ARTILLERIE LOURDE !
Afin de célébrer son
partenariat avec DaimlerChrysler, à travers sa marque Smart,
Brabus, le préparateur allemand bien connu a mis au point
un roadster Smart de son cru avec sous le capot arrière un
moteur
V6 ! Au programme 170 ch pour un poids de 840 kg.
Et comme toujours avec Brabus, le look de l'auto a été
particulièrement soigné. Mais ne vous précipitez
pas chez votre concessionnaire Smart le plus proche de chez vous,
seulement 10 exemplaires ont été fabriqués
et sont déjà tous vendus...
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Dès sa sortie, le roadster Smart a
égayé nos rubans d'asphalte par sa bouille sympathique
et surtout son châssis très accrocheur. Avec le roadster
Smart, c'est toute l'ambiance des roadsters des sixties qui refaisait
surface. Une aubaine pour les passionnés que nous sommes.
Mais voilà, avec 82 ch seulement et une boîte de vitesses
robotisée un peu lente, nous espérions plus. Brabus,
préparateur allemand bien connu des amateurs de Mercedes-Benz,
avait senti le filon à l'époque des prémisses
de Smart, et il a subtilement uvrer pour devenir, à
l'instar d'AMG pour Mercedes-Benz, le partenaire privilégié
de Smart. Une version Brabus de 100 ch était planifiée,
mais malgré tout nous restions sur notre faim. Alors à
l'occasion du centième anniversaire de la course de la Solitude,
Smart-Brabus Gmbh a décidé de célébrer
son partenariat avec Smart et Mercedes-Benz. Un beau cadeau était
alors présenté à DaimlerChrysler avec la réalisation
d'une dizaine d'exemplaires d'un roadster Smart très particulier.
Puisque les amateurs auraient aimé plus de puissance, Brabus
a donc accolé deux 3 cylindres Smart turbocompressé.
Le résultat : 170 ch et 840 kg. Attention les sensations
fortes
DESIGN
Le point fort du roadster Smart est avant tout sa ligne, puisque
c'est le premier contact avec le public. Pour la Brabus V6 biturbo,
le préparateur-constructeur de Bottrop a opté pour
la carrosserie du roadster-coupé, avec sa bulle arrière.
Cela s'explique notamment par les modifications moteur qui nécessitent
plus de place et également plus de refroidissement. D'ailleurs,
à cet effet, des ouies latérales sur la bulle ont
été percées, faisant ainsi penser quelque peu
au capot arrière d'une Ferrari F40. La cellule Tridion (composée
de 3 aciers différents) est toujours visible comme une véritable
marque de fabrique des Smart. Cet élément est repris
sur les ForTwo et les Forfour. Pour mémoire, c'est la cellule
Tridion qui constitue en partie la rigidité du châssis.
Croire que le roadster Smart Brabus V6 Biturbo est identique extérieurement
à un roadster Smart Brabus standard serait erroné.
C'est en effet plutôt au jeu des sept erreurs qu'il faut jouer.
L'exemplaire présenté est revêtu d'une teinte
écarlate. Même les plastiques encadrant les blocs optiques
avant et la calandre sont peints ton caisse. Le kit carrosserie
Brabus standard a été monté, mais en sus, on
retrouve comme en compétition des petites dérives latérales
sur le bouclier avant. Outre l'esthétique, c'est évidemment
un souci d'ordre aérodynamique qui a dicté ce montage.
Cela fait penser ainsi au prototype Lamborghini Miura Jota. Ainsi
conçue à l'avant, le roadster Smart Brabus V6 Biturbo
devrait être à l'abri du délestage du train
avant (phénomène constaté notamment sur revêtements
gras avec les versions 82 ch). Le bouclier arrière est rebondi
à souhait et laisse sortir au centre des sorties d'échappement
rondes fabrication maison. Enfin, un petit aileron, toujours de
couleur rouge, est fixé sur l'arête du hayon arrière
qui reprend le principe de transparence de la Honda CRX des années
80 ou du Coupé Sport chez Mercedes-Benz. Les très
belles jantes Brabus en étoile à bord poli de 17 pouces
sont les même que celles montées sur les roadster Blue
Wave, les Brabus et également les Fortwo Brabus. Si les roadsters
Smart enchantent le public avec leur ligne craquante, dans le cas
du roadster Brabus V6 Biturbo, elle devient carrément envoûtante.
