DU SPORT HYDRAULIQUE !
Après
le rachat de Citroën par PSA, on pouvait craindre que Citroën ne perde
son âme, surtout avec la LNA, une 104 rebadgée des chevrons sauvages.
La présentation de la BX en 1982 rassura les amateurs de la firme du Quai
de Javel. Toujours de l'hydraulisme au programme, un design très original
et carré signé Bertone et quelques techniques intéressantes.
Le succès sera rapide, mais Citroën présentera une série
limitée à 2500 exemplaires, la version Sport, à la mécanique
plus sportive sans parler de son plûmage...
Texte : Nicolas LISZEWSKI
Photos : D.R.
Avec l'arrivée de Peugeot dans le capital de Citroën dont Michelin a souhaité se séparer,
il était à craindre que l'austérité de stratégie
du constructeur sochalien déteigne fortement sur la marque aux chevrons
sauvages. La première coopération sous la forme de la Citroën
LNA qui était ni plus ni moins qu'une Peugeot
104 coupé déguisée avec un moteur de 2 CV avait fait
peur aux amateurs de l'originalité Citroën. Pourtant, en 1982, lorsque
Citroën dévoile sa BX, nouvelle berline de gamme moyenne, tout le
monde est rassuré car l'originalité et l'ADN de la marque sont préservés.
Ouf ! Le démarrage commercial de la BX est excellent, mais cela n'empêche
pas les dirigeants de la firme du Quai de Javel d'élargir l'offre consacrée
à la BX. Après la BX 19 GT qui jouait dans le registre des performances,
la Citroën BX Sport, série limitée à 2500 exemplaires
va se charger des "hautes" performances. Une tâche dans laquelle
la BX Sport va s'en tirer avec les honneurs, surtout que les futures ténors
de la catégorie, la Renault
21 2 litres Turbo et la Peugeot
405 MI16 ne sont pas encore commercialisées. Avec la BX Sport, c'est
l'esprit des années 80 qui ressurgit...
DESIGN
C'est le
carrossier italien Bertone qui fut l'auteur des lignes très carrées
de la Citroën BX. La ligne de la voiture de série n'est toutefois
pas taillée avant tout pour le sport et Citroën va donc s'escrimer à lui donner des allures de sprinteuse. Après
un détour dans un magazin de sport, la BX Sport est habillée pour
revendiquer ses prétentions sportives : boucliers avant et arrière
d'une seule pièce, aileron sur la malle arrière, jantes alu de 14
pouces, élargisseurs de bas de caisse et d'ailes avant et arrière...
Non seulement la BX Sport est visuellement plus agressive, mais en plus ces appendices
améliorent le Cx de l'auto. Dans les détails qui diffèrent,
les chevrons sur le capot sont noirs mat, et des monogrammes stylisés "BX
Sport" sont apposés sur la malle arrière (c'est déjà
plus conventionnel), mais également sur les portes avant ! Etonnant sur
une berline... Les plus fins observateurs auront remarqué la sortie d'échappement
très fine et élégante avec son embout carré.
HABITACLE
L'habitacle
est vaste et lumineux, mais la planche de bord ne diffère que très
peu, hélas, des modèles de série. Une finition bâclée
et des plastiques de piètre qualité. Heureusement, Citroën
a modifié le combiné d'instruments pour des cadrans plus classiques
et surtout d'aspects plus sportifs et lisibles. Le volant trois branches est spécifique
également, tandis que les connaisseurs auront reconnu le pommeau de vitesses
de la CX 25 GTI.
La sellerie est recouverte d'un velours gris. L'équipement de série
est très correct est il n'existe pas d'options sur la BX Sport. A noter
que pour une sportive, la BX Sport permet un modularité intéressante
puisque sa banquette arrière est rabattable. Ainsi avec son hayon cela
permet à l'occasion de transporter des objets volumineux. A noter les très
bons sièges baquets issus eux aussi de la Citroën CX.
