© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (23/03/2006)
UN BREAK QUI MANQUE DE COFFRE...
6 mois après le lancement de la berline, la gamme Alfa
Romeo 159 se double d'une variante Break, baptisée comme
pour la défunte 156 "Sportwagon". Un nom qui évoque
la sportivité, mais qui se trouve confronté à
la dure réalité de l'obésité manifeste
de ce break de standing...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
Marque en forme dans la tempête que traverse le groupe Fiat,
Alfa Romeo tire son épingle du jeu grâce à des
voitures aussi performantes que superbement dessinnées. Si
cela peut nous réjouir sur certains points, la part majoritaire
des ventes en JTD tendrait à faire penser l'inverse. Et ce
n'est pas l'abandon du dernier bastion des essenceux de la marque,
le V6 3.2 remplacé par un anodin sous-produit australien
sous le capot des berlines 159 Q4 et
du coupé Brera qui ont de quoi
nous faire croire en l'avenir de la passion chez Alfa Romeo. Relégué
au second rang, pour ne pas dire au rang de figurant, le moteur
à essence, jadis fierté mondialement reconnue de la
firme d'Arese, n'a plus aujourd'hui sa place au sein d'un marché
européen fortement endoctriné par la propagande pro-diesel.
Et ce n'est pas dans le clubs des breaks du segment M2, qui pèsera
selon les études de 45% des ventes de berlines 159, que l'essence
s'imposera le plus ! Pourtant, les ingénieurs continuent par
la force des choses à proposer une alternative moins agricole
aux vrais amoureux de la marque et à tous ceux pour qui le
moteur à essence représente encore la meilleure source
de plaisir dans une voiture de caractère et de surcroît,
sportive. Les nouveaux 1.9 et 2.2 JTS sont là pour eux, mais
semblent, sur le papier, mal armés pour s'imposer à
bord du gros break Alfa Romeo.
DESIGN
Sur le plan stylistique, rien à dire, la nouvelle Alfa Romeo
159 est de toute beauté et le break Sportwagon s'inscrit
dans le même élan à succès que la 156
du même nom, sans briser le lignes superbes de la berline
dessinées par Ital Design (le bureau de design de Giorgetto
Giugiaro) en collaboration avec le Centro Stile Alfa Romeo. L'Alfa
159 Sportwagon est un beau gabarit, plus longue que la 156 de 23
cm et plus large de 9 cm elle affiche une longueur totale de 4m66.
Malgré cela, ses lignes restent fluides, dominées
par une nervure latérale qui, dans un jeu savant dombres
et de lumières, allège et élance la carrosserie.
En cohérence avec le reste de la carrosserie, l'arrière de la voiture
adopte des éléments de style typiques de la marque et certains détails
de la berline, pour les fondre et donner lieu à une allure très
"Sportwagon", incontestablement plus racée que
celle de ses principales rivales, la BMW série 3 touring,
la Mercedes Classe C break ou l'Audi A4 Avant.
HABITACLE
La planche de bord est bien évidemment strictement identique
à celle de la berline. Elle se distingue par une personnalité
propre, composée par ses deux blocs compteurs ronds et une
console centrale imposante, plaquée façon alu et orientée
vers le conducteur. Si le rendu n'est pas des plus harmonieux, il
a le mérite d'aficher une excellente qualité de fabrication.
En outre, l'Alfa 159 Sportwagon ajoute aux qualités de la
berline un coffre à bagages mieux conçu pour répondre
aux diverses exigences actuelles en matière d'espace de chargement
(445 litres) et d'habitabilité, même si l'on est loin
du volume de déménageur offert par une Volvo S40 break
par exemple ! D'autre part, la modularité de l'ensemble a
de quoi faire sourire n'importe quel utilisateur de monospace. Grâce
à l'emploi massif d'insonorisants, l'espace intérieur
se montre idéal pour voyager, quelles que soient la distance
à parcourir et la durée du trajet. A bord de l'Alfa
159 Sportwagon, il est donc possible de converser sans élever
le ton de la voix et découter dans les meilleures conditions
la musique fidèlement reproduite par le circuit Hi-Fi Sound
System BOSE, à défaut d'entendre chanter la mécanique...
Dautres équipements contribuent au bien-être
à bord dès la finition de base (Progression) : le
climatiseur manuel, un ordinateur de bord, le régulateur
de vitesse, des jantes alliage de 16", 4 vitres électriques
et des projecteurs anti-brouillard et pas moins de 8 airbags ! Bref,
l'Alfa 159 Sportwagon a tout d'une berline moderne, confortable
et sûre... mais le paye sur la balance.