Une vraie diablesse qui invite à la tentation.
A BORD DE LA SMART BRABUS BITURBO
D'ailleurs,
la tentation de s'asseoir dans les très beaux baquets cuirt/Alcantara
vient vite. Les harnais rouges 6 points vous rappelle que cette
fois-ci, fini les petites puissances. Le Brabus V6 de 170 ch doit
pousser fort et le reste doit être à l'avenant. On
retrouve la planche de bord typique du petit roadster allemand. De nombreux éléments
sont peints couleur ton caisse. Enfin, le volant et le levier de
vitesses sont inédits. Mais malgré cette présentation
sportive et flatteuse, cela ne peut masquer totalement la qualité
des plastiques encore durs et des assemblages parfois approximatifs.
La position de conduite est toujours excellente et ne souffre pas
la critique. Toutes les commandes majeures tombent bien sous la
main. Le seul reproche concerne les commandes d'ouverture de coffre
et celle de la capote qui sont l'une à côté
de l'autre avec des boutons de même taille. Bon nombre de
" Smartiens " ont ouvert leur coffre en essayant de déployer
leur capote !
MOTEUR
Dans le compartiment moteur qui est situé à l'arrière
de l'auto, la place est désormais plus que comptée.
Les motoristes de Bottrop ont donc pris deux moteurs trois cylindres
de Smart qu'ils ont accolé pour en faire un V6 à 60°.
Si cela est très simple à écrire, la réalisation
a demandé évidemment plus de temps qu'un simple jet
de plume. Dans un bloc en alu, les deux rangs de trois cylindres
sont donc reliés par un seul et même vilebrequin. Ainsi
monté, ce nouveau bloc cube 1,4 litres et développe
170 ch à 5 500 tr/mn. Les deux turbocompresseurs qui soufflent
dans les bronches de ce petit V6 sont secondés par un intercooler
de
Mercedes-Benz S600 ! Toute la partie admission et échappement
est copieusement revue et adaptée pour supporter ces nouvelles
contraintes techniques. Pour une petite puce de 840 kg, le couple
de 220 Nm dès 2 250 tr/mn jusqu'à 4 500 tr/mn permet
des relances très franches, à condition d'être
toujours sur le même rapport. Pour la transmission, Brabus
a repris la boîte de vitesse robotisée de la Smart
Forfour avec le 6ème rapport à verrouillage électrique.
A la différence du roadster de série, le Brabus V6
Biturbo hérite donc d'une vraie boîte 6 et non d'une
boîte 3 rapports avec overdrive sur chaque rapport (c'est
un raccourci technique, mais grosso modo, cela correspond à
cela). Si la vitesse de passage est toujours en progrès
chez Smart de génération en génération
sur les boîte robotisées, il subsiste toujours un léger
trou lors du passage de rapport qui vient pénaliser les accélérations
pures. Il faut alors délester légèrement l'accélérateur
pour diminuer ce trou. Sinon, vous commandez les rapports toujours
avec les palettes magiques derrière le volant. Evidemment,
avec un rapport poids/puissance de 4,94 kg/ch, le roadster Smart
Brabus V6 Biturbo n'a plus rien d'une voiture de fillette. Ses accélérations,
dont le 0 à 100 km/h donné pour moins de 6 secondes
par l'usine, sont très franches et vous plaquent très
fermement dans les sièges bacquets. Le son du moteur conserve
sa sonorité typique de Smart, mais en plus velu. Pour l'anecdote,
les bagages devront être laissés de côté,
car en raison de la place nécessaire au moteur, le réservoir
d'essence a migré sous le capot avant. Cela explique également
les raisons d'absence d'homologation, car désormais les réservoirs
d'essence à l'avant sont proscrits. Le plus drôle avec
ce roadster Smart survitaminé, c'est d'aller titiller les
Porsche en accélération
CHASSIS
Le châssis était déjà le point fort du
roadster Smart 82 ch. Même si les pilotes les plus avertis
pouvaient lui reprocher un léger effet de dandinement du
train arrière à très haute vitesse dans les
grandes courbes. Sans danger réel, mais présent. La
nouvelle implantation des différents organes mécaniques
et accessoires permet d'optimiser la répartition des masses
qui passe à 50/50 contre 44/56 sur le roadster de série.
