L'AUTRE
SACRE NUMERO !
Avec la 205 GTI 1.9, Peugeot avait marqué de son sceau
sa stratégie haut de gamme sportive et charismatique. Pari
réussi et dans la foulée, celle qui aurait dû
s'appeler Talbot, la 309, hérite elle aussi de la bouillante
mécanique de 130 ch. Mais la course à l'armement amène
le 2 litres 16 soupapes de 163 ch sous la capot de la 309 GTI16,
véritable icône dans le milieu des GTI sportives. C'est
pour la remplacer que Peugeot dévoile sa 306 S16
Texte :
Nicolas LISZEWSKI
Photos : D.R.
Puisque la stratégie GTI avait
bien fonctionné sur la 205, le sacré numéro
de Peugeot, le constructeur sochalien duplique la même stratégie
avec sa compacte, la Peugeot 309. Ainsi, Peugeot nous fait une petite
entrée en matière avec la 309 GTI dotée du
même moteur que la 205 GTI 1.9 et ses 130 ch. Mais à
la fin des années 90, une sportive compacte et performante
se doit de posséder une culasse multisoupapes. Peugeot installe
donc le 1.9 litres 16 soupapes de 160 ch de la 405 MI16 sous le
capot de la 309. Ainsi est commercialisée la Peugeot 309
GTI16, véritable référence dans son segment
de marché et sportive à souhait. Rétive aux
limites de son comportement, cette diablesse pêchait essentiellement
par un physique quelconque et une finition médiocre. Heureusement
que son caractère et sa sportivité prenait le dessus
UN LANCEMENT PLUS CONVENTIONNEL
La genèse de la Peugeot 309 avait été difficile,
puisque prévue au départ pour être commercialisée
sous la marque Talbot. Mais finalement, les grèves à
répétition, les errements de marketing et les ventes
en chute libre ont condamné la marque Talbot et la 309 qui
sera donc commercialisée sous la marque Peugeot pour remplacer
la 305. Avec la nouvelle Peugeot 306, Peugeot adopte une stratégie
commerciale inédite. Pour capter et ratisser au plus large,
en conservant l'esprit de la 205, sans l'enterrer définitivement,
Peugeot a donc l'idée d'une structure de gamme en Y pour
récupérer les clients 205 sans les décevoirs.
La 106 doit aller débusquer les propriétaires du modèle
mythique vers le bas de gamme et les petits gabarits (pour l'auto),
tandis que la 306 va essayer d'attirer les clients 205 haut de gamme.
Pari réussi ? Oui et non, car si au départ les résultats
se sont avérés positifs, il fallait tout de même
à Peugeot 2 modèles différents pour vendre
plus d'autos que Renault et sa Clio. Depuis, la 206 a remis les
pendules à l'heure...
CONCEPTION
Pour le design des Peugeot 306, Peugeot n'a pas voulu retomber dans
les travers de la 309. Les designers ont donc eu pour consigne de
prendre le best-seller de la marque, la Peugeot 205, comme modèle,
en la réactualisant bien-entendu. La 306 ressemble donc à
une grosse 205, avec des feux avant plus étirés et
surtout des cotes extérieures plus conséquentes. L'ensemble
est très réussi, et le design de la Peugeot 306 est
l'un de ses points forts qui contribuera à son succès
commercial. Sur les Peugeot 306 S16, est montée en série
la direction assistée. Très précise, elle contribue
à améliorer encore la précision du placement
de l'auto dans les courbes. Elle est en outre parfaitement secondée
par un train arrière autodirectionnel qui engage les roues
arrière dans l'axe de la route et réduit ainsi la
tendance au sous-virage. D'où l'amélioration sensible
de la précision des trajectoires, de l'adhérence des
trains, de la motricité, de la stabilité et du confort
de conduite. A noter que les Peugeot 306 S16 ne seront livrables
uniquement en 3 portes et seront baptisées "GTI"
en Belgique.
MOTEUR
Puisque la Peugeot 309 GTI16 avait marqué les esprits et
l'asphalte de sa bouillante mécanique, Peugeot opte alors
pour la même mécanique. Toutefois, les normes anti-pollution
sont passées par-là, et les catalyseurs sont de mise.
Et comme pour de nombreux moteurs atmosphériques multi-soupapes,
le passage au catalyseur laisse quelques traces. Ainsi, si sur le
papier le deux litres 16 soupapes développe 150 ch, la conduite
révèle un moteur pointu, peu agréable à
l'usage. L'excellent châssis n'arrange pas les choses, puisqu'il
fait encore plus regretter l'absence de moteur performant. Heureusement,
Peugeot a entendu le message des journalistes et des passionnés
avec la phase 2. En effet, à l'instar de sa cousine Citroën
ZX 16V, Peugeot opte pour un deux litres toujours à 16 soupapes
mais passablement revu. C'est désormais 167 (vrais) chevaux
qui piaffent sous son capot et il est commandé par une inédite
boîte 6 rapports qui équipera ensuite la Berlinette
Hommell. Entre la phase 1 et la phase 2, c'est en quelque sorte
Dr Jeckyl et Mr Hyde...
