© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (12/09/2008)
LA PLUS BELLE POUR ALLER DANSER
Acclamée à sa présentation au salon de Genève 2005, la petite Aston Martin a sonné comme un nouveau départ pour la firme de Gaydon, habituée jusqu'alors à produire des automobiles à très petite cadence. Avec un succès commercial planétaire, la V8 Vantage n'a pour ainsi dire pris aucune ride en 3 ans mais sur un marché très dynamique, il ne fallait pas prendre le risque de se laisser distancer. Subtilement amélioré et peaufiné, le best seller gagne dans sa version 4L7 encore un peu de charisme, histoire de faire définitivement chavirer nos coeurs...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
Une petite Aston Martin, je crois que nous en rêvions tous secrètement. Habitués à voir se succéder des supercars intouchables, il faut se souvenir quel choc a été le lancement d'une Aston Martin relativement "abordable". La V8 Vantage entrait alors directement en concurrence avec le coupé référence en la matière : la Porsche 911, mais aussi avec une autre belle anglaise, la Jaguar XK ou des challengers plus récentes telles que la Lamborghini Gallardo et la Maserati Granturismo qui introduisent toutes de nouvelles versions en cette rentrée 2008. La catégorie des GT à 100.000 euros est donc en pleine émulation depuis quelques années, avec l'arrivée dans le bal de constructeurs généralistes tels que BMW avec sa M6 et Audi avec sa redoutable R8. Sans doute conscients de l'avantage d'Aston en termes d'image de marque, les nouveaux responsables de la marque ont eu la bonne idée de ne pas se reposer sur leurs lauriers comme cela avait été trop souvent le cas par le passé, causant bien des difficultés financières à une marque peinant à se renouveler.
C'est en effet le 12 mars 2007 qu'une nouvelle page s'est tournée pour Aston Martin. Le groupe Ford, en difficultés financières à son tour, a dû vendre la marque au sommet de sa forme (plus de 10.000 ventes pour la V8 !) pour en retirer un maximum de capitaux. C'est donc un consortium mené par David Richards (patron de la célèbre écurie Prodrive), John Sinders et deux sociétés koweïtiennes qui a pris le contrôle de la destinée d'Aston Martin. Ce dynamisme nouveau se traduit aujourd'hui par la première évolution du modèle à succès, la V8 Vantage 4L7, orchestrée par le Dr Ulrich Bez patron de la marque.
DESIGN
Etant donné la réussite incontestable du dessin original de la V8 Vantage signé du danois Henrik Fisker, il semblait quasiment impossible d'envisager un "face-lift", comme il se pratique couramment. Une Aston Martin se devant de cultiver son intemporalité, les retouches esthétiques extérieures se sont donc concentrées sur des accessoires : les nouvelles jantes de 19 pouces. Les, car il y a en effet un catalogue entier de nouvelles jantes au choix. Voilà qui est parfait, il n'y avait de fait rien d'autre à modifier sur cette beauté aux proportions quasiment parfaites et dont l'effet visuel est toujours aussi irrésistiblement séducteur. Quelle voiture !
HABITACLE
A l'intérieur, l'évolution est plus notable, avec une console centrale revue dans l'esprit DB9 et DBS. On apprécie, tout autant que la position de conduite impeccable, l'ambiance intérieure inimitable dont la finition et le montage à la main est remarquable. A noter également, la nouvelle clé (ECU) en verre et inox poli, piquée à la DBS, et le système de navigation à disque dur, plus moderne.