Joli ! Le train avant est composé d'éléments
McPherson avec des combinés Bilstein/Eibach rigidifiés
par une barre anti-roulis. L'arrière se contente d'un train
De Dion, classique mais efficace et suffisant dans le cas de notre
roadster du jour. Chaque essieu se termine par des jantes alu de
17 pouces de largeurs différentes entre l'avant et l'arrière.
Brabus est allé puiser dans le catalogue Michelin en optant
pour les très performants Michelin Pilot Sport dans des dimensions
généreuses : 205/40 ZR 17 à l'avant et 225/35
ZR 17 à l'arrière. La direction à crémaillère
est sans assistance et permet finalement de mieux ressentir le train
avant dans son placement. Ni trop ferme, ni trop douce, le compromis
idéal semble avoir été trouvé. Pour
ralentir la bête, quatre freins à disques Alcon rainurés,
percés et ventilés sont pincés par les étriers
de série. Avec seulement 840 kg, le roadster Smart Brabus
V6 Biturbo freine fort et longtemps. Cela permet ainsi de pousser
le petit roadster dans ses derniers retranchements en toute sécurité.
Avec son châssis ainsi préparé, ou plutôt
affûté, le roadster Smart vire totalement à
plat et affiche une rigidité sans faille, même décapoté.
Certes, le compromis confort-efficacité qui caractérisait
jusqu'alors le roadster Smart 82 ch est ici évaporé.
Mais on ne peut pas tout avoir, et devant l'homogénéité
totale entre le nouveau niveau de performances et les qualités
du châssis, le roadster Smart Brabus V6 Biturbo peut donner
de nombreuses leçons à beaucoup de sportives. Finalement,
ce cocktail explosif, réussi est efficace certainement parce
que les préceptes de feu Colin Chapman (" light is right
" - la légèreté c'est bien) ont été
appliqués au roadster Smart. Alors pourquoi le public ne
pourrait-il pas l'acheter ?
PRODUCTION SMART BRABUS BITURBO (2003) : 10 exemplaires
:: CONCLUSION
Notre chagrin ne sera jamais assez grand. Nous avons tant aimé
le roadster Smart de 82 ch, que nous attendions dans notre fort
intérieur une version plus musclée pour aller taper
de la GT. Las, l'auto existe belle et bien sous la forme de ce roadster
Smart Brabus V6 Biturbo, mais elle restera à l'état
de prototype limité à 10 exemplaires non homologué
pour un usage routier. C'est ainsi que l'a voulu Brabus et Smart.
Après tout, la priorité pour Hambach n'est pas trop
de développer le roadster Smart qui n'est pas appelé
à faire du volume mais plutôt la Forfour. La logique
industrielle n'est pas toujours compatible avec celle des amateurs
de voitures de sport que nous sommes. Dommage, nous sommes certains
qu'avec un prix placé, ce roadster Smart Brabus V6 Biturbo
aurait toutes ses chances...
CE QU'ILS EN ONT PENSE :
"Les premiers tours de roue sont prometteurs. La direction
non assistée guide un train avant précis et rigide.
Grâce à une répartition optimales des masses
(50/50 au lieu de 44/56 sur le modèle d'origine, l'auto se
place au millimètre et fait preuve d'une homogénéité
exemplaire. Le V6, dont les vocalises empruntent certaines intonations
au flat-six Porsche, ne marche réellement que dans les tours.
Les deux turbines témoignent de leur bonheur en procurant
de réelles sensations de poussée. Le train arrière
mord le bitume à la moindre accélération. Moins
confortable que la version 82 ch, la Brabus dispose d'un châssis
dont nombre de modèles sportifs devraient s'inspirer. Dénuée
de roulis, l'auto vire à plat et enchaîne les virages
comme d'autres les kilomètres sur autoroute. Si le couple,
dans l'absolu, s'avère modeste, il engendre néanmoins
des déhanchements du train arrière. Tant et si bien
que l'on se surprend à vouloir entretenir une glisse pour
accentuer le plaisir. Qui aurait parié qu'une Smart deviendrait
une machine à travers ?"
OPTION AUTO - octobre/novembre 2003 - Smart Roadster Brabus V6
Biturbo. |