© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (01/10/2002)
LE
BONHEUR, EN 2 ETAPES
Citroen
a présenté la ZX 16V au mondial de l'Automobile à Paris en septembre 1992 dans
le même temps que la nouvelle version de sa ZX Rally Raid. Disponible en 3 portes
uniquement la "16V" remplaçait la "Volcane 2.0i" qui n'avait alors plus grand chose
d'une sportive. Comme la nouvelle venue devait combattre sur un marché déjà largement
conquis, Citroen décida d'attribuer à sa ZX un niveau de puissance supérieur à
celui de ses rivales, sur le papier...
Texte : Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
PRESENTATION
On ne les appelle plus GTI,
mais les compactes sportives n'ont rien perdu de leur talent malgré des hauts et des bas dans la production, notamment nationale. La ZX 16V est
un beau symbole de cette histoire. Née avec la Volcane 1.9i, la version sportive de la ZX avait beaucoup souffert, comme nombre de ses consoeurs, de l'arrivée du catalyseur sous les capots au millésime 1993. Ainsi, la grosse GTI des chevrons s'était muée en une routière, certes efficace, mais guère excitante à conduire malgré une cylindrée qui passait de 1.9L à 2.0L.
Toutefois, la marque avait gardé un joker pour contrecarrer cet état de fait et la toute nouvelle ZX "Coupé 16V" allait faire revenir le sport dans la gamme ZX. Visuellement, la sage berline Citroën gagnait un kit carrosserie plus avenant, se distinguant principalement par des extensions d'ailes inédites pour muscler son apparence, de nouvelles baguettes de portes plus larges elles aussi, des jantes de 15" et un aileron spécifique.
HABITACLE
Excepté les excellents
sièges baquets, la présentation intérieure ne subissait en revanche pas de métamorphose et restait tristement sérieuse, à l'image d'une certaine Golf 3 GTI que la Citroën avait dans le viseur. Mais, compte tenu des efforts portés sur la mécanique,
le pilote était plus facilement enclin à pardonner ce défaut. Seule
limite au confort, l'isolation acoustique qui laisse entendre un peu trop généreusement
les vocalises du moteur dans l'habitacle. Pas particulièrement mélodieuses,
on accepterait volontiers moins de décibels à bord...
MOTEUR
En réalité la pemière ZX 16V n'offrait pas les 155
ch promis par Citroën. Les ingénieurs eurent
beaucoup de mal à trouver de manière fiable les 5 ch manquants à
l'appel sur le fameux moteur "ACAV" pour respecter les caractéristiques techniques annoncées
et déjà imprimées sur les prospectus. Dès 1993, les
chiffres furent revus à la baisse pour s'en tenir à
150 ch. En pratique, ce moteur était également décevant et la puissance semblait vraiment
absente par rapport à la première Volcane
de 130 ch avec des performances qui ne progressaient que très peu. Seul le couple supérieur est perceptible
et son régime maxi plutôt bas (3500 tr/mn) fait penser à un
moteur 8 soupapes bien rond, plus qu'à un multisoupapes dit "sportif".
S'essouflant à l'abord de la zone rouge il impose de passer rapidement
le rapport supérieur. En définitive, la ZX 16V ne pouvait réellement lutter contre la Renault
19 16V, l'Opel Astra GSI ou la VW Golf
GTI 16V. Pire, en 1993 une certaine Renault
Clio Williams allait enterrer définitivement tout espoir de briller
dans la catégorie pour la ZX 16V...
COMPORTEMENT
Bien aidée sur la route par son essieu arrière à effet directionnel,
la ZX 16V est précise et agile. Elle enroule les courbes avec une facilité
étonnante et, bien chaussée, ne se montre jamais dangereuse. Les voitures
à la fois efficaces et amusantes à conduire sont rares. La ZX est
de cette race. Avec la 306 S16 à ses côtés, le groupe PSA dominait alors la categorie.
La ZX, avec son comportement très vif, est une authentique sportive et
le même moteur ACAV a suffisamment d'allonge pour supporter une boite à cinq rapports.
Sans
changement significatif sur la deuxième mouture, les performances progressent
à tous les niveaux et il est totalement possible d'exploiter les 167 ch
de la bête sans arrière pensée. C'est même un véritable
régal tant le comportement routier de cette voiture est efficace et amusant.
Le freinage est aussi à la hauteur et surprend agréablement par
son touché, sa puissance et son endurance. Quand au châssis, il peut
aussi servir d'exemple à toutes les rivales, par l'exceptionnel compromis
de confort, d'efficacité et d'agrément qu'il fournit à l'usage.
Vu le premier moteur, on pourrait croire que tout avait été surdimensionné
pour son remplaçant...
EVOLUTION
Après avoir revu la puissance officielle de son moteur 16V à 150 ch, le groupe PSA réagit finalement aux critiques en octobre 1996, deux ans après le restylage de la ZX. Sans doute un peu trop tard, les motoristes PSA pouvaient enfin placer quelques chevaux de plus sous le capot de la Peugeot 306 S16 et, consécutivement, de la
ZX 16V issue du même moule. Le résultat s'était fait attendre mais méritait
des compliments : un 2 litres rageur à souhait développant 167 ch
et un couple maxi de 193 Nm à 5500 tr/mn. Et bien voilà ! Si, seulement
on s'était donné la peine avant...
Toutefois, contrairement à la 306, l'augmentation de puissance ne s'accompagnait pas
de l'adoption de la boite manuelle à 6 rapports. Le résultat n'est toutefois pas critiquable
car la prise de poids est limitée et l'étagement bien choisi. Reconnaissable à ses jantes à 5 branches, cette version "16V 167 ch" n'a vécu
que deux ans et son prix de vente élevé renvoya beaucoup d'acheteurs potentiels chez Peugeot...
PRODUCTION CITROEN ZX 16V
ZX 16V 155 ch (10/1992-10/1996) : 7 981 exemplaires
ZX 16V 167 ch (10/1996-1998) : 558 exemplaires
TOTAL : 8 539 exemplaires
CONCLUSION
La Citroën ZX 16V 150 ch a été commercialisée de 1993 à 1997
et se trouve aujourd'hui à bas prix sur le marché. Fade mais efficace et fiable,
elle joue dans la même cour que la Renault 19 16S. Elle mise sur un très bon équilibre
routier et un bon confort pour compenser une mécanique terne et une décoration
sans charme. Arrivée un peu tardivement pour remettre les pendules à l'heure,
la ZX 16V 167 ch est en revanche capable d'offrir des performances de premier ordre.
Meilleure à tous les niveaux et plus rare elle se négocie en toute logique nettement
plus cher... |