MINI BOMBE
La précédente Mini Cooper S "by John Cooper Works" avait établi quelques records dans sa catégorie, en termes de performances et de prix. Une fois n'est pas coutume, BMW habitué aux politiques tarifaires douloureuses récidive avec une Mini plus déchainée que jamais. Englobé à 100% depuis dans le groupe BMW, l'atelier Cooper Works devient le département compétition de la marque et propose pour la première fois un modèle à part entière et non un simple catalogue de tuning. Pour autant, la Mini ne risque-t-elle pas l'overdose à force d'overboost ?...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
L'étiquette John Cooper Works se décline sous différentes formes depuis la renaissance de la Mini, allant du simple accessoire cosmétique à des kits moteurs offrant l'avantage d'une garantie constructeur. Affichée à un tarif de base presque attractif, la nouvelle Mini Cooper S continue à jouer les originales dans la catégorie des citadines sportives avec un style fort. Toutefois, la récente arrivée de la Fiat 500 et de sa version pimentée signée Abarth remet quelque peu en cause l'hégémonie de la Mini dans la catégorie des petites branchées. Pour ne pas se laisser rattraper, la Mini réplique en ajoutant à son catalogue une version à part entière signée "JCW", forte de 211 ch. Ce n'est pas la plus puissante des Mini de série si l'on se souvient de la rare Mini JCW GP KIT, mais elle n'en est pas très éloignée tout en étant moins chère. Moins radicale dans son approche sportive, la Cooper S JCW cru 2008 tente donc le pari de la polyvalence, à la manière d'une GT en réduction...
DESIGN
Inutile de revenir en détail sur le style de la "new new Mini" qui a d'ailleurs très peu évolué sur cette dernière génération (code R56). Il faut toutefois préciser qu'avec l'apparition de la version Clubman, le choix de carrosserie des versions Cooper S s'est lui aussi élargi, et la JCW n'échappe pas à la règle. De plus, les JCW sont bien des Mini "made in England" puisque fabriquées à Oxford comme un modèle à part entière, et non sous la forme d'un kit livré dans votre concession BMW-Mini. De série, la Mini JCW se distingue assez peu de la Cooper S de base, hormis par ses jantes 17" ultra légères empruntées à la Mini Challenge et ses logos du célèbre atelier.
A BORD DE LA MINI JCW R56
Même chose à l'intérieur où la dotation standard comprend, outre les équipements de série de la Mini Cooper S, un ciel de pavillon de couleur anthracite, un pommeau de vitesses JCW et des placages noir brillant. L’échelle du compteur de vitesse graduée jusqu’à 260 km/h est le seul détail démarquant cet athlète de haut niveau. Un peu maigre tout de même. On devra donc recourir aux options de personnalisation, aussi nombreuses que coûteuses, pour ajouter la dose d'exclusivité que l'on est en droit d'attendre de la plus chère des Mini. Parmi la gamme des accessoires John Cooper Works on trouve ainsi des inserts carbone, un gear-shift indicator, des sièges baquets Recaro, une sellerie cuir, un pack aérodynamique (boucliers spécifiques et jupes latérales), des jantes 18", une barre anti-rapprochement, une suspension sport, des disques de frein perforés et un béquet de toit type compétition. Des équipements qui, pour la plupart, nous semblerait naturel de trouver d'office sur une petite sportive facturée 29.950 euros ! Car en piochant avec l'envie du passionné dans ce catalogue, la Mini va aisément tutoyer les 35.000 euros...
