TICKET TO RIDE
Depuis la mythique
Type E, Jaguar ne cesse de remonter la pente pour tenter de retrouver cet équilibre
parfait entre confort et sport. La Type E l'avait réussi, mais depuis,
le sport semble oublié depuis longtemps. Pourtant, la dernière évolution
des coupés XK tente de prouver le contraire en offrant une auto plus sportive
à bien des égards. Toutefois, il ne faut pas s'y méprendre,
une Jaguar doit rester une Jaguar avec la notion de confort que cela sous-entend...
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R. La Jaguar
Type E avait réussi en son temps à déterminer de nouveaux
standards en matière de Grand Tourisme, et surtout à pouvoir offrir
à la fois une sportivité affirmée mais aussi une touche de
luxe et confort qui sied à merveille à l'esprit Jaguar.
Un tel succès que Jaguar eu beaucoup de difficultés à la
remplacer. De nombreuses techniques et composants inaugurés par la Type
E se retrouveront d'ailleurs également montés sur la génération
des XJ et XJS ! Depuis, Jaguar semble
tenter une course contre le temps pour renouer avec ce compromis idéal.
Simple vux pieux de marketeurs en mal de parts de marchés ou réelles
aspirations à plus de dynamisme ? Les deux comme toujours, mais force est
de constater que le temps joue en faveur de Jaguar car des matériaux toujours
plus légers et toujours plus résistants permettent de diminuer sensiblement
le poids des autos à équipements équivalents, tout en gagnant
en rigidité. Résultat, de génération en génération,
les descendantes de la Type E s'améliorent. De très typé
confort avec la XJS, lourde et pataude, mais véritable reine des autoroutes,
la dernière XK était devenue plus rigide et
rigoureuse. Mais le poids
Pour sa nouvelle XK, Jaguar joue résolument
la carte du modernisme et du sport, à commencer par son look
DESIGN
Comme beaucoup, cette nouvelle génération de Jaguar XK nous fait
penser rapidement à une Aston Martin. Normal, puisque c'est le même
designer qui est aux commandes de la firme de Newport Pagnell et qui a tracé
les lignes de cette nouvelle Jag'. Sa ligne reste élancée comme
sur les anciennes XK, mais ses traits sont plus tendus et plus sportifs. A côté
de la nouvelle, l'ancienne XK semble totalement démodée ! On retrouve
un long capot, marque de fabrique des coupés Jaguar depuis la Type E et
un postérieur d'une finesse et d'une élégance sans faille.
Les blocs optiques, tant avant que arrière sont très effilés
tandis qu'à l'avant, la petite calandre grillagée Jaguar fend la
route. C'est surtout les formes de l'habitacle et des vitres de custodes qui marquent
une nette ressemblance avec les dernières réalisations d'Aston Martin.
Des soins particuliers ont été portés sur les détails
de style comme la prise d'air sur les flancs digne d'un requin, ou encore toute
la partie basse du bouclier avant ou le petit becquet qui semble délicatement
posé sur le bord de la malle arrière.
A BORD DE LA JAGUAR XK
Pas question d'imaginer une
Jaguar sans bois précieux dans l'habitacle? Cette nouvelle XK pourfend
les traditions de la maison avec la possibilité de ne pas avoir de bois
justement ! Des placages en aluminium (enfin, des plastiques imitant l'alu !)
et des touches de chromes composent l'essentiel de la présentation avec
évidemment du cuir qui peut devenir surpiqué et présent partout
dans l'habitacle en piochant dans le catalogue des options. Par rapport à
la précédente génération, nous sommes loin évidemment
de cette ambiance cosy et confinée, que les Jaguar avaient pris pour habitude
d'offrir. L'habitabilité progresse mais le charme régresse. En revanche,
l'ergonomie a fait un bond en avant de même que la position de conduite.
La finition est de bon aloi, même si on reste encore en deçà
des standards Audi. L'équipement de série est très généreux,
mais on reste surpris, eu égard du tarif de l'auto (plus de 80 000 euros)
il reste encore tant d'options. Une mention spéciale pour le GPS à
écran tactile qui est une très bonne idée face à la
batterie de commandes et boutons des GPS concurrents. Les sièges sont également
à mettre au crédit des améliorations avec enfin un soutien
correct lors des conduites dynamiques
Evidemment, tout cet équipement
se paie cash sur la bascule avec plus de 1,7 tonnes affichées !
MOTEUR
Sous le long capot, pas de surprises puisque l'on retrouve le V8 de l'ancienne
génération dont on avait pas grand-chose à reprocher. Pour
les amateurs d'envolées lyriques, il faudra repasser, car n'est pas Maserati
ou Ferrari
qui veut. En revanche, son domaine musical est plus sur les régimes intermédiaires
et à bas régimes. Quel feulement ce V8 ! D'ailleurs, le son va avec
le caractère
85% du couple est disponible dès 2000 tr/mn.
