TAXÉE DE SPORTIVE !
Lexus poursuit son petit bonhomme de chemin et sa politique d'expansion.
Après les succès rencontrés sur le marché
US, et quelques marchés européens, la branche premium
de Toyota entend bien mettre les bouchés doubles. Pour accroître
sa notoriété auprès du public, deux axes sont
désormais privilégiés : l'hybride et la performance.
C'est cette deuxième option qui a été retenue
par l'IS-F avec à la clé une belle surprise ! Gros
V8 et rigueur de comportement viennent compléter la panoplie
habituelle des Lexus. Un cocktail très convaincant...
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
A l'origine, la Lexus IS-F ne relevait pas
d'une stratégie à long terme ou d'un objectif d'entreprise.
Tout a commencé grâce à l'enthousiasme de deux
ingénieurs, Yaguchi-san et Sakamoto-san. Leur passion de
la haute performance les avait déjà conduit à
réaliser des recherches sur la base de l'ancienne IS
300. Avec le début du développement de la nouvelle
IS, ils poursuivirent leurs travaux pour améliorer tous les
aspects du comportement dynamique tout en recherchant activement
des soutiens auprès des plus hautes sphères de l'entreprise.
Leur engagement sans faille et leurs compétences portèrent
leur fruit. Au fur et à mesure du développement de
leur projet et de ses présentations aux hauts dirigeants,
la réponse en interne se fit plus positive. En 2004, ils
reçurent le feu vert pour ce qui était déjà
connu en interne sous le nom de projet "F".
L'intérêt intense des médias, des clients et
des distributeurs lors de la présentation au salon de Francfort,
en 2007, ne fit que confirmer le sentiment de beaucoup dans l'entreprise:
le moment était venu de relever le défi de la haute
performance avec une voiture signée Lexus
DESIGN
La Lexus IS à la base est une berline
directement concurrente des Audi A4, BMW
Série 3 et Mercedes
Classe C, mais dont la personnalité reste très
discrète, voire effacée. Elle se distingue plus par
la découpe de son montant de custode avec la ligne des vitres
que par une proue dotée d'un signe propre à la marque
japonaise. Sur la version F la face avant pourtant se muscle assez
nettement. Pour laisser de la place au gros V8 de 5 litres, la berline
nippone gonfle le front ce qui lui donne un profil à la fois
spécifique et plus agressif. Plus basse, large d'épaules,
cette berline cache bien son jeu mais ne peut tromper longtemps
les amateurs avertis. Avec ses jantes de 19 pouces, ses gros boucliers
et surtout ses échappements superposés, l'IS-F
se dévoile. Mais comment deviner face à la très
démonstrative C63 AMG
qu'elle est de la même trempe avec son costume classe mais
sobre ?
A BORD DE L'ISF
L'habitacle ne déroge pas à l'esprit maison.
Alors que chez les Allemands c'est souvent noir et gris, la Lexus
les imite mais avec ses petites spécificités : placages
blancs, compteurs à lettrages bleus. L'équipement
de série est pléthorique et en faire la liste exhaustive
serait étourdissant. A noter que la position de conduite
ne souffre pas la critique et est adaptable pour tous gabarits alors
que l'habitabilité arrière n'est pas son fort, à
l'instar de ses rivales directes. La finition en revanche ne souffre
pas la critique. Tout est lisse, beau et bien pensé. Peut
être une certaine réserve dans la présentation
qui a bridé un peu les designers, mais force est d'avouer
que dans ce segment de marché l'originalité ne paie
pas. Ce qu'il faut retenir de l'IS-F, c'est que vous pouvez rouler
avec partout en toute discrétion ou presque. Elle se prête
à tous les usages, des longs parcours aux allures usuels
ou à l'attaque sur circuit ou petites routes. Dans tous les
cas, son habitacle répondra à ces attentes pourtant
contradictoires.
POURQUOI UNE GRIFFE "F" ?
La
griffe F célèbre le lieu de naissance de la Lexus
IS-F, le Fuji speedway et le Centre Technique Higashi Fuji,
situés au pied du Mont Fuji. Ouvert en 1963, à
l'origine pour les courses NASCAR, le circuit a accueilli les
deux premiers Grand Prix de Formule 1 du Japon en 1976 et 1977,
avant de connaître la relégation pour cause de
changements des règles de sécurité et de
servir essentiellement à la tenue des séries nationales
japonaises. En 2000, le groupe Toyota rachète la majorité
des parts du circuit et entreprend une rénovation complète
pour en faire un site d'essais pour son propre usage et un lieu
capable d'accueillir, à part entière, les courses
automobiles. En 2003, il a donc été fermé
pour être entièrement reconstruit, selon les plans
de l'architecte allemand de circuits de Grand Prix, Herman Tilke.
