LA
MEILLEURE OFFRE DU MOMENT ?
Depuis 2006, le CLK ensorcelé
par AMG a profité du nouveau V8 6,2 litres atmosphérique. Un choix
technique qui permet à cet élégant et discret coupé
d'être motorisé par un chef d'uvre mécanique et de lui
offrir encore plus d'âme. Mais en passant de 367 à 481 ch, le CLK
63 AMG affiché à 100 000 euros se présente donc comme l'affaire
du moment surtout comparé à la concurrence directe. C'est rare qu'à
Stuttgart les autos soient bon marché, mais malheureusement le CLK connaît
une carrière très discrète. Vous avez dit injuste ?...
Texte : Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Lorsque la nouvelle génération
de CLK W209 avait été dévoilée
en 2002, le style mis en avant affichait clairement un retour à la tendance
plus bourgeoise que sportive dans la coupe. Le CLK W208 avait donc vécu, et Mercedes-Benz a souhaité un retour au style
des anciens coupés CE W124. Un choix en effet logique eut égard
de l'image et la clientèle du constructeur à l'étoile. Honda
avait bien fait ce choix également du retour en arrière avec son
coupé Prelude. Il faut reconnaître que le résultat est à
la hauteur des espérances avec une ligne très élégante
et aboutie, mariant discrétion et bon goût. AMG s'était chargé
de viriliser quelque peu la ligne et avait opté pour le V8 5,5 litres atmosphérique
de 367 ch. Ainsi gréé, ce coupé bourgeois se muait en sportive
habillée d'un smoking, capable de rouler confortablement au quotidien et
d'un seul coup d'accélérateur se catapulter parmi les meilleures
sportives de la planète en performances pures. Mais cela ne semblait pas
suffisant. Mercedes-Benz a donc opéré un
léger face-lift sur son coupé fétiche, et AMG a troqué
l'ancien V8 contre le nouveau inauguré sur les CL
63 AMG et S 63 AMG. Résultat ? 481 ch sur les seules roues arrière
et une personnalité à se damner
Mais qui le sait ?
DESIGN
Les modifications esthétiques opérées sur le CLK 63 AMG restent
discrètes. Le bouclier avant reprend le dessin des modèles SL 65
AMG, les jantes optent pour le dessin des autres AMG motorisées par ce
V8 6,2 litres. Pour ceux qui confondraient ce coupé sportif avec ses congénères
" cédéhi ", d'autres indices vous aident à ne pas
vexer l'heureux propriétaire d'un tel bolide : becquet arrière sur
la malle de coffre, deux double sorties d'échappement et bas de caisse
personnalisés. Souvent vendues en gris argent ou en noir, les CLK
63 AMG conservent donc leur silhouette élégante, mais leurs
attributs sportifs ajoutent un aspect plus puissant. Racé en quelque sorte.
A BORD DU CLK 63
L'habitacle reste fidèle aux autres modèles de la gamme même
si tout est mieux présenté, fini et richement doté. Le cuir
est tendu et plus souple, les logos AMG sont disséminés des sièges
aux compteurs (dont la richesse est bien peu évocatrice sur un modèle
de ce rang) sans oublier les seuils de portes. Reprenant la finition Avantgarde
les placages sont façon alu. Seule déception, que le volant conserve
un dessin identique aux autres modèles et sans sigle AMG
Dans les
bonnes nouvelles, les boutons peu pratiques et intuitifs pour commander les rapports
de la boîte automatique sont remplacés par des palettes à
l'image des boîtes F1 ou Cambiocorsa chez leurs rivales italiennes. A noter
que les deux places arrière sont réelles et même des adultes
pas trop costauds peuvent s'y installer. C'est plus l'accès auxdites places
qui est compliqué.
CHEVEUX
AU VENT...
Le CLK 63 AMG est toujours disponible comme son prédécesseur
en variante cabriolet quatre places. Il se positionne ainsi en rivale directe
de la BMW M3 cabriolet, mais à un tarif nettement supérieur, et
face à l'Audi S4 cabriolet, mais avec des performances d'un autre niveau.
Au programme, toujours une ligne discrète et élégante, une
capote en toile de qualité et le V8 6,2 litres atmosphérique qui
ne cesse de vous flatter les tympans, surtout décapoté...
MOTEUR
Chez AMG on ne fait pas dans la dentelle. Lorsque le "tuteur" Mercedes-Benz
laisse un peu les coudées franches les ingénieurs motoristes d'Affalterbach
peuvent enfin revenir à leurs premiers amours. Pour avoir de la puissance
et du confort de conduite, rien ne vaut en effet une cylindrée copieuse.
Ici, c'est la tendance "big bloc" façon Muscle cars américains
de la belle époque avec un V8 de 6,2 litres. Pas moins ! Ses cotes ont
de quoi laisser perplexe et abasourdi tant on devine le diamètre de chaque
piston. Pas de doute, à chaque mouvement c'est le tonnerre qui se déchaîne...
