© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (06/10/2008)
SPORTIVO WAGEN
En cette année 2008, les nouveautés s'enchainent à un rythme jamais vu du côté de Sant'Agata ! Après une éphémère, mais ô combien réussie, Gallardo Superleggera, Lamborghini prend tout le monde de court en présentant une évolution encore plus profonde de son taureau à succès. La LP560-4 confirme les ambitions et la santé retrouvée de cette marque jadis si souvent tourmentée dans des contextes de crises financières et économiques. L'Histoire n'est donc pas un éternel recommencement...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
Il faut saluer le remaniement industriel opéré par Audi, propriétaire actuel de Lamborghini. Jamais le petit constructeur italien n'avait été aussi rentable par le passé (avec une gamme qui ne repose que sur 2 modèles !), preuve supplémentaire de l'expertise des allemands en matière de business automobile. Enfant de gênes italiens et allemands dont on a soigneusement
extrait les meilleures qualités, la Lamborghini Gallardo est sans conteste la voiture la plus aboutie jamais fabriquée par la marque, n'en déplaise aux puristes. Même si son tempérament n'égale certes pas la bestialité primitive d'une Murciélago, il faut bien admettre que la petite Gallardo possède toutes les qualités que l'on attend d'une voiture de sport moderne. Et si son coeur est allemand, l'italienne n'a pas perdu son caractère, tout en se dotant de raffinements technologiques et d'une qualité de fabrication jusqu'alors inconnus. Des prix un peu moins élitistes, une "utilisabilité" au quotidien, la Gallardo achève donc de séduire une large clientèle en proposant des performances exceptionnelles, qualité historique majeure des Lamborghini. La Gallardo LP560-4 entend confirmer la démarche avec son nom digne d'une fiche technique : LP, pour l'implantation du moteur "Longitudinale Posteriore", 560 pour la puissance de ce dernier et 4 comme le nombre de roues motrices. D'autres questions ?
DESIGN
Le designer Luc Donckervolke, ancien responsable du Centro Stile
Lamborghini a imposé brillament la nouvelle identité visuelle des taureaux de combat de Sant'Agata. Revue par Filippo Perini, la silhouette plus acérée de la Gallardo LP560-4 virilise l'apparence du petit coupé, sans tomber dans l'excès. Nouvelles
jantes de 19", spoiler avant plus agressif et face arrière épurée, l'évolution est sensible mais contenue. Néanmoins, les ingénieurs avancent une réduction de 31% en déportance, soit 20 kg d'appui supplémentaire sur le train avant et 30 kg sur l'arrière à 320 km/h grâce à un aileron qui se déploie à partir de 120 km/h. Avec sa peinture blanche immaculée et non jaune comme le voudrait la coutume, l'italienne confirme subtilement et sans tabou sa paternité germanique. Pourtant, la Gallardo reste Bolognese, sinon de coeur, au moins d'esprit. Il suffit de comparer son style à celui d'une Audi R8, l'autre berlinette à moteur central du groupe VAG, pour comprendre la nuance. Rebelle et anticonformiste, la Gallardo LP560 dégage un charisme fou et une beauté intemporelle, là où une R8 parait surtout "très belle pour une Audi". L'impression de force et de vitesse n'est pas seulement suggérée avec la Gallardo, elle est captivante et impressionnante à la fois. A la merci d'une même logique aérodynamique implacable, le coup de crayon n'en garde pas moins le petit quelque chose en plus qui différencie un tableau de maître de celui d'un excellent faussaire. Toutefois, si la Murciélago offre encore quelque chose de plus animal, la Gallardo devient pour sa part accessible par ses proportions mesurées. On se dit que ce taureau-ci, il doit bien y avoir moyen de l'apprivoiser. C'est toute la différence avec les précédentes voitures, marquant le changement de cap important engagé par Lamborghini qui désormais ne produit plus seulement des oeuvres d'art, mais aussi de vraies automobiles...
