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MASERATI GRANTURISMO Sport (2013 - )

maserati granturismo sport
© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (23/03/2013)

INSTINCT DE SURVI…RAGE

En attendant sa succession appelée à arriver fin 2014, Maserati offre à sa GranTurismo un léger restylage. Très léger, juste suffisant pour faire l’actualité, il est l’occasion pour le trident de remettre à jour la version S en la renommant subtilement Sport. Mais de sport, justement, en est-il réellement question sur un coupé affiché à plus de 1.700 kg ? La réponse en images…

Texte : Maxime JOLY
Photos : Étienne ROVILLÉ

La GranTurismo Sport fut présentée cet été. Elle fut également du voyage au Salon de Paris en octobre dernier, en compagnie de la nouveauté de l’époque, la GranCabrio MC. Le but était de patienter jusqu’à la nouvelle Quattroporte VI, dévoilée au Salon de Détroit. Signe que cette immense berline n’est pas destinée à notre marché, en dépit de la publicité gratuite reçue par la Quattroporte V GTS dans le film "Intouchables"…

PRESENTATION

maserati granturismo sport arriere

Après quatre ans de carrière, la GranTurismo bénéficie d’un facelift. La version Sport prend place au milieu de la gamme entre la 4.2 et la très méchante MC Stradale dont elle récupère, en option, certains éléments aérodynamiques.  Avec 15.000 exemplaires vendus depuis 2007, Maserati tient un best-seller qu’il n’a pas voulu trop retoucher. Les principaux ingrédients du restylage se limitent extérieurement aux nouveaux feux avant à LED, au pare-choc inspiré de celui de la MC Stradale et aux optiques arrière fumées. A noter que la GranCabrio bénéficie d’un traitement équivalent. 

Une nouvelle couleur baptisée « blu sofisticato » fait son apparition. De vous à moi, nous aurions préféré cette couleur pour notre essai. Notre photographe aussi… Trois autres couleurs spéciales sont également disponibles, en plus des trois autres à effet mat. Neuf coloris d’étriers - dont le Blu Opaco Anodizzato - sont à choisir dans le catalogue, pour autant de type de jantes. A ce propos, les nouvelles « Neptune Nero » sont facturées 1.200 €. Le kit MC Sport Line laisse lui aussi libre cours à votre imagination, pourvu que votre bourse vous le permette. Intérieur carbone Evolution I et II, deux packs aérodynamiques, feux avant aspect noir mat ou bien encore le pack extérieur chromé, tout est fait pour qu’il n’y ait pas deux configurations équivalentes de vendues. 

HABITACLE

interieur maserati granturismo sport

L’intérieur du coupé Maserati Granturismo Sport est de bonne facture et correctement assemblé même si quelques petites mesquineries peuvent noircir le tableau. L’autoradio (parfaitement inutile…) Magnetti-Marelli n’a rien de luxueux et le démarrage par clé peut froisser un acheteur prêt à débourser plus de 130.000 €. A moins que, comme moi, il n’en ait strictement rien à faire de tous ces gadgets…  Les sièges avant ont été redessinés. Ils assurent un meilleur maintien tout en offrant plus d’espace aux passagers arrière. Sellerie, boiseries, planche supérieure, volant, pavillon, tapis, tout est personnalisable à l’infini.

Trois finition sont disponibles : cuir Poltrono Frau, combinaison de cuir et d’alcantara ou alcantara et fibre de carbone. Il existe en plus un pack alcantara. Sur demande, il est possible de monter l’instrumentation de la MC Stradale. En outre, contre 1.800 € vous aurez droit au système Bose ou au pack confort. Quant au cuir perforé, il ne se négocie pas à moins de 837 €. Il vous faudra casser votre tirelire pour succomber à l’intérieur bicolore, vendu 5.980 €.

MOTEUR

v8 granturismo sport

Ce bon vieux 4.691 cm3 nous avait terriblement manqués. Il en est aujourd’hui à sa quatrième déclinaison après celles de l’Alfa Romeo 8C, de la GranTurismo S et de la GranTurismo MC Stradale. Sur cette dernière, il avait atteint son apogée. Gorgé de couple dès le ralenti et rageur comme une bête féroce, il représentait la combinaison idéale du moteur de sport. Ajoutez à cela une sonorité à rendre fou de jalousie n’importe quel T-Rex et vