| © L'AUTOMOBILE SPORTIVE (18/10/2011) 
 L'ANTI-GTI DE LA REGIE On ne pourrait pas parler de la Renault 5 Alpine sans parler de la VW Golf GTI MKI, les  deux voitures étant sorties pratiquement la même année. Après 
		      la période faste et heureuse de la 8 Gord' qui a généré toute une série de talentueux 
		      pilotes français devenus célèbres, la Renault 12 du même nom changeait radicalement 
		      la donne en proposant, via la traction avant, une nouvelle sportive s'attirant les foudres des fanas de la 8. Ainsi, après cette ère Gordini, Renault changea 
		      son fusil d'épaule et s'orienta vers des voitures moins radicales dans leur philosophie en jetant son dévolu  sur la bête à succès du moment : la Renault 5. Texte : Sébastien DUPUISPhotos : D.R.
 L'histoire de la 
              Renault 5 est riche et dense tant sa carrière fut longue et sa gamme étendue. 
              Les  origines du projet remontent à 1967, année pendant laquelle Boué dessina les 
              premiers croquis de ce qui préfigurait la Renault 5. Elle était officiellement dévoilée le 28 janvier 1972. Si les détracteurs 
              du début critiquent le concept - la Renault 5 est d'abord  proposée en  3 portes alors qu'à l'époque 
              les Français achetaient des 5 portes (Peugeot 104, Simca 1100…) - force est de 
              constater que son envol va être fulgurant. En effet, "Super Car" (comme le disait 
              la pub de l'époque) prend la tête des immatriculations en France dès l'année 1974. 
              En 1980 elle représentera même 16% du marché national et il faudra attendre une 
              autre légende des petites voitures, la Peugeot 205 en 1982, pour que la "R5" perde son sacre de voiture la plus vendue en France ! Soit tout de même un règne 
              de 8 ans sans partage. Et le sport dans tout cela ? La seule variante sportive 
              disponible dans la gamme R5 au départ est la LS, mue par un 1289 cm3 de 67 ch. Trop timide 
              pour être réellement intéressante aux yeux des vrais sportifs, la R5 LS (rebaptisée plus tard TS)  
              sert néanmoins de base à la R5 Coupe pour remplacer la coupe R12 
              Gordini. Dans la rue, il faudra patienter jusqu'à 1976 pour enfin découvrir une vraie variante performante : 
              la Renault 5 Alpine. PRESENTATION              La page Gordini se tourne avec la R5, ou presque. Renault 
              ayant racheté une participation majoritaire dans Alpine en 1972, l'objectif est de capitaliser sur les nombreux succès  engrangés dans les rallyes avec la berlinette A110. Un engagement 
              en endurance est également là, il aura  comme point d'orgue la victoire au Mans 
              en 1978. Bref, rien n'est fait au hasard  et désormais les petites Renault sportives s'appelleront Alpine et seront construites à Dieppe dans les locaux ouverts en 1970 avenue de Bréauté  par Jean Rédélé. Le choc pétrolier de 1973 suivit de l'apparition des limitations de vitesse donnent un coup de frein au voitures de sport puissante et Alpine n'échappe pas à la règle. Une nouvelle catégorie émergente pointe le bout de son nez, celle de spetites sportives. C'est donc avec un certain soulagement  qu'est présentée en juin 1976 
              la Renault 5 Alpine (type mines R1223), quelques mois seulement après le lancement de la Golf GTI. Petite voiture compacte (seulement 
              3,53 mètres de long !) en carrosserie 3 portes uniquement, l'Alpine ne manque pas 
              d'allure et diffère sérieusement de ses sœurs moins puissantes : nouveau bouclier 
              monobloc en   polyester armé (évolution de celui du kit de la LS), jantes en tôle à large déport, 
              sièges baquets, déco "A5" latérale et sur le capot. En revanche, chose curieuse 
              pour une sportive, le tableau de bord, qui est très critiqué par la presse française, 
              ne dispose pas de manomètre de température d'eau ni de température et de pression 
              d'huile. Avouez que sur une sportive qui porte le nom Alpine, cela manque singulièrement 
              de bon sens. Et pour couronner le tout, le volant tout en plastique à 4 branches 
              est laid à faire peur ! Heureusement ces erreurs seront corrigées dès le millésime 
              1977 et en même temps des phares H4 remplacent avantageusement les optiques 
              mixtes montées jusqu'alors. Le nouveau volant sport à 3 branches en cuir sera 
              conservé jusqu'à l'arrêt du modèle.  MOTEUR              Bien 
              qu'ayant essayé de rentrer au chausse-pied le moteur 1600 de la R12 Gordini sous le petit capot 