MOTEUR
Un coup d’œil jeté sous le capot moteur de la Mini John Cooper Works ne suffira pour vous convaincre du bien fondé de votre investissement. Pour cela, il faudra détailler la fiche technique qui permet de comprendre un peu mieux où ont été investis les 6500 euros qui distancent cette Mini JCW d'une simple Cooper S... Revu de fond en comble, le petit 1598 cm3 conserve ses dimensions. C'est donc sur l'alimentation et la suralimentation que l'on a travaillé. Les ingénieurs ont aussi veillé à alléger quelques éléments, comme le vilebrequin, ou à les renforcer comme les pistons renforcés soumis à une rectification spécifique ainsi qu’une culasse et un joint modifiés. Le taux de compression est légèrement réduit. Le filtre à air, le débitmètre d’air massique, la ligne d’échappement et le pot catalytique se sont vus modifier pour « désétrangler » le côté tant d’admission que d’échappement et augmenter ainsi la puissance. Ce qui ne reste pas sans influence sur la sonorité du moteur dont la sonorité ronflante devient très agréable ! Cette ligne d’échappement spécifique présentant une moindre contre-pression s’identifie par deux embouts en inox poli d’un diamètre de 85 mm. Le débit du conduit d’air purifié alimentant le turbocompresseur Twin Scroll à double entrée s’est également accru. Son architecture permet toujours une mise en puissance extrêmement spontanée bien que la pression de suralimentation maximale ait été portée de 0,9 à 1,3 bar. L’optimisation de la combustion ainsi obtenue se traduit par une augmentation sensible du couple. Le maxi de 260 Nm, soit autant que sur la Cooper S overboost activé, est disponible de 1850 à 5600 tr/mn. En cas d'accélération franche, il bondit à 280 Nm entre 1950 et 5500 tr/mn tandis que la puissance maxi de 211 ch s'obtient 500 tr/mn plus haut que sur la Cooper S, transcendant le caractère à haut régime. Une évolution copieuse se traduisant su doublé d'une sonorité particulièrement sportive. Avec son poids maîtrisé (1200 kg en ordre de marche, chauffeur à bord), la Works abat le zéro à 100 km/h en 6,5 secondes, avec une vitesse maximale à 238 km/h et ses reprises expéditives facilitent les dépassements qui deviennent aussi aisé qu'à bord d'une grosse sportive. Du coup, si la tendance naturelle amène à se concentrer sur le compte-tour judicieusement positionné pile face au pilote, il faudra garder un oeil sur l'énorme tachymètre déporté au centre de la planche de bord. Sous peine de mettre en péril son permis... Grâce à la magie du dowsizing et de l'injection directe, le petit 4 cylindres offre à l'inverse une consommation normalisée extrêmement basse en conduite "normale". La moyenne normalisée ressort à 6,9 litres aux 100 kilomètres, pour 165 grammes de CO2 au kilomètre, écopant ainsi du plus petit malus fiscal à l'achat. Une telle conduite toute en souplesse et sur le couple est parfaitement possible et la boîte 6 favorise le silence de fonctionnement dans ces conditions autant que la consommation. Mais en pratique cela donne un bon 8L/100 car, vu la joie de vivre de ce moteur, il est difficile de ne pas attaquer comme un goret à la moindre occasion ! Moteur turbo oblige, on s'éloignera fortement des valeurs standardisées en posant les roues sur piste.
