MERCEDES-BENZ SLC 43 AMG (2016 - )
Icône du 2 en 1
Le SLK est mort, vive le SLC ! Pour le moment, à défaut d'une « vraie » motorisation AMG, le nouveau roadster de l'étoile se voit proposer celle de la gamme AMG Sport. Mais en embarquant un V6 bi-turbo de 367 chevaux, a-t-il vraiment besoin de plus ? Pas sûr…
Texte :
Maxime JOLY
Photos : Sébastien DUPUIS
Après avoir essayé le gigantesque AMG GLE Coupé 63 S, nous passons au modèle le plus petit de la gamme, j'ai nommé le SLC qui remplace le SLK R172. Après 20 ans de carrière, ce changement de nom fait suite à la refonte des appellations chez Mercedes et, par chance, n'a pas d'influence sur la philosophie du premier coupé-cabriolet de l'ère moderne…
PRESENTATION
La preuve que ce SLC 43 AMG ne prend pas la place du précédent SLK 55 AMG est que ce modèle est beaucoup moins cher. La R172 AMG débutait à 87.900 €, ce qui est davantage que le prix de notre modèle d'essai équipé de près de 18.000 € d'options ! Les tarifs sont élevés mais le roadster Mercedes reste mieux placé qu'une Alfa Romeo 4C Spider, dépourvue d'une telle mécanique et devant se contenter d'un simple targa démontable manuellement.
Le concept du coupé-cabriolet, introduit par la première génération du SLK en 1996, est de fait renouvelé. Pourtant, et bien qu'ayant fait les belles heures des constructeurs, ils sont de plus en plus à s'en désintéresser. BMW vient d'annoncer l'arrêt de la production du Z4 E89 tandis que l'Audi TT roadster troisième génération reste fidèle à la toile tout comme la Porsche Boxster/718. Mercedes retrouve donc l'exclusivité de son concept et les adeptes du genre apprécieront sans doute.
Le restylage opéré par petites touches sur le SLC améliore subtilement le SLK III dont il conserve néamoins toute la structure. Ce n'était pas évident de s'en rendre compte sur les photos officielles, parfois peu flatteuses. En vrai, cela passe beaucoup mieux, spécialement avec le kit carrosserie AMG (grille de calandre diamant chromée à lamelle en finition noir brillant, pare-chocs spécifiques, spoiler arrière et quatre sorties d'échappement).
HABITACLE
L'intérieur du nouveau SLC est de très grande qualité. Le seul manque de goût vise les pare-soleils, en plastique dur, comme dans la dernière MX-5. A part ça, c'est un sans-faute. La capacité du coffre est égale à elle-même. Autrement dit, la contenance est correcte en coupé mais vire, une fois décapoté, au ridicule (à peu près semblable à ce que propose l'Alfa 4C Spider).
Spécifiquement à la version 43 AMG, l'habitacle reçoit un combiné d'instruments façon drapeau à damier gradué jusqu'à 280 km/h, un volant sport multifonctions en cuir Nappa avec perforations dans la zone de préhension, méplat dans la partie inférieure et surpiqûres contrastées rouges et une très belle sellerie en cuir Nappa/microfibre DINAMICA noire avec capitonnage sport, passepoils et surpiqûres décoratives rouges et contre-portes spécifiques. On retrouve la couleur rouge sur les ceintures de sécurité qui égayent judicieusement un habitacle par ailleurs dominé par le noir et le gris argent.
MOTEUR
En motorisant le nouveau SL 63 AMG avec le 5.5L bi-turbo (celui des Classe E et GLE), AMG se laisse la possibilité de monter, à l'avenir, le nouveau V8 4.0L de la C 63 dans le SLC. Pour l'instant, place est faite au récent V6 3.0 litres bi-turbo que nous avions essayé il y a quelques semaines dans la C450 AMG Sport. Plus que sa puissance (déjà coquette avec 367 chevaux annoncés), c'est son couple qui interpelle le plus. En sortant 520 Nm, il n'en concède que 20 au V8 5.5 atmosphérique. Et encore, le couple maximal est atteint dès 2.000 tr/min… Extrêmement souple, le V6 ne rechigne pas à prendre des régimes de rotation très faibles. Il accepte, à l'inverse, volontiers de dépasser les 6.000 tr/min, certes de façon très linéaire comme tout bon bloc moderne qui se respecte. Cela se traduit par des performances fantastiques comme en atteste le 0 à 100 km/h abattu en 4,7 secondes. C'est seulement un dixième de plus que sur la R172 AMG pour 2 de mieux que la R171 55 AMG (pourvue du « vieux » 5.4 litres).
Côté transmission, nous découvrons la 9G-Tronic. 9 comme neuf rapports, vous ne rêvez pas. Cette boîte automatique mérite des louanges sur tous les tableaux. Sa gestion est excellente (sauf en Sport+), elle s'adapte à votre conduite, en plus de se montrer extrêmement rapide. Mais, par-dessus tout, elle participe à la sobriété du moulin et gère le lever de pied pour se mettre en neutre lorsque cela s'avère possible, en mode Eco (la 7G le faisait déjà, cependant). Mode économique qui s'avère plus que suffisant sur un trajet autoroutier compte tenu de la cavalerie disponible. Le résultat est bluffant puisque l'ordinateur de bord indique une consommation moyenne de 7,8 l/100 km sur le trajet. Sur la globalité de l'essai, nous n'avons pas dépassé les 10,5 litres. A comparer aux 13 L/100 km de la Jaguar F-Type V6 Roadster, pourtant moins puissante.
