LA GTI OUBLIEE
La Toyota Corolla,
c'est une saga qui date de 1966
Depuis cette auto "mondiale" a
dépassé très largement les 15 millions d'exemplaires. Dans
les années 80, alors que la mode GTI bat son plein, et que les constructeurs
européens cherchent à se disputer le titre de ténors des
GTI, Toyota opte pour une approche différente avec sa dernière Corolla
GT-i16 dévoilée en 1987. Moins sportive mais plus facile à
vivre, cette Corolla " GTI " adopte donc une approche moins radicale
du sport au quotidien. Peut être trop en avance sur son temps ?...
Texte : Nicolas LISZEWSKI
Photos : D.R.
Chez Toyota,
la Corolla est une voiture à vocation mondiale,
comme en atteste la diffusion très élevée de cette saga inaugurée
par le constructeur japonais en 1966. Depuis, des variantes sportives ont vu le
jour et pour succéder à la Toyota Corolla GT 16S en 1987, une nouvelle
variante voit le jour avec notamment une ligne modernisée, un habitacle
amélioré mais toujours la même mécanique. La vraie
nouveauté se trouve sous le capot des autres modèles avec un moteur
moderne 1500 cm3 coiffé par une culasse à 16 soupapes. Puisque les
ténors de la catégorie des GTI compactes sont avant tout européens en 1987, Toyota va opter pour des choix
moins radicaux et vendre au public une " GTI " plus civilisée.
Vous avez dit trop civilisée ? Peut être car depuis, tout le monde
ou presque a oublié cette génération de Corolla GT-i16.
DESIGN
Le principe d'une voiture mondialiste est d'être
passe-partout ! Il
faut en effet composer avec les goûts de tous les continents et donc mieux
vaut rester consensuel. La nouvelle Toyota Corolla GT-i16 présentée
en 1987, est donc très discrète en matière de style. Si la
gamme Corolla est disponible dans de très nombreuses variantes, la version
GT-i16 est commercialisée en France en variante Hatchback trois portes
uniquement. Heureusement une carrosserie deux volumes trois portes apporte une
touche plus sportive à une auto qui revendique le "label GTI".
En revanche, l'aérodynamisme n'a pas été jugé prioritaire
pour Toyota avec 0,36 de Cx. Cela pénalise évidemment la vitesse
maximale de l'auto. Bon, Toyota a utilisé les bonnes vieilles recettes
pour donner plus de tonus sportif à la ligne de sa Corolla : boucliers
avant en plastique noirs, becquet arrière qui meurt sur le bas du hayon,
déflecteurs de bas de caisse, liserés rouges
Cela ne suffit
pas à la Corolla GT-i16 de se faire remarquer dans la circulation automobile
actuelle, mais les amateurs apprécieront cet effort louable de présentation
par Toyota. Signe de l'âge désormais avancé de cette GTI nippone,
la petite taille des roues (en 14 pouces seulement) et ses enjoliveurs de roues
! Impossible en effet, d'imaginer aujourd'hui une GTI neuve avec des jantes tôles
habillés d'enjoliveurs. Petit détail symptomatique des japonaises
des années 80, l'antenne radio est intégrée sur le montant
de pare-brise côté conducteur.
HABITACLE
Si l'extérieur reste donc "