              de la Renault 5, les techniciens de la Régie se rabattent finalement sur le bon vieux Cléon fonte dans une version dérivée du 1289 cm3 type 810  de la R5 TS.   Disposé longitudinalement, le moteur est situé derrière l'essieu avant, avec la boîte devant pour privilégier la répartition des masses. Le bloc  en fonte voit son alésage  augmenté de 3 mm pour atteindre 1397 cm3 tandis que la culasse, spécifique à la R5 Alpine, est en alliage d'aluminium coulé en coquille. Fidèle au préceptes de Gordini, les chambres de combustion sont hémisphériques et les soupapes positionnées en V, sont actionnées par   poussoirs, tiges et culbuteurs, tous spécifiques.  Flux cross-flow oblige, les conduits du collecteur d’admission sont séparés et   le collecteur d’échappement se compose de deux parties distinctes : une pour les   cylindres 1 et 4 et une pour les cylindres 2 et 3, qui débouchent dans deux   tubes se rejoignant plus loin dans le tube de fuite. Le pot de détente est situé   du côté gauche de la voiture, en avant de la roue arrière, et le silencieux est   placé transversalement à l’extrême arrière droit avec la sortie côté droit.L'arbre à cames latéral est entraîné ici par une chaîne double et les bielles sont renforcées.   De type  carré (alésage de 76mm et course de 77mm) il privilégie les hauts régimes plutôt que la souplesse, même si un compromis a été recherché à ce niveau. Alimenté par un carburateur Weber double corps inversé (35 DIR 58) et un  boitier de filtre à air cylindrique  empruntés à la R16 TS, la Renault 5 Alpine affiche  93 ch à 6400 tr/mn avec un   rapport volumétrique de 10:1. Moins moderne (pas d'injection) et moins puissant que 1.6 de la Golf GTI (110 ch), le petit Cléon 1400 offre toutefois des performances 
              très bonnes pour l'époque (plus de 170 km/h en pointe et 33 secondes pour un kilomètre 
              DA). Il a aussi le grand avantage de posséder une boîte de vitesse à 5 rapports,  issue de la R16 TX, quant 
              la VW Golf GTI n'en offre que 4. Malheureusement, celle de la R5 se montre moins agréable à utiliser avec de longs débattements et une synchro parfois récalcitrante.  SUR LA ROUTE              Dotée d'un comportement vif et sportif, la Renault 5 Alpine pèche par une direction très lourde qui fatigue vite en conduite sportive et une prise de roulis importante. 
              Mais son moteur qui ne rechigne jamais à monter dans les tours et son faible poids font le bonheur des pilotes en herbe. Son comportement se montre pointu à la limite avec une tendance naturelle au survirage, empattement court aidant. Construite sur la plateforme héritée de la Renault 4, la R5  n'innove pas vraiment côté châssis. L'Alpine  conserve les trains roulants des  versions LS et doit se contenter de triangles superposés à l'avant et bras articulés sur barre de torsion à l'arrière  en y ajoutant simplement des barres antiroulis de plus forte section et des amortisseurs De Carbon tarés plus durs. Les freins à disques sont de série à l'avant uniquement,   l'arrière reste en tambours. EVOLUTIONEn 1978, la R5 Alpine reçoit les jolies jantes alliage  type bobines de magnétophone dessinées par Yves Legal pour  les Alpine 
                A310 V6. Le volant 3 branches   Motto-lita est remplacé par un modèle Iso-delta. En décembre 1979, la Renault 5 Gordini est commercialisée en Angleterre et en Irelande. Le nom Gordini y perdure car Alpine y est la propriété du groupe British Leyland via sa marque 
              Sunbeam, rachetée ensuite par Chrysler, puis par Peugeot ! Ses caractéristiques sont identiques au modèle Alpine français. 1980, la Renault 5 Alpine se contente 
              de recevoir un alternateur à régulateur incorporé. En 1981, un carburateur Weber 
              double corps 32 DIR 97 est monté à la place de l'ancien. Enfin, en 1982, la Régie 
              rattrape son retard de puissance par rapport à la Golf 
                GTI. En montant un turbo dans la Renault 5 Alpine, celle-ci change de nom 
              pour s'appeler "R5 Alpine Turbo" et développe désormais 110 ch.  LA R5 ALPINE EN COMPETITION R5 ALPINE COUPE C'est en 1977 que les participants de l'ancienne Coupe Gordini, peuvent bénéficier de la Renault 
              5 Alpine Coupe. Il s'agit d'un modèle préparé vendu par Renault Sport aux participants de la coupe R5 Alpine. La préparation comprend : radiateur d'huile, pompe à essence électrique, sonde detempérature d'eau, carter cloisonné avec retour d'huile au carter , direction directe, silent-blocs plus durs, amortisseurs Bilstein plus durs, freins à disques de R12 Gordini (ventilés à l'avant), barres de torsion et anti-devers spécifiques, pneus Dunlop plus larges (180x550 VR 13) passages de roues découpés, et un échappement libre. Par rapport à la 5 Alpine de série, la "Coupe" est plus lourde de 35 kg (avec l'arceau et tous les équipements obligatoires) mais sa puissance est identique. Seul un rapport de pont plus court - 8x33 contre 8x31- lui procure un tonus supplémentaire.