MOTEUR
Les débuts des autos sportives chez les constructeurs généralistes
sont souvent le fruit de collaboration avec des préparateurs reconnus et
très spécialisés. Citroën pour sa BX Sport n'échappe
pas à cette règle puisque la mécanique qui l'équipe
est passée entre les mains d'un sorcier de la mécanique bien connu
de PSA : Danielson. C'est le groupe moteur Type 159A (celui de la BX 19 GT) qui
sert de base au développement de la Sport. Avec une cylindrée de
1905 cm3, cette mécanique entièrement en alliage léger est
implantée transversalement à l'avant et est inclinée de 30°
vers le tablier moteur. La plus grosse modification visible opérée
par Danielson est le remplacement du carburateur Solex double corps de 34 par
deux gros carburateurs double corps horizontaux Solex de 40 ! Avec un tel équipement,
pas de doute sur la vocation sportive de cette mécanique baptisée
Type 159B suite à ses spécificités. Le travail de Danielson
a également porté sous le couvre-culasse avec un nouvel arbre à
cames (modifications sur la loi de levée des soupapes), mais aussi une
culasse retravaillée (augmentation du diamètre des soupapes -41,6
mm contre 38,5 mm à l'admission et 34,5 mm contre 31,5 mm à l'échappement-)
et le lissage des chapelles. Un vrai travail de préparateur que l'on a
plus l'habitude de voir habituellement sur les voitures de rallye... L'augmentation
de la puissance est très nette avec 126 ch à 5800 tr/mn et 17,2
mkg à 4200 tr/mn. Les performances, si elles n'ont rien d'exceptionnelles
aujourd'hui, étaient pour l'époque très intéressantes
(n'oublions pas que dans la gamme Citroën subsistait encore en 1985 les 2
CV, Axel, Visa...). Une vitesse maxi de 195 km/h annoncée par Citroën
était confirmée par les essais de la presse de l'époque.
Le 0 à 100 km/h était franchi en 9,1 secondes et le kilomètre
départ arrêté en 30,2 secondes. Soient des performances de Peugeot
205 GTI 1.6 115 ch. Une boite de vitesses mécanique à cinq rapports
doté d'un cinquième rapport surmultiplié en raison des nouvelles
dimensions des pneumatiques comparées à la BX 19 GT.
SUR LA ROUTE
La
BX Sport est bien dans la lignée des Citroën modernes avec un coque
autoporteuse sur laquelle sont greffées suspensions et mécaniques.
Les quatre roues sont indépendantes avec à l'avant des suspensions
de type MacPherson avec bras inférieurs montées sur un élément
de suspension hydraulique. Un effet anti-cabrage par inclinaison de 12° vers
l'avant est monté avec des barres stabilisatrices afin de maintenir le
roulis de l'auto. Les suspensions arrière sont constituées de bras
tirés avec sphères de pression et amortisseurs intégrés
alliés à une barre stabilisatrice. Les dimensions des pneumatiques
peuvent sembler aujourd'hui modestes avec leurs 185/60 R 14, mais avec les Michelin
MXV de l'époque, la motricité n'était que peu prise en défaut
et l'adhérence, notamment sur le mouillé, excellente. Le sous-virage
reste très discret, un exploit pour une traction des années 80 (!),
mais le roulis reste tout de même trop marqué par rapport à
des suspensions "sport" plus classiques. Un bilan global qui préserve
pourtant un confort très acceptable tout en permettant une tenue de route
dynamique. Bon, inutiele de préciser que la BX Sport est plus à
l'aise sur la route que sur circuit. Et c'est justement sur la route qu'elle excelle
en affichant toute sa superbe. Les quatre freins à disques suffisent pour
ralentir très efficacement la BX, et il faudra un peu d'accoutumance pour
réussir à doser le freinage typique de Citroën.
BX Coupé HEULIEZ
Chargé de la production du break BX, Heuliez étudia aussi en 1985 une version plus sexy sur base de BX : un coupé ! Surnommée BX K, cette version à 4 portes fut développée sur la base d'une BX Sport. Quatre portes en effet, car probablement pour limiter les coûts, un seul un côté de la voiture fut transformé. Malgré sa ligne plus sportive, ce coupé ne retint pas l'attention des dirigeants. Resté unique, ce prototype fut vendu en 2001 lorsque Heuliez se sépara d'une partie de ses réserves avant d'être retrouvée oublié au fond d'un champ, avec 5463 km au compteur...
ACHETER
UNE CITROEN BX Sport
Trouver
une BX Sport aujourd'hui à vendre dans les petites annonces n'est pas aisé.
La faible diffusion, mais aussi le temps qui passe et le peu de notoriété
du modèle ont précipité la BX Sport dans les affres de l'oubli.
