UN CABRIOLET HOMOGENE
Jusqu'à présent, si Peugeot avait commercialisé
une 307 CC avec le moteur 180 ch, Renault se contentait du moteur
2 litres 16 soupapes de 136 ch. Un peu juste à notre goût
pour animer le (lourd) coupé-cabriolet de l'ex-Régie.
Mais depuis quelques mois déjà, Renault avait annoncé
sa Mégane CC 2.0 T de 165 ch. Enfin une motorisation plus
en phase avec nos attentes qui nous permet aujourd'hui de lui consacrer
un dossier et de combler l'absence dans notre guide d'achat de la
Renault Mégane CC...
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
La motorisation 2 litres turbo essence de 165 ch n'est pas une
nouveauté chez Renault. En effet, les Vel Satis et Coupé
Avantime offrait déjà en 2002 cette mécanique
avec un couple toutefois inférieur à celui de la Mégane
CC : 250 Nm. Depuis début 2003, elle est disponible sur la
Laguna avec un couple porté à 270 Nm. La Mégane
CC fait partie de la stratégie de Renault d'étendre
au maximum une famille et de réutiliser les plate-formes.
Ainsi dans la famille Mégane, l'acheteur peut hésiter
entre une berline 4 portes, une berline 5 portes, un coupé
3 portes, un break et
un coupé-cabriolet ! Puisque
nous avions pu prendre le volant d'une Mégane coupé
2 litres atmosphérique, nous avons décidé d'essayer
la Mégane CC avec le moteur 2 litres turbo de 165 ch. Cela
nous permet ainsi de combler un vide qui existait encore dans notre
guide d'achat jusqu'à ce jour.
DESIGN
La Renault Mégane CC n'est pas une nouveauté à
proprement parler et sa silhouette si caractéristique est
désormais familière à tous. Signe particulier
des coupés-cabriolets à quatre places, le porte-à-faux
arrière semble démesuré avec un coffre très
volumineux, tout du moins extérieurement. Cela se confirme
d'ailleurs par la lecture de la fiche technique avec un empattement
plus court de 10 cm aux berlines 3 et 5 portes mais une longueur
totale avec 16 cm de plus. Avec le toit replié, la contenance
du coffre est de 190 dm3 et passe à 490 dm3 avec le toit
en place (+160 dm3 que dans une Mégane 3 portes). A l'instar
de la Peugeot
307 CC, sa rivale directe, le toit en dur repliable nécessite
un logement adéquat pour être totalement escamoté.
C'est d'ailleurs une des raisons qui a poussé Audi, BMW et
Mercedes-Benz, pour ne citer qu'eux, à conserver une capote
classique sur leurs cabriolets quatre places. Il ne faut qu'une
vingtaine de secondes à la Renault Mégane CC pour
être couverte ou découverte. Bien que ce système
existe désormais depuis près de 10 ans sur des véhicules
de la grande série (Mercedes-Benz SLK), on reste toujours
épaté comme un enfant de voir ce toit et sa cinématique
entrer en action ! Génial. Les stylistes de Renault ont bien
réussi leur affaire, car la Mégane CC reste aussi
élégante capotée que découverte. Pas
facile dès lors de se décider entre la Mégane
CC et la 307 CC car toutes deux affichent la même harmonie
et élégance des lignes. La Peugeot est peut être
plus racée et sportive de ligne alors que la Mégane
est plus conventionnelle. Affaire de goût. Les lignes de la
Renault offre des arêtes plus vives et dynamisent la ligne
générale de la Mégane CC. Le seul reproche
que l'on puisse adresser à la Mégane est peut être
le diamètre de ses jantes un peu timide (16 pouces) rapporté
au gabarit de l'auto. Les jantes de la Mégane
RS auraient été certainement en phase avec l'auto.
A BORD DE LA MEGANE II CC
L'habitacle n'est pas très novateur, mais l'ergonomie est
excellente, preuve du savoir-faire en la matière de l'équipe
de Patrick le Quément. La finition en revanche mériterait
à être améliorée, que cela soit avec
la qualité des plastiques retenus (trop de plastiques durs
qui se rayent rapidement) ou des assemblages. Sur ce point, sa rivale
sochalienne prend nettement l'ascendant. L'équipement de
série est généreux et en phase avec les attentes
de la clientèle actuelle pour ce type d'autos. Le toit lumineux
panoramique (en option) est une très bonne idée qui
illumine l'habitacle et le rend plus agréable.
MOTEUR
Les motoristes de Renault sont partis sur la base du moteur Renault
F4R. Avec sa culasse à quatre soupapes par cylindres, il
est d'une cylindrée de 2 litres et délivre la puissance
de 165 ch à 5000 tr/mn et développe un couple maximum
de 270 Nm à 3250 tr/mn. Ce moteur bénéficie
d'un turbo d'architecture spécifique, dite " à
double entrée " (Twin Scroll). Cette technologie permet
d'améliorer le rendement : elle limite le phénomène
de réaspiration des gaz brûlés et optimise le
remplissage d'air. Son rapport volumétrique, élevé
pour un moteur turbo (9.5/1), assure également un meilleur
rendement et une baisse des émissions polluantes. Par rapport
au moteur 2.0 T de la Laguna, la principale évolution concerne
l'acoustique. L'introduction d'un tirant reliant le moteur à
son support supérieur a notamment permis de réduire
les vibrations. Le circuit d'alimentation en air du turbo a également
été travaillé afin d'en améliorer l'acoustique
au levier de pied. La boîte mécanique à 6 rapports
(type ND0), reçoit un étagement étudié
pour offrir (dixit Renault) un compromis optimum entre sport et
confort acoustique. Volant en main, la Renault Mégane CC
2.0 T offre une belle sensation de poussée linéaire.
Les amateurs des turbos à l'ancienne seront déçus.
