Lubrification moteur : les huiles
L’huile a plusieurs fonctions dans un moteur à combustion parmi lesquelles la lubrification, essentielle à son bon fonctionnement. Mais connaissez-vous tous les secrets de ce lubrifiant miraculeux ?
Texte : Anthony DUMENIL
Photos : D.R.
Le rôle de l'huile dans le fonctionnement d'un moteur à explosion est vital. En effet, les différentes pièces en mouvement à l'intérieur du moteur réclament une lubrification la plus efficace possible pour limiter leurs frottements au maximum. Mais sa fonction ne s'arrête pas là et à chaque moteur correspond une huile soigneusement choisie par le constructeur par rapport à des caractéristiques bien précises.
A quoi sert l'huile dans un moteur ?
Protéger
L’huile moteur est un produit utilisé principalement pour assurer la lubrification du moteur. Grâce à l’huile moteur, les différentes pièces du moteur sont couvertes par une fine couche qui leur permet de ne pas s’abîmer lorsqu’elles se frottent ou se heurtent les unes aux autres. Sans cette couche, le frottement régulier et les heurts de métal contre métal entameraient votre moteur, petit à petit, trajet après trajet, jusqu’à provoquer finalement une casse du moteur qui nécessitera le changement complet du moteur dans votre voiture. Par ailleurs, avec le temps certaines pièces métalliques du moteur, comme par exemple les chemises des cylindres en acier, peuvent avoir tendance à s’oxyder et le mince film d’huile permet de les isoler du contact avec l'oxygène de l'air pour éviter ce phénomène.
Refroidir
Tout comme le liquide de refroidissement, la lubrification a tout d'abord une fonction de refroidissement en réduisant les frottements mais aussi en assurant une circulation thermique des parties hautes vers les parties basses lorsque le moteur tourne. est en activité, lubrifie les différentes parties qui le composent, mais récolte et nettoie constamment les crasses qui s’y accumulent. Grâce à la viscosité de l’huile moteur, la partie du liquide en contact avec le moteur le refroidit, tandis que le reste du liquide reste à basse température, ce qui l’empêche de chauffer trop vite et lui permet donc de conserver son action pendant une durée bien plus longue.
Nettoyer
La troisième action directe de la lubrification moteur est de nettoyer les différentes composantes constamment. Grâce à la circulation du fluide dans le circuit assurée par la pompe à huile, les particules issues de la combustion du carburant viennent s'accumuler dans le filtre à huile qui permet ainsi que les pièces en mouvement soient protégées par une huile propre jusqu'à la prochaine vidange.
Quels sont les différents types d'huiles ?
La viscosité de l’huile moteur est un critère déterminant pour la lubrification du moteur. Effectivement, c’est grâce à cette consistance du liquide que ce dernier ne perd pas ses propriétés et peut continuer à lubrifier le moteur de manière efficace. Pour comprendre le niveau de viscosité indiqué sur tous les bidons d’huile moteur, il faut décoder les "indices". Mais rien à voir avec une enquête de police ! L'ensemble composé de chiffres et de lettres indique très clairement la viscosité à froid et à chaud d'une huile.
Les types d'huiles
Il existe trois grands groupes d’huile moteur : synthétique, semi-synthétique ou minérale. L'huile minérale, historiquement liée au moteur à combustion, est un mélange issu de la distillation de certains combustibles fossiles (pétrole, charbon...). L'huile de synthèse, utilisée sur tous les moteurs modernes, est obtenue par synthèse chimique à partir de molécules judicieusement sélectionnées, ou par hydrocraquage d'une huile minérale. Enrichie par divers additifs, elle affiche un meilleur coefficient de viscosité et dure plus longtemps qu'une huile minérale ou une huile semi-synthèse mais se montre aussi plus chère à produire. Enfin, comme son nom l'indique, l'huile semi-synthétique est un mélange d'huiles de base minérales et synthétiques.
