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DONKERVOORT S8A (1985 - 1993)

donkervoort s8a
© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (30/10/2009)

EN SUPER 8

En 1958 Colin Chapman connaissait le succès avec sa désormais légendaire Lotus Seven qui allait écumer les routes et les circuits imposant partout sa légèreté et sa tenue de route exemplaire. 50 ans ont passé et le film n'a rien perdu de son charme. Mais avec le remake des années 80 à la sauce néerlandaise, signé du réalisateur Donkervoort, on est passé sur bobine Super 8. Sur la pellicule pourtant, rien ou presque ne différencie la Version Originale de la copie. Volant en mains en revanche, les nuances sont bien plus perceptibles. La "Donky" S8A entend offrir en effet tous les avantages d'une Seven, sans ses (quelques...) inconvénients. Ou quand l'élève veut dépasser le maître...

Texte : Sébastien DUPUIS
Photos : Alexandre AZIMZADEH

Reconnaître à la Lotus Seven quelques défauts, c'est déjà se mettre du monde à dos. Un brin d'insouciance anime doncl'auteur de ces propos, autrement dit : moi. Qu'importe, ne pas reconnaître à Joop Donkervoort une passion et un amour infini pour la Seven serait sans doute une plus grave erreur. En effet, ancien préparateur Lotus puis importateur de Caterham Super Seven à ses début, le néerlandais voue un culte sans limite à l'oeuvre de Chapman. C'est ainsi qu'est né dans son esprit l'idée de concevoir une Seven qui s'affranchirait de ses quelques (encore désolé...) défauts. Cette idée aurait un nom proche de son inspiratrice : S7. En 1978, la S7 est donc la première Donkervoort à quitter l'usine. Elle est motorisée par un 1.6L Ford Kent de 90 ch et son train arrière est emprunté à la Ford Escort. En 1985, la Donkervoort S8 succède à la S7.

PRESENTATION

donkervoort s8a

La S8 se dotait d'une nouvelle suspension avant, avec des voies élargies et des composants en aluminium et d'un nouveau train arrière issu de la Ford Capri. Parallèlement à la S8 apparaît un second modèle au catalogue, la S8A. Une voiture bien plus nouvelle qu'il n'y parait esthétiquement. La Donkervoort S8A n'est pas une version modifiée de la S8. Il s'agit d'une voiture totalement nouvelle, sur de nombreux aspects. La S8A repose sur un châssis tubulaire plus large et plus léger, composé de panneaux d'aluminium rivetés et collés : une méthode révolutionnaire encore jamais utilisée en automobile jusqu'à présent. Toute la carrosserie est en aluminium également, à l'exception des ailes avant en polyester.

HABITACLE

interieur donkervoort s8ainterieur donkervoort s8a

A la fois plus longue et plus large qu'une lotus Seven, la Donk' offre un habitacle plus spacieux. Oui, tout est relatif... car on ne parle bien sûr pas d'une classe S limousine ! Mais justement, le moindre centimètre grapillé dans cette boîte à sardines prend des allures de luxe opulent. On note également un petit coffre à bagages derrière les sièges. Petit certes, mais néanmoins fort apréciable. Ne serait-ce que pour y ranger la capote. A noter également que contrairement à l'originale, et à de nombreuses copies comme les modèles Martin, la finition et les matériaux utilisés sont de grande qualité. Assurément, Joop aime le travail bien fait et ça se voit, même 20 ans après. La planche de bord habillée de cuir est de toute beauté, surtout avec le rouge éclatant de notre modèle qui contraste formidablement avec le noir de la carrosserie.

