REGNE CONTESTE !
Avec l'arrivée de nouveautés
sur le marché des voitures de rallyes, la Subaru Impreza
doit justifier encore sa place parmi l'élite. Sa plus dangereuse
rivale, la Mitsubishi Lancer Evo VIII récemment importée
officiellement en France, vient de lui ravir la place enviée
de sportive la plus efficace, notamment grâce à une
transmission integrale des plus évoluées. La série
limitée Petter Solberg vient donc à point nommé
pour rappeler à tous que l'Impreza est l'étalon de
la catégorie...
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Lorsque Subaru commercialisa sa première
génération d'Impreza en 1992 (importée officiellement
en version GT en 1994 sur notre territoire), personne n'aurait alors
parié sur le petit constructeur japonais. Sa très
faible notorié en France, et ses choix stratégiques
contraires aux normes du marché français (moteurs
essence à plat uniquement, transmission intégrales
permanentes...) n'annonçait pas de réels succès.
Mais la version sportive de l'Impreza GT, épaulée
par les nombreux succès en compétition, eurent vite
fait d'imposer la marque Subaru dans les esprits des amateurs de
voitures sportives. Il faut reconnaître, que passé
un physique et un habitacle quelconques, l'Impreza
GT Turbo représentait alors un des meilleurs rapports
prix/performances/efficacité du marché. Des performances
de GT, une efficacité diabolique allié à un
moteur dont la sonorité fait tourner les têtes auront
vite fait d'écrire les plus belles pages de l'histoire de
l'Impreza GT. En 2000, l'Impreza a vieilli, mais reste toujours
performante. Toutefois, sa remplaçante, la Subaru
Impreza WRX est présentée. Toujours avec un physique
étrange, l'Impreza semble toutefois s'être émoussée.
Qu'est donc devenue la sportive radicale que nous chérissions
tant ?! La puissance moteur reste inchangée, car si le moteur
a été retravaillé et optimisé, un troisième
catalyseur vient refroidir nos ardeurs. Mais dans le même
temps, la nouvelle Sub', a pris plus de 100 kg... Les performances
de la WRX sont donc logiquement en baisse. Avec la Subaru
Impreza STI et un restyling bienvenu, la marque américano-japonaise
corrige le tir pour reprendre le leadership du segment. Avec un
2 litres revu à 265 ch et 343 Nm de couple, la STI est enfin
digne de son glorieux passé. Pour rappeler encore une fois
à tous le titre mondial remporté par son pilote fétiche,
Subaru profite d'une série limitée baptisée
Petter Solberg, le nom dudit pilotes de rallye.
DESIGN
La Subaru Impreza STI Petter Solberg est basée sur une WRX
STI, à laquelle bon nombre d'équipements ont été
montés de série. On aurait pu s'attendre à
la même livrée que l'Impreza de Petter Solberg, mais
non, c'est le bleu Ice Blue qui a été retenu par le
constructeur japonais. Toute la panoplie des Impreza de rallye a
été déployée sur la Petter Solberg.
On trouve donc le gros aileron Prodrive style, les anti-brouillards
sont cachés par des cache estampillés et surtout l'Impreza
affiche des roues au diamètre généreux de 17
pouces et de 225 de large ! La prise d'air sur le capot n'est pas
simplement là pour le style mais vient également alimenter
en air frais l'échangeur air-air du turbocompresseur. Cette
Subaru Impreza affiche toujours une ligne générale
si particulière. On aime ou on déteste, mais force
est de reconnaître que le restyling intervenu depuis plusieurs
millésimes vient adoucir la face avant jusque là un
peu torturée. Comme souvent chez Subaru, la poupe est beaucoup
plus classique dans son dessin, même si l'aileron se charge
de gommer toute tentative de timidité...
A BORD DE L'IMPREZA PETTER SOLBERG
L'habitacle est
traité sport. A l'image d'autres berlines nipponnes directement
concurrentes, la Subaru Impreza Petter Solberg n'est pas très
gaie, ni très originale. Mais tous les accessoires indispensables
sont présents pour rappeler le partimoine sportif de l'engin
: sièges baquets, compte-tours au centre, pédalier
alu, volant sport... L'équipement est complet, même
si on reste dans le domaine de l'efficacité. Pas question
en effet de tomber dans les travers du luxe avec des équipements
qui ne seraient pas en rapport avec l'intérêt du pilote.
MOTEUR
Pour donner le maximum de performances à son Impreza, Subaru
a sévèrement retravaillé le moteur de la STI
comparé à la WRX. Sur la Solberg, il n'y a eu aucune
modifications sur le moteur. Toujours d'une cylindrée de
1 994 cm3, ce quatre cylindres à plat développe donc
265 ch à 6 000 tr/mn et 343 Nm de couple à 4 000 tr/mn.
Pour améliorer ses performances par rapport à celui
de la WRX, les ingénieurs motiristes ont revu notamment la
distribution avec l'apparition d'un calage variable en continu des
arbres à cames d'admission. Un turbocompresseur IHI qui souffe
à 1,2 bars se charge de donner les "watts" à
ce moteur qui se dirige via une boîte mécanique à
6 rapports contre 5 à la WRX. Les courbes de performances
du moteur indiquent sur le papier une tendance à préférer
les hauts régimes que les bas régimes. Cela se confirme
sur circuit avec un moteur qui rechigne à reprendre dans
les bas régimes. Tout l'inverse de sa grande rivale, la Mitsubishi
Lancer Evo VIII. En revanche, une fois dans les tours, le moteur
de l'Impreza s'envole et tonne toujours aussi fort. Les sensations
de poussées sont bien réelles et toujours vigoureuses.