Ce 4,2 litres très démonstratif dans les bas régime a été
équipé d'un résonateur à double chambre (une par rangée
de cylindre) qui est sensé harmoniser les bruits d'échappement et
d'admission. Le frisson de la belle mécanique reste intact. Pour le reste,
les seules grosses modifications visibles sur ce V8 velouté à souhait
sont des nouveaux injecteurs plus frugaux. La puissance disponible est de 298
ch à 6000 tr/mn et 41,9 mkg de couple à 4100 tr/mn. Des valeurs
respectables, certes, mais qui ne suffisent pas à faire du nouveau coupé
XK une référence dans sa catégorie, en raison et de son poids
(1730 kg) et de sa boîte auto. Certes, les ingénieurs de Jaguar arguent
à juste titre de la rapidité améliorée des passages
de rapports de la boîte auto (avec sa grille en J). Mais malgré la
bonne volonté des palettes situées derrière le volant pour
monter et descendre les rapports (en réalité, commander séquentiellement
le verrouillage des rapports), nous sommes loin de la rapidité d'une (vraie
!) boîte séquentielle du type F1 chez Ferrari, Cambiocorsa chez Maserati
ou SMGII chez BMW. En mode automatique on appréciera avec délice
la douceur de passage des rapports alliés au couple conséquent que
délivre le V8 4,2 litres. L'esprit Grand Tourisme est préservé
! Et puis, malgré cette inertie propre aux voitures lourdes, la nouvelle
XK est capable d'abattre la borne kilométrique en 26,5 secondes seulement
et le 0 à 100 km/h est franchi en 6,2 secondes. De quoi se mettre à
l'abri de la première TDI ou GTI venue, mais aussi de croiser le fer sur
les autobahn allemandes à 250 km/h maxi (auto limité).
CHASSIS
Chez Jaguar, depuis l'arrivée de la nouvelle XJ, on est entré de
pleins pieds dans l'ère du tout alu. C'est désormais un fait établi
que l'aluminium présente d'innombrables qualités, avant tout d'allier
légèreté et rigidité. Tout le poids ainsi gagné
sur la structure (la coque) et ses accessoires (les ouvrants et les renforts,
de même que les suspensions dans certains cas) permet au choix, à
rigidité égale et même supérieure à l'acier,
soit de perdre du poids (hélas, en notre époque, la prise de poids
semble inéluctable), soit de contenir le poids par rapport à la
précédente génération tout en offrant plus d'équipements
de série. C'est cette deuxième option que Jaguar a retenue. Résultat,
avec ses 1595 kg sur la bascule, la Jaguar XK est presque aussi lourde que l'ancien XK8
mais offre une rigidité très nettement supérieure et un équipement
enrichi. Sa rigidité se ressent d'ailleurs au volant car l'auto semble
plus vive et plus dynamique dans ses déplacements. Un exploit à
la simple lecture de la fiche technique ! Les suspensions font également
bien leur travail, surtout avec le système CATS (la suspension active Jaguar),
qui est à acheter en supplément. Dommage, car avec ce poids, la
suspension CATS permet d'offrir un compromis de confort et efficacité remarquable.
On peut enchaîner les courbes et même les plus serrées sans
mollir. Evidemment, sur des petites routes torturées et aux enchaînements
incessants, la Jaguar XK sera pénalisée par ses dimensions généreuses
(Près de 4,8 mètres de long) et par son poids. Dès lors,
même si quelques figures libres peuvent satisfaire aux facéties d'un
journaliste en mal de drift, le domaine de prédilection de la Jaguar XK
est réellement les trajets au long cours et un certain art de vivre pour
dérouler le ruban bleu sous vos roues. Un choix plutôt judicieux
de la part des dirigeants de Coventry car finalement sur nos routes très
surveillées et régentées, une Grand Tourisme est à
son aise et justifie de " déguster " la route, tandis qu'une
version réellement plus sportive et ultime (la future XKR ?) serait bienvenue
pour un usage circuit. Mais il faudra attendre l'arrivée de la prochaine
XKR pour juger
:: CONCLUSION
Difficile
de résister à cette nouvelle XK. Certes, certains pourraient regretter
dans un premier temps cette identité (notamment intérieure) moins
marquée Jaguar. Mais c'est au profit de l'habitabilité et de la
finition encore en progrès. Le V8 sonne toujours la charge dès les
plus bas régimes et les performances restent très avenantes pour
la catégorie. Mais surtout, la plus grande avancée concerne le châssis
plus rigide, plus efficace et plus dynamique. Le comportement " pataud "
de la précédente XK8 a totalement disparu tandis qu'avec la suspension
CATS, le compromis confort/efficacité est étonnant. Jaguar poursuit
son retour gagnant dans le Grand Tourisme pour notre plus grand bonheur. Reste
plus qu'à faire avaler pour les amateurs du " chat bondissant "
ce style très proche d'Aston Martin...
CE QU'ILS EN ONT PENSE
: "Malgré sa " faible " puissance ou sa boîte
automatique, la nouvelle XK 4.2 semble tout à fait capable de faire chavirer
le cur des gentlemen drivers. Quant aux sportifs les plus radicaux, ils
devront attendre l'arrivée de la future variante " R ", seul
modèle assez puissant pour rivaliser avec les ténors que sont l'Aston
Martin V8, la Maserati Coupé GranSport, la Porsche 911 Carrera S ou la
Ferrari F430." MOTORSPORT - Juin/Juillet 2006 - Jaguar XK 4.2. "La
nouvelle génération de XK cabriolet se donne de réelles prétentions
sportives. Une ligne plus agressive, un V8 plus communicatif, une transmission
plus rapide, un châssis plus affûté, une rigidité accrue
Il ne manque plus qu'un compresseur (XKR) pour magnifier les sensations."
SPORT AUTO - Juin 2006 - Jaguar XK 4.2. |