UNE
FAMILLE FORMIDABLE !
Chez AMG on ne lésine pas sur les moyens.
Puisque la motorisation la plus récente et excitante dans la banque d'organe
est le V8 atmosphérique de 6,2 litres, pourquoi donc ne pas la glisser
sous le capot de la dernière génération de la berline compacte
de Mercedes-Benz ? Avec sa sonorité à tomber à la renverse,
et ses 457 ch, la dernière C63 AMG vise le haut du panier avec brio et
talent. Pas de doute, les hommes n'ont jamais été aussi heureux
d'être des papas ! A la condition de disposer tout de même de près
de 85 000 euros...
Texte : Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
La première intervention officieuse d'AMG sur les
"petites" berlines compactes de Mercedes-Benz
remonte à la 190 (W201) et la 190E 3.2 AMG.
A cette époque, Mercedes était encore aux affaires sportives
tout seul avec les 190E 2.3-16 puis la 500E
(W124) faisant face aux Bmw M3 e30 et M5 e34 concoctées par le département Motorsport de Munich. Ce n'est qu'à partir de la Classe C
(W202) avec la C36 AMG que le fruit de la première collaboration Mercedes
et AMG vit le jour. Depuis, chaque génération
de Classe C a connu deux variantes différentes : C43 AMG, C32
AMG Kompressor, C55 AMG. La Classe
C W204 en concession depuis 2007, c'est le gros V8 à succès
d'Affalterbach qui a été rentré au
chausse-pied sous le capot avant. Avec son look de dévoreuse de bitume,
la C63 AMG perpétue l'esprit maison du concept
du gros cube et de la petite caisse. Et force est de constater que le cocktail
est particulièrement explosif et passionnant !
DESIGN
Autant la C32 AMG Kompressor était discrète,
au point de la confondre avec une de ses surs plus accessible, autant pour
la C63, AMG s'est lâché ! Impossible de
ne pas remarquer sa cure de muscles ! Basse et bien campée sur ses voies
larges et sans jantes de 18", cette berline pour papa pressé en jette
! Son capot avec ses deux bossages et sa grosse calandre à l'étoile
au centre renforce encore l'agressivité de son faciès déjà
bien aidé en la matière par son bouclier aux aérations grillagées
béantes. En complément des passages de roues élargis les
flancs accueillent des monogrammes " 6.3 AMG ".
La jupe arrière AMG au look diffuseur noir accueille des échappements
avec deux doubles sorties chromées. A l'instar de la C55,
un déflecteur est apposé sur la malle arrière.
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A BORD DE LA C63 AMG
A l'intérieur,
bonne surprise, la C63 est équipée de siège sport AMG spécifiques
avec appuie-têtes intégrés. Très enveloppants et confortable.
Ils garantissent un maintien impeccable en usage très sportif, ce qui est
à souligner pour une berline de cette catégorie. Le multiples réglages
tant des sièges que du volant garantissent une position de conduite optimale
pour tous. Face à vous, le volant Performance AMG à trois branches
de 365 mm aplati dans sa partie inférieure et un combiné d'instruments
siglés AMG avec tubes cylindriques. Ce dernier détail marque ainsi
une différence avec les autres Classe C. La dotation de série est
très complète de prime abord avec climatisation automatique, sellerie
cuir, inserts alu et carbone, GPS, radio CD, phares bi-xénon, batterie
d'Airbags, régulateur/limiteur, molette de commande (plus simple et intuitive
que l'I-Drive)
bref, tout ce que l'on est en droit d'attendre d'une berline
de sport de près de 90 000 euros qui marie judicieusement luxe et ambiance
sportive. On notera toutefois des plastiques intérieurs qui semblent moins
classieux que par le passé et un accès aux places arrière
peu aisé. En sortir pour un adulte n'est pas très confortable. Autre
étonnement, quelques options existent encore au catalogue malgré
la note salée
Une habitude jamais oubliée à Stuttgart.