Les grades : comprendre la viscosité des huiles
La viscosité d'une huile moteur est indiquée grâce à une série de chiffres et de lettres. Ce système de classification mis en place par la Society of Automotive Engineers (SAE) reste la référence utilisée aujourd'hui partout dans le monde. Lire ce grade est effectivement très simple : Le premier chiffre est l’indice de viscosité à froid, ou autrement dit sa fluidité. Plus le premier chiffre est faible, plus l'huile circulera vite et montera vite en pression. La lettre W (pour Winter) qui suit précise que le premier chiffre est la viscosité hivernale. S’il n’y a pas de W, l’huile concernée est conçue exclusivement pour une utilisation estivale. Enfin, le deuxième chiffre indique l’indice de viscosité à chaud. Plus il est élevé, plus l'huile sera en mesure de conserver ses propriétés à haute température. Pour réduire la pollution à froid, très encadrée par les normes d'homologation, les constructeurs ont tendance à utiliser des grades de plus en plus bas.
Les normes
En complément des grades, l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA) s'occupe spécifiquement des normes d'huiles appliquées au marché européen et standardise leurs caractéristiques techniques selon des classes et des catégories. Par exemple, une huile répondant à la spécification ACEA A3/B4 sera destinée aux moteurs hautes performances. S'ajoutent à cela des homologations, définies par certains constructeurs automobiles dont le cahier des charges spécifique définit un label de qualité. Par exemple, les homologations LL-01 et LL-04 sont exclusivement utilisées chez BMW. En pratique, il est aussi important pour votre moteur de respecter ces normes et homologations que le grade recommandé, sinon plus.
Quand faut-il changer l'huile d'un moteur ?
L'huile utilisée dans le moteur s'use et perd ses propriétés avec le temps, sous l'effet de la chaleur et du cisaillement notamment. Sa viscosité diminue, elle perd de sa capacité anti-oxydation et nettoyante et s'encrasse. Voilà pourquoi il est important de vous occuper de sa vidange régulière. Ne pas s’occuper de son huile moteur à temps, c’est s’assurer une panne moteur voire une casse du moteur dans certains cas extrêmes. Bien que la tendance de ces dernières décennies soit à l'allongement des intervalles de révision, notamment par l'emploi d'huiles dites "Long Life", mieux vaut prévenir que guérir et ne jamais dépasser les préconisations des constructeurs, voire même les anticiper...
Il existe en réalité différents moyens de savoir quand faire sa vidange, sans attendre que le témoin de révision (quand il existe) s'allume au tableau de bord : soit en surveillant son compteur kilométrique, soit en connaissant la date de sa dernière vidange. Et dans le doute, une inspection visuelle à la jauge, notamment pour contrôler le niveau, vous permettra d'apprécier le niveau d'encrassement. Autre indice, notamment pour les voitures qui roulent très peu, si l'huile sent l'essence méfiance, elle peut très bien rester claire et avoir perdu sa propriété en se diluant dans du carburant imbrûlé, ce qui arrive souvent avec des voitures de collection qui ne font que tourner à l'arrêt par exemple.
Bien que les chiffres puissent varier énormément d'une voiture à l'autre, tous les motoristes vous diront que de façon générale plus une huile est renouvelée souvent, meilleur c'est pour le moteur ! Sans tomber dans l'excès toutefois, on peut considérer que pour un moteur essence sollicité régulièrement à haut régime, l'idéal est de faire la vidange tous les 10 000 kilomètres maximum ou bien une fois par an. Bien entendu, pour que l’huile moteur ne perde pas son efficacité, on prendra soin de remplacer aussi le filtre à huile à chaque vidange.
Précisons enfin que la gestion de l’huile usagée est encadrée par la loi, et il est formellement interdit de s’en débarrasser dans la nature ou dans les égouts. Le recyclage des huiles de vidange est obligatoire et vous êtes donc dans l’obligation de verser cette huile dans un contenant adapté à cet effet et de rapporter ce bidon dans un magasin de pieces autos ou dans un centre de recyclage.