SUR LA ROUTE
Les Peugeot 306 S16 offrent deux visages. La S16 de 150 ch amène
un goût de trop peu, car le châssis met réellement
en lumière les lacunes du moteur. Soyons toutefois francs
et honnêtes : malgré les critiques formulées
à l'encontre de ce deux litres, il ne faudrait pas s'imaginer
que les premières Peugeot 306 S16 soient des boulets. Au
contraire, mais le moteur ne tient pas la comparaison avec l'excellent
châssis. Heureusement, lorsque Peugeot monte le 2 litres 16
soupapes de 167 ch avec la boîte 6, l'auto est transfigurée
! Le moteur tourne vite et sonne la charge à chaque accélération.
Il est réellement sportif et vivant. Avec ce moteur, on perçoit
mieux les possibilités du châssis si efficace de la
Peugeot. Un des points réellement impressionnants est l'adhérence
et la qualité du train avant. En fait, si les premières
306 S16 de 150 ch sont plus des GT que des GTI, alors que les 306
S16 de 167 ch sont de réelles sportives pures et dures. A
consommer sans modération
EVOLUTION
Peugeot commercialise dès février 1993 sa gamme 306.
Initialement disponible en variante 5 portes, il faudra attendre
l'automne pour pouvoir toucher les premières Peugeot 306
3 portes. A noter, qu'au contraire de la Peugeot 306 XSI, la 306
S16 n'est disponible qu'en 3. Dès le millésime suivant,
Peugeot étoffe sa gamme 306 avec un cabriolet, et également
une berline 4 portes avec malle arrière. Heureusement, cette
dernière version n'est pas vendue en variante XSI, ni même
S16. Détails plus importants : le hayon reçoit enfin
une poignée (cela peut vous permettre d'identifier le bon
millésime d'une auto...) et le Lion sur la calandre gagne
en surface pour mieux s'affirmer. Après avoir sorti ses griffes
durant des années, il bombe désormais le torse...
Comme souvent, plus le modèle vieilli, plus la concurrence
est active et le constructeur doit réagir. La première
réaction de Peugeot est d'enrichir l'équipement de
série sur toutes les 306, et notamment sur la S16 avec entre
autre l'Airbag conducteur enfin de série. Juste avant le
facelift de toute la gamme Peugeot 306, la S16 hérite d'un
moteur remanié en même temps que sa cousine la Citroën
ZX 16V. Avec 167 ch, il fait vite oublier son prédécesseur
qui accusait le coup du catalyseur. Et grande nouveauté pour
la Peugeot, elle profite d'une inédite boîte 6 vitesses
mécanique que n'aura jamais la Citroën ZX 16V. La deuxième
réaction de Peugeot pour redonner un coup de fouet à
ses ventes de 306 intervient en 1997 avec un facelift complet sur
tout l'extérieure de l'auto. Ainsi, la face avant est revue
avec des phares englobants les clignotants, la calandre est épurée,
et les feux arrière sont également modifiés.
L'habitacle ne subit pas de grands changements mais constate la
qualité des matériaux employés progresser,
ce qui n'était pas du luxe. A partir de 1998, Peugeot innove
encore et prend un pari sur sa gamme 306 S16 en optant pour une
structure de gamme en Y. Deux finitions sur la S16 sont ainsi proposées
: Confort ou Premium. La première joue la carte de l'allègemente
et du sport sans compromis. Dans la tendance actuelle du tout équipé,
c'est plutôt osé, mais cela marche et c'est même
payant tant sur les performances que sur les tarifs affichés
avec près de 3500 euros de moins que la Premium. Cette dernière
offre en revanche tout l'équipement presque de série
qu'attend le consommateur moderne d'une automobile récente.
La fin de vie de la 306 S16 approche, mais Peugeot enrichit encore
son équipement en 2000 d'Airbags latéraux de série,
et d'un répartiteur de freinage. En 2001, c'est fini ! La
Peugeot 307 remplace la Peugeot 306, mais la variante S16 n'a à
ce jour toujours pas été remplacée... Peut-être
avec la 307 CC WRC ?!
