PORSCHE MACAN Turbo Pack Performance (2016 - )
Hauteur de vue...
Hérésie dans un monde tourné vers l'efficience, la demande des clients pour les lourds SUV semble insatiable. Présent depuis 2002 sur ce marché juteux avec le Cayenne, Porsche a lancé une seconde offensive encore plus massive avec le Macan en 2014. Plus compact et abordable que son grand frère, il ne s'adresse pas moins aux amateurs de performances musclées avec sa version Turbo. Surtout lorsqu'elle s'accompagne du "Pack Performance"...
Texte & photos : Sébastien DUPUIS
Annoncé sous le nom de code Cajun (Cayenne Junior), le second SUV de la marque, ou type 95B, aura pris trois ans avant de se dévoiler dans sa version définitive au salon de Los Angeles 2013. Produit depuis 2014, il lui aura fallu encore moins de temps pour dépasser les prévisions de ventes les plus optimistes de Porsche. L'an dernier, le Macan était la Porsche la plus vendue dans le monde avec 95.642 exemplaires écoulés, en hausse de 19% par rapport à 2015, soit trois fois plus que la sainte mère 911...
Alors, bien sûr, on peut regretter que la marque soit passée du statut de pur fabricant de voitures de sport à celui de fabricant de camionnettes en l'espace d'une décennie. Mais ce raccourci assez réducteur occulte deux choses fondamentales. La première, c'est que la survie des 911, Boxster et Cayman passait par l'augmentation des volumes de ventes. Même intégré au groupe Volkswagen, Porsche se doit maintenir un niveau de rentabilité très élevé pour faire face aux nouveaux enjeux technologiques. La seconde, c'est que même lorsqu'il s'agit de transformer un vil utilitaire en machine luxueuse et ultra performante, Porsche reste maître dans son art...
PRESENTATION
Produit à raison 50 000 unités par an dans l'usine de Leipsig à côté des Cayenne et Panamera, le Macan repose sur la plateforme MLB de la première génération d'Audi Q5 mais n'en conserve qu'environ 30% des composants. Plus compact que le Cayenne, il se montre mieux adapté à nos routes et villes européennes que son grand frère. Il présente aussi des lignes, signées Michael Mauer, plus dynamiques et sportives. Et il fallait bien ça pour se faire une place sur un marché où la concurrence est féroce : Mercedes-Benz GLC, BMW X3, Audi Q5, sans oublier le nouveau Jaguar F-Pace et le très british Range Rover Evoque.
Globalement, le design du Macan est une réussite. Ce n'est pas nous qui le disons mais l'avis quasi unanime des gens à qui vous poserez la question. Vêtu du même spectaculaire "Orange fusion" que le 718 Cayman S essayé cette année, notre Macan Turbo attire absolument tous les regards. Mais même sans couleur flashy, le petit SUV Porsche profite des codes de la maison. Les puristes pourront y voir quelques clins d'oeil stylistiques au passé de la marque, comme l'énorme capot avant qui englobe les optiques et couvre les passages de roues, référence à la mythique 917. A l'arrière, la custode courbée et le hayon très incliné s'inspirent évidemment de la 911 tandis que les phares et feux puisent dans la plus moderne 918 Spyder. Sur un marché dominé par des formes toujours plus agressives, les rondeurs presque voluptueuses de la Porsche sont finalement appréciables.
HABITACLE
S'installer à bord du Macan ne demande pas d'y grimper, contrairement au Cayenne, mais simplement de s'asseoir. A la bonne hauteur serait-on presque tenté de dire. L'assise du Macan est 70 mm plus basse que celle du Cayenne. Cela n'en fait pas une berline compacte pour autant, mais on conserve la position légèrement surélevée si appréciée des clients de crossovers, sans tomber dans l'effet "camion" des modèles supérieurs. Pour le reste, le dépaysement n'est pas de mise pour ceux qui sont habitués à l'univers Porsche. On retrouve face à soi les compteurs ronds avec compte-tours au centre, typiques de la marque. La clé de contact a même été déplacée de l'autre côté du volant par rapport au Q5, chouette attention. Comme un vestige d'une autre époque elle aussi, la console centrale répond au précepte "un bouton pour une fonction". "Trop de boutons tue les fonctions" pourrait-on répondre... Aussi chargée que celle d'un Airbus, elle apparaît aujourd'hui datée et relativement illisible quand la tendance est aux planches de bord épurées. Un virage qu'a déjà pris la Panamera II et le nouveau Cayenne, mais que le Macan devra sans doute attendre jusqu'à son restylage ou son renouvellement complet.
Ce n'est heureusement pas le cas de la partie multimedia, moderne, pratique et intuitive avec son large écran tactile. Pas de quoi non plus faire oublier l'ergonomie quasi parfaite pour le conducteur, volant et palettes bien en mains, auxquels s'ajoute le maintien excellent des sièges Sport. Enfin, ce n'est pas une surprise, mais le soin des matériaux et la finition mise en oeuvre n'appellent aucune critique, nous sommes là dans ce qui se fait de mieux tout simplement.
CARACTERISTIQUES
PORSCHE MACAN Turbo Pack Performance
MOTEUR
Type : 6 cylindres en V à 90°, 24 soupapes avec calage variable continu (VarioCam Plus)
Position : longitudinal AV
Alimentation : Injection directe + 2 turbos à géométrie variable
Cylindrée (cm3) : 3604
Alésage x course (mm) : 96 x 83
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn) : 440 à 6000
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 600 de 1500 à 4500
TRANSMISSION
4x4 permanent, différentiel central piloté
Boîte de vitesses (rapports) : double embrayage PDK (8)
ROUES
Freins Av-Ar (Ø mm) : disques ventilés (390), étriers fixes 6 pistons - disques ventilés (356), étriers flottants 1 piston + ABS
Pneus Av-Ar (série) : 235/55 - 255/50 ZR 19
POIDS
Donnée constructeur (kg) : 1925
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 4.4
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 272
0 - 100 km/h : 4"4
0 - 160 km/h : 10"4
CONSOMMATION
Moyenne cycle mixte (L/100 km) : 9.6
Moyenne de l'essai (L/100 km) : 14
CO2 (g/km) : 221
PRIX NEUF (12/2017) : 94.790 €
PUISSANCE FISCALE : 33 CV
MOTEUR
Fer de lance de la gamme Macan, la version turbo peut se targuer d'un moteur exclusif. En effet, alors que les versions S et GTS reprennent le "petit" V6 turbo 3.0 L d'origine Audi, le "Turbo" qui n'a plus l'apanage de la turbine profite cependant d'un moteur 100% Porsche. Un bon gros V6 de 3.6L aux cotes super carrées, gavé par deux turbos également. Celui-ci devient même doublement exclusif quand il se dote du "Porsche Exclusiv Powerkit" inclus dans le Pack Performance proposé depuis l'été 2016. On récupère alors ni plus ni moins que le moteur qui équipait le précédent Cayenne GTS restylé (lequel avait alors troqué son V8 atmo en échange).
Ainsi, avec le « Performance Package », le Macan Turbo dispose désormais de 440 ch et de 600 Nm de couple contre 400 ch et 550 Nm pour le Turbo standard. N'ayant pas essayé la version "de base", difficile de nous prononcer sur le changement que cela représente. Pour cela, il suffit de jeter un oeil aux chiffres, le 0 à 100 et le 0 à 160 de la version 400 ch sont donnés en respectivement 4s6 et 10s9, avec le Pack Sport Chrono optionnel. Avec le Pack Performance, incluant d'office le Sport Chrono, ces mêmes chronos tombent à 4s4 et 10s4 pour le 0 à 160 km/h en mode Sport Plus. La plus-value apportée par les 40 ch supplémentaires est donc modeste dans l'absolu, mais les clients de cette version extrême ne se posent sans doute pas la question en ces termes...
Toujours est-il que 4s4 sur le 0 à 100, ça déménage sérieusement ! Les reprises sont aussi virulentes avec du couple à tous les étages et, qui plus est, sans temps de réponse. L'autre sujet de réjouissance est la sonorité de ce moteur, dont on vient à regretter qu'il ne soit pas partagé dans plus de modèles du groupe. Avec son feulement typique de V6 renforcé par l'échappement Sport de série et une mélodie qui nous rappelle la Nissan 350Z à mesure qu'il grimpe dans les tours, c'est une véritable bonne surprise pour un moteur turbo. D'autant que cela s'accompagne d'un caractère, certes très linéaire, mais dont la poussée est constante jusqu'au régime maxi.
Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, on apprécie également la rapidité de la boîte PDK à double embrayage et l'intelligence de sa gestion même sans sélectionner le mode manuel. L'étagement assez serré sur les premiers rapports favorise le dynamisme tandis que la 7ème surmultipliée ne permet pas d'améliroer la vitesse de pointe atteinte en 6ème. Ayant pris soin de ne pas lisser totalement les changements de rapports et de préserver une certaine brutalité en mode Sport Plus, Porsche prouve la pertinence d'une boîte double embrayage bien conçue, même face aux meilleures automatiques du moment. Comme quoi, quand on critique la boite DSG/S-tronic chez les cousines, c'est bien parce qu'on sait qu'il y a moyen de faire mieux...
Clôturons ce chapitre mécanique par le bilan énergétique. Sans être évidemment favorisée par le poids et la hauteur de caisse, à l'image des 221g de co2 facturés au prix fort, la consommation n'en est pas moins (presque) raisonnable avec une moyenne de 14L sur l'ensemble de notre essai.
SUR LA ROUTE
Alors que son cousin d'Ingolstadt vient d'adopter la nouvelle plateforme MLB Evo, réservée aux modèles haut de gamme et SUV du groupe, le Macan repose sur un châssis plus ancien de conception et malheureusement un peu plus lourd aussi. Il y avait donc à craindre qu'il ne soit pas dans le coup dynamiquement mais c'était sans compter sur le talent des hommes de Stuttgart. Et sur ce point, pour une surprise, c'est une surprise ! En vérité, la conduite du Macan nous a au final plus emballé que celle de la Panamera 4S. Et cela ne doit rien au carburant utilisé car même si les vocalises du V6 essence sont plus réjouissantes que les grondements du V8 Diesel, c'est surtout ce qui se passe derrière le volant qui nous intéresse ici.
Avec le châssis abaissé de 15 mm via le PASM de série sur le Macan Turbo (et même de 10 mm supplémentaires avec l'option suspension pneumatique), on se rapproche dans les faits du comportement d'une berline sportive, à l'opposé du cliché qu'on se fait d'un 4x4 lourd et pataud. Prise de roulis minimale, freinage en béton armé (disques de plus grand diamètre avec le pack Performance et même en carbone dans notre cas avec l'option PCCB), gommards XXL sur des jantes 21 pouces (option), aidé par sa transmission intégrale intelligente et favorisant l'essieu arrière et le dynamisme (Controle de traction et Torque Vectoring), le Macan Turbo Performance optimise chaque centimètre carré de gomme pour catapulter ses deux tonnes avec une aisance incroyable. Il efface purement et simplement le surpoids qu'il doit gérer pour nous offrir un véritable tour de magie.
Pour traduire tout ça en émotions, la direction électro-mécanique empruntée à la 911 se montre relativement ferme et étonnamment précise. Le train avant est incisif et accrocheur, jamais sous-vireur, même en conditions d'adhérence précaires. Même si le feeling de l'assistance reste un peu artificiel, ce n'est pas suffisant pour gâcher la fête. Pas plus que la gestion électronique des suspensions (PASM) qui, malgré l'absence d'un vrai mode confort, encaisse avec maestria les déformations de la route, mieux encore que ne le fait la Panamera, sans jamais briser le dos. Autrement dit, le Macan Turbo Performance se prête volontiers à une conduite sportive et se montre même capable de donner du plaisir dans ce contexte !
CONCLUSION
:-) V6 puissant, réactif et mélodieux Finition, ergonomie Maintien des sièges Performances Boîte rapide et intelligente Tenue de route Plaisir de conduire Freinage indestructible (PCCB)... |
:-( ... mais coûteux Console centrale surchargée Manque un vrai mode confort Poids Tarifs Malus maxi... |
Finition somptueuse, V6 mélodieux, boîte ultra rapide, performances, tenue de route... le SUV Porsche est une telle réusiste dans cette version extrême qu'on en vient à regretter que la marque ne propose pas les mêmes prestations dans le format d'une berline classique. Il se dit justement que la Panamera attendrait une petite soeur... espérons-le !