a fait place
à des bras longitudinaux et transversaux, avec biellettes
de correction pour le parallélisme. D'où un comportement
radicalement différent, métamorphosé avec ses
voies bien larges, la Civic offre motricité, tenue de route
hors pair et vivacité dans les enchaînements."
OPTION AUTO - Le Guide des Sportives 90/91 - Honda CRX 1.6i-16
Mk2.
"Honda continue à faire étalage
de ses dons. Sur les Civic, c'est un " presque sans faute "
; forcément, il a la bosse des petites autos. Ici, ce sont
des GTI dans toute l'acceptation du terme : elles sont homogènes,
bien finies, performantes et gaies. Grâce à l'arrivée
de la berline trois portes dans ce club sportif, elles doivent pouvoir
rallier un public large et hétéroclite : du sale gosse,
dont la crise d'adolescence se serait attardée sur un volant
potelé, à la femme coquette à la recherche
d'une auto à la fois pétulante et facile à
conduire
avec l'assurance de ne pas se coincer les jupes dans
la glissière des sièges. En passant par le célibataire
peu sociable
à force de nourrir ses rêves dans
les magazines autos. Les 1.6i-16 et CRX s'adressent à eux.
Seulement à ce niveau de prétention, on ne brade plus."
LE MONITEUR AUTOMOBILE - 1988 - Honda CRX 1.6i-16 Mk2. |