LE
PRIX DE L'INDEPENDANCE
Pas facile pour les petits artisans de survivre.
PGO après être passé près de la sortie semblerait aller
mieux, tant que ses actionnaires du moyen-orient acceptent de poursuivre le développement
de la marque. Si la version 180 ch Cevennes ne verra jamais le jour avec cette
mécanique (sacrés contraintes l'homologation !), la Cevennes est
désormais au catalogue, mais plus comme une finition et présentation
différente que comme une variante plus ultime...
Texte : Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Chez PGO,
les rebondissements sont nombreux. Pas évident de survivre pour les petits
dans la jungle des constructeurs automobiles mondialistes. Après s'être
attiré les foudres de Porsche avec la
réplique fidèle et de qualité de la 356, PGO a donc du se
recentrer sur son évocation de 356 moderne avec la Speedster II commercialisée
depuis 2003. Après un passage au tribunal de commerce pour cause de comptes
déficitaires, ce sont des actionnaires en provenance du Koweit qui sont
aux commandes du petit constructeur français, avec de grandes ambitions
avouées, à commencer par des exportations plus conséquentes,
le marché français seul ne pouvant permettre une rentabilité
pour la marque. Après nous avoir fait patienter quelques années
avec une Cévennes annoncée à 180
ch en reprenant le moteur de la 206 RC, c'est
finalement "juste" une finition/présentation Cévennes
qui sera commercialisée, faute de temps et d'argent pour homologuer un
nouveau moteur. Pas si grave finalement car les motivations d'achat pour les PGO
sont avant tout guidées par le look rétro charmeur et l'exclusivité
de l'engin.
NOUVEAU
LOOK
Depuis
le lancement en 2003 du Speedster II que nous avions
pu alors prendre en main, les évolutions dans le détail sont nombreuses.
C'est essentiellement l'habitacle qui a évolué en détail
avec une nouvelle console centrale, un réaménagement de certaines
commandes et un nouveau pare-brise pour aménager une meilleure visibilté
et une ergonomie optimisée. Pour le reste, c'est du pareil au même
avec une ambiance à nulle autre pareille, un confinement que nos voitures
modernes nous avait fait oublier depuis des lustres et une intimité capote
en place qui vous mettra à l'abri des regards indiscrets... Extérieurement
en revanche, la Cévennes soigne son look avec une bouche béante
devant et des aérations derrière lorsque le Speedster II possède
des parechocs plus classiques. Son faciès de 356 modernisée est
toujours aussi craquant, et les sorties d'échappement arrière nous
rappellent les barquettes de course qui disputaient alors les Mille Miglia dans
les années 50. Ambiance, ambiance... Tous les détails stylistiques
sont une véritable invitation au voyage temporel dans une auto
qui délaisse toute la modernité électronique et technologique.
Du moderne puisque le moteur est toujours celui dérivé de la Peugeot
206 S16 mais développant 140 ch à 6 000 tr/mn. Les performances
stagnent donc logiquement avec toujours près de 200 km/h en vitesse maxi
et un 0 à 100 km/h en 7". Des valeurs déjà suffisantes,
d'autant que décapoté, le Cevennes en
jette plein les oreilles avec son échappement travaillé. Généreuse
dans l'effort la petite PGO. Les jantes de 17 pouces sont d'un dessin nouveau,
chaussées en 205/40 ZR 17. Affichée à 39 900 euros, la Cevennes
n'est pas "cadeau" mais l'exclusivité et le made in France a
un prix, d'autant que son équipement et présentation sont bien plus
complets que sur la Speedster II. A noter que dans les options le client peut
retenir un échappement "club" uniquement réservé
aux sorties circuit.
UN
AVENIR PLUS PROPRE ?
Encore
équipée dun 2 litres Peugeot atmosphérique de 140 chevaux,
la voilà qui se pare dune nouvelle motorisation, toujours frappée
du lion de Sochaux. Il sagit du bien connu 1.6 l développé
en partenariat avec BMW, dans sa variante suralimentée de 150 chevaux.
Particularité : la possibilité de le faire carburer au gaz naturel
! Ecologie et performances sont au rendez-vous, avec un 0 à 100 km/h en
6"5 s. et une vitesse de pointe de 210 km/h. PGO annonce des émissions
limitées à 118 grammes de CO2 au kilomètre ! Pour lautonomie,
le constructeur table sur 450 km. Pour linstant, il ne sagit seulement que dun prototype et on
peut se poser légitimement la question si ce n'est qu'une opération
de communication pour PGO ou un vrai projet à terme. La nationalité
des actionnaires principaux, qui a ce jour construisent des pistes de ski en plein
désert et arrosent leurs green de Golf par 50°C à l'ombre laissent
à douter de la bonne foi de ce projet. Espérons que nous sommes
dans le faux.
HISTORIQUE
DE PGO
1980 :
L'aventure
commence en 1980 en Alsace. Gilles et Olivier Prévost animés par
une même passion automobile fondent PGO et se spécialisent dans la
réalisation de répliques automobiles et de " kit cars ".
Durant les années 90, la production se fait à petite échelle.
2000 :
Naissance
de la PGO Speedster II à l'occasion du Mondial de l'Automobile. Grâce
à la
présentation de ce prototype, PGO passe du statut de fabricant de répliques
au statut de constructeur automobile à part entière.
2001 :
La
société déménage dans des ateliers plus spacieux (18
000 m2) près d'Alès. C'est le point de départ du développement
technique du Speedster II et d'un essor pour PGO.
2002 :
Introduction
en bourse du constructeur qui permet la levée de 2 millions d'Euros. Le
développement du Speedster II est renforcé.
2003 :
Le
Speedster II obtient son homologation européenne. La production est effective.
2005 :
Un
groupe d'investisseurs Koweitiens actif dans le secteur automobile prend 51% des
parts de la société et injecte des capitaux. Objectif : relancer
et accélérer la production avec les meilleurs critères de
qualité possible afin de porter la marque à l'international.
2006 : Une
participation réussie au Salon Mondial de l'Automobile avec la présentation
d'une série unique : la Beauty, fruit d'une collaboration "étincelante"
avec Swarovski.
:: CONCLUSION
Pas de révolutions avec la Cevennes, la PGO misant tout sur son look et
sa présentation. Certes son moteur suffit à lui donner un supplément
d'âme, mais en l'absence de chevaux supplémentaires, on aurait aimé
dans ce cas trouver une version "light" pour améliorer les performances.
Une sorte d'Elise à la française en quelque sorte, avec moins de
800 kilos et 140 ch le tout habillé à la "Cévennes",
voilà qui aurait de quoi forger une image plus adéquate à
PGO et lui permettre de vendre à prix fort sa production. Lotus l'a fait,
pourquoi pas PGO ? Si les actionnaires du Koweit nous entendaient...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"Si
ce petit roadster joue à fond la carte rétro, la base roulante et
le moteur sont bien d'actualité. Ce dernier emrpunté à Peugeot
est le 2 l. de 138 ch qui équipait les 206 S16. Pas de souci à se
faire donc niveau fiabilité. Avec 980 kilos, cette Cevennes s'avère
dynamique. Le moteur distribue sa puissance aux roues arrière, de bon ton
pour une auto de caractère. A l'usage, cette PGO se révèle
facile d'accès grâce à une répartition des masses de
40/60. Et pour conserver le charme d'antan, elle invite peu d'électronique
à bord : pas de direction assistée et encore moins d'ABS."
L'AUTO-JOURNAL - HS Spécial Haut de Gamme 2007 - PGO Cévennes
- Collège d'auteurs. |