DONKERVOORT D8 210 WIDE TRACK (2003 - )
LA MAUTOMOBILE SPORTIVE !
La Donkervoort D8 est une voiture de sport conçue pour les vrais amoureux de l'automobile, fondus de pilotage, à la recherche des vraies sensations et de voitures sans compromis. S'ajoute à cette clientèle de puristes, quelques cadres jouissant d'une réussite professionnelle qui leur permet de rechercher le plaisir et la différence en matière d'automobile. Un peu pour la frime, mais plus encore pour connaitre le vrai sens du mot "plaisir de conduire". Si possible sur circuit, terrain de prédilection de la D8...
Texte & photos : Sébastien DUPUIS
Joop Donkervoort, le père fondateur de la petite société néerlandaise Donkervoort Automobielen BV, est un excellent technicien et un amoureux des voitures d'exception. Il y a plus de 25 ans il décida de construire ses propres voitures de sport en s'inspirant de la célèbre Lotus Seven, née en 1958 grâce au talentueux pilote Colin Chapman. Cependant, au lieu de construire une classique réplique, Joop étudia en collaboration avec l'Université d'Heindhoven la mise au point d'un châssis tubulaire complètement nouveau. En 1978, le premier modèle vit le jour, la S7, après plusieurs mois de travail dans la maison familiale de Tienhoven, pour les authentiques amateurs de voitures de sport sans compromis et dotées de qualités dynamiques exceptionnelles.
Ensuite, il y eu les S8, S8A, S8AT et D8 et depuis 1995, le petit constructeur a pris un bel essort grâce notament à un partenariat signé avec Audi AG pour la fourniture des moteurs. En France, la diffusion des Donkervoort reste confidentielle, mais après 24 ans de services, la société SBM cède l'importation de la marque Donkervoort en France à De Dain Racing, société installée en région parisienne. Présentée en avril 2003 sur le Salon du Cabriolet & du Coupé, le nouveau modèle "D8 210 Wide Track " répond aux attentes des puristes tout en respectant la nouvelle réglementation européenne de certification pour les fabricants de petites séries.
PRESENTATION
Alors que la marque Catheram s'adresse plus à des amoureux des voitures "à l'ancienne", les Donkervoort, et plus spécifiquement ce modèle"210 Wide Track", affichent un sérieux tempérament sportif. Fidèle aux convictions de Colin Chapman qui disait souvent "Si vous voulez aller plus vite, vous devez ajouter de la légèreté", le concept de la D8 est basé sur un excellent rapport poids/puissance obtenu par la limitation du poids. De fait, la D8 ne pèse que 630 Kg à vide !!! Et pour être à la hauteur de ses prétentions, elle affiche la couleur : châssis tubulaire en acier, carrosserie aluminium, composite, carbone, fibre de verre... du grand art avec comme maître mot : légèreté ! Toutes les parties de la carrosserie sont directement fixée sur le châssis. Celle-ci est faite de différents matériaux, tel que l'aluminium, la fibre de carbone et la fibre de verre. Le tout est réalisé à l'unité et assemblé à la main. Le niveau de qualité de réalisation de la D8 est pourtant très proche des standards d'industrialisation à grande échelle. En dépit d'un dépouillement extrême, mettant par endroit à nu le squelette de la machine, la qualité perçue de la Donkervoort n'a rien à voir avec l'artisanat hésitant de certains petits constructeurs.
Notre modèle d'essai, avec sa robe chatoyante aux couleurs de la mythique Ford GT 40 Gulf, nous déclenche un petit pincement au coeur dès que nous la découvrons sur le parking. Quel engin ! Comme son inspiratrice, la Lotus Seven, la D8 possède une ligne hors du temps et des modes qu'elle partage avec la Caterham Super Seven, même s'il n'y a aucun élément de commun entre les deux voitures. De part et d'autre du long capot moteur, les roues avant sont simplement couvertes de gardes-boue en carbone. Telle une monoplace, la Donk' exhibe ses trains roulants avant avec fierté. Avec ses deux phares ronds, l'avant se donne des airs d'insecte étrange. A gauche, l'échangeur puise l'air frais derrière les bras de suspension, tandis qu'au-dessus de lui l'admission directe respire par une grille latérale dans le capot. A droite, la ligne d'échappement parcours tout le flanc de l'auto, masquée par un cache en tôle dans lequel l'inscription "D8" est inscrite par perforation, prouvant là encore une recherche de gain de poids par élimination de matière... La partie arrière est plus séduisante, avec ses quatre feux ronds apposés sur de larges ailes qui lui donnent un air bien rétro. Les roues sont aux quatre coins de la caisse qui semble posée par terre. Avec les voies larges et un centre de gravité au raz du sol, on devine à la D8 une tenue de route diabolique.
