© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (30/04/2009)
PILOTES GENTLEMEN
Porsche avait ouvert
la voie au Challenge mono-marque, mono-produit avec la Porsche Cup. Le week-end,
des (heureux) propriétaires de Porsche 944 Turbo, puis de Porsche 911 se
livraient à des batailles à couteaux tirés ! Le retour des
Gentlemen Drivers des années 60. Fort de ce constat, Ferrari tente l'aventure
en 1993 avec le Challenge Ferrari. Mission remplie, le succès est au rendez-vous
et près de 50 Ferrari 348 " coursifiées " s'affrontent
les week ends sur circuit. Avec la Ferrari F355, Maranello passe la vitesse supérieure
et améliore sa berlinette qui devient la F355 " Challenge "...
Texte : Nicolas LISZEWSKI
Photos : D.R.
Dans les années 50 et 60,
la législation automobile et les compétitions en plein essor, permettaient
alors aux passionnés de voitures de sport de venir par la route aux épreuves
automobiles, faire la course, et repartir ensuite toujours par la route avec leur
auto immatriculée. A la fin des années 70, cette pratique est devenue
quasi anecdotique en raison du fossé toujours plus grand séparant
les voitures de routes, et celles de course pour jouer la victoire. Rien que les
pneus slicks, interdits sur route ouverte, ont évidemment contraint les
pilotes à venir avec leur voiture de course sur un plateau. Mais l'apparition
des courses mono-marques ou mono-modèles, comme la Porsche Cup par exemple, ont changer la donne. Le principe est simple : un seul modèle
d'auto admise, des modifications mineures et très réglementées
permettent aux amateurs et propriétaires de Porsche
944 Turbo puis de 911 RS de venir se mesurer
en course, comme les grands ! Ferrari n'est pas aveugle
à ce qui se passe chez son rival allemand et le succès de cette
formule l'incite à créer dès 1993 le Challenge Ferrari sur
des Ferrari 348 dotées de quelques équipements
de course. D'abord uniquement en Italie, ce Challenge va rapidement s'exporter
et devenir international pour le plus grand plaisir des fans du cheval cabré
et des propriétaires des berlinettes Ferrari à moteur V8. En 1995,
l'arrivée dans la gamme Ferrari de route de la F355 va amener la nouvelle
Ferrari F355 Challenge. Une aubaine pour ces pilotes
gentlemen.
DESIGN
On retrouve heureusement les lignes de la Ferrari
F355 tracées avec un succès sans égal par Pininfarina et
sa soufflerie. Véritable héritière stylistique de la lignée
des Ferrari 348, la F355 Challenge a en revanche, comme ses surs de la série,
abandonné quelques excentricités très " eighties "
comme les feux arrière carrés derrière la grille pour de
classiques feux ronds. De même les lignes se sont adoucies par rapport à
la 348 gagnant à la fois en grâce et en élégance. Une
grâce qui se mue en agressivité et sportivité sur la F355
Challenge puisque l'assiette est abaissée, les roues sont plus larges avec
un carrossage plus négatif ce qui accentue la sportivité de cette
berlinette de course. En digne voiture de compétition, la F355 Challenge
laisse peu élégamment dépasser de ses boucliers avant et
arrière ses anneaux de remorquage, en cas de panne ou accident sur le circuit.
Toute la partie basse de la coque, comme sur les modèles de série
profite d'une aérodynamique soignée avec un carénage qui
améliore les flux d'air sous l'auto et favorise l'effet de sol (comme une
ventouse). Cela permet ainsi aux F355 de se dispenser d'un aileron disgracieux.
Mais il est à noter que dès 1999 les F355 Challenge gagneront un
aileron arrière qui contribuera à améliorer la déportance
et donc les vitesses de passage en courbe. L'habitacle peut sembler identique
à une F355 de série pour le profane, mais l'amateur avisé
détectera de nouveaux sièges baquets avec un arceau cage et des
harnais. Tout les insonorisants ont été retirés pour gagner
du poids, et certains pilotes faisaient également le choix de la suppression
du climatiseur. Pour les besoins de la course, un extincteur est également
monté de série. Enfin on retrouve toujours avec plaisir la grille
métallique et le fin levier surplombé de sa boule
Dans les
petits détails, le monogramme " Challenge " stylisé est
accolé à celui de " F355 " sur la poupe de l'auto.
MOTEUR
Bien que la mécanique d'origine de la F355 de série soit particulièrement
performante et bien conçue, les ingénieurs de Maranello ont toutefois
du repenser à de nombreux détails liés à une utilisation
intensive en course. Afin que les pièces mobiles soient toujours idéalement
lubrifiées, le système de lubrification est optimisé pour
être plus efficace. Les ventilateurs de refroidissement sont plus grands
pour que le V8 à 40 soupapes respire le mieux possible. Tous les supports
de boîte et de moteur sont remplacés par des modèles plus
résistants et l'échappement est plus efficace et plus sonore ! Le
résultat du travail des ingénieurs portent la puissance à
380 ch à 8 250 tr/mn, soit un progrès de 60 chevaux par rapport
aux dernières Ferrari 348 Challenge ! Les concurrents étaient strictement
surveillés par les contrôles des commissaires techniques du Challenge
Ferrari et les V8 n'avaient le droit qu'à des simples mises au point. La
boîte de vitesses est disposée transversalement et est à six
rapports (avec marche arrière).