Les 26"4 secondes pour le kilomètre DA et le 0 à
100 km/h abattu en 6"3 confirment nos impressions. La consommation
est bien entendu en rapport avec les performances de notre monture
du jour, et la moyenne de 12 litres au cents enregistrée,
peut n'être qu'un lointain souvenir si votre chaussure droite
avait une tendance à presser plus fortement la pédale
de l'accélérateur.
CHASSIS
Ce sont les dessous de la Subaru Impreza Petter Solberg qui mérite
cette série spéciale. En effet, Subaru a donc équipé
de série son Impreza Petter Solberg du système DCCD
(Driver Controlled Central Differential). Sur une Impreza STI ou
WRX de série, la répartition du couple sur les roues
avant et arrière est diffusé à 50/50. Seul
un viscocoupleur monté sur l'interpont évite l'emballement
d'un arbre de transmission par rapport à l'autre. Le DCCD
offre lui l'avantage d'être modulable automatiquement ou manuellement
en fonction de la posture de l'Impreza. Ainsi, en entrée
de virage, le système envoie 65% du couple sur le train arrière
pour que l'Impreza pivote plus facilement. Ce système très
perfectionné permet en outre de limiter les effets sur le
comportement de la violence du turbocompresseur. Différents
taux de blocage interviennent, autres que les 0% et 100% (15, 35,
65 ou 85%) selon les situations décelées automatiquement
par le système. Très précis et efficace, ce
système à la cartographie électronique complexe
qui a demandé de nombreuses mises au points aux ingénieurs
du STI, ne demande qu'à être seul maître à
bord. Sur sol sec, l'intérêt ne paraît pas immédiatement,
mais dès que le circuit devient gras mouillé, l'intérêt
est évident. L'Impreza saute d'un virage à l'autre
avec une aisance déconcertante et il vous faudra vous habituer
à passer si fort en courbe. A notre pour les pilotes aguerris,
que le simple fait de tirer le frein à main libère
totalement l'embrayage central ! L'autre spécificité
de la Subaru Impreza Petter Solberg est sa monte pneumatique différente
des STI de série : les jantes de 17 pouces sont chaussées
en pneus Brigdeston Potenza RE 070 de 225/45 RE 17. Remplaçant
les RE 040, ces nouveaux pneus ont l'intérêt d'offrir
une bande de roulement pluie et des extérieurs plus typés
slicks routiers. Ils participent eux aussi à l'efficacité
accrue de la Subaru sur la toute. Très convaincante à
conduire, cette Impreza Petter Solberg fait regretter que le moteur
n'ait pas été touché pour plus d'exclusivité
et de performances, car pour l'amateur averti et passionné,
non pilote de rallye, l'intérêt de cette série
limitée n'est pas évidente...
:: CONCLUSION
Les séries limitées sont toujours un casse-tête
pour l'acheteur. Vraie affaire ou simple coup marketing ? Dans le
cas de la Subaru Impreza Petter Solberg, c'est un peu des deux !
Intéressante car elle propose de série une présentation
spécifique, la commémoration du titre de champion
du monde 2003 et le système DCCD monté de série.
Mais l'absence de nouveautés sous le capot, et surtout un
prix devenu coquet n'inciteront que les vrais amateurs de la marque,
puristes des Subaru à acheter ce modèle qui deviendra
peut être avec le temps un collector. Sauf si Sébastien
Loeb terrasse les Subaru en 2004 sur les pistes des rallyes...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"Du coup, cela fait également varier la répartition
du couple entre les essieux. Si l'on obtient une distribution de
la force motrice parfaitement symétrique (50/50 entre les
deux essieux) lorsque l'autobloquant est verrouillé à
100%, le blocage minimum, lui procure une répartition 35/65,
soit un typage propulsion ! Et cela se ressent sur la route, surtout
lorsque celle-ci est glissante. Car autant cette STi laisse apparaître
une attitude neutre à faible tendance au sous-vireuse (avant
qui se dérobe) lorsque le DCCD est complèment verrouillé,
autant elle enroule nettement les virages dès que l'autobloquant
est "réduit" au maximum. Une attitude peut-être
moins efficace dans l'absolu, mais tellement plus grisante."
ECHAPPEMENT - mars 2004 - Subaru Impreza STI Petter Solberg.
"Avec u npremier essai de la Lancer
Evolution 8, le Moniteur Automobile n1310 mettait l'eau à
la bouche des amateurs de voitures de course pour la route. Vivement
la confrontation entre ces deux monstres sacrés. Avec une
nouvelle donne, pis, un boulversement : une fois n'est pas coutume,
la Mitsubishi, dont la transmission paraît encore plus lubrifiée
au jus de neurone, est moins chère que la Subaru. Incroyable
!"
LE MONITEUR AUTOMOBILE - 25 mars 2004 - Subaru Impreza STI Petter
Solberg.
"Subaru fête le champion du
monde des pilotes WRC 2003, Petter Solberg, en lançant cette
série spéciale de son Impreza WRX STi, justement appelée...
Petter Solberg. Reconnaissable à sa couleur ciel métal,
elle adopte un équipement spécifique : le DCCD, différentiel
central contrôlé par le conducteur. Elle répond,
avec quelques années de retard, à la Mitsubishi Lancer
Evolution 6 Tommi Mäkinen (lancée en 2000), quadruple
champion du monde des rallyes WRC sur Mitsubishi en 1996, 97, 98
(avec le titre constructeur) et en 99. Souhaitons à Subaru
et à Petter un succès comparable..."
SPORT AUTO - avril 2004 - Subaru Impreza STI Petter Solberg. |