UN NOUVEAU SOUFFLE
Depuis longtemps, la série 3 est le modèle principal du constructeur de Munich. Chaque nouvelle génération est donc attendue avec impatience et notamment sa variante coupé et sa déclinaison la plus sportive : la M3. Pour nous faire patienter (un peu), BMW a dégainé une inattendue 335i, avec un inédit 6 cylindres en ligne turbocompressé. Et le comble, c'est qu'elle est aussi performante que la précédente M3 ! En attendant de goûter à la furieuse M3, la 335i est une mise en bouche qui a de quoi faire saliver...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
Le coupé BMW Série 3 est toujours un mariage d'élégance et de dynamisme. Une union qui remonte tout de même à 1937 avec le coupé 327 ! On se souvient mieux des superbes coupés BMW 2002 mais surtout des coupés M3 e30, M3 e36, M3 e46 ces versions Motorsport étant devenue de véritables icônes automobiles. Représentant plus de 7% du volume de vente de la série 3, le coupé est autant un vecteur d'image que de rentabilité pour le constructeur. Avec cette deux portes qui se forge une identité propre, BMW met plus que jamais l’accent sur l’élégance, le prestige et le confort. De plus, le constructeur place la barre nettement plus haut quant au dynamisme de conduite. Sur le nouveau coupé BMW Série 3, un moteur d’exception fait son entrée sur la scène mondiale :
le premier six cylindres en ligne doté de l’injection directe et d’un double-turbo.
DESIGN
Le design BMW a entamé sa révolution à la fin des années 90 sous l'initiative, souvent contestée, de Christopher Bangle. On se souvient notamment du spectaculaire concept Z9 présenté en 1999. Après le lancement de la série 7 (e65) en 2002, toute la gamme a adopté le nouveau style maison, avec plus ou moins de réussite selon les goûts de chacun. La série 3 est ainsi la dernière à abandonner le style des précédentes générations. Fidèle aux nouveaux standards visuels de la marque bavaroise, le coupé 335i est plus harmonieux et racé que la berline dont il dérive. Il est aussi plus long (+10 cm) et plus large (+2 cm) que son prédécesseur. L’originalité de la nouvelle deux portes se révèle au premier coup d’œil et le regard jeté sur chaque détail la confirme. Outre l’allure générale et la ligne - allongée de 7 cm sur le porte à faux arrière par rapport à la berline - le graphisme des ensembles optiques avant et arrière, l’intérieur et même les rétroviseurs extérieurs ont été spécialement dessinés pour le coupé. Le nouveau coupé BMW Série 3 est une automobile qui vous attrape l'oeil d’emblée et convainc
à la longue. Il faut dire qu'entre temps, on s'est habitué au nouveau style "béhème", notamment grâce à la série 5 très réussie et au Z4. Quelle que soit la
perspective, la deux portes apparaît comme une BMW authentique tout en se montrant individualiste. Sa ligne extérieure est exempte d’effets tapageurs pour laisser plutôt une impression positive durable. Son allure forme
un ensemble homogène aux proportions parfaites et aux détails aboutis.
Le nouveau coupé BMW Série 3 incarne l’élégance musclée sous sa forme
la plus moderne. Nez court, long empattement, habitacle
reculé et ligne de toit basse filant jusqu’à l’arrière dans un mouvement harmonieux caractérisent l’allure générale élancée, typique des coupés série 3, inspirant puissance
et solidité. La vue de front fait également ressortir une nette différenciation avec la berline et le Touring. Les contours du capot moteur ainsi que le dessin du bouclier avant et des optiques avant confèrent un air sportif et bas au nouveau coupé BMW Série 3.
Pour les optiques avant du nouveau coupé BMW Série 3, les stylistes ont également trouvé une ligne qui leur est réservée. Le capot moteur surplombe les optiques, les phares ronds doubles ont été optiquement biaisés dans leur partie supérieure. Les phares bi-xénon font partie de sa dotation standard. Les optiques arrière facilitent aussi la perception du coupé et lui confèrent
un look individuel. Intégrés à fleur de l’arrière et des panneaux latéraux arrière,
ils sont divisés en deux parties et s’étirent jusque dans le capot de coffre.
