© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (19/05/2012)
LE DIABLO CORPS...
Le groupe indonésien MegaTech rachète le constructeur Lamborghini à Chrysler en février 1994. Dès lors, sous la direction de Michael Kimberly, un important programme d'élargissement de la gamme est entrepris...
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
La Diablo seule fait vivre l'entreprise et pour subsister durablement il apparaît indispensable de développer une véritable gamme. Les Diablo et Diablo VT ne suffisent plus à attirer suffisament de clients. Comme l'a fait Porsche avec sa 911, Lamborghini met alors en œuvre une stratégie marketing destinée à valoriser son patrimoine, conduisant ainsi à remettre en scène des appellations disparues pour étoffer son catalogue. C'est ainsi qu'est dévoilée en 1995 au salon de Genève la Diablo SV, pour Super Veloce, en référence bien sûr à la Miura du même nom.
PRESENTATION
Pour beaucoup d'admirateurs, la SV représente la Diablo ultime, bien que ce modèle fût à l'époque la nouvelle "entrée de gamme" puisque moins chère que la Diablo 2 roues motrices standard et la VT. Construite sur la même base, la SV se fait dans un premier temps remarquer par ses énormes adhésifs sur les flancs, que le client pouvait toutefois faire retirer gratuitement à la commande. Même dépourvue de cette décoration, on ne pouvait louper l'aileron réglable des Diablo SE30, peint en noir ou couleur carrosserie (en option). En noir aussi, l'entourage des feux arrière et de la grande grille avec les logos Diablo et SV rouges. Les feux de brouillard et de marche arrière ont été déportés dans le bouclier, comme sur la Diablo SE30 tandis que les quatre sorties d'échappement sont ovales comme sur la Diablo VT Roadster. La capot moteur est équipé des énormes prises d'air de la Diablo SE30 Jota, confirmant que Lamborghini a su piocher dans des stocks d'éléments déjà existants pour imaginer son nouveau modèle... Le V12 n'est d'ailleurs que très peu modifié mais dépasse cette fois la barre des 500 ch, en affichant 510 ch au lancement. C'est cependant 13 ch de moins que la SE30 de 1993. Les premières Diablo SV sont montées avec des jantes de 17" peintes en noir avec bord poli, hébergeant des freins plus gros. A l'intérieur, peu de changements, sinon le montage de la planche de bord de la Diablo VT, dépourvue d'airbag jusqu'en 1998. La sellerie cuir en série sur les autres modèles, est ici remplacée par de l'Alcantara sur les sièges et les panneaux de portes avec un logo "SV" brodé sur les appuie-tête.
EVOLUTION
Paris, Mondial de l'Automobile, octobre 1998. Toutes les versions de la Lamborghini Diablo adoptent les nouveaux projecteurs sous vitrage de la Nissan 300ZX à la place des phares escamotables. Le designer Belge Donckerwolke n'a pas encore pu apporter sa touche au dessin originel du maître Marcello Gandini, si bien que le restylage de la Diablo est vraiment limité à des points de détails. L'habitacle des modèles 1999 est plus profondément revu, avec deux airbags désormais, et une finition en progrès. Propulsée par son V12 de 530 ch (+20 ch grâce au variateur de phase qui favorise le remplissage à haut régime), la Diablo SV chausse du 18" sur ses nouvelles jantes en 3 parties et abrite des disques de freins perforés. Un ABS, de marque Kelsey Hays, est maintenant monté de série. La supercar de Lamborghini demeure l'une des dernières de son espèce à suivre un mode de fabrication réellement artisanal, très proche de celui qui était déjà mis en place à ses débuts. Outre le V12 toujours assemblé à la main et testé sur banc avant d'intégrer la coque, le châssis tubulaire est réalisé par Marchesi à Modène tandis que les panneaux en aluminium du coffre avant, des portes et des ailes sont fournis par Golden Car à Cuneo, spécialiste qui travaille aussi pour Maserati. Les panneaux de carrosserie en composite, capot moteur et boucliers, sont fabriqués à l'usine Lamborghini directement, dans un Autoclave. La culasse vient de chez Fonderia Scacchetti avant d'être finie chez Lamborghini. La personnalisation encore permise par l'artisanat est quasiment infinie, ce qui rend bon nombre de Lamborghini Diablo uniques. Au-delà de la simple couleur de peinture personnalisée, les spécifications mêmes du moteur peuvent être adaptée, des rapports de boîte (3 types de ponts sont proposés) jusqu'au taux de compression ! Chaque voiture est ensuite testée sur 3 sessions de 60 kilomètres lors desquelles les réglages de suspension et de gestion moteur sont validés avant qu'elle soit déclarée apte à la livraison. Les moteurs assemblés à partir de 1999 sont reconnaissables à leur inscription "'Valve Timing Management" sur le cache central des admissions d'air. La Lamborghini Diablo SV restylée (ou série 2) ne va être produite que d'octobre 1998 à décembre 1999, soit un total d'environ 100 exemplaires, avant de laisser sa place aux Diablo VT 6.0 et Diablo GT.
