© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (12/10/2005)
RETOUR POUR LA GLOIRE
Après ses deux petites années de production, la
Lotus Elan SE s'en était allé. Coup du sort pour une
sportive annoncée à une cadence de 3000 unités
par an et qui finalement en a produit deux fois moins. Mais il restait
dans les stocks de Lotus 800 ensembles châssis-moteur qui
attendaient bien sagement. Bugatti ayant racheté Lotus à
General Motors, pour cause de rentabilité impossible et pertes
trop lourdes, décide donc de relancer la production de ces
exemplaires en attente. 800 et pas un de plus, mais l'idée
méritait d'aller jusqu'au bout et de laisser une deuxième
chance à la Lotus Elan qui pour l'occasion reprend un patronyme
prestigieux : Lotus Elan S2...
Texte :
Nicolas LISZEWSKI
Photos : D.R.
La première moitié des années 90 sont fatales
au petit constructeur anglais. Le programme de Formule 1 est arrêté,
les finances sont catastrophiques et le modèle Lotus
Elan qui devait sortir la marque de l'ornière ne se vend
pas comme escompté. Les actionnaires de Lotus, General Motors
en tête décident donc d'arrêter la production
de l'Elan SE type M100. General Motors, peu enclin à absorber
les pertes sans réagir, décide donc de se séparer
de Lotus.
C'est Bugatti,
par l'intermédiaire de Romano Artioli qui se porte acquéreur
de Lotus. Il faut se remémorer qu'à l'époque
les ambitions affichées par le renouveau de Bugatti frise
la mégalomanie, souvent propre aux fabricants de supercars.
Mais loin de rencontrer le succès espéré, alors
que les Bugatti
EB110 puis EB110 S furent certainement avec la McLaren
F1 les Supercars les plus abouties de leur génération,
la firme Bugatti allait rapidement sombrer dans la faillite, entraînant
ainsi dans sa chute la malheureuse marque Lotus qui n'en peut plus
de tant de chaos. Mais les dirigeants de Bugatti, en rachetant Lotus
ne savait pas qu'une surprise les attendait dans l'usine anglaise.
Ils découvrirent que 800 ensembles châssis-moteurs
de Lotus Elan SE type M100 étaient sagement rangés.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, cela ressemble
pourtant bien aux décisions prises par les gros groupes pour
leurs (petites) filiales. Les dirigeants arrêtent un programme
net par une note interne, mais personne ne se soucie d'expliquer
ce qu'il fait faire des marchandises en cours de fabrication. Dans
le cas de la Lotus Elan SE type M100, nos amis anglais ont certainement
omis de demander ce qu'il fallait faire de ces autos. En outre,
l'incertitude de leur avenir, et donc de leur emploi, ne les a peut
être pas incité non plus à s'impliquer alors
dans les décisions de l'usine. Les dirigeants de Bugatti
décidèrent alors de relancer la fabrication des Lotus
Elan en 1993 mais uniquement sous la forme d'une série limitée
à 800 exemplaires baptisée Lotus Elan S2. Si les Lotus
Elan S2 reprennent la forme des premières Lotus Elan SE type
M100, de nombreuses modifications interviennent cependant. Le moteur
reste toujours le bloc Isuzu turbocompressé, mais la puissance
chute de 10 ch en raison de la pose d'un catalyseur (pour passer
les nouvelles normes européennes). Les performances sont
donc en légère baisse. Des jantes de 16 pouces BBS
5 branches sont montées chaussées désormais
de pneus Michelin Pilot SX en 205/45 ZR 16. Les suspensions sont
légèrement modifiées justement pouvoir supporter
le surpoids des nouvelles jantes. L'assistance de direction est
améliorée tandis que les nouveaux sièges baquets
(de couleur unie) sont plus enveloppants. Le reste des modifications
concerne des détails de présentation avec une nouvelle
console centrale, un volant Nardi trois branches en option, une
clé unique pour toute la voiture (Neiman, portes, coffre,
boîte à gant), une plaque numérotée (pour
marquer la série limitée à 800 exemplaires),
de nouvelles couleurs de carrosserie et une étanchéité
de capote améliorée autour des vitres latérales.
Produite seulement à 800 exemplaires, 500 furent réservés
pour les marchés à conduite à droite (Angleterre,
Japon
) et les 300 restantes pour le marché européen.
Les Etats-Unis n'eurent pas le droit de connaître la Lotus
Elan S2 type M100. Jusqu'en 1996, Lotus écoula toutes ses
Elan S2 qui, comble de l'ironie, étaient vendues moins chères
que les premières Lotus Elan SE type M100. La dernière
Lotus Elan S2 sorti des chaînes de production peu de temps
avant la présentation officielle de la Lotus Elise qui va
vite s'attirer les faveurs des amateurs de Lotus et de voitures
de sport.
ACHETER UNE
LOTUS ELAN S2
Les difficultés à trouver une Lotus Elan S2 sur le
marché de l'occasion sont exactement les même que pour
les Lotus Elan SE type M100. Avec la contrainte en plus que seuls
300 exemplaires à conduite à gauche ont été
vendus en Europe. La Lotus Elan S2, malgré des performances
en baisse, se vend souvent plus cher que la Lotus Elan SE type M100.
Comptez en moyenne 17 000 euros mais certains très beaux
exemplaires peuvent prétendre jusqu'à 20 000 euros.
Globalement, les Lotus Elan S2 avaient été achetées
pour un usage uniquement plaisir à part quelques cas exceptionnels
d'usages quotidiens. Les kilométrages affichés sont
donc logiquement souvent très faibles. La fiabilité
du moteur Isuzu reste toujours exemplaire, mais le réseau
Après-vente Lotus, dont le maillage en France couvre mal
toutes les régions, peut amener le propriétaire d'une
belle Lotus à rouler beaucoup pour trouver son garagiste.
Un point à ne pas négliger lors de l'achat.
EVOLUTION
La Lotus Elan a connu une vie cahotique.
Découvrez les autres modèles produits avec nos dossiers dédiés :
> Lotus Elan SE M100
>
Lotus Elan S2 M100
>
Lotus Elan M100 US
PRODUCTION LOTUS ELAN S2
Elan M100 S2 (1993-1996) : 800 exemplaires
TOTAL LOTUS / KIA ELAN M100 : 6374 exemplaires
:: CONCLUSION
Toujours aussi belle, toujours aussi efficace, la Lotus Elan S2
a certes perdu en performances, mais elle a gagné une série
limitée, et des jantes qui améliorent son physique
très glamour. Sa cote reste toujours affichée à
des tarifs raisonnables et permet d'accéder au blason Lotus
sans trop d'efforts. La Lotus Elan S2 vous permettra en outre de
prendre un maximum de plaisir à son volant, sans être
un pilote. Et puis posséder une auto si rare dans son garage
amène toujours son lot de satisfaction. Une véritable
auto maxi plaisir et surtout anti-frime car auto d'amateur averti
Nous remercions vivement et chaleureusement le Lotus Club de
France qui nous a permis la réalisation de cet article. |