Le coup de gouge parcourant les flancs du coupé se poursuit dans les parties extérieures des optiques arrière. Toute la partie arrière est marquée par des lignes horizontales soulignant aussi la voie large et l’assise basse et sportive du coupé lorsqu’il est perçu de cette perspective.
La 335i se distingue par une double sortie d'échappement séparée. Le retour vers l’avant de la ligne
des vitres latérales au niveau des montants arrière, entré dans la légende comme «pli Hofmeister», s’est également vu réinterpréter.
Sur le coupé BMW Série 3, cette courbe forme un angle plus net vers l’avant, dans la ligne scapulaire. Pour permettre cette ligne accentuant le dynamisme du coupé, la bande chromée sertissant les vitres latérales est désormais réalisée en une seule pièce. De plus, les rétroviseurs extérieurs ont été spécialement dessinés pour le coupé BMW Série 3. Leurs contours reprennent la ligne de profil, si bien qu’ils se fondent harmonieusement dans la vue d’ensemble. Enfin, l’individualité s’exprime aussi par les teintes de carrosserie : six nouvelles teintes extérieures sont proposées pour le lancement commercial du coupé BMW Série 3.
HABITACLE
A bord, tout est centré sur l’expérience au volant. Le conducteur est installé au mieux. Excellente position de conduite, matériaux de qualité, finition exemplaire, nombreux réglages, sièges sport de série, petit volant en cuir, pommeau de vitesses qui tombe bien en main et ceinture de sécurité qui s'avance toute seule : c'est une véritable incitation à la conduite ! Le regard du conducteur se pose sur
le compteur de vitesse et le compte-tours dont les échelles s’étendent jusqu’à 280 km/h respectivement 8 000 tr/mn sur le top modèle de la gamme qu'est pour l'instant
le coupé BMW 335i. La température d'huile remplace l'économètre, une vraie bonne idée ! Il nous tarde de démarrer la bête. Une simple pression sur le bouton start suffit à éveiller les 6 cylindres. Si l’excellent maintien latéral offert par les sièges n’échappera pas au conducteur et à son passager avant, les passagers arrière s’en apercevront tout aussi vite. De plus, étant assis
nettement plus bas qu’à bord de la berline, les passagers arrière - 2 maxi - bénéficient d’une garde au toit optimale malgré la ligne de toit basse du coupé ainsi que de rangements supplémentaires. Dans sa partie supérieure, le tableau de bord tend vers le conducteur, alors que les commandes de la climatisation, de la chaîne audio et du système de navigation sont aussi facilement lisibles et accessibles pour le passager avant. Un grand écran couleur trône au milieu, c'est désormais la norme sur ce type de véhicule bien que nous soyons les premiers à déplorer leur présence "imposée"... Les surfaces du revêtement latéral adoptent un galbe continu s’étirant
du tableau de bord jusqu’aux dossiers des deux sièges arrière. La forme et la fonction de la console centrale sont reprises par le rangement logé entre
les sièges arrière. La ligne de lumière disponible en option pour les médaillons de porte et les revêtements latéraux ajoute une touche d'originalité dans cet environnement très "germanique". Masquée
vers le haut, cette bande lumineuse passe au-dessus des accoudoirs,
de l’articulation des portes jusqu’à l’arrière, et émet une lumière indirecte et chaude. Pour les garnitures, le ciel de pavillon et les autres revêtements intérieurs, les stylistes proposent de nouvelles harmonies de couleurs réservées en exclusivité au coupé BMW Série 3. Si l’équipement du nouveau coupé BMW Série 3 est complet (Clim, CD, cuir, régulateur, Xénon, etc.),
la liste des équipements de confort de série n’est pas moins longue.
A cela s’ajoutent une liste d'équipements optionnels dignes des limousines les plus huppées, qui ont vite fait de gonfler sévèrement le tarif...