MOTEUR
Les nouveaux moteurs JTS (pour Jet Thrust Stoichiometric) à
injection directe stchiométrique ont permis d'entrer
en conformité avec les normes Euro 4 en matière d'émissions
gazeuses. Ils n'ont toutefois plus grand choses du mythe Alfa Romeo
au point de faire passer certains documents commerciaux pour de
la publicité mensongère... Ces moteurs "tout
alu" partagés avec les Opel Vectra et Signum sont d'origine
GM, tout comme le gros V6. Souples, élastiques, très
linéaires et bien élevés (c'est la mode...),
ils sont accouplés à des boîtes de vitesses
à six rapports aussi bien étagées qu'agréables
à manier. Fermes et précises, elles sont au niveau
des références en la matière. En détail,
le 2.2 JTS développe une puissance de 136 kW (185 ch) et
un couple de 230 Nm (23,4 mkg) à 4.500 tr/mn. En outre, la
commande de la distribution est particulièrement évoluée:
elle se compose dun système de culbuteurs à
rouleaux, qui réduit sensiblement les pertes dues au frottement
dans la culasse, et du Twin Phaser, système de variation
continue du calage des soupapes à ladmission et à
léchappement, qui optimise la puissance, le couple
et la consommation. Malheureusement sur ce point, les 1540 Kg du
break ont tôt fait de déglutir les 70L du réservoir
en conduite sportive. Pour la même raison, l'Alfa Romeo
159 Sportwagon s'offre des performances relativement décevantes
: elle accélère de 0 à 100 km/h en 9,0 secondes
et passe la borne en 30", le temps d'une bonne GTI d'il y a
20 ans... Elle se trouve également outrageusement mal menée
par une autre rivale, la Renault
Laguna GT Estate 2.0 Turbo, que nous avions essayée il
y a quelques mois et vendue à peine plus cher.
CHASSIS
En revanche, la tenue de route et le plaisir de conduite que procure
la nouvelle Alfa Romeo sont bien au niveau attendu d'une voiture
au tempérament sportif. Le confort de marche et le comportement
dynamique sont depuis toujours des caractéristiques distinguant
les Alfa Romeo. Dans le cas présent, ils deviennent de véritables
points forts. On commence par une direction à assistance
hydraulique très directe (2 tours un quart de butée
à butée) qui offre à la fois une meilleure
vivacité en parcours sinueux et une meilleure stabilité
en ligne droite. En revanche, sur mauvais revêtement, l'Alfa
2.2 JTS a une tendance désagréable à suivre
les mauvaises ondulations de la chaussée. Pour le reste,
la tenue de route est royale, savant mélange de confort et
de fermeté nécessaire à un bon maintien de
caisse. La nouvelle suspension avant en quadrilatère haut
assure un contrôle précis des mouvements des roues,
avec un axe de braquage bien défini dans lespace. Le
groupe ressort/amortisseur coaxial bi-tube a été surdimensionné
pour améliorer la capacité dabsorption des aspérités
de la chaussée. La nouvelle suspension arrière de
type multilink est une solution à trois leviers et lame transversale.
Elle conserve le cap en toutes circonstances et ne cherche jamais
à faire passer l'arrière devant et le sous-virage lié à la traction avant demeure sensible. Une frustration pour
le pilote aguerri, mais une sécurité pour le conducteur
lambda, qui s'ajoute aux systèmes électroniques de
contrôle du comportement dynamique. En plus dun circuit
de freinage extrêmement performant, l'Alfa 159 Sportwagon
est équipée de série dun ABS BOSCH 5.7
à quatre capteurs. L'ABS intègre un correcteur électronique
de freinage EBD qui adapte son propre fonctionnement aux conditions
d'adhérence des roues et à l'efficacité des
plaquettes des freins, en réduisant la surchauffe de ces
dernières. Le VDC, interprétation Alfa Romeo de l'ESP,
laisse au conducteur la liberté de maîtriser sa voiture
dans des conditions normales, en intervenant juste avant que la
situation ne devienne critique. Il est toutefois toujours activé.
En cas de brusque rétrogradage dans des conditions de faible
adhérence, le MSR (Motor Schleppmoment Regelung) intervient
pour transmettre du couple au moteur et éviter le patinage
dû au blocage des roues. Intégré dans le VDC,
le système anti-patinage ASR optimise la motricité
à nimporte quelle vitesse, par lintermédiaire
des freins et de la gestion du moteur. A noter que lASR s'active
automatiquement dès le démarrage et rend impossible
l'utilisation de chaînes à neige car, pour transmettre
le couple au sol, la roue doit tasser la neige par de petits patinages
que lASR tend justement à éviter. Enfin (ouf
!), l'Alfa 159 Sportwagon dispose du système HBA, assistant
électro-hydraulique de freinage qui augmente automatiquement
la pression du circuit des freins lors dun freinage durgence
et du système Hill-holder qui prolonge durant quelques instants
le freinage lors du relâchement de la pédale, pour
faciliter les démarrages en côte en évitant
le recul de la voiture.
:: CONCLUSION
Face au poids de l'engin, les 260 chevaux du V6 3.2 JTS semblent
être la seule alternative réaliste pour parler de réelle
sportivité. L'excellent châssis de l'Alfa Romeo 159
Sportwagon, participe autant au plaisir de conduire qu'il trahit
le manque flagrant de peps du moteur. Néanmoins, le 2.2 JTS
ne démérite pas complètement et offre une alternative
plus économique que le V6 à tous les allergiques aux
particules de gazoil que nous sommes...
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