Il faut regarder le compteur ou le chrono pour s'apercevoir que
les performances de la Mégane CC 2.0 T sont intéressantes.
Avec moins de 30 secondes au kilomètre départ arrêté
et 220 km/h en vitesse maximale, on ne peut pas parler de contre-performance.
Mais les sensations délivrées par la Mégane
CC 2.0 T, sont trop édulcorées et il n'y a guère
que toit replié que l'on peut espérer ressentir quelque
chose. La boîte de vitesses offre un étagement adapté
et la commande de boîte est précise. Mais difficile
de parler de voiture " sportive " eut égard des
sensations délivrées. D'ailleurs, la Mégane
CC 2.0 T ne prétend pas à ce titre. Elle assume pleinement
son statut de voiture plaisir homogène, suffisamment performante,
mais pas trop pour rester à la portée de tous.
CHASSIS
Par rapport aux berlines Mégane, la Mégane CC 2.0
T reçoit des suspensions raffermies. Pour le reste, c'est
toujours un système pseudo MacPherson à l'avant et
un essieu multibras à l'arrière. Les jantes de 16
pouces sont chaussées en 205/60 R 16. Une monte qui privilégie
un compromis confort/efficacité au détriment du sport.
Mais aller au-delà serait peut être néfaste
pour l'homogénéité du comportement de la belle
Renault. Car on vient de le voir, les modifications sur le châssis
de la Mégane CC 2.0 T comparé aux berline sont minimes.
Avec l'ablation du toit, la rigidité est donc mise à
mal, entraînant en conduite musclée quelques petits
bruits parasites. Le freinage est également resté
d'origine. Impossible donc de vouloir jouer les sportifs en herbe
sans avoir la désagréable impression de s'être
trompé de monture. SI vous êtes accroc aux sorties
circuits, n'achetez pas la Mégane CC 2.0 T dans cette optique.
Il y aurait indéniablement erreur de casting. Mais on ne
peut rien reprocher à Renault qui n'a pas trompé son
monde. Si le mot " sport " est disséminé
dans le dossier de presse, c'est plus pour rappeler l'esprit récréatif
de la Mégane CC 2.0 T que pour en faire une vraie sportive.
Ce job est d'ailleurs celui de la Renault Mégane RS qui affiche
clairement la couleur. Alors il faut acheter cette Mégane
CC 2.0 T pour ce qu'elle est : une auto polyvalente, qui permet
de se faire plaisir, rouler différent abattre les kilomètres
en toute sécurité et avec le confort d'avoir sous
le pied une réserve de puissance bien sécurisante.
Dernier point important : l'ESP n'est pas déconnectable,
et vous rappellera à l'ordre dès que vous malmènerez
la Mégane CC 2.0 T.
:: CONCLUSION
Pour les sportifs purs et durs, prêts à de multiples
concessions pour jouir au quotidien d'une auto sportive découverte,
il faudra oublier la Mégane II CC 2.0T. En revanche, pour les
amateurs de voitures plaisir, qui permettent tout de même
d'être fréquentables au quotidien, par tous temps et
même avec des enfants ou des amis, la Renault Mégane
CC 2.0 T est faite pour eux. Un choix pas toujours incohérent
pour vous permettre de rouler plaisir sans vous fâcher avec
votre compagne et passer par la case monospace...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"La souplesse démontrée par la Renault est aussi
impressionnante que la linéarité de sa mécanique.
Dommage que ce caractère demeure plutôt avare en sensations.
Après tout, c'est un moindre mal puisque les performances
(non mesurées) sont indéniablement au rendez-vous
et qu'un turbo trop " sauvage " aurait nécessité
le renforcement -et donc l'alourdissement- de la caisse. La rigidité
demeure en effet un problème inhérent à l'auto.
Cette tare se retrouve d'ailleurs mise en exergue par les retouches
apportées au châssis. Ne nous plaignons pas puisque
le tarage affermi des amortisseurs limite le phénomène
de pompage et améliore la précision de conduite, alors
que la résistance au roulis, accrue de 7,5% sur l'essieu
arrière, rend l'auto un brin plus survireuse."
ECHAPPEMENT - avril 2004 - Renault Mégane CC 2.0T 165
ch.
"Affichant un comportement routier
sérieux, la Mégane 2.0 T reçoit des suspensions
légèrement raffermies qui n'altèrent pas son
confort. Sans réelle prétention sportive, elle ne
démérite pas pour autant face au chronomètre,
atteignant les 222 km/h, largement de quoi voir amputer son permis
de quelques points ! Si en terme de sensations, le manque de caractère
du turbo déçoit, le fait de conduire cheveux aux vents
compense largement. Et si le temps se gâte, il sera toujours
possible de re-capoter. Ou plutôt de déployer le toit,
une manuvre entièrement automatisée qui ne prend
que 20 s.."
AUTO-JOURNAL - HS Spécial Essais Haut de Gamme - décembre
2004 - Renault Mégane CC 2.0T 165 ch. |