MOTEUR
Qu'on ne s'y trompe pas, la 335i n'est pas animée par un 3,5L mais par un 3L. Motoriste de renom, BMW propose trois
6 cylindres en ligne à essence pour le coupé Série 3 dont une inédite version biturbo sur notre "335i". La variante
la plus puissante de la gamme des six cylindres en ligne BMW fournit 306 ch à 5800 tr/mn et atteint un couple maximal de 400 Nm de 1300 à 5000 tr/mn ! Le mariage de la suralimentation par turbocompresseur et de l’injection directe essence matérialise le principe du "dynamisme efficace" cher à la marque d’une manière particulièrement fascinante et inédite. Une petite révolution en effet à Munich car depuis l'éphémère 2002 turbo, aucun moteur essence BMW n'avait eu recours à la suralimentation ! Grâce à l’injection directe de seconde génération (injecteur piézoélectriques, pression de 200 bars), le client dispose de baisses sensibles de la consommation en conditions normales et d'une hausse significative de la puissance. Autre atout : le six cylindres en ligne suralimenté pèse environ 70 Kg de moins qu’un V8 de même puissance. Son poids moindre a non seulement un effet positif sur la consommation, mais permet aussi de conserver la répartition équilibrée
des charges sur essieux (50/50), distinguant les BMW à six cylindres. Vu leur moment d’inertie réduit, les deux petits turbocompresseurs établissent la pression de suralimentation nettement plus vite qu’un gros turbocompresseur unique.
La technologie a énormément progressé ces dernières années et la mise en œuvre des deux turbocompresseurs alimentant chacun trois
cylindres en air comprimé se manifeste par une spontanéité à ce jour inconnue chez les moteurs turbo. Le temps mort s’efface ainsi entièrement et de plus, le moteur dispose d'une belle allonge jusqu’à 7 000 tr/mn, bien au-delà de son régime de puissance maxi. Il offre aussi à bas régimes tout le velouté qui fait la réputation des six cylindres en ligne BMW dans le monde. En conduite normale sur route, cette caractéristique de puissance se traduit par une souveraineté que, à ce jour, seuls des moteurs atmosphériques de cylindrée nettement plus importante ont pu créer. Il faut ainsi chercher l'équivalent sur des V8 4.0 minimum !
Le nouveau moteur 6 cylindres biturbo disposant d'un couple copieux et quasi constant confère des accélérations et
des reprises extraordinaires à ce coupé pas si léger que ça (1600 Kg). D'autre part, la boîte de vitesse manuelle à 6 rapports, toujours aussi précise et agréable, se montre idéalement étagée. Et le comble, c'est que le moteur nous dispense de nombreuses manipulations avec sa souplesse impressionnante ! Le coupé BMW 335i parcourt le zéro à 100 km/h en 5,5 secondes seulement.
La reprise de 80 à 120 km/h en 5ème est expédié en
6,2 secondes. Et ce n’est à 250 km/h que l’électronique bride le débit de puissance, le compte-tours affichant "un poil" au-dessus du régime de puissance maxi. Cerise sur le gâteau, la consommation moyenne peut se limiter à 10 L aux 100 kilomètres, soit à peine plus que le précédent coupé 330i de 231 ch ! Malheureusement, très, (trop ?) bien insonorisé, le coupé 335i vous amène très rapidement à des vitesses prohibées, et, en toute décontraction, vous incite à jouer avec votre permis. Et c'est bien là le seul vrai "défaut" de ce fabuleux 6 en ligne biturbo...
SUR LA ROUTE
Le nouveau coupé BMW n’offre pas seulement
un potentiel mécanique incroyable, mais grâce à un châssis très rigoureux, il met le plaisir à la portée du plus grand nombre. En d’autres termes : la sécurité est embarquée à toutes les vitesses.
Grâce à la transmission aux roues arrière et à une répartition des charges à raison de 50/50 entre l’essieu avant et l’essieu arrière, le nouveau coupé
BMW Série 3 présente des conditions idéales pour un dynamisme maximal. Avec son essieu avant à jambes de suspension à double articulation et
à tirants réalisé essentiellement en aluminium et son essieu arrière à cinq bras, le nouveau coupé BMW Série 3 dispose de la suspension la plus moderne que l’on trouve actuellement dans son segment. Sa fixation étudiée
sur le plancher du véhicule est conçue de sorte à optimiser la rigidité.
En combinaison avec le centre de gravité abaissé de la carrosserie et le tarage plus ferme des amortisseurs (pack sport en série sur 335i), le naturel actif du coupé s’en ressent
très positivement. En dotation standard, le nouveau coupé BMW Série 3 évolue sur des
roues en alliage léger chaussées de pneumatiques Bridgestone Potenza RE050A en 225/45 R17 à l'avant et 255/40 R17 à l'arrière.