ACHETER UNE PEUGEOT 306 S16
Comme toujours, les sportives ne souffrent pas l'à-peu-près
en terme d'entretien. Toutefois, bonne nouvelle, les 306 sportives
sont fiables. C'est davantage la finition intérieure qui
peut vous lâcher. Alors obtenir le carnet d'entretien serait
une bonne chose, mais un bon dossier de factures et un sondage auprès
du vendeur peuvent suffire. Attention toutefois à vérifier
les remplacements de distribution et de joint de culasse. En l'absence
de réels spécialistes reconnus ou désignés
pour les Peugeot 306 S16 en occasion (elles ont désormais
déserté le réseau Peugeot), il vous faut vous
tourner vers la jungle des petites annonces. Et là, prudence
Comptez à partir de 6 500 euros pour les premières
S16 de 150 ch, et 8 500 euros pour les S16 de 167 ch. Les Peugeot
306 S16 sont des sportives réellement agréables à
l'usage. Très fiables au quotidien, elles ne devraient pas
vous laisser sur le bord de la route. Pensez à la distribution
(on l'a dit plus haut), indispensable sur des sportives, et vérifiez
le joint de culasse. N'hésitez pas à prendre rendez-vous
chez votre réparateur agréé Peugeot le plus
proche dans le cas des dernières 306 S16, pour vérifier
s'il n'y a pas de campagnes techniques (modifications après
les chaînes de montage) à effectuer. Ne lésinez
pas sur la qualité des pneumatiques montés et sur
l'efficacité des amortisseurs pour conserver l'équilibre
exceptionnel des Peugeot 306 S16. Si le temps des Peugeot rouillant
comme de la dentelle est désormais lointain, il n'est pas
rare de constater des peintures qui craquellent sur les boucliers
avant et arrière. De même, certaines Peugeot 306 avec
peinture non métallisée ayant toujours couchées
dehors peuvent se ternir. Un bon coup de polish et le tour sera
joué. L'autre avantage des Peugeot 306 S16 est que le coût
d'entretien est raisonnable (environ 200 euros minimum par révision)
et les points après-vente Peugeot sont partout sur le territoire.
CHRONOLOGIE PEUGEOT 306 S16
1993 : Le 18 février, commercialisation des Peugeot
306 5 portes. A l'automne, commercialisation des 3 portes et des
versions S16 de 150 ch.
1994 : A l'automne, commercialisation des berlines 4 portes
et des cabriolets dessinés par Pininfarina.Nouvelles calandres
avec un lion qui gagne en surface. Le hayon reçoit enfin
une poignée.
1995 : Equipement enrichi sur les Peugeot 306 S16 avec notamment
l'Airbag conducteur de série (enfin !). Hard-top disponible
en fin d'année pour les cabriolets en option.
1996 : Au printemps, la 306 S16 reçoit un moteur modifié
avec désormais 167 (vrais) chevaux, accompagné d'une
boîte manuelle 6 vitesses. Répétiteurs latéraux
sur toute la gamme.
1997 : En avril, la gamme 306 est redessinée notamment
au niveau des boucliers et de la face, avec des feux encore plus
en amande, monoblocs et englobant les clignotants. L'équipement
est enrichi sur la 306 S16.
1998 : La Peugeot 306 S16 est proposée en deux niveaux
de finition : Confort et Premium. La Premium est full options, tandis
que la Confort hérite d'une finition simplifiée et
équipement allégé. Elle est surtout, à
l'époque, affichée à 3500 euros de moins que
la Premium.
2000 : Equipement enrichi avec des Airbags latéraux
et un répartiteur de freinage montés en série.
2001 : La 307 arrive et pousse la 306 vers la sortie de chaîne.
Les 306 sportives n'existent plus, c'est la 307 XSI qui prend le
relais.
:: CONCLUSION
Il a fallu certes deux phases à Peugeot pour offrir aux sportifs
et passionnés d'autos sympas une Peugeot 306 S16 excitante.
Mais il est difficile de reprocher à Peugeot d'avoir rencontré
en même temps, comme la plupart des autres constructeurs à
devoir gérer de pair le passage au multisoupapes et au catalyseur.
Mais, avec la 306 S16 phase 2 et son deux litres de 167 ch, plein
et poumoné, Peugeot a remis la barre très haut et
s'est replacé dans le cur des sportifs. Une GTI ancienne
mode en quelque sorte, mais que c'est bon ! Surtout aux prix du
marché actuel...
CE QU'ILS
EN ONT PENSE :
"Ce tour de force
marketing permet à la 306 S16 de ne coûter que 137
000 F, ce qui n'est pas très élevé compte tenu
de ses excellentes performances et de sa tenue de route royale.
Les relances, principalement, profitent de l'étagement rapproché
des six vitesses. " Il en reste toujours sous le pied ",
comme disent les pilotes ! La S16 fait également preuve d'une
redoutable efficacité en conduite sportive : précise,
agile, se plaçant au volant et au pied lorsqu'elle est menée
à un rythme soutenu, elle exacerbe les sensations."
AUTO PLUS - HS 500 ESSAIS 1999 - Peugeot 306 S16 167 ch.
"Il n'en
reste pas moins vrai que la S16 traîne en accélérations.
Ca c'est objectif. Et pour ce qui concerne du subjectif, c'est carrément
la catastrophe : le 16 soupapes PSA ne procure effectivement aucune
sensation. D'où une grande part de sa mauvaise réputation.
Mais, sur le terrain, en Peugeot qui se respecte, la S16 possède
de quoi larguer ses rivales les plus performantes, moins bien loties
du côté des liaisons au sol. La S16 est la nouvelle
référence en matière de comportement routier.
Mieux chaussée que la XSI, déjà remarquablement
efficace, elle reçoit en outre des tarages de suspension
plus sportifs. Contrairement à la 309 assez pointue, la 306
reste toujours facile à maîtriser. Elle se montre aussi
davantage grand public que sa cousine ZX. Inattaquable !"
LE MONITEUR AUTOMOBILE - 1996 - Peugeot 306 S16 150 ch. |