C63 AMG BREAK
Comme
sur la Classe C55 AMG (W202), la dernière C63 AMG est disponible en version
break. Elle permet ainsi de conjuguer encore plus loin que la berline le compromis
sport et aspects pratiques avec de nombreux équipements astucieux (parfois
en option hélas). Le coffre dispose dune capacité variant
de 485 à 1500 litres (méthode VDA) selon la disposition de la banquette
arrière 2/3 - 1/3. Comparé à la précédente
génération de Classe C, la capacité de chargement maxi augmente
de 146 litres.
MOTEUR
Présenté
en 2005 ce V8 bénéficie d'une technologie inspirée par la
compétition. Les conduits d'admission et d'échappement verticaux,
ainsi que la tubulure d'admission variable en magnésium avec double papillon
des gaz intégré, permettent un remplissage optimal des cylindres.
Le calage variable des arbres à cames, la distribution à quatre
soupapes commandées par poussoirs, le carter-cylindres en aluminium de
type " closed-deck " particulièrement rigide et les chemises
de cylindres revêtues d'un matériau à faible coefficient de
frottement (revêtement LDS) comptent au nombre des autres caractéristiques
de ce V8. Avec ses 6,2 litres de cylindrées, il ne lésine donc pas
sur les moyens et affiche des chiffres qui font déjà palpiter sur
le papier : 457 ch à 6 800 tr/mn et 600 Nm de couple à 5 000 tr/mn.
Ce dernier est déjà disponible avec plus de 500 Nm entre 2 000 et
6 250 tr/min. Le couple a du bon, peut être pas pour le CO2 (319 gr/km).
Bien que déjà vu sous les capots d'autres modèles frappés
du logo " AMG ", ce V8 dispose de quelques particularités propres
à la C63 : nouveau système d'alimentation à régulation
électronique (pression variable comprise entre 3,8 et 5,0 bars) pour une
réponse instantanée de la remise des gaz, ligne d'échappement
à double flux avec sorties ovales agrandies pour limiter le phénomène
de contre-pression des gaz, sonorité échappement travaillée
et spécifique, 2 radiateurs d'huile (moteur + boîte), circuit de
refroidissement optimisé
En complément, la boîte 7G-TRONIC
Speedshift Plus AMG se charge d'orchestrer la symphonie des huit gamelles. Derrière
ce nom barbare, il faut comprendre que Mercedes impose toujours la boîte
auto, à 7 rapports, sur ses berlines de sport, toujours dotée d'un
convertisseur de couple (seul le SL63 dispose à ce jour d'une boîte
auto inédite sans convertisseur de couple). Dans les particularités,
on notera une gestion optimisée avec un mode sport assez convaincant, et
surtout une fonction double-débrayage qui donne un coup de gaz lors des
rétrogradages. Terrible ! Il est possible de piloter la boîte depuis
les palettes situées derrière le volant. Mais en usage vraiment
sportif, la boîte peine encore à tomber un rapport à la demande.
Le chrono rougit devant les performances affichées avec certes une vitesse
limitée à 250 km/h, mais un 0 à 100 km/h effacé en
5"1 et le kilomètre DA en 23"5 ! Voilà de quoi être
dans l'échappée de tête de la catégorie. Mais au-delà
de ces perfs pures presque théoriques car pas représentatives d'un
usage courant, ce sont les reprises qui sont dantesque grâce au souffle
inépuisable du V8 et des kick-down de la boîte auto. Imaginez un
peu
après avoir pressé le gros bouton " start "
pour réveiller le V8 qui se fait des vocalises à froid lors des
démarrages, c'est dans un vacarme assourdissant finissant dans les aigus
d'un gros bourdon que la C63 vous catapulte lors de chaque relance
Des instants
magiques et inoubliables !
PACK PERFORMANCE
Disponible
en option, le Pack Performance AMG comprend les équipements suivants:
>
Différentiel arrière autobloquant avec un blocage de 40 % sous charge
>
Train de roulement Performance AMG : nouveaux ressorts sur l'essieu avant (taux
de compression des ressorts supérieur de 10 %) et caractéristiques
d'amortissement modifiées.
> Système de freinage composite
hautes performances AMG : disques composites perforés et ventilés
sur l'essieu avant,avec étriers fixe à
6 pistons.
> Volant Performance AMG en cuir Nappa et Alcantara : le volant Performance
AMG offre une prise en main très agréable et valorise encore l'habitacle.