Ces pneus présentent des qualités antidéjantage (type RFT, pour "Run On Flat") : même en cas de dégonflage total, ils peuvent encore parcourir jusqu’à 250 km. De plus, l’indicateur de dégonflage (RPA) surveille en permanence la pression
et avertit dès que la pression baisse de plus de 30% par rapport à la valeur idéale. Autre point de réjouissance, la direction à crémaillère à assistance hydraulique très précise et exempte de toute remontée de couple, comme sur toute propulsion, assure une excellente tenue de cap et un feed-back exact sur l’état de la route. Le coupé 335i illustre à merveille le slogan de la marque voué au plaisir de conduire ! En option, la direction active adapte la démultiplication de la direction, l’angle de braquage et l’assistance à la direction à la vitesse momentanée et permet ainsi au conducteur d’effectuer des manœuvres à petite vitesse sans lui demander des braquages importants et de gros efforts au volant. Les amateurs de conduite sportive auront pourtant raison de ne pas faire cet effort financier supplémentaire qui nuit à la précision du pilotage. On attendait BMW sur le plan du freinage, surtout avec 1600 Kg à stopper et un 6 cylindres en ligne qui pousse comme un buffle... douche froide. Le système de freinage est certes efficace grâce à ses gros disques ventilés (348 et 336 mm de diamètre) mais insuffisamment endurant pour prétendre assumer sans peine une journée de défoulement sur circuit, malgré un DSC dernier cru qui compense l’effet de "fading" par une augmentation ciblée de la pression de freinage. Grâce à la fonction de préfreinage qui amène les plaquettes au plus près
des disques, la réactivité des freins est augmentée dans les situations laissant supposer un freinage imminent. Le contrôle dynamique du freinage (DBC) maximise pour sa part automatiquement la pression de freinage dès qu’un fort ralentissement s’impose. L'inconvénient c'est qu'on a une pédale de frein un peu moins facile à doser en pratique. A défaut de monter des freins plus performants dignes de rivaliser avec ceux d'une Porsche 911, BMW est le premier constructeur au monde à équiper ses modèles d’un indicateur continu de l’usure des garnitures de frein.
De même, la fonction de "séchage de freins" intervenant à des
intervalles réguliers lorsque la route est mouillée, optimise les performances de freinage dans ces conditions. Au rayon "inutile mais appréciable" on trouve également une fonction d'aide au démarrage en côte... Inutile de préciser qu'il est vivement recommandé de laissé l'antipatinage activé vu le couple débordant du 6 en ligne turbo, sauf à vouloir pratiquer le drift ! Le DSC (contrôle de stabilité en courbes) et le DTC (contrôle dynamique de la traction) sont fournis de série. Toutefois, Big Brother autorise un patinage léger pour savourer les joies du dérapage contrôlé et, donc, contrôlable aux roues motrices. Le nouveau coupé BMW Série 3 permet
même de déconnecter entièrement le DSC pour profiter pleinement d'un châssis très réussi, ce qui ne fait que regretter un peu plus l'absence d'un autobloquant mécanique malheureusement réservé aux versions Motorsport. Très agréable à conduire, agile et vif, le coupé série 3 laisse oublier sa masse avec un équilibre remarquable et une belle précision. Il pêche peut-être juste un peu par excès de fermeté compte tenu de sa vocation plus Grand tourisme que "Bête de course", ce qui nuit au confort et ne contient pas complètement quelques mouvements de caisse sur mauvaise route. Notons enfin que le coupé 335i n'est pas actuellement proposé avec la transmission intégrale X-Drive, ce qui le réserve aux amateurs de propulsions puissantes !
:: CONCLUSION
Le coupé BMW 335i e92 perpétue une longue tradition et avec son nouveau moteur 3 L turbo, il offre désormais un vrai agrément de GT et des performances qui vont de paire avec une consommation remarquablement maîtrisée. Bourré de qualités, ce coupé n'est pourtant pas fondamentalement sportif dans sa vocation bien qu'il se montre étonnamment presque aussi véloce que la précédente M3 ! Toutefois, le coupé 335i offre une alternative moins "brutale" et surtout, plus accessible car même à 45000 euros en prix de base, ce n'est pas une mauvaise affaire !... |