  R5 ALPINE EN RALLYE En 1978, ce n'est plus une Alpine qui porte les couleurs du losange en rallye, mais une petite auto populaire à traction avant. En groupe 2, le  4 cylindres 1397 cm3 de la R5 Alpine développe 135 ch à 7500 tr/min pour un poids de 800 kg. Au volant, un certain Jean Ragnotti s'illustre dès le Monte Carlo 1978 : il termine deuxième au général et premier du Groupe 2 malgré  une double crevaison  suivie du bris des deux roues avant et d'un virage râté dans lequel il blesse un spectateur (ce dernier lui demandera  à l’arrivée de dédicacer son plâtre !). Un succès qui génèrera une série limitée "Monte Carlo" aux couleurs jaune et noire sur base de Renault 5... TS.  Au Rallye du Bandama, c’est un mouton qui se trouve sur sa route mais Jean Ragnotti et Jean-Marc Andrié finissent pourtant troisièmes et premiers en Groupe 2. L’insolente Renault 5 s’impose  face aux Porsche et Fiat-Abarth beaucoup plus puissantes.
 ACHETER 
              UNE RENAULT 5 ALPINE              Si la Renault 5 Alpine s'est 
              laissée damer le pion en son temps par la Golf GTI qui eut un succès beaucoup plus large, 
              il n'en est pas de même aujourd'hui sur le marché de la collection 
              suivant les modèles et leur état. En effet, trouver un exemplaire de Renault 5 Alpine sain, en très bon état d'origine, qui n'a pas subit ni les affres de la compètition, 
              ni ceux du tuning naissant (kits carrosserie Esquiss'Auto, fausses Turbo 1 et 
              2…) et ni ceux des accidents et autres choucroutages-bidouillages relève du 
              casse-tête chinois ! Heureusement, il existe de nombreux clubs Alpine-Gordini accueillant 
              ces modèles pour vous renseigner et vous aider dans vos démarches. Et même si 
              vous trouvez une épave à restaurer, le budget final peut se corser sérieusement, 
              surtout que les Renault 5 font encore partie des autos qui rouillent copieusement. Alors comptez désormais au minimum 5000 € pour un  bel exemplaire atmo. Quant au choix de la version, nous privilégierons plutôtles premiers millésimes avec jantes en tôle type R12 à déport, car elles 
              commencent à dater, sont très rares sur nos routes et nous ramènent en enfance 
              avec cette ambiance très seventies ! Côté fiabilité mécanique, pas de grande crainte à avoir sur le bloc Cléon qui se révèle très fiable. En revanche tous les périphériques et le faisceau électrique ont une durée vie nettement moins optimiste...  PRODUCTION RENAULT 5 AlpineR5 Alpine : 55 942 exemplaires
 R5 Alpine Coupe : 674 exemplaires
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              CONCLUSIONLa Renault 5 sportive mérite-t-elle son nom Alpine ? Assurément oui ! Son agrément est bien réel et son caractère sportif un rien coquin qui vous invite 
            à arsouiller sur chaque petite route tortueuse est un délice. Même les tractions savent s'amuser et la R5 Alpine saura vous en convaincre, à condition de savoir dénicher un bel exemplaire...
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