Résultat, beaucoup de modèles qui existent encore sont dans des
états lamentables et mériteraient une restauration ou tout du moins,
une sérieuse remise en état. Heureusement que certains clubs dynamiques
ou sites internets se mobilisent autour des Citroën BX. Comptez donc environ
4000 euros pour un très bel exemplaire (et cela les vaut, car les frais
de remise en état feront vite augmenter la note finale). Les kilométrages
affichés sont divers et le peu d'offres sur le marché devra vous
rendre soit patients, soit peu exigeants. Les vidanges doivent être réalisées
tous les 10000 km et les révisions et contrôles tous les 20000 km.
Le réglage des carburateurs n'est pas toujours aisé pour les novices
en mécanique et doivent être réglés régulièrement.
La Citroën BX Sport ne souffre pas de tares majeures, hormis une finition
qui ne vieillit pas toujours très bien et des pièces qui sont parfois
dures à trouver. Bien contrôler l'état de la suspension, car
la remise en état des sphères et du système hydrauliques
sur une BX est très onéreux. La corrosion peut parfois faire des
ravages sur des autos mal entretenues et stockées notamment sous les élargisseurs
en plastique. A noter la monte pneumatique encore modeste qui permet des tarifs
encore doux.
CHRONOLOGIE CITROEN BX SPORT
1982 : En septembre au salon de Paris Citroën présente sa BX,
nouvelle berline de taille moyenne dessinée par Bertone. Suspension hydraulique
toujours au programme.
1984 : En septembre au Salon de Paris, présentation
de la BX Sport.
1985 : En janvier, commercialisation de la version BX
Sport annoncée en série limitée à 2500 exemplaires.
En
novembre, Citroën dévoile et commercialise 200 exemplaires de la BX
4TC, version très spéciale prévue pour concourrir en groupe
B.
1986 : En juillet, Citroën opère un face-lift sur toute
sa gamme BX, sauf sur la version Sport. La BX Sport est donc la seule BX phase
1 encore au catalogue.
La version BX GTI, plus assagie et dotée d'une
injection est commercialisée.
1987 : En juillet, arrêt
de la vente et production de la BX Sport.
Dans le même temps, Citroën
commercialise une version plus affûtée, la BX GTI 16 soupapes.
L'année
1987 se termine par un succès pour la BX puisqu'elle est la Citroën
la plus vendue cette année-là.
1989 : En juillet, légères
évolutions de détails pour la gamme BX (feux arrière fumés,
amélioration de l'équipement...)
Citroën commercialise dans
la foulée de ce nouveau millésime la BX GTI 4x4.
1993 :
En février, Jean-Luc Pailler remporte le titre de champion d'Europe de
Rallyecross sur BX.
1994 : Arrêt de la fabrication et commercialisation
des berlines BX. La Xantia qui la remplace n'aura jamais de version sportive au
catalogue. Une ère se referme chez Citroën.
PRODUCTION CITROEN BX SPORT
TOTAL BX Sport 1ère série : 2500 exemplaires
TOTAL BX Sport
: 7572 exemplaires
:: CONCLUSION
La Citroën
BX Sport est la grande oubliée de l'histoire des BX. Si on se souvient
des versions GTI ou GTI 16 soupapes, la Sport est tombée dans les oubliettes.
Pas grave, car les rares exemplaires survivants sur les quelques 7500 produits font aujourd'hui
la joie de leurs propriétaires. Une auto rare, performante, exclusive et
bourrée de charme, sans compter son aspect très désuet, ont
vite fait de nous charmer...
CE
QU'ILS EN ONT PENSE :
"Cela étant, sa suspension hydropneumatique
permet à la BX Sport de réaliser un compromis particulièrement
heureux entre la tenue de route et le confort car les Michelin MXV -particulièrement
impressionnants sous la pluie- collent à la route avec une belle ténacité,
en même temps que les passagers se trouvent portés par dans des conditions
de confort fort satisfaisantes. Bien que nous ayons affaire à une traction
avant, la motricité est bonne et aucune tendance marquée au sous-virage
ne peut être décelée, tout au moins dans les limites admissibles
de la conduite sur routes ouvertes. En ce qui concerne le roulis, le phénomène
tend à apparaître un peu plus tôt que sur certaines suspensions
classiques très typées "sport" mais si l'on insiste encore,
l'hydropneumatique affiche, au second degré, une belle résistance
aux sollicitations extérieures, au profit du bilan général."
L'AUTO JOURNAL- Avril 1985 - Citroën BX Sport. |