INFINITI Q60 2.0t (2016 - )
La belle sans la bête
L'Infiniti Q60 a pris la succession de la G37 Coupé en 2014. Deux ans plus tard, la japonaise revient avec, cette fois, un design entièrement revu et particulièrement affirmé. Cela suffira-t-il à séduire les clients européens ?
Texte :
Maxime JOLY
Photos : Cédric AUGUSTO
La marque de luxe de Nissan persévère dans sa difficile tentative de pénétration européen qui passe, désormais, davantage par le QX30 (cousin du Mercedes GLA). Autant dire que la Q60 sert plus de vecteur d'image qu'à avoir une réelle prétention de faire du volume…
PRESENTATION
Depuis la refonte de la gamme, toutes les noms de modèles Infiniti débutent par un Q. Mais pour éviter d'être en bisbille avec un certain constructeur allemand, le niveau de gamme se définit par un nombre (dizaines) et non un chiffre. Aucun rapport avec un SUV non plus, ces derniers ajoutant le X au Q chez Infiniti. Un X qui vous fera sans doute penser aux SUV d'un autre constructeur allemand et ce n'est sans doute pas un hasard. Le coupé premium de Nissan brigue depuis toujours le marché des Audi A5, BMW Série 4 (anciennement série 3 coupé) et Mercedes CLK, ce qui a imposé certaines inspirations dirons-nous...
Bref, la Q60 prend la relève des G37 tout en essayant d'imposer un peu plus sa personnalité face aux reines allemandes. Le concept divulguant les nouvelles lignes fut présenté en 2015, avant que le modèle définitif ne le soit au salon de Détroit de 2016. L'évocation du nouveau design n'est pas fortuite étant donné que c'est ce qui saute immédiatement aux yeux. Oubliez le dessin massif pour plaire aux américains, la métamorphose est spectaculaire avec des courbes plus européennes. Difficile de rester insensible aux charmes de cette Japonaise. Le public semble d'ailleurs convaincu si j'en crois les multiples remarques (positives) reçues durant mon essai. A noter que le gabarit n'est pas si imposant que cela avec une longueur de 4,68 mètres pour un coffre de 342 litres.
HABITACLE
L'intérieur de l'Infiniti est, en revanche, plus décevant. Pour une marque qui se veut premium, il y a encore du chemin à faire. Dans l'ensemble, on est plus proche d'une Ford Mustang dernière génération (qui a fait de gros progrès) que d'une Audi A5. Cette comparaison à l'américaine n'est pas anodine puisque la console centrale n'est pas sans rappeler certaines productions de Ford. Deux écrans sont présents, un pour la navigation et un autre pour l'ordinateur de bord. Si la touche "high-tech" est bien présente, les matériaux employés semblent encore calibrés pour le marché US.
Il existe en tout quatre versions de Q60 2.0t, bâties sur différents niveaux de finition : les Premium (44.390 €) et Premium Tech (50.890 €) ainsi que les Sport (46.890 €) et Sport Tech (53.390 €), les versions Sport profitant de quelques spécificités techniques. Plutôt dans la moyenne du segment, ces tarifs restent élevés compte tenu de la motorisation proposée. Signalons tout d'abord que la Mercedes C 250 Coupé, dotée du même moteur que l'Inifniti mais ave cune boîte auto plus récente (9 rapports), démarre à 44.400 €. Pour comparaison, chez Audi la gamme A5 Coupé commence par le 2.0 TFSI dégonflé à 190 ch, à 40.370 €, tandis que chez BMW la Série 4 Coupé débute à 42.750 € avec la petite 420i et son 2.0L de 184 ch. Et puisqu'on en parlait, même plus lourdement malussée et moins bien finie, la Ford Mustang Ecoboost avec son 2.3L turbo de 315 ch reste intouchable à 38.900 €...
MOTEUR
Infiniti profite des accords entre l'Alliance Renault-Nissan et Daimler-Benz pour jouir de certaines mécaniques Mercedes. Si, dans le cas du Q60 3.0t, il s'agit bel et bien d'un inédit V6 maison (de 405 chevaux s'il vous plait !), notre 2.0t n'est autre que le 2 litres turbo Mercedes, essayé par exemple dans la SLC 300.
