LA DOLCE VITA
Elu cabriolet de l’année 2006 et ayant pour tâche de remplacer le Spider 916, le nouveau Spider ou "Brera Spider" est apparu en 2006 au catalogue, soit un an après le coupé 2+2 dont il dérive et lui-même remplaçant du GTV. Malheureusement pour le constructeur de Milan, les ventes de son coupé/cabriolet demeurent anecdotiques 3 ans après son lancement. L'année dernière, Alfa Romeo décida d’implanter la bien connue boîte robotisée Selespeed sur son Spider histoire de le remettre dans le coup. Pari gagné ?
Texte :
Maxime JOLY
Photos : D.R.
Dans la tradition d'Alfa Romeo, le Spider a toujours occupé une place spéciale. De la Giulietta Spider des années 50 jusqu'au modèle des années 90, en passant par le légendaire Duetto, le "roadster" d'Alfa Romeo et un interprète de la vocation “libre et émotionnelle” de l'automobile. C'est dans cet esprit et avec ce glorieux héritage qu'est né le nouveau modèle en 2006, suivant néanmoins l'évolution naturelle des automobiles modernes. Des voitures capables d'être beaucoup plus sûres et confortables que leurs ainées, tout en préservant un grand plaisir de conduite et des performances de haut niveau. La nouvelle Alfa Spider avec son 4 cylindres 2.2 JTS d'origine GM ne semble toutefois pas la mieux prédisposée à ce délicat cahier des charges. Afficher le tempérament “essentiel et simple” d'un vrai spider, associé à l'excellence technologique qui caractérise la “nouvelle génération Alfa”, tel est le défi de notre belle d'un jour...
DESIGN
Issu d'une collaboration entre Pininfarina et le Centro Stile Alfa Romeo, le Spider revendique son élégance italienne sans ambiguité. Pas flagrantes au premier abord, les différences apportées au Spider par rapport au coupé Brera ont été effectuées par Pininfarina (les 159/Brera étant l’oeuvre de Giugiaro) qui s’occupe également de l’assemblage du véhicule. Les modifications apportées ne font pas de tort à la ligne, unanimement reconnue. Les différences consistent dans le nouveau dessin du coffre et la longueur diminuée de 2 cm. Les quatre sorties d’échappement sont toujours présentes, pas forcément de très bon goût sur un « petit » moteur comme c’est le cas ici. Mais si ça peut flatter certains égos ! Parlons un peu pratique : la capote est en toile et s’actionne électriquement en 25s. L'habitacle de l'Alfa Spider est un espace accueillant et soigné, grâce à l'utilisation de matériaux nobles et à l'adoption d'équipements de confort très actuels (en série ou en option) : du climatiseur automatique bi-zone aux commandes de l'autoradio au volant, au VDC, au Cruise Control, au système de navigation par cartographie avec fonction “bird-view” et au système Blue&Me.
MOTEUR
Alfa n’a adopté la Selespeed que sur le 2.2 JTS et contrairement aux précédentes déclinaisons GTA qui avaient également eu cette boîte, ici le V6 n’y a pas eu droit. Moteur d’origine australienne issu de Holden (groupe GM), le bloc a été retravaillé par les motoristes italiens sans toutefois lui donner une âme italienne. Le son bien que joliment amélioré à l'échappement est moins attrayant que sur les précédentes générations de Twin Spark. Ce 2.2 longue course est également moins rageur que les anciens Twin Spark. Dommage, car sur le papier les chiffres sont plutôt flatteurs pour un 2.2, 185 ch à 6500 tr/min et un couple de 230 Nm à 4500 tr/min. Au rayon nouveautés, ce bloc a le mérite d’utiliser l’injection directe contrairement à d’autres constructeurs qui ne s’y sont toujours pas mis. Malheureusement, peu d’incidence sur la consommation, importante pour un « 4 pattes » handicapé par le poids élevé du cabriolet. En pratique, compter 10L/100 km minimum. On se console comme on peut en soulevant le capot à l'occasion, avec un moteur qui tente de perpétuer l'esthétique mécanique Alfa Romeo d'antan. Mais le poids gargantuesque de la bête (60 kilos de plus que le coupé, soit 1500 au total) empêche toute velléité sportive et offre des accélérations et des reprises relativement banales. Développée par Magneti Marelli, c'est une boîte robotisée qui fonctionne grâce à un système électro-hydraulique. Les vitesses peuvent être passées en actionnant les palettes au volant ou par le levier central (d’un simple mouvement vers le haut ou vers le bas). Il y a également un mode "city" qui équivaut à une boite automatique traditionnelle et un mode «Sport». La boîte compte 6 vitesses et est une évolution des précédentes générations. Il s’agit ici de le la 3ème version mais nous retrouvons le même défaut que sur les précédentes générations, les temps de passage sont trop élevés. La fiabilité est au rendez-vous et la boite est également disponible sur la Brera 2.2 JTS.
CHASSIS
Le système Q4 est absent du catalogue pour le 4 cylindres essence mais la mauvaise réputation des précédents modèles Alfa 2 roues motrices n’est qu’un mauvais souvenir. Et si l’idée vous vient de pousser le Spider dans ses retranchements, le VDC vous rappellera sa présence. Le comportement de ce Spider 2.2 JTS Selespeed est donc précis et sûr, mais cependant absolument pas joueur. On regrette que le confort n'ait pas été plus soigné compte tenu de l'orientation plus GT que sportive du Spider. Conscient du problème du poids, Alfa Romeo a, dans le courant de 2008, apporté quelques modifications pour avoir un allégement du poids obtenu grâce à l'utilisation de l'aluminium pour les montants de suspension et les étriers de freins. Une barre stabilisatrice tubulaire et des jantes plus légères complètent le travail. C’est au final 40 kilos qui sont gagnés ramenant la masse globale juste au-dessus des 1500 kg. Toutefois, à défaut d'être envoûtant, le compromis proposé par Alfa Romeo saura séduire le plus grand nombre. Des clients à la recherche d'un roadster stylé, sûr et relativement performant à défaut d'être un vrai "coeur sportif" dans l'âme...
:: CONCLUSION
Innovante à sa sortie sur la 156, la Selespeed est désormais dépassée par rapport à la concurrence malgré les évolutions. Voiture très belle à regarder mais pas fun à conduire, finalement la magie n’opère pas vraiment au volant de ce SPider 2.2 JTS. Ce qui faisait la force des Alfa Romeo était cet exotisme qui incitait à leur pardonner leurs défauts. Ce cabriolet est finalement trop sérieux, parlant d'une pure voiture passion, et mériterait une version plus dévergondée, alternative que la plus bourgeoise V6 n'offre pas non plus. En cause un moteur pas assez vivant et un poids trop élevé. Un nouveau moteur pointe le bout de son turbo, le 1750 TBI. Il sera peut être une alternative intéressante, reste à voir s’il sera proposé en version Selespeed et si cette dernière saura encore progresser. Les amateurs de sportives passeront leur chemin, resteront ceux qui privilégient le design. Et les fans d’Alfa Romeo dans tout ça ? |