Pour s'installer à bord d'une S8A, n'allez pas croire en revanche que la manoeuvre soit beaucoup plus facile que dans une SuperSeven. Capote en place,c ela relève même quasiment du numéro de contorsioniste ! Capote ouverte, l'astuce est de placer les mains au bon endroit puis de passer une jambe de chaque côté du volant pour ensuite se laisser glisser (ou tomber...) dans le siège. Là, en principe, vous devriez immédiatement vous sentir à l'aise et surtout, vous ne devriez plus bouger. Le minuscule pédalier est plus qu'une initation au talon-pointe, c'est une quasi obligation ! Quant au volant digne d'une voiture à pédales, il tombe parfaitement en mains et comme le petit levier de vitesses, il laisse espérer un maximum de virages sur le parcours ! Et comme on a sacrifié le repose-pied à gauche, il est souhaitable que l'embrayage soit lui aussi sollicité pour éviter la crampe... Si ce n'est pas de l'invitation à la conduite (sportive) ça ? Vous m'en direz tant. Ah oui, dernier détail : le chauffage est de série. Ben oui, vous ne pensiez quand même pas rouler avec la capote ?? Sacrilège !...

CARACTERISTIQUES


DONKERVOORT S8A
moteur donkervoort s8a
MOTEUR
Type : 4 cylindres en ligne, 8 soupapes
Position : longitudinal AV
Alimentation : Injection Bosch KE Jetronic
Cylindrée (cm3) : 1993
Alésage x course (mm): 90.8 x 77.0
Puissance maxi (ch à tr/mn) : 117 à 5500
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 162 à 4000
TRANSMISSION
AR
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (5)
ROUES
Freins Av-Ar (ø mm) : Disques ventilés
Pneus Av-Ar : 205/50 - 225/50 ZR 16
POIDS
Données constructeur (kg) : 675
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 5,7
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 220
1 000 m DA : ND
0 à 100 km/h : 6"
CONSOMMATION
Moyenne (L/100 Km) : 11,4
PRIX NEUF (01/2014) :
COTE (2009) : 30.000 €

9 CV FISCAUX

MOTEUR

Comme la S8, la Donkervoort S8A n'offre pas le choix du moteur. C'est un 2.0 Ford 8 soupapes ou rien. Hérité de la Sierra, ce moteur fournit grâce à l'injection 117 ch à 5500 tr/mn et un couple de 162 Nm à 4000 tr/mn. Autant dire qu'il n'a rien d'une mécanique particulièrement sportive. Néanmoins, dans une Super Seven, pardon une Super 8, c'est le manque de poids qui compense le manque de chevaux. Et avec seulement 675 kg sur la bascule, autant vous dire le 2.0 Ford retrouve des couleurs !

Avec son rapport poids/puissance de 5,8 kg/ch la petite Donkervoort fait mieux que la toute dernière Porsche 944 turbo, GT de référence de l'époque ! Quant aux GTI, stars du moment, inutile de préciser qu'elles ne font clairement pas le "poids". Ainsi, le rugueux 2.0 Ford vous catapulte à 100 km/h en 6 secondes, soit le temps d'une Porsche 928 S4. Sans parler de la sonorité sourde et libérée du moteur Ford, réellement excitante à entendre par le gros tube latéral situé côté passager.

La boite 5 est bien guidée, le passage des rapports à la volée est un jeu d'enfant et son étagement judicieux privilégie les accélérations et relance plutot que la vitesse de pointe, qui s'établit cependant à un honorable 220 km/h (pas testé..). Tout ça pour dire que la grosse arsouille faisait incontestablement partie du cahier des charges ! Oubliez les roadsters de cruising, ici on cause de sport. En s'amusant certes, mais de façon sérieuse ! Malgré le petit réservoir, l'appétit relativement modéré du vieux 2.0 Ford autorise une autonomie de 300 km minimum en conduite "rapide".