LAMBORGHINI DIABLO SV-R
La Diablo SV-R est la première voiture de course officielle de l'usine Lamborghini. Dévoilée au salon de Genève 1996, elle s'accompagne d'un challenge mono-marque ouvert aux pilotes professionnels et amateurs. Partant d'une Diablo SV totalement dépouillée (y compris de son éclairage !) dotée de vitrages en Plexiglas avec une partie coulissante pour ventiler légèrement un cockpit recevant un arceau de sécurité en échange de toutes ses moquettes, isolants et équipements de confort. Seul le pilote peut prendre place à bord, avec un baquet compétition et un harnais. Le bouclier avant, les jupes latérales, l'aileron en carbone et le diffuseur arrière aménagé à la place du bouclier avec sa double sortie d'échappement centrale permettent de faire immédiatement la différence avec le modèle de série. Le moteur ainsi libéré de ses silencieux et catalyseurs profite d'une gestion revue pour grimper à 540 ch. Les jantes OZ (remplacées plus tard par des Speedline car elles cassaient sous l'effort !) chaussent des slicks Pirelli et ventilent les disques brembo de 335 mm. La suspension Koni est deux fois plus ferme que celle de la Diablo SV de série, déjà raide, ce qui vous laisse imaginer le confort ! La première manche de ce championnat se déroule en juin 1996 en ouverture des 24h du Mans. Le Lamborghini Supertrophy durera 4 années consécutives avant de laisser sa place au GTR Supertrophy en 2000. Une trentaine d'exemplaires de Diablo SV-R seront produits dont certains seront reconvertis pour la route.
DIABLO SV ROADSTER
A Genève, en mars 1998, le premier nouveau modèle présenté après le rachat par Audi est une version Roadster de la Diablo SV. Jusqu'ici la découvrable ne s'offrait en effet qu'avec 4 roues motrices. Ne souhaitant négliger aucune clientèle, MegaTech avait donc pris la décision de viriliser quelque peu le cabriolet ! La Diablo SV Roadster devait également être vendue un peu moins cher que la très exclusive VT Roadster et constituait ainsi, au même titre que le coupé SV, une nouvelle entrée de gamme. Par rapport au Roadster VT, la suspension était simplifiée mais l'amortissement piloté restait disponible en option. De même, l'aileron arrière était une option. Le poids du Roadster SV descendait ainsi à un très raisonnable 1530 kg, gage de performances décoiffantes ! Mais la production de la Diablo SV Roadster est finalement annulée par Audi l'année suivant sa présentation, bien que la marque ait déjà reçu plusieurs commandes. La raison est que la firme allemande ne souhaitait conserver au catalogue que des versions à transmission intégrale... Cette nouvelle orientation stratégique sera concrétisée avec l'arrêt du coupé SV en fin d'année. Seuls 2 exemplaires de Diablo SV Roadster seront produits officiellement par l'usine (le second est jaune), de sacrés collectors aujourd'hui !
:: CONCLUSION
Avec la Diablo SV, Lamborghini va atteindre un niveau de ventes élevé entre 1995 et 1997, permettant au groupe indonésien qui le détient de faire une belle plus-value lors de la revente à Audi en 1997. Forte de son restylage, la supercar de Sant'Agata va finir sereinement une décennie de carrière avant de céder sa place à la Murciélago, premier modèle né sous l'ère Audi. La SV est la dernière Lamborghini Diablo propulsion produite en série. |