© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (17/05/2012)
DOMPTER LE DIABLE
En 1993, après 3 années de production de la Diablo, Automobili Lamborghini SpA présente une nouvelle étape pour l'avenir des supercars italiennes : la Diablo VT...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
En 1992, les ventes de Lamborghini chutent et notamment celle de la Diablo dont le prix est devenu trop élevé pour des années de crise (déjà...). En conséquence, les financiers implacables du groupe Chrysler ne sont pas longs à tirer la sonnette d'alarme et estiment que le constructeur italien ne vend plus suffisamment d'automobiles pour justifier son investissement. Lamborghini tente pourtant un ultime redressement en proposant une version moins radicale de sa super sportive. L'idée de fond et de la rendre plus accessible et facile à conduire, histoire de toucher une clientèle moins restreinte. En effet, tous ceux qui ont alors les moyens de se payer une Lamborghini Diablo ne sont pas nécessairement des pilotes aguerris, loin s'en faut... Contrairement à ce qu'on pourrait penser, Lamborghini n'a pas attendu l'arrivée d'Audi à sa tête pour s'intéresser à la transmission intégrale. Déjà, la firme avait fait plus qu'explorer la piste en concevant un tout-terrain pour l'armée, devenu plus tard le LM002, premier ancêtre des SUV haut de gamme d'aujourd'hui. La Diablo VT, pour "Viscous Traction", est donc à l'époque la première supercar italienne 4 roues motrices.
PRESENTATION
Présentée en mars 1993 au salon de Genève, la Lamborghini Diablo VT n'est pas seulement une version intégrale de la Diablo, c'est aussi l'occasion pour la marque de remettre à niveau bon nombre de points de conception et de présentation. La principale différence à l'extérieur concerne les nouvelles prises d'air près des antibrouillard destinées à mieux refroidir les freins qui reçoivent des étriers à 4 pistons,. Par ailleurs, on remarque que les rétroviseurs extérieurs de la Diablo VT sont peints de la couleur de la carrosserie. Ces petites distinctions seront toutefois de courte durée, Lamborghini ayant appliqué ces changements à la Diablo 2 roues motrices dès l'année suivante. L'aileron restant une option sur les deux versions, la nuance esthétique sera alors limitée au seul logo "VT" apposé sur la grille inter-feux à l'arrière. Avec jusqu'à 25% de puissance pouvant être transmise aux roues avant, les Pirelli P Zero passent en 235/40 ZR 17 (au lieu de 245 sur la Diablo standard) tandis que les roues arrière demeurent toujours aussi impressionnantes avec leurs gommes en 335/35 ZR 17. La VT reçoit également en série une inédite suspension à pilotage électronique signée Koni, disposant de 4 modes.
A BORD DE LA DIABLO VT
Dans l'habitacle, toute la planche de bord a été reconsidérée avec un nouvel ensemble d'instrumentation plus agréable à l'oeil. La grosse horloge a quitté le tableau au profit d'une petite tandis que le système de ventilation revu permet une plus grande efficacité de la climatisation livrée en série, tout comme la direction assistée.
S'inspirant de ce qui est devenu une spécialité à Maranello, le compartiment moteur n'est pas en reste. Un habillage intégral autour du moteur moulé en fibre de carbone constitue un véritable écrin pour le V12, disposant lui aussi d'un cache supplémentaire entre les deux boîtes à air avec le logo de la marque, qui rend l'ensemble beaucoup plus soigné. Le refroidissement du moteur a aussi été optimisé dans les réaménagements. Le V12 5.7 ne subit toutefois pas de modification par rapport à la Diablo 2 roues motrices.
EVOLUTION
En février 1994, Lamborghini et ses filiales sont vendues par Chrysler au groupe indonésien MegaTech, dirigé par Setiawan Djody et Tommy Suharto. Inspirés par la Diablo SE30 Jota, les nouveaux responsables souhaitent proposer des variantes encore plus extrêmes (et chères) de la Diablo, sous forme de séries limitées, susceptibles d'attirer les collectionneurs les plus fortunés. C'est ainsi que l'usine de Sant'Agata va construire la Diablo VT-R en 1996. Beaucoup moins connue puisque seulement 3 exemplaires (!) ont été produits sur les 5 prévus initialement, la VT-R reste l'une des dernières folies de la marque avant... son nouveau rachat. Il est fort possible que Lamborghini disposait de quelques pièces de Diablo SE30 en stock si bien que l'idée fût de les réutiliser sur un châssis de Diablo VT, à l'exception des petites vitres si particulières et des jantes, empruntées à la Diablo VT roadster. La Diablo VT-R utilise une version modifiée du V12 5.7L, capable de propulser des 4 roues la Super Diablo à 328 Km/h.