Si on avait pu craindre un caractère à l'américaine, comprenez
très coupleux mais ne prenant pas de tours, il n'en est rien ici avec un
régime maxi à près de 8 000 tr/mn, ce qui est une réelle
prouesse pour une mécanique de cette cylindrée. On devine le travail
d'allègement et de matériaux renforcés pour l'équipage
mobile qui doit subir d'énormes contraintes. Stuttgart annonce 481 ch à
6800 tr/mn et un couple de 64,2 mkg à 5000 tr/mn. C'est bien simple lorsque
l'on essaie de positionner le CLK 63 AMG, côté carrosserie on est
plus dans la catégorie BMW M3, future Audi S5, mais côté chiffres
purs, c'est avant tout des GT de première classe comme les 911 Turbo ou
les Maserati Grantourismo qu'il faut aller chercher. Les performances sont époustouflantes
avec un 0 à 100 km/h en 4,6 secondes et une vitesse de pointe toujours
auto-limitée à 250 km/h. Mais plus que les accélérations
pures, ce sont les reprises qui donnent le plus de frissons. Après un petit
cruising tranquille et la boîte auto 7G-Tronic en mode "drive"
qui s'est alors calé sur un rapport long, on écrase sans retenue
la pédale des gaz pour s'offrir un kick-down d'anthologie. Après
une très court temps de réponse pour laisser le convertisseur encaisser
le couple maxi, le V8 se met à tonner grave au départ et de plus
en plus aigu à mesure que les tours moteurs augmentent. Plaqué dans
le siège, les mains bien cramponnées au volant, on a le cerveau
qui a déconnecté de la réalité. Le roi du bitume à
cet instant précis, c'est vous ! Si vous êtes un accroc de la commande
manuelle des vitesses, de nouvelles palettes plus pratiques et ergonomiques sont
situées derrière le volant permettant de piloter la boîte.
Si le compromis est excellent, on reste loin de l'agrément sportif d'une
boîte F1 Ferrari ou d'une boîte mécanique.
CHASSIS
AMG et Mercedes-Benz ont poussé encore plus loin l'optimisation du châssis
du CLK 63 AMG. Alors que sur la C63 AMG l'option fermeté et efficacité
a ét éprivilégiée, le CLK 63 AMG a conservé
un compromis sport/confort qui convient bien à l'état d'esprit qui
se dégage de cet élégant coupé. Très équilibré,
il sera rare (et déraisonnable) d'atteindre les limites de ce châssis
sur route ouverte tant l'équilibre ne peut être pris en défaut.
Et si jamais vous souhaitiez faire el zouave, le gendarme électronique
veille ! Avec son ESP non déconnectable (il reste en veille), l'ASR, le
BAS, l'ABS et tout le toutim, il n'est pas possible de faire grand chose car tout
est là pour vous remettre sur le droit chemin. Un choix discutable pour
une voiture de sport mais pas totalement dénué de sens tant on se
retrouve vite à des allures inavouables... sans s'en rendre compte ! Les
sensations de vitesses sont un peu gommées en effet rapprochant ainsi de
l'esprit GT. Le poids de près de 1,8 tonnes n'ajoute pas à la vivacité
de l'ensemble, même si les trains roulants généreusement chaussées
font très bonne impression. Plus une adepte tout de même des courbes
rapides que des petites routes de Corse. Pour ralentir la bête, des freins
à disques copieux pincés par des étriers virils et puissants.
::
CONCLUSION
Une ligne toujours aussi séduisante, une discrétion
qui fait sa force et sa polyvalence, une présentation et finition intérieure
de haute volée cachent avec distinction cette supercar qui sommeille en
elle. Avec ce V8 6,2 litres de 481 ch, le CLK 63 AMG vient de pénétrer
d'un autre monde en matière de performances et de noblesse. Malheureusement
son positionnement ambigu (plus chère qu'une M3, aussi performante et moins
chère qu'une 911 Turbo) le CLK 63 AMG se présente donc comme une
affaire à condition de le savoir et de l'envisager dans sa "shopping
list" au moment de l'achat...
CE
QU'ILS EN ONT PENSE :
"Moins radical qu'une BMW M3 pour une homogénéité
comparable, le CLK 63 AMG comblera certainement ceux pour qui sport et confort
ne sont pas des valeurs antinomiques. Des clients séduits par la soudaineté
avec laquelle le V8 atmosphérique est capable de répliquer à
toute sollicitation musclée, et peu regardante envers cet excès
d'automatismes concernant à la fois la transmission et le contrôle
de trajectoire ESP."
Motorsport - Juin/Juillet 2006 - Mercedes-Benz
CLK 63 AMG - Jorge Clavell. |