Il est toutefois ici dans une configuration moins puissante en affichant seulement 211 chevaux, pour 350 Nm. Le vieux V6 3.7L n'a pas été reconduit, chasse au CO2 oblige, ce qui est bien dommage pour nos oreilles...
Sans être un foudre de guerre (0 à 100 km/h abattu en 7,3 secondes), le bloc allemand fait le travail grâce à son couple élevé permettant de bonnes reprises.
La boîte automatique à sept rapports allant de pair est également fournie par Mercedes et désormais bien connue. Pas de mauvaise surprise, même si sa gestion est plus douce que sportive. Les palettes au volant ne sont en revanche fournies que sur les finitions Sport ce qui est quelque peu déstabilisant pour quelqu'un appréciant utiliser le mode manuel. Cela passe alors par le mode séquentiel du levier, chose qui nous paraît aujourd'hui terriblement datée.
La consommation moyenne de l'essai s'est établie à 9 l/100 km ce qui est plutôt correct pour des trajets mixtes compte tenu du poids du coupé. Précisons d'ailleurs sur ce point que l'écart est conséquent selon que vous choisissez la Q60 "de base" ou la Q60 Sport Tech. On passe ainsi de 1722 kg homologués (dont 75 kg de conducteur et bagages et 90% du plein) à 1775 kg. Autrement dit, la finition Sport est la plus lourde, cherchez l'erreur...
SUR LA ROUTE
Vous ne serez donc sans doute pas surpris d'apprendre que la Q60 2.0t n'est pas une sportive. Mais la 3.0t n'étant pas encore disponible à l'essai, cette version fut toutefois l'occasion pour nous de faire connaissance la belle Infiniti. En terme de sensations de roulage, c'est du sérieux : un bon train avant, un amortissement convenable bien que largement orienté vers le confort et un arrière très sage, d'où ma remarque sur l'absence de nécessité de passer sur une transmission intégrale à moins de vivre dans une région souvent enneigée. La direction assistée est trop souple mais notre modèle n'était pas équipée du système Direct Adaptive Steering de Nissan, option à 1000 € (de série sur version Sport) dont la particularité est de pouvoir ajuster son degré de fermeté et son ratio de démultiplication. En effet, le système se passe tout simplement de lien mécanique entre le volant et les roues ! La colonne de direction et la crémaillère sont en effet remplacés par des capteurs et des moteurs électriques. Pas sûr que le feeling y gagne...
L'attaque de la pédale de frein n'est pas des plus engageante en conduite musclée et confirme un peu plus l'orientation globale du véhicule. Sachez toutefois qu'en finition Sport le freinage est majoré avec des disques de 355 mm accompagnés d'étriers 4 pistons à l'avant et de 350 mm à l'arrière avec des étriers 2 pistons.
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
INFINITI Q60 2.0t
MOTEURType : 4 cylindres en ligne, 16 soupapes
Position : longitudinal AV
Alimentation : Injection directe à rampe commune + turbo
Cylindrée (cm3) : 1991
Alésage x course (mm) : 83 x 92
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn) : 211 à 5500
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 350 de 1250 à 3500
TRANSMISSION
AR
Boîte de vitesses (rapports) : automatique séquentielle (7)
ROUES
Freins Av-Ar (Ø mm) : disques ventilés (330) - disques pleins (316) + ABS
Pneus Av-Ar : 215/35 R 18
POIDS
Donnée constructeur (kg) : 1647
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 7,8
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 235
400 m DA :
1000 m DA :
0 - 100 km/h : 7"3
CONSOMMATION
Moyenne cycle mixte (L/100 km) : 6.8
Moyenne de l'essai (L/100 km) : 9.2
CO2 (g/km) : 156
PRIX NEUF (03/2017) : 44.390 €
PUISSANCE FISCALE : 16 CV
CONCLUSION
:-) Design séduisant Comportement réussi Confort Reprises |
:-( Poids Palettes seulement en Sport Présentation intérieure |
A défaut d'être sportif, l'Infiniti Q60 2.0t est un élégant coupé suffisamment homogène et performant pour une utilisation quotidienne. En outre, il ne surconsomme pas. Dommage que le tout manque tout de même de piment…