MOTEUR
Sous une apparence presque inchangée, la petite Aston Martin cache en réalité beaucoup plus de changements qu'il n'y parait. Tout d'abord, son V8 fait peau neuve, avec une nouvelle cylindrée élargie à 4.7 litres par augmentation de la course et de l'alésage qui ont désormais exactement les mêmes cotes : 91 mm. Collecteur d'admission, culasses, pistons, chemises et vilebrequin sont nouveaux, de même que le système de lubrification par carter sec. Il résulte de l'opération une puissance en hausse de 11%, soit 420 équidés à l'appel des 7000 tr/mn. Le couple évolue plus encore pour se percher à 470 Nm (+15%), procurant au V8 une aisance particulièrement améliorée à mi-régime. D'autant que le poids n'en a pas trop souffert, fleurtant désormais juste au-dessus de la barre des 1600 Kg. On regrette juste qu'Aston n'ait pas profité de l'opération pour suivre la tendance "régime" et grappiller quelques kilos ici ou là. Néanmoins, le 0 à 100 est envoyé en 4,8 secondes pour une vitesse de pointe de 288 km/h, avec une poussée franche et linéaire du ralenti jusqu'en zone rouge, mêlée d'une sonorité encore plus noble qu'auparavant. Cerise sur le pudding, la consommation moyenne fait état d'un recul notable, tombant de 15 à 13,8 L/100 pour des émissions de Co2 en baisse de 30g/km, soit 328g/km, notamment grâce à la gestion avancée de la nouvelle boîte Sportshift. La traditionnelle boîte 6 manuelle reste au catalogue mais la demande pour le système semi-automatisé devrait se faire de plus en plus pressante vu que celui-ci démontre des aptitudes sportives en net progrès (maintien du rapport engagé, en courbe ou en descente notamment), tout comme sa douceur en conduite "confort". On est pas encore au niveau d'une séquentielle Ferrari, mais ça viendra peut-être doute un jour...
CHASSIS
L'installation récente du nouveau centre technique d'Aston Martin près de la boucle Nord du Nurburgring est sans doute à interpréter comme un signe fort des orientations de la marque en matière de tenue de route. On avait d'ailleurs senti le vent tourner avec la V8 N24. A l'issue de nombreux kilomètres de tests, quelques optimisations de trains roulants et un tout nouveau "pack sport" comprenant un ensemble de modifications qui vont dans le même sens ont été retenus. Les ancrages et bras de suspensions ont été revus, les silent-blocs changés et additionnellement, les amortisseurs Bilstein sont raffermis de 11% à l'avant et 5% à l'arrière. La géométrie de la direction a également été améliorée de manière à offrir un meilleur feeling et une meilleure réactivité. En complément du pack sport, la belle anglaise peut enfiler 4 jantes allégées au maximum et réduisant les masses non suspendues au profit de la précision de conduite. Vraiment très plaisante à mener, l'Aston se faufile désormais plus efficacement sur ses appuis et accuse moins le coup face à la 911 si on s'aventure sur l'asphalte d'un circuit. Bien sûr, les kilos restent là et le freinage montrera d'autant plus rapidement ses limites que les disques en carbone-céramique ne sont toujours pas au programme. Mais l'évolution est franchement très positive. Allez, encore un effort et ce sera parfait !
V8 VANTAGE ROADSTER
Il parait qu'une Aston Martin ne se déguste jamais mieux qu'en version "Volante". Et bien qu'elle s'appelle plus classiquement "Roadster", il faut reconnaître que la petite Aston V8 Vantage ne manque pas de sex appeal dans sa version découvrable, avec capote en toile "of course". Toute aussi sublime que le coupé, elle s'encombre cependant de 80 kilos supplémentaires, qui se ressentent à peine sur les performances mais qui alourdissent également la facture de quelques 11.000 euros. Le prix d'un superbe sèche-cheveux...
:: CONCLUSION
Avec le patron de Prodrive aux manettes, il aurait été surprenant qu'Aston Martin ne reprenne pas la direction de la sportivité, comme cela a pu être le cas dans son histoire. Cohérente avec l'engagement sportif de la marque, il semble que désormais, l'anglaise ne soit plus seulement la plus belle pour aller danser sur l'asphalte, mais qu'elle puisse également donner bien du plaisir au volant avec une efficacité accrue. Alors, à quand une version allégée ?
CE QU'EN PENSENT NOS CONFRERES :
"Hormis le poids, Aston a rectifié pour ainsi dire tous les petits défauts de la Vantage et lui offre les moyens de garder la tête haute face aux références du Grand Tourisme. La musicalité inédite de son V8, le brio de son comportement font définitivement de cette anglaise autre chose que la plus belle gravure de mode de sa génération."
MOTORSPORT MAGAZINE - JUIN 2008 - ESSAI ASTON MARTIN V8 VANTAGE 4.7. |