Il a été réouvert en 2005. Sa mise en conformité
avec les normes internationales lui a permis de renouer avec
le Grand Prix du Japon en 2007. Le circuit a aussi été
repensé pour devenir l'un des sites d'essais les plus
aboutis au monde. Pour les ingénieurs Lexus,
travaillant sous la direction du père du projet, l'ingénieur
en Chef Yukihiko Yaguchi, il constituait le cadre idéal
pour le développement d'un concept entièrement
nouveau en matière de performances extrêmes. Pour
cette équipe enthousiaste, le défi était
de garantir de véritables performances de pointe sans
compromis sur les valeurs traditionnelles de Lexus, synonymes
de sophistication technologique, de sécurité avancée,
d'ingénierie de pointe, de raffinement et d'efficacité
sans égal. Il s'agissait donc de franchir une nouvelle
étape dans la quête sans relâche de la perfection
menée par Lexus. Fort de ce constat, la décision
d'adopter la signature 'F' pour afficher la nature ultra- performante
de la voiture relevait d'une démarche logique.
MOTEUR
Pour animer cette dynamite en costard de berline, les ingénieurs
Lexus ont mis au point un moteur V8 5,0 litres compact avec système
d'injection directe D-4S de dernière génération,
calage variable électrique à l'admission VVT-iE, arbres
à cames en tête creux et accélérateur
électronique, qui développe 423 ch DIN. Pour assurer
une puissance constante, même en cas d'accélérations
latérales de l'ordre de 1G, le moteur dispose également
d'un petit réservoir de carburant d'appoint et d'une pompe
à huile de balayage, montée en position haute. L'utilisation
d'une technologie issue de la compétition se repère
également à la présence d'un vilebrequin forgé,
de bielles frittées et du bloc-cylindres coulé ultra-rigide.
Le résultat donne un moteur capable de répondre instantanément,
quel que soit son régime, pour une sensation d'accélération
linéaire virtuellement illimitée. Mais le plus important
est que le conducteur se sente maître de cette puissance.
En développant la transmission automatique 8 rapports Sport
Direct Shift (SPDS) la plus rapide du monde, avec une vitesse de
passage de 0,1 seconde, les ingénieurs Lexus ont su reproduire
l'instantanéité de la réponse auparavant exclusivement
réservée au sport automobile. Cette transmission présente
l'avantage majeur, en mode manuel M, de donner l'entier contrôle
du changement de rapports au conducteur, qui peut conserver la vitesse
choisie à l'aide des palettes type sport. Cependant, dans
une circulation chargée ou pour une conduite tranquille,
le mode D offre le comportement d'une boîte automatique classique,
certes très directe et très précise. Le verrouillage
total est utilisé à la fois dans les phases d'accélération
et de décélération à partir sur le 2ème
rapport et au-delà sans recourir à la fonction de
convertisseur de couple. Les variations de la puissance moteur sont
ainsi transmises directement comme avec une boîte manuelle.
Toutefois, si le régime moteur est trop faible pour permettre
le verrouillage, le convertisseur de couple entre en action dès
le 2ème rapport. Le résultat est étonnant une
fois au volant car en usage courant, l'IS-F se montre souple à
souhait et facile à conduire comme la voiture de tous les
jours. Pourtant une fois la pédale d'accélérateur
au plancher, l'ambiance change totalement. Le V8 délivre
alors ses 505 Nm de couple que le convertisseur se charge de réguler
lors du passage ultra rapides des rapports et change de registre
sonore. À faible et moyen régimes, le moteur V8 accentue
la sonorité de l'échappement tout en maintenant une
impression de puissance tranquille. À haut régime,
le second conduit d'admission s'ouvre et le son se transforme subitement
pour atteindre une puissance impressionnante. Lorsque le moteur
s'approche du régime maximum, l'accent est mis sur la perfection
et la pureté des sons mécaniques qui s'intensifient
proportionnellement à la montée dans les tours. Le
V8 catapulte littéralement la Lexus à des allures
supersoniques et se permet le luxe d'accélérer aussi
fort et même plus que ses rivales directes déclarées
(M3 V8 et C63
AMG). Avant d'atteindre les 270 km/h, il n'aura fallu que 4"8
pour atteindre 100 km/h tandis que le 400 mètre DA est expédié
en 13". Championne l'IS-F ? On n'en est pas loin. La boîte
auto donne toute satisfaction et passer les 8 rapports à
la volée à l'aide des palettes contribue à
l'ambiance sportive.