CHASSIS
Pour
la partie châssis, Mercedes semble avoir délaissé ses velléités
de compromis sport/confort qui prévaut souvent à Stuttgart. Au programme
sport et fermeté pour un résultat (d)étonnant ! Toute une
série de mesures contribuent à renforcer sensiblement la stabilité
et la précision dans toutes les situations de conduite au niveau de l'essieu
avant : voies élargie de 35 mm, nouveau guidage des roues, deux fois plus
rigide, barre stabilisatrice de plus grandes dimensions, nouveaux paliers supérieurs
et amortisseurs dotés de ressorts avec butée d'extension, direction
paramétrique sport-AMG. L'essieu arrière multibras a également
été profondément remanié : voie élargie de
12 mm, carrossage plus important, arbres d'entraînement et articulations
renforcés. La C 63 AMG est dotée de nouvelles jantes alliage AMG
de 18 pouces à 5 branches. Les jantes gris titane en finition brillante
au format 8,0 x 18 et 9,0 x 18 sont chaussées de pneus larges de dimensions
235/40 R 18 (à l'avant) et 255/35 R 18 (à l'arrière). Aux
quatre roues, les branches des jantes alliage dissimulent des disques ventilés
et perforés. A l'avant, on trouve des disques au format 360 x 36 mm avec
étriers fixe à 6 pistons. A l'arrière, la décélération
est assurée par des disques de 330 x 26 mm avec étriers fixe à
4 pistons. Le tout est complété d'un ABS et BAS pour aider le pilote
distrait. Dès les premiers tours de roues ont est fixé
c'est ferme ! D'ailleurs, sur petites routes de
campagne bosselées, la C63 va vite mais secoue et perd un peu de sa superbe.
En revanche dès que le bitume devient lisse, c'est un bloc ! Scotchée
à la route, sa fermeté fait merveille et communique à merveille
tout ce qui se passe aux roues. La remontée d'informations, malgré
les multiples assistances, est bien réelle, et la direction paramétrique
autorise un placement de l'essieu avant là où on le souhaite. Passée
la première phase de découverte, cette C63 étonne car elle
fait presque oublier son poids, ce qui n'est pas le moindre des compliments. En
revanche, le clignotement quasi permanent du triangle orange lors de la remise
des gaz indique très clairement une motricité à la peine.
Les pneus Pirelli PZero, très performants, sont donc les premières
victimes avec une durée de vie certainement limitée. S'il est possible
de la brusquer, les aides à la conduite (faussement) déconnectable,
empêchent de faire exactement ce que l'on veut. Pour prendre le plus de
plaisir avec la C63 et être le plus efficace, il faut la piloter très
proprement avec de légères dérives lorsque cela est nécessaire
pour lui faire prendre toute la trajectoire voulue. Dans ce cas de figure, elle
semble impériale et vous propose de faire corps avec elle. Les freinages
sont puissants et globalement endurants. Le châssis est tellement équilibré
qu'il permet de passer très fort en courbe en toute sécurité
ou presque et il faut regarder le compteur pour s'en apercevoir. La seule incompréhension
de notre part reste cet ESP qui reprend le dessus dès qu'on touche aux
freins, même en mode " Off ". C'est totalement absurde puisqu'un
freinage appuyé sur circuit le remettra en action le temps du freinage
! Ajoutez cela à la boîte auto qui peine parfois à tomber
les rapports à la volée et vous risquez quelques à-coups
qui nuiront à la stabilité de l'assiette de la Mercedes pourtant
redoutable. C'est bien dommage car on frise le sans faute pour une berline de
ce calibre.
3
MODES ESP POUR PLUS DE SPORT ?
"ESP
ON", intervient en tout instant jugé utile par le système sur
les freins et le moteur si besoin.
" ESP SPORT " : Dérives
possibles en sous-virage et survirage, mais logique sécuritaire. Lors de
l'intervention, c'est idem au mode "ESP ON".
"ESP OFF".
Plus d'assistance, les dérives sont permises. Une pression sur les freins
suffit à rétablir toutes les fonctionnalités de l'ESP. La logique de
régulation de la motricité reste activée dans les trois modes.