SUR LA ROUTE

essai donkervoort s8a

Avec une suspension arrière multibras en lieu et place de l'antique pont De Dion, la Donkervoort S8A est une voiture encore plus incroyable à piloter. Le principe a d'ailleurs été repris récemment sur la Caterham CSR, preuve de sa pertinence. Sa rigidité liée au châssis soudé et collé est incomparablement meilleure que celle d'un kit boulonné estampillé Lotus. Malgré tout le respect qu'on lui doit ! Avec la Donkervoort, il ne vous en coûtera pas une révision complète après une escapade sur circuit. La direction, dépourvue d'assistance, est très direct et terriblement précise. Le freinage, bien que doté de basiques tambours à l'arrière et de modestes disques de XR4i à l'avant, fait preuve d'une endurance à toute épreuve. Dans les courbes la S8A ne prend presque aucun roulis et ses pneus, généreusement dimensionnés, confèrent une motricité exemplaire.

A bord de la Donk on en vient rapidement à revoir ses idées préconçues sur la nécessité des technologies aussi sophistiquées que coûteuses qui nous semblent désormais indispensables dans toute sportive moderne. Pour le coup de vieux, il faudra donc repasser. La S8A est toujours incroyablement dans le coup lorsqu'il s'agit d'envoyer du "lourd" sur une départementale sinueuse ! Elle n'est pas trop puissante mais c'est une voiture qu'on dirige au doigt et à l'œil, au gré des envies. Elle se laisse glisser tout en étant très prévisible et prévenante. Comme pour tous les engins du genre, prendre ses distances (devant et derrière) car la visibilité, pour les autres, est un peu précaire du fait de ses dimensions de lilliputienne dans le traffic actuel.

donkervoort s8atDONKERVOORT S8AT
Esthétiquement similaire à la S8A et reposant sur le même châssis, la Donkervoort S8AT est ajoutée au catalogue en 1986, avec une mécanique largement revue... En effet, les ingénieurs ont greffé au 2.0 un turbo Garrett T3 avec échangeur. Il en résulte 170 ch et un couple de 23,4 mkg. Comme le poids n'augmente que de 10 Kg, le rapport poids/puissance tombe à 4 kg/ch et le 0 à 100 à 5" ! Moins homogène que la S8A dans sa conduite, la S8AT requiert davantage de vigilance et d'expérience de pilotage...

ACHETER UNE DONKERVOORT S8A

achat donkervoort s8a acheterLa cote désormais stable des Donkervoort S8A se situe autour de 30.000 €. Une somme certaine pour un simple jouet du week end, mais pas tellement au regard d'une voiture économique sur bien des aspects et qui s'avère être un réel investissement dont le capital est plus ou moins garanti à la revente. Sur ce point, il n'y a finalement pas grand chose à dire, fiabilité et solidité proverbiale du Ford 2.0, facilité de l'entretien, consommation raisonnable... tout y est ! En somme, elle est extrêmement facile à vivre. Pour vivre heureux, il ne vous reste donc plus qu'à prendre un peu de patience pour trouver la belle, sans négliger une possibilité d'achat à l'étranger (Allemagne, Suisse) où elle est moins rare.

CONCLUSION

:-)
Jouet pour adulte !
Sensations de monoplace à l'ancienne
Plaisirs authentiques de pilotage
Modernité des trains roulants
Finition et fiabilité
Mieux qu'une Seven, une CSR avant l'heure...
:-(
Aspects pratiques...
Moteur rustique (mais fiable)

Le joujou extra dans toute sa splendeur. Plus sûrement qu'une Ferrari, la Donkervoort S8A attire à elle tous les regards et, sans la jalousie parfois malsaine que suscitent les supercars, elle n'en offre pas moins son lot de sensations décoiffantes. Depuis la S8A, Donkervoort est passé à la vitesse supérieure côté moteurs mais, déjà, avec les 117 percherons du 2.0 Ford, croyez-moi bien qu'il y a de quoi s'amuser ! D'autant que côté châssis, la Donk' comble réellement tous les défauts de la Seven. Je dis ça, au cas où vous hésiteriez encore...

L'Automobile Sportive remercie chaleureusement la société Bahman Cars.

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