HABITACLE
Le cockpit de la Gallardo, tout de cuir tendu, évolue très peu quant à lui. Sa qualité de fabrication et son ergonomie ne prêtaient déjà pas flanc à la critique, c'est donc sans surprise que l'on retrouve cet habitacle aux standards allemands, c'est à dire bien supérieurs à ce que l'on a l'habitude de voir en Italie. C'est plus "froid" que dans une Aston Martin V8, surtout en noir, mais les matériaux sont tous de qualité, de même que les assemblages. Il ne tient ensuite qu'à vous d'égayer tout ça avec du cuir coloré via le département Ad Personam. Autre point de satisfaction, la liste des équipements de série ne se résume pas au porte-gobelet. Les nouveaux phares bi-Xenon avec feux diurnes à LED sont ainsi livrés en série, tout comme la clim bi-zone ou le système multi-media avec port USB. La longue tradition allemande des options reste bien sûr de mise mais se concentre sur des équipements "premium" : jantes, peinture métalisée, GPS, TV, téléphone, set de bagages, sièges électriques chauffants, freins céramiques, boîte séquentielle ou encore le soulevement de l'avant de la voiture pour les dos d'ânes. Une rationnalisation industrielle qui laisse plus de place au programme d'individualisation, fortement générateur de marges. Pour le reste, on retrouve avec bonheur une position de conduite quasiment parfaite, assurée par les superbes baquets Recaro, ainsi qu'une visibilité bien meilleure que dans la Murciélago.
MOTEUR
Le moteur
installé en position centrale arrière badgé Lamborghini reçoit lui aussi son lot d'évolutions. La technologie et l'innovation étant au centre de la philosophie Audi, il aurait été surprenant qu'une voiture aussi élitiste que la Gallardo se laisse distancer sur ce point. Le désormais fameux V10 à 90°, ouverture favorable à l'abaissement du centre de gravité avec le carter sec, gagne donc 30 ch et quelques centimètres-cubes par rapport à sa dernière évolution sur la Superleggera. Remodelé à 5L2 par élargissement de l'alésage, le V10 a vraiment été revu en profondeur (vilebrequin, pistons, etc.) pour déployer une puissance maxi de 560 ch perchée à 8000 tr/mn, soit un rendement spécifique supérieur à 107 ch/L. Le couple n'est pas en reste puisque pas moins de 540 Nm s'offrent à 6500 tr/mn. Optimisé par l'adoption de l'injection directe et le calage variable, le rapport volumétrique grimpe à 12,5:1, abaissant dans le même temps la consommation et les émissions de co2 de 18% ! Toujours pas de quoi se faire des amis chez les écolos, mais le geste est à souligner. On se réjouit également des évolutions apportées à la boîte séquentielle e-gear, option retenue par 90% des clients Gallardo. Certes pas au niveau de rapidité d'une F1 Superfast2 Ferrari, cette transmission robotisée présente des temps de passage ramenés à 120 ms en mode Corsa, soit une baisse de 40%. Elle pèse aussi 12,8 kg de moins que l'ancienne, c'est toujours ça de gagné, et influe sur la nervosité du moteur. Le nouveau soft de gestion électronique réduit significativement les à-coups lorsqu'on enquille les rapports sans décrocher le pied droit du plancher. Presque étouffé au ralenti par les contraintes anti-bruit, le V10 dévoile sa vraie nature une fois lâché en liberté. Les hurlements et les montées virulentes à plus de 8000 tr/mn glacent le sang ! L'addiction est quasiment instantanée et délicieusement irrésistible (au contraire de l'addition, salée...). Et l'on se convainc une fois de plus de la beauté inégalable des moteurs atmosphériques, surtout de ce calibre là.