Pour quiconque souhaiterait acquérir un V6 sans aller jusque cette version, le 400 n'est malheureusement pas disponible sur le SLC car réservé au SL. On passe donc directement du SLC 300 en 2 litres turbo au 43 AMG.
SUR LA ROUTE
Contrairement aux autres 43 AMG (et C450 AMG Sport), le SLC se dispense de toute transmission intégrale. Et c'est tant mieux ! Pour le poids et pour le sport. Car de sport il en est réellement question ici. Une très bonne surprise à laquelle on ne s'attendait pas forcément avouons-le. Pensant avoir entre les mains un roadster relativement sage, orienté balade… eh bien pas du tout ! Du moins, selon le mode activé via le RIDE CONTROL AMG en option qui permet de personnaliser encore les réglages de l'amortissement, chaque roue étant pilotée individuellement par électronique.
Plusieurs programmes sont disponibles : Individual où le conducteur configure la voiture à son envie, l'Eco, le Comfort, le Sport et le Sport+. L'Eco, j'en ai parlé dans le précédent paragraphe. Le Comfort est, finalement, sans grand intérêt car, selon les routes, il se révèle en réalité trop sautillant pour se montrer réellement confortable. C'est donc en Sport que le SLC est le plus homogène et agréable.
L'amortissement est de qualité, le niveau sonore est correct, ni trop peu ni trop tout court. Pour envoyer les décibels, il faut enclencher le Sport+. L'échappement crache alors tout ce qu'il peut du V6. C'est assez marrant au début mais trop artificiel. Au final ça n'a pas la richesse de timbre ni le rendu excitant d'une Jaguar F-Type et son V6 à compresseur qui crépite à l'échappement. De plus, il faut impérativement verrouiller le mode manuel de la boîte car la gestion devient trop capricieuse.
Les essieux avant et arrière spécifiques sont dotés d'une nouvelle élastocinématique et le berceau est plus ferme pour le moteur et le différentiel arrière. Cette architecture se traduit par un comportement plus agile et permet par ailleurs des vitesses élevées en courbe. Le châssis et le comportement sont très équilibrés et les virages s'avalent sans l'ombre d'une hésitation. Proposé en option, le différentiel autobloquant mécanique AMG améliore la motricité et la maniabilité en conduite sportive. Précisons à ce sujet que l'ESP peut être totalement déconnecté. Hérité de la berline C 43 AMG, le freinage généreusement dimensionné assume parfaitement sa tâche.
Rouler cheveux au vent dans la Mercedes SLC est un plaisir du fait de l'absence de remous d'air désagréables. En revanche, un reproche et ceci quel que soit le mode choisi : la direction paramétrique distille un ressenti trop artificiel. Dommage car c'était sinon le sans faute pour celle qui reste une véritable voiture plaisir.
En résumé, le mode Eco réussit la prouesse d'obtenir une consommation exceptionnellement basse lorsqu'une conduite coulée vous suffit et, au moment de s'énerver davantage, le mode Sport ou Sport+ est la meilleure alternative. On obtient donc au choix un coupé énervé ou un roadster décontracté, le meilleur des deux mondes…
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
MERCEDES-BENZ SLC 43 AMG
MOTEURType : 6 cylindres en V à 60°, 24 soupapes avec double calage variable continu
Position : longitudinal AV
Alimentation : Injection directe + 2 turbocompresseurs (1,1 bars) avec échangeur
Cylindrée (cm3) : 2996
Alésage x course (mm) : 88 x 82,1
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn) : 367 de 5500 à 6000
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 520 de 2000 à 4750
TRANSMISSION
AR
Boîte de vitesses (rapports) : automatique (9) 9G-Tronic
ROUES
Freins Av-Ar (Ø mm) : disques ventilés perforés (360) - disques ventilés (320) + ABS
Pneus Av-Ar : 235/40 - 255/35 ZR 18
POIDS
Donnée constructeur (kg) : 1520
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 4,1
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 250
0 - 100 km/h : 4"7
CONSOMMATION
Moyenne cycle mixte (L/100 km) : 7.8
Moyenne de l'essai (L/100 km) : 10.5
CO2 (g/km) : 178
PRIX NEUF (01/2016) : 66.300 €
PUISSANCE FISCALE : 25 CV
CONCLUSION
:-) Concept "CC" toujours pertinent Châssis équilibré Performances Confort et sportivité Maintien des sièges Excellente boîte Consommation |
:-( Sonorité caricaturale Direction perfectible Taille du coffre (en roadster) Tarifs / options |
La Mercedes SLC 43 AMG est une excellente surprise et figure, pour le moment, parmi nos essais coups de cœur de l'année 2016. Polyvalent, bien assemblé et plutôt joli, il n'oublie pas d'associer performances et sobriété quand nécessaire. Dommage que la direction manque toujours un peu de naturel et qu'il faille débourser autant pour échapper aux quatre cylindres…