banal " l'habitacle est très classique mais fait impression tant par
sa qualité de fabrication que par sa présentation. La position de
conduite se révèle bonne, bien aidée par des sièges
baquets confortables. Le design global de la planche de bord et du volant ont
très nettement évolué par rapport à sa devancières
et annonce déjà la mode du bio design qui va faire fureur chez Toyota
sur certaines gammes (Celica notamment). L'équipement de série est
très complet puisque la seule option disponible au catalogue est la peinture
métallisée. Il ne faut pas oublier que ces japonaises sportives
étaient alors distribuées en France sous contingentement et que
par conséquent elles étaient vendues sans options ou presque. La
spécialité d'alors des constructeurs japonais en France était
d'être équipées richement de série. L'instrumentation
est bien réalisée et lisible et plait aux amateurs de voitures de
sport. Seul grief à apporter, une accessibilité médiocre
pour atteindre les deux places arrières. A noter un coffre généreux
de 281 dm3 ce qui permet d'envisager des voyages un peu plus lointain, même
à trois personnes. De par son gabarit extérieur, la Corolla GT-i16
se situe à mi-chemin entre le segment des petites GTI contemporaines de
type Clio 16S ou 205
GTI et celle des compactes comme les Golf
2 GTI ou les Renault 19 16S.
MOTEUR
Sur la précédente génération de Corolla, la version
GT 16S avait inauguré un bloc moteur très moderne. Il fut en effet
l'un des plus petits 16 soupapes de l'époque avec ses 1600 cm3. C'est ce
moteur qui est repris sur la GT-i16. Et il reste toujours moderne face à
une concurrence encore assez timoré sur ses choix techniques (nous sommes
alors en 1987). Alors que la Toyota offre une culasse 16 soupapes avec deux arbres
à cames en tête, une injection électronique intégrale,
un taux de compression élevé de 10, les autres se contentent encore
de choix classiques, même si volant en main, les " traditionnelles
" restent plus performantes. Ainsi, l'AX
Sport ou la 205 Rallye proposent encore
des carburateurs en guise d'alimentation, alors que les Peugeot
205 GTI ou Renault Supercinq GT Turbo sont
encore à 8 soupapes. Seule la Golf
2 GTI 16s amorce un virage dans ce segment. Avec ses 1583 cm3, ce bloc japonais
offre de belles performances mécaniques puisque le rapport cheval/litre
est de 81,91 pour une puissance totale de 125 ch à 7 000 tr/mn. Par la
suite, elle gagnera 5 chevaux pour atteindre 130 ch, soit la même puissance
que la Peugeot 205 GTI 1.9. Mais cette
dernière ne pèse que 880 kg contre 1075 kg pour la Toyota, ce qui
justifie en grande partie la différence de performance et de caractère
entre la référence du moment (en 1987) et la Toyota. Le moteur japonais
ne démérite pas mais est exploite sa quintessence dans les tours
(jusqu'à 7000 tr/mn !) comme tout bon vieux multisoupapes des années
80 (il n'y avait alors pas encore de calage variable de la distribution et de
l'admission qui permet comme aujourd'hui de retrouver de la disponibilité
en bas et du brio dans les hautes rotations puisque seul Honda allait démarrer le bal avec son système V-Tec). Les reprises à
bas régime ne sont donc pas le fort de la Corolla. La vitesse maximale
se situe à 195 km/h et le kilomètre départ arrêté
à près de 31 secondes. Des valeurs obtenues par des GTI contemporaines
souvent moins puissantes. Mais la séduction de la Corolla GT-i16 est ailleurs
Par une homogénéité de bon aloi qui la rend certainement
moins exigeante au quotidien mécaniquement qu'une GTI " plus intégriste
" comme les 205 ou les Fiat Uno Turbo ie par exemple. La transmission est assurée par une boîte mécanique
à 5 rapports.
CHASSIS
Fini le temps des japonaises rustiques
et adeptes du rodéo sauvage. On avait pourtant apprécié les
Corolla coupé propulsion par leur caractère ombrageux mais à
la suspension beaucoup trop souple, mais avec cette nouvelle génération
de Corolla, c'est par les roues avant que tout doit passer. Désormais,
l'essieu arrière rigide est passé aux oubliettes et la Corolla GT-i16
peut compter sur ses quatre roues indépendantes qui sont fixées
via des suspensions type McPherson avec ressorts hélicoïdaux. Pour
rigidifier le train avant, Toyota a complété sa panoplie d'une barre
anti-rapprochement. Malheureusement, malgré des efforts louables, cette
Toyota est encore très loin de l'efficacité diabolique et sportive
de certaines de ses rivales citées de nombreuses fois en référence.
La suspension est certes confortable et le comportement routier sain et équilibré,
mais on aurait souhaité avoir une suspension plus rigoureuse et surtout
un train avant plus précis lors des phases de transfert de masse au freinage
pour bien inscrire l'auto dans la corde. En outre, ses 1075 kg ne l'aident pas
dans cette tâche. Côté freinage, Toyota a fait confiance à
quatre freins à disques qui garantissent à la Corolla une efficacité
et une endurance satisfaisante. A noter que la direction n'est assistée
que sur les modèles après 1990 et qu'elle n'était pas disponible
avant, même en option. Un choix à méditer car sans cet équipement
précieux, la direction est d'une lourdeur dont nous n'avons plus l'habitude,
mal habitués que nous sommes avec la production automobile actuelle équipée
presque intégralement de la direction assistée.