CHASSIS
Si l'usine se targue d'un poids en baisse de 20 kg par rapport à la précédente Gallardo, elle oublie de mentionner la Superleggera, qui pesait pas loin de 100 kg de moins que la LP560-4. Sujet tabou donc, avec 1500 kilos en ordre de marche la dernière Lamborghini marque le pas, plus proche du régime choucroute de Zuffenhausen (997 GT2) que des spaghettis light de Maranello (F430 Scuderia). Bon, cet aparté écarté, il n'en demeure pas moins que ça envoie sévèrement ! La LP560 se hisse quasiment au niveau de perfs de sa grande soeur Murciélago (avant qu'elle devienne LP640). 0 à 100 en 3"7, 0 à 200 en 11"8, ça défile dangereusement ! Ca freine aussi, surtout avec la coûteuse option freins carbone-céramique (dont les disques avant passent à 380 x 38mm) : la Gallardo LP560 s'impose sur l'exercice du 0-160-0, en 12"4, devant les F430 Scuderia et Porsche GT2, lors d'un test réalisé par nos confrères du magazine EVO. Le train avant offre un mordant saisissant, les 53% du poids se trouvant derrière faisant le reste pour enrouler promptement et désormais sans frayeur au lever de pied en appui. Avec ses quatre roues motrices et ses gros gommards Pirelli la Gallardo s'agrippe férocement au tarmac et les grandes courbes rapides ne sont qu'une simple formalité. La redéfinition des suspension modifie sensiblement le comportement. La cinématique des doubles triangulations a été optimisée pendant que les amortisseurs sont calibrés plus "serré. De nouveaux roulements et de nouveaux bras sur le train arrière complètent le set-up châssis de la Lamborghini Gallardo LP560-4. La répartition du couple à 70% sur l'arrière et un ESP plus tolérant aux acrobaties en mode Corsa permettent de s'autoriser de légères dérives. On peut ensuite accélérer très tôt une fois le point de corde franchit, la transmission gérant la motricité idéale, secondée si nécessaire par le différentiel à glissement limité.
:: CONCLUSION
Plus que jamais, il apparaît que Lamborghini possède les atouts pour chasser sur les terres de Ferrari et Porsche. La Gallardo LP560-4 s'impose de fait comme la synthèse presque parfaite de tout ce qu'on peut attendre d'une vraie super sportive badgée Lamborghini, et d'une bonne GT, à l'aise aussi bien en ville que sur un circuit. Son prix ne la met pas à la portée de tous, mais ses performances ahurissantes ont longtemps été l'apanage de supercars bien plus coûteuses à l'achat et en entretien. Démocratisation d'une certaine manière d'aborder la voiture de sport, la Gallardo a objectivement très très peu de défauts. N'est-ce d'ailleurs pas son principal défaut justement ? Peut-être, mais il y a de quoi s'en accomoder...
CE QU'EN PENSENT NOS CONFRERES :
"Mais la force de cette nouvelle Gallardo, c'est non seulement ce mode Corsa qui n'existait pas précédemment, mais aussi cette capacité à rouler tout en souplesse sur les autres modes. La configuration la plus civilisée consiste à rouler en mode Normal avec la sélection automatique des rapports, l'automatisme pouvant s'appliquer à tous le smodes, hormis le Corsa. Mais ce dernier aiguise d'autant plus votre appétit de conduite sportive qu'il agit également sur l'ESP, lequel autorise alors de très agrébales glissades des quatre roues tout en continuant à veiller au grain, sans oublier les vocalises du moteur qui sonnent la charge d'un ton encore plus rageur.."
AUTOMOBILES CLASSIQUES - SEPTEMBRE 2008 - ESSAI LAMBORGHINI GALLARDO LP560-4
"Le problème de la LP560 réside dans ses freins carbone-céramique au ressenti catastrophique. Si on appuie fortement sur la pédale il n'y a aucun problème, mais une légère pression se solde par une absence de réaction, suivie par une décélération démentielle si par panique on appuie plus fort. Horrible ! Au final, force est d'admettre que les deux voitures sont brillantes, ce qui rend le choix encore plus difficile. Mais en fin de compte, Henri et moi pensons que, dans le vrai monde, où les 200 km/h ne s'atteignent pas tous les jours sur des routes de campagne, la LP560 sera la voiture la plus satisfaisante. peut-être pas aussi saisissante que la Scuderia, mais pas loin non plus. "
EVO - SEPTEMBRE 2008 - MATCH LAMBORGHINI GALLARDO LP560-4 / PORSCHE 997 GT2
"La Gallardo LP560-4 a les défauts de ses qualités. Belle et rebelle, elle entretient un certain culte de la personnalité qui la rend à la fois délicieuse et exigeante à vivre. La fureur de sa mécanique n'a de limite que la brutalité de sa boîte de vitesses. le caractère bien trempé de cette Lamborghini éveille les sens et l'enthousiasme grâce ensuite à une finition exemplaire et un châssis enfin domestiqué. Lambo progresse sans sacrifier son ADN. Bravo. "
MOTORSPORT - JUIN 2008 - ESSAI LAMBORGHINI GALLARDO LP560-4 |