HABITACLE
L'épaisseur du plancher et des sièges étant réduite au maximum, on a effectivement l'impression d'être assis sur le sol une fois à bord. L'opération est délicate, on se glisse dans le baquet avec un chausse-pied, surtout avec un blouson d'hiver ! Une fois installé, ayant fermé grâce à des boutons pressions (si, si !) les petites portes amovibles en toile avec leurs vitres en plastique, on se sent tout de suite bien à bord de la Donk'. Par endroit, on aperçoit le châssis tubulaire, à nu : ambiance compét' assurée ! Le tableau de bord est très dépouillé mais possède quelques interrupteurs dont un active le chauffage qui s'avère agréable pour les jambes. Rapide coup d'oeil aux manos : en tout cinq compteurs permettent d'avoir un oeil sur le moteur et accessoirement, la vitesse. Le petit volant trois branches en main, (sans airbag, ça fait drôle désormais !) on est comme prêt à bouffer de la gomme...
MOTEUR
Notre D8 est équipée d'un 4 cylindres Audi 1.8L turbo à 20 soupapes, que nous connaissons bien pour l'avoir essayé à moultes reprises dans diverses sportives de la galaxies VAG. Ici, il est installé longitudinalement en position centrale avant. La version de base débute avec 150 ch, la gamme allant jusqu'à 210 chevaux. Notez que le boitier d'injection ainsi que la ligne d'échappement sont étudiés et réalisés chez Donkervoort et non chez Audi, c'est pourquoi les caractèristiques du moteur présentent quelques différences avec le moteur d'origine qui équipait l'Audi S3 ou la Seat Leon Cupra R dans leur première mouture. Ainsi la puissance maxi de 210 ch est obtenue à 6000 tr/mn au lieu de 5800 tr/mn et le couple maxi atteint 320 Nm à 4000 tr/mn contre 270 Nm de 2100 à 5000 tr/mn.
Le moteur est accouplé à une transmission manuelle à 5 rapports, d'origine Ford, et seules les roues arrière sont motrices. L'étagement est assez resseré et donne la priorité aux accélérations plutôt qu'à la vitesse de pointe. Devant le frein à main, le petit levier à pomeau en alu trône sur le tunnel de transmission.
Voilà, nous y sommes, prêts à évaluer le pédigrée de ce drôle d'insecte, non sans une légère appréhension. Car il faut bien avouer qu'en ayant connaissance du poids réduit de la bête et de ses caractèristiques moteur, on a bien du mal à imaginer ce que cela donne une fois en marche. En effet, le niveau de puissance affiché n'a rien d'exceptionnel comparé aux mécaniques délirantes aujourd'hui disponibles sur les grandes GT ou même sur des berlines bavaroises qui tutoient allègrement les 500 chevaux, à coups de V8, V10 ou V12 parfois même suralimentés.
Alors, pour nous monter l'adrénaline, les gens de Donkervoort nous ont apporté un élément de comparaison assez évocateur en précisant simplement que le rapport poids/puissance (3 Kg/ch) permet d'effectuer le 0 à 100 km/h en 4", soit un temps assez proche de celui d'une... Ferrari Enzo !!! Tiens donc, rien que ça ! Et bien, assis par terre, cheveux... euh pardon, casque au vent, ça promet de belles sensations... Casque de rigueur donc, il est désormais temps de s'engouffrer dans l'habitacle étroit et de boucler le harnais pour quelques tours de rodéo mécanique. Contact, le quattre pattes Audi se réveille docilement et presque aussi silencieusement qu'un moteur de sage berline. Pas de doute, Donkervoort a été soumis, comme les autres constructeurs, aux normes anti-bruit. Seule la sonorité grave de la ligne d'échappement maison permet de comprendre que le 1,8T semble n'avoir jamais autant respiré à son aise que dans la légère D8.
EN PISTE !
Le châssis est évidemment l'une des parties les plus importantes de la Donkervoort D8. Comme pour une Formule 1, la rigidité torsionnelle influence la tenue de route et doit donc être réduite à son minimum. Ainsi, le châssis de la D8 est construit avec des barres d'acier tubulaires, soudées entre-elles au cuivre. La soudure au cuivre offre l'avantage d'absorber de l'énergie sans se briser ni se déformer. Les caractéristiques positives des tubes sont ainsi préservées. Depuis janvier 2002, toutes les sections tubulaires sont coupées au laser. Grâce à des tolérances d'usinage réduites, la qualité torsionnelle du châssis a pu encore être améliorée. Au final, le squelette métallique nu de la Donkervoort D8 ne pèse que 54 Kg ! A l'avant la suspension est composée de triangles superposés sur le principe de la Seven. La version Wide Track dispose, en plus, de voies élargies pour mieux assoir son empreinte au sol. A l'arrière, la Donkervoort D8 se distingue de la Seven ou de la Cat' par son bel essieu multibras qui, lui, n'est pas visible sous les larges ailes arrière. Avec tous ces éléments en tête, nous sommes évidemment très impatient de mesurer ce travail sur la route... enfin la piste.