CHASSIS
Traction avant par héritage, la Mini John Cooper Works doit user d'artifices électroniques pour canaliser sa fougue, du mieux possible. Si l'on prend plus de plaisir à pousser les rapports avec le nouveau moteur, il apparaît que la Mini n'a pas évolué en matière d'amortissement. Les différences au volant sont donc limitées, puisqu'on retrouve la même direction à assistance électromécanique variable dont la précision se trouve plus facilement mise à mal par les problèmes de motricité. Grâce à la touche sport, le conducteur peut activer une réponse plus dynamique, tout comme à l'accélérateur, mais qui ne change rien à l'affaire. Même si la Mini JCW accuse peu de roulis, on s'offusque par principe que le châssis sport comprenant des amortisseurs plus fermes, des ressorts surbaissés de 10 mm et des barres antiroulis renforcées sur l’essieu tant avant qu’arrière soit proposé en option sur ce modèle. A 220 euros le pack, c'est aussi mesquin que surprenant. En revanche, la Mini a sorti l'artillerie lourde côté freinage pour faire face à son nouveau potentiel dynamique. Les freins à disques ventilés à étrier fixe en aluminium sont empruntés à la Mini de course. On peut en admirer la peinture rouge et le blason JCW derrière les nouvelles jantes à rayons. Affichant moins de 10 kg sur la balance, les roues 17" de la Challenge chaussées en 205/45 type Run Flat permettent un gain sur les masses non suspendues et sur le potentiel d'adhérence, ce qui profite en théorie à la précision de conduite. Toutefois, Mini n'a pas trouvé mieux que de doter sa sportive d'un autobloquant électronique EDLC, géré par l'ESP et agissant sur les freins en complément d'un antipatinage qui régule la puissance moteur. Le système se montre efficace tant que la route est lisse et sèche mais il se voit dépassé en dehors de ces conditions idylliques, c'est à dire une bonne partie du temps sur nos belles routes de France. La Mini tire alors tout droit dans un sous-virage massif, loin de son agilité légendaire de kart. Ce qui passe encore sur une simple Fiat 500 Abarth de 135 ch apparaît ici déplacé de la part d'un constructeur qui nous avait habitué à mieux, d'autant plus que l'autobloquant mécanique reste (pour l'instant) au catalogue des accessoires sur la Cooper S de base. Etonnant. De plus, le subterfuge électronique a l'inconvénient de surexploiter les freins, réduisant leur endurance à l'effort et la durée de vie des consommables. L’assistant au freinage également comprise dans les fonctionnalités du DSC détecte les situations d’urgence et, si besoin est, il réagit au quart de tour en établissant la pression de freinage maximale. La distance de freinage est ainsi réduite au maximum. Sous-fonction du DSC, le DTC permet – et c’est là une première sur une traction – de relever les seuils de déclenchement du contrôle de la stabilité, afin d’admettre un patinage contrôlable aux roues motrices. Le mode DTC est activé par pression d’un bouton. En cas d'envie de grosse arsouille sur circuit, il est possible de désactiver entièrement la fonction DSC, seul l'autobloquant reste actif dans ce cas.
:: CONCLUSION
Véritable bolide survitaminé, la Mini John Cooper Works possède le niveau de performances de la classe supérieure, celle des compactes sportives. Elle possède aussi le tarif de la catégorie supérieure, confirmant s'il était besoin son positionnement élitiste et "premium". De ce fait, elle se retrouve sans véritable rivale directe. Unique en son genre, cette Mini JCW exploite au maximum les limites d'un châssis longtemps loué pour ses qualités dynamiques et offre un grand plaisir de conduite. Toutefois au final, le rapport prix/prestations de ce nouveau modèle en laissera plus d'un perplexe. Si vous faîtes partie de ceux-là, on peut en effet se dire qu'une Cooper S standard dotée du kit moteur 192 ch et du différentiel autobloquant mécanique constituerait peut-être un meilleur choix...
CE QU'EN PENSENT NOS CONFRERES :
"La MIni JCW est un jouet extraordinaire. Rapide, efficace et pointue à la limite, elle distille l'intégralité de ce qu'on attend d'une bombinette de son acabit. malheureusement, son tarif, aussi épicé que son tempérament, en découragera certains. moins aiguisée dans l'absolu qu'une Megane F1 Team, elle possède cependant ce petit supplément d'âme qui la rend diablement attachante. La Mini est éternelle !"
MOTORSPORT MAGAZINE - SEPTEMBRE 2008 - ESSAI MINI JOHN COOPER WORKS.
"En dépit de ses 1130 kg - à vide - la Mini JCW offre donc une grande agilité et virevolte avec allégresse d'un virage à l'autre... du moins, tant que les-dits virages ne sont pas trop serrés. Car en ce cas apparaît le principal défaut de l'auto, à savoir une fâcheuse tendance à élargir les trajectoires au fur et à mesure que le pied droit appuie sur la pédale. "
AUTOMOBILES CLASSIQUES - SEPTEMBRE 2008 - ESSAI MINI JOHN COOPER WORKS. |