CHASSIS
Le châssis
est repris des F355 standard. Fort logiquement on retrouve donc un châssis
portant en acier à tubes soudés de sections variables. Un châssis
auxiliaire sur lequel est greffé le groupe motopropulseur l'accompagne
selon une méthode largement éprouvée chez Ferrari (la Ferrari
BB 512i était déjà conçue ainsi). La carrosserie
est donc posée telle une peau sur le châssis et est composée
d'aluminium et d'acier selon les pièces. Les quatre roues sont indépendantes
et sont fixées sur des suspensions à quadrilatères superposés.
L'amortissement de la version de série est conservée avec son contrôle
actif électronique pour limiter les variations de l'assiette selon les
circonstances dynamiques de la voiture. Un point d'autant plus utile en course
(à comparaison d'un usage route) où l'importance de pouvoir freiner
le plus tard et le mieux possible afin de jouer au mieux sur le transfert des
masses est vital. Quatre disques ventilés se chargent justement de freiner
l'auto au mieux et surtout longtemps avec un ABS qui pouvait être déconnecté
pour les pilotes exigeants. Les roues de 18 pouces étaient chaussées
soit de pneus slicks Pirelli 245/265-18 AV et 305/645-18 AR ou de pneus "
rain " (pluie) Pirelli PZero 225/40 ZR 18 AV et 265/40 ZR 18 AR.
ACHETER
UNE FERRARI F355 CHALLENGE
L'achat
d'une Ferrari F355 Challenge d'occasion aujourd'hui ne peut être que le
résultat d'une recherche et d'une démarche intellectuelle mûrement
réfléchie. Si aujourd'hui une F360 Challenge (et bientôt la F430) dispose officiellement d'une version route,
la Stradale, ce n'était pas exactement
le cas officiellement ou tout du moins régulièrement en France.
Les Ferrari F355 Challenge ont donc en général toutes couru en course,
ce qui n'est pas toujours le cas, des Ferrari 360 Challenge Stradale. Une F355
" de route " suffira largement même dans le cadre de sorties circuits
clubs. Il faudra donc être un véritable passionné des F355,
et un vrai connaisseur pour se porter acquéreur d'une version Challenge.
Elles ont souvent subit les affres de la compétition : boîtes abîmées,
châssis " travaillés ", peinture criblée d'éclats
sur la face avant, avec des traces de gommes sur les bas de caisse, trains roulants
sollicités
Difficile de donner un tarif sur des autos que l'on ne
voit que trop rarement dans les petites annonces françaises et qu'il ne
faudra pas hésiter à aller chercher à l'étranger.
Comptez environ 75 000 euros, sachant que les tarifs peuvent varier selon l'état
mais aussi le pedigree de l'auto (qui l'a utilisée en Challenge Ferrari
et avec quel palmarès). L'entretien reste exigeant tant en interventions
régulières qu'en coût. L'usage de slicks routiers est efficace
sur circuit mais en revanche sur route, le bruit de roulement est très
présent. Enfin, avant d'acheter, il sera utile de vous faire confirmer
par Ferrari que le numéro de châssis de l'auto convoité correspond
bien à une vraie Challenge et non une F355 " coursifiée "
car les propriétaires de F355 pouvaient faire modifier leur auto pour participer
aux courses.
CHRONOLOGIE FERRARI F355 CHALLENGE
1993 : Création du Challenge Ferrari.
Les clients Ferrari roulent au Challenge avec leur 348 TS et TB de série,
immatriculée avec quelques modifications.
1994 : Ferrari commercialise
une version spéciale 348 Challenge, sur la base de la nouvelle Ferrari
348 GTB
Le Challenge Ferrari s'exporte vers d'autres continents afin d'augmenter
les ventes de Ferrari à l'export.
1995 : Commercialisation de
la Ferrari F355 Challenge qui est basée sur la Ferrari F355 " classique
".
1999 : La Ferrari F355 Challenge évolue : aileron arrière
plus large.
2000 : La Ferrari F360 Challenge est désormais admise
au Challenge Ferrari et deux catégories co-existent pour que la F355 Challenge
puisse continuer à courir.
2001 : Arrêt des F355 Challenge
dans la compétition.
:: CONCLUSION
Attention,
vous êtes face à une véritable berlinette transformée
pour les bonnes causes de la compétition. Certaines Ferrari F355 Challenge
ont été immatriculées et permettent ainsi à leurs
heureux propriétaires de se rendre de circuits en circuits pour les sorties
clubs. Mais que l'on ne s'y trompe pas, l'usage de cette F355 Challenge est exclusif
et éprouvant. Une version de route " standard " sera amplement
suffisante et enthousiasmante pour la majorité d'entre-nous. Seuls les
accrocs aux vraies voitures de course seront comblés, à condition
d'en trouver une en bon état, immatriculée et d'y mettre le prix... |