CHASSIS
Chez Lexus, le cahier des charges était de produire une voiture
qui offrait la meilleure réponse/vivacité possible
pour permettre au conducteur d'avoir le maximum de plaisir au volant.
Tous les réglages ont donc été pensés
ainsi. Pour une direction précise, affichant des angles de
pincement et de carrossage parfaits, les ressorts hélicoïdaux
et les doubles triangulations ont bénéficié
d'une transformation mécanique complète. Le poids
est en baisse grâce à l'emploi d'acier à haute
limite d'élasticité pour les bras de suspension et
d'aluminium pour les porte-fusées. Les ressorts hautes performances
se dotent de butées qui entrent très tôt en
action pour limiter l'angle de roulis en courbe et la plongée
au freinage. Les barres antiroulis de forte section diminuent la
prise de roulis et optimisent l'assiette. Elles sont complétées
par des roulements de moyeu développés en exclusivité
pour la Lexus IS-F. Ce dispositif, associé à des amortisseurs
à gaz monotubes de gros diamètre, confère à
la voiture une grande fiabilité et une superbe tenue de route
dans les changements d'appui rapides. La suspension arrière
multibras ultramoderne qui équipe la Lexus IS-F a également
bénéficié de l'attention habituellement réservée
aux voitures de course. Elle lui permet de coller à la route
en toutes circonstances et de répondre à toutes les
sollicitations. Pour assurer cette précision à toute
épreuve, elle adopte des ressorts hautes performances qui
réduisent la prise de roulis en virages, le cabrage à
l'accélération et la plongée en freinage. À
nouveau, l'adoption de butées entrant tôt en action
permet une meilleure maîtrise du roulis, maîtrise encore
accentuée par les amortisseurs à gaz haute pression
qui contribuent aussi à l'amélioration de la réponse
linéaire. La longueur des bras supérieurs a été
modifiée au bénéfice de l'alignement et de
l'adhérence des pneumatiques. Les caractéristiques
des bagues des bras de reprise de couple sont optimisées
pour garantir une variation idéale du pincement en appui.
Les paliers de la suspension arrière bénéficient
d'une plus grande rigidité qui limite le balancement, accroît
la stabilité au freinage et à l'accélération.
Enfin, la position de montage de la suspension arrière est
optimisée pour améliorer tous les aspects du comportement
dynamique. La réponse et le poids de la direction ont également
été retravaillés au bénéfice
d'une conduite ultraperformante. Une nouvelle version du système
de gestion dynamique intégrée du véhicule VDIM
ajuste automatiquement le réglage de la direction assistée
lorsque le mode VDIM Sports est sélectionné. Les freins
et la suspension ont été également réévalués.
L'allégement sélectif et la modification de la suspension,
des freins, des roues et des pneumatiques ont permis de réduire
les masses non suspendues au bénéfice de la vivacité
et de la précision du comportement. Malgré un poids
de près de 1,8 tonnes, la Lexus se montre très agile
et dynamique sans être jamais piégeuse. Et lorsque
vous la poussez dans ses retranchements sur circuits, elle exploite
au maximum châssis et moteur, lorsqu'une C63 AMG perd de sa
superbe en devenant rétive et brouillon. Gros freins et grosses
roues complètent la panoplie. A noter des pneus plus étroits
que ses rivales (225 et 255 AV/AR) sans être pourtant moins
efficace. Et luxe suprême, une électronique totalement
déconnectable. Enfin ! Merci Lexus
:: CONCLUSION
La Lexus IS-F est une sorte de surdouée que personne ne connaît
réellement hélas. Véritable caméléon,
aussi à l'aise au quotidien que discrète, elle sait
toutefois faire parler la poudre avec son V8 dantesque et surtout
un châssis optimisé qui rappelle que de vrais passionnés
de pilotage ont présidé au cahier des charges. Puissante
mais souple, performante mais discrète, à l'aise partout
et surtout dans les courbes, la Lexus cache bien son jeu mais mérite
amplement le détour. Et en plus elle est moins chère
que ses rivales directes. Profitez-en !...
CE QU'EN PENSENT NOS CONFRERES :
"Un bon moteur ne serait rien sans un châssis et des
freins. Lexus réalise là encore un sans-faute avecun
châssis équilibré avec laquelle l'IS-F s'inscrit
en courbe. Et pour doser votre implication, vous pouvez opter pour
le mode "full sensations" (off) qui vous laisse seul maître
à bord."
SPORT AUTO - HS L'Annuel 2009 - Lexus IS-F - Collège d'auteurs. |