Lorsqu'une roue motrice commence à patiner, les interventions de freinage
ciblées ont quasiment l'effet d'un différentiel autobloquant mécanique.
La puissance du moteur peut ainsi être transmise de façon optimale
aux roues.
:: CONCLUSION
Un virage a été opéré chez Mercedes ! Si les AMG conservent
toujours certains tics et habitudes propres à la marque de Stuttgart (boîte
auto, finition, luxe
), le sport est devenue une priorité en tant
que vecteur d'image. Désormais, la F1 et le DTM ne sont plus des vitrines
sans exutoires pour les clients. La gamme AMG animée avec maestria par
le V8 6,2 litres devient de plus en plus à même de distiller un subtil
mélange de performances hallucinantes, efficacité redoutable et
sportivité sans complexe. Dommage concernant la C63 AMG que les ingénieurs
ne soient pas allés jusqu'au bout de la logique avec une boîte auto
optimisée comme celle du SL63 AMG, et une électronique plus conciliante
et surtout réellement silencieuse. Mais une chose est certaine, cette C63
AMG fera date dans la généalogie Mercedes-AMG avec l'art et la manière.
Efficace et passionnante, ainsi pourrait-on résumer cette berline animée
par un V8 d'anthologie. Pas de doute, la cylindrée a du bon...
Nous
remercions vivement Nicolas Gourdol de Motorsport-magazine sans qui la réalisation
de cet essai n'aurait pas été possible.
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"Proposer
une berline aussi fermement suspendue lorsqu'on s'appelle Mercedes, cela s'appelle
du culot ! Les passagers peuvent râler, le pilote n'en a cure, totalement
absorbé par le pilotage exaltant de sa monture. La C63 donne l'impression
géniale de faire corps avec elle et la route, en remontant dans le volant
la plus petite imperfection et en répondant à la moindre sollicitation
avec une superbe panache. C'est de loin la plus démonstrative du plateau,
la plus affûtée dans ses prises de quart exemptes de roulis, et la
plus explosive dans ses changements d'appuis. Parfait me direz vous, sauf en ce
que ce comportement sans concession, la Mercedes le paye par une homogénéité
moyenne sur les routes dégradées et un comportement pouvant devenir
brouillon à la limite."
Nicolas Gourdol - Motorsport - Mai 2008
- Essai Mercedes-Benz C63 AMG (W204)
"Malgré
ses 1 834 kilos, la plus petite des AMG moderne se pilote aisément, puisque
l'inertie engendrée par une telle masse n'affecte pas outre mesure l'équilibre
de base de son châssis. Et si l'affermissement important de ses suspensions
peut être une source d'un certain inconfort à très faible
vitesse, il garantit en revanche une perception plus fine au volant. Ce qui est
essentiel pour garder le train avant bien en main au moment de l'inscription en
courbe, et lorsque la poupe commence ensuite à déboîter, permet
aussi de ne pas s'embarquer dans une dérive trop prononcée qui vous
éloignerait irrémédiablement de la bonne trajectoire."
Echappement - Mai 2008 - Mercedes-Benz C63 AMG (W204) - Jorge Clavell.
"La
Mercedes doit également composer avec une adhérence relative lors
des départs musclés, en raison du niveau de couple à faire
passer au sol (61,2 mkg maxi à 5 000 tr/mn). Mais les Pirelli PZero tout
neufs de notre modèle d'essai s'acquittent de leur tâche avec brio.
Suffisamment pour faire passer la classe C sous la barre des 5 secondes au 0 à
100 km/h. Avec 4"8, comme une Viper SRT 10 ! Mercedes creuse ensuite l'écart
en franchissant la barre des 400 m D.A. en 12"8 avant de définitivement
prendre le large : 22"7 au 1 000 m D.A. ! [
] En ajoutant à ce
cocktail explosif les rétrogradages de la boîte auto, on obtient
logiquement
des reprises canonissimes : 2"8 de 100 à 140 km/h
en Drive, soit la performance d'une Porsche 911 Turbo à fond de troisième
! Bref, la Mercedes est un avion en accélérations et un missile
en reprises."
Sport Auto - Février 2008 - Mercedes-Benz C63
AMG (W204) - Laurent Chevalier. |