Pour cela,
nous avons pris rendez-vous sur le circuit école de Magny-Cours,
sur lequel l'Ecurie De Ferdinand propose des stages d'apprentissage
du pilotage aux propriétaires de GT. Enfin, la D8 quitte
les stands au pas et nous attendons le signal des commissaires de
piste pour nous jetter dans le grand bain. Premier tour, presque
tranquille, pour chauffer les pneus le temps de noter déjà
quelques pertes d'adhérence à la réaccélération,
ce qui est toutefois normal vu les conditions : le froid hivernal
n'aide pas vraiment à les garder en température sur
la piste. Deuxième tour, déjà 180 Km/h avant
le freinage au bout de la ligne droite longue d'environ 500 m...
Quel moteur ! Plus que les 237 km/h annoncés par l'usine
et le 0 à 100, le 0 à 180 est littéralement
époustouflant ! Le 1,8L tout à l'heure si urbain se
mue en une brute épaisse. Le Turbo lui souffle dans les bronches
comme un ouragan et la Donk' se jette de virage en virage avec la
légèreté et la vivacité d'une moto de
course. L'arrivée de la puissance se fait sans temps mort,
c'est très linéaire mais ça pousse comme un
buffle jusqu'à 7000 tr/mn ! Vraiment, jamais nous n'avions
ressenti de telles sensations.
Finalement, la D8 pourrait même convaincre tous les propriétaires de 4x4 et autres monospaces qu'au ras du sol, tout est plus beau. Malgré la neige tombée la veille et le froid, nous pouvons nous targuer d'être à bord d'une des sportives les plus chaudes qu'il nous ait été donné de rencontrer. Et quelle tenue de route ! La D8 se comporte quasiment comme une monoplace, très précise, extrêmement directe, elle reste scotchée au sol comme une ventouse. Pourtant, la puissance, ou plus exactement le couple de la D8 210 semble presque trop important pour la motricité. Les réactions en sortie de virage sont assez brusques et le pilotage est vraiment viril. Ni ABS, ESP, ASR, etc. ne sont là pour vous aider. A bord, c'est le pilote qui décide car la D8 refûte avec bonheur toutes les aides électroniques dont sont affûblées trop de sportives actuelles. Les pneumatiques de route gagneraient à être remplacés par des gommes plus adaptées à un usage sur piste. Mais celà dit, la Donk' vous permet aussi de faire la liaison entre votre garage et le circuit, toujours avec le même bonheur d'être à son volant.
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
DONKERVOORT D8 210 WIDE TRACK
MOTEURType : 4 cylindres en ligne, 20 soupapes
Position : transversal AV
Alimentation : Gestion Bosch Motronic ME 7.5 + turbocompresseur KKK K04 (1,1 bars) + double échangeur
Cylindrée (cm3) : 1781
Alésage x course (mm) : 81,0 x 86,4
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn) : 210 à 6000
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 320 à 4000
TRANSMISSION
AR
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (5)
ROUES
Freins Av-Ar (Ø mm) : disques ventilés (345) - disques pleins (310 mm) + ABS
Pneus : 215/35 R 18
POIDS
Données constructeur (kg) : 630
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 3
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 237
1000 m DA :
0 - 100 km/h : 4"
CONSOMMATION
Moyenne de l'essai (L/100 km) : 13.5
PRIX NEUF (2004) : 49.375 €
PUISSANCE FISCALE : 8 CV
CONCLUSION
:-) Voiture hors normes Comportement de monoplace Machine à sensations pures Performances exceptionnelles |
:-( Polyvalence et confort limités... Prix exclusif Autonomie de moto |
La Donkervoort D8 met tous les sens à la fête. L'apparence unique et bestiale tient toutes ses promesses. De bonnes promesses ! Une fois le moteur démarré, sa sonorité sportive vous met dans l'ambiance, la voiture est prête à vous faire connaître l'une des plus excitantes expériences de conduite. Piloter une Donkervoort D8 n'est que pure émotion et pures sensations, quel que soit le type de parcours emprunté. Cette émotion si particulière est souvent appellée par ses propriétaires, "the Donkervoort experience". Car ce qu'elle vous fait vivre, aucune autre ne le propose et croyez-nous, quand on y a goûté, c'est dur de s'en passer.