DIABLO VT ROADSTER
Dès 1992, Lamborghini avait présenté au salon de Genève, un prototype de Diablo sans toit (photo ci-contre). Mais il aura fallu 3 années de développement pour concevoir la Diablo VT Roadster et son original système de toit coulissant en fibre de carbone. Extérieurement, on remarque les ouïes latérales reprises à la Diablo SE30 alimentant notamment les disques de freins arrière et les radiateurs d'huile. Le bouclier arrière est également très similaire à celui de la Diablo SE30. Le bouclier avant est lui aussi différent de celui du coupé Diablo VT. Les feux de brouillard sont désormais séparés, avec deux rectangulaires et deux circulaires et complétés par deux prises d'air sur les côtés pour les freins. La Lamborghini Diablo VT Roadster reçoit également des double sorties d'échappement ovales au lieu des rondes du coupé. Enfin, les jantes 17" du roadster Lamborghini sont également spécifiques. A l'intérieur, les sièges sont un peu différents et reçoivent un cuir spécial capable de résister à l'eau, en cas d'averse surprise. Comme son nom l'indique, le roadster Diablo n'est proposé qu'avec la transmission intégrale... quelques SV Roadster seront toutefois construites par la suite, sur commande spéciale.
DIABLO ROADSTER VT-R
Ce modèle unique, Lamborghini le réalise en 1996 pour marquer le lancement de son premier modèle officiel destiné à la compétition, la Diablo SV-R, notamment utilisé pour le Lamborghini Supertrophy et le SuperSport Trophy. La VT-R Roadster abandonne le toit et les roues avant motrices de la VT Roadster et reçoit le V12 600 ch de la SV-R. Le Roadster VT-R conserve la face avant de la VT mais des entrées d'air ont été aménagées à la place des phares, avec des prises NACA, et la suppression des antibrouillard. La face arrière de la SV-R avec son imposant diffuseur et son monumental aileron plat sont également là pour assurer le spectacle. Dans l'habitacle, seul un siège baquet est monté avec un harnais 5 points. Sur le principe du kit de la SE30 Jota, de grande écopes aspirent l'air forcé juste au-dessus de la tête du pilote.
La crise économique qui touche l'Asie en 1997 oblige le groupe indonésien à se séparer de Lamborghini. Après seulement 3 ans, le taureau est de nouveau dans la tourmente ! Mais un homme s'intéresse très vite à cette opportunité. Il s'agit du nouveau président de Volkswagen, Ferdinand Piëch, profitant de la santé insolente de son groupe pour effectuer une série de rachats stratégiques. C'est finalement la filiale haut de gamme de Volkswagen qui signe la transaction et en 1998, Lamborghini passe sous la responsabilité d'Audi.
Le designer Luc Donckerwolke est mis en charge du style de la firme italienne et notamment de la remplaçante de la Diablo dont c'est la 8ème année de production. Lamborghini opère donc un restylage très minime, destiné à faire patienter la vieillissante Diablo jusqu'à sa relève (qui n'interviendra pas avant 2001 cependant !).
La principale nouveauté de la VT 5.7 millésime 1999 consiste à faire disparaître les phares escamotables, symboles d'un autre âge, au profit d'optiques plus performantes carénées sous une bulle de polycarbonate. La Diablo VT chausse également une pointure de plus désormais sur des jantes 18" monobloc permettant d'embarquer un freinage également revu à la hausse et secondé par un ABS en série.
Tout l'habitacle est profondément revu pour élever la qualité de la finition d'un cran, influence germanique oblige... Un airbag passager est maintenant fourni en série.
Le moteur V12 5,7 litres développe 530 ch grâce au variateur de phase VVT, principe introduit par Alfa Romeo sur la 75. Le rendement amélioré à bas régime notamment se traduit par une réduction sensible de la consommation et des rejets polluants. L'accélération de 0 à 100 km/h de la Lamborghini passe symboliquement sous la barre des 4 secondes. La Diablo VT n'est pas véritablement métamorphosée mais devient plus agréable à conduire. Après seulement un an de production, la "nouvelle" Diablo VT 5.7 laisse sa place à la Diablo VT 6.0L.
:: CONCLUSION
Environ 400 exemplaires de Diablo VT seront produits dans la 1ère série, plus un nombre très restreint en 1999 pour la seconde série. Un peu moins rechée par les puristes, la Diablo VT ne cote pas vraiment plus cher qu'une Diablo standard. Si vous avez peur de vous faire peur avec l'autre, cela peut constituer un bon compromis... Dans tous les cas, gare à l'entretien de cette diva ! |