ACHETER
UNE TOYOTA COROLLA GT-i16 (AE92)
Comme
pour toute sportive japonaise des années 80, hormis quelques symboles forts
comme les Honda Civic ou les CRX,
les autres japonaises sont les grandes oubliées de l'histoire. Seuls quelques
passionnés s'y intéressent et tentent de les maintenir en vie, sans
trop de difficultés d'ailleurs. Même à sa sortie, la Corolla
GT-i16 n'avait pas déclenché l'intérêt des journalistes
qui se focalisaient plus sur la Mitsubishi
Colt Turbo ou les Honda plus renommées et auréolées de
l'engagement du constructeur en Formule 1. Il faudra donc être patient avant
de trouver un exemplaire à vendre à des prix souvent très
attractifs. Comptez environ 1500 à 2000 euros pour un exemplaire sain,
en bon état et pas trop kilométré. Sa fiabilité dépasse
sa renommée en ce domaine et c'est une bonne nouvelle, car les pièces
sur les japonaises désormais anciennes ne sont pas données ! Techniquement
encore très simple, la Corolla GT-i16 n'est pas trop complexe à
entretenir et réparer. Une bonne nouvelle supplémentaire car le
réseau Toyota en pleine expansion pour supporter les ventes de ces dernières
années, n'a pas toujours des mécaniciens qui ont connu ces autos
à l'époque. Il ne faut donc pas craindre les kilométrages
importants. Malheureusement, les amateurs d'améliorations en performances
resteront sur leur faim, car lmà encore cette Corola est u ne des grandes
oubliées de l'histoire. Très souvent, ces Corolla " GTI "
sont la propriété de personnes qui n'étaient pas nécessairement
des aficionados des voitures de sport et les ont utilisées comme des autos
lambda. Les carrosseries sont donc parfois un peu abîmées, et malheureusement
pas exemptes de rouille. Il faudra essentiellement surveiller les ailes arrières
et les montants de parebrises qui souffrent le plus. Les peintures non métallisées,
sont souvent passées ce qui rend d'autant plus exceptionnel l'état
de notre modèle d'un jour.
CHRONOLOGIE
1936 : Création de la firme Toyota.
1966 : Lancement de la première Toyota Corolla. Depuis, ce modèle a souvent
été l'auto la plus produite chaque année.
1987 : En juin, Toyota présente au Japon sa nouvelle gamme Corolla, modernisée.
La Corolla GT-i16 remplace l'ancienne GT 16S.
Le 1er septembre, cette nouvelle
gamme Corolla fait ses grands débuts en Europe.
1989 : La Corolla
GT-i16 reçoit en série la direction assistée.
1990 : Le moteur gagne 5 ch sur la Corolla GT-i16.
Toyota inaugure un nouveau logo
qui est actuellement encore utilisé.
1991 : En juin, Toyota franchit
le cap des 15 millions de Corolla produites depuis 1966.
1992 : Changement
de génération avec une nouvelle Corolla.
:: CONCLUSION
" Dites, la Corolla GT-i16 vous connaissez ? Heu
non, c'est quoi ?
Ben une GTI pardi ! " C'est bien là le problème majeur de cette
génération de Corolla sportive. Moins charismatique que les ténors
des années 80 chez les GTI, peu plébiscitée chez les journalistes
à sa sortie, qui se souvient aujourd'hui de cette GTI attachante et surtout
très polyvalente. Sa fiabilité légendaire et sa finition
lui permettent pourtant de vivre le label GTI au quotidien sans pour autant se
ruiner ou s'inquiéter. La Corolla GT-i16 fut certainement en avance sur
son temps avec une pointe d'embourgeoisement qui la rend plus aimable avec tous.
Mais dans ce cas pour plus de pep's, il lui aurait fallu un moteur plus puissant
pour compenser la prise de poids...
CE
QU'ILS EN ONT PENSE :
"La Corolla est sans doute la GTI qui possède
le caractère le moins sportif. Elle dispose bien d'une puissance élevée
mais elle est lourde, presque 1100 kg en ordre de marche, et son moteur 16 soupapes
ne délivre un faible couple maxi qu'à 6000 tr/mn. Assurer alors
des reprises convenables impose évidemment de jouer du levier de vitesses.
Malheureusement, la commande de boîte est plutôt rétive lorsqu'on
la brusque un tant soit peu. Le train avant, lui, est du genre " baladeur
"quand la conduite se veut incisive. En revanche, tout va bien si on adopte
une allure paisible. La souplesse de la suspension est gage de confort et la direction
assistée se révèle très agréable en ville.
On peut alors admirer la belle qualité de finition. Les sièges par
exemple, sont très bien dessinés et possèdent des possibilités
de réglages étendues. Ils sont de surcroît, habillés
d'un élégant et moelleux velours. Dommage que l'accès aux
places arrière, pourtant spacieuses, ne soit pas plus aisé."
Auto Plus - HS 500 Essais 1991 - Toyota Corolla GT-i16.
"Simple
à mener, prompte au volant, la Corolla est tranquille en ligne droite et
agile sur itinéraire sinueux. Cependant la direction devient lourde dans
les manuvres. Le freinage s'avère satisfaisant avec une puissance
et une endurance qui permettent d'en user sans restrictions. Pour le volume utilisable,
cette carrosserie est une honnête quatre places avec une très médiocre
accessibilité aux places arrière. Les places avant sont par contre
bien dessinées et la planche de bord comporte une instrumentation abondante
dont les cadrans circulaires plairont. Dans cette GTI, le comportement du moteur,
le compromis confort/tenue de route, démontrent à quel point une
marque réputée peu sportive, est parvenue à maîtriser
les problèmes posés."
L'Auto-Journal - 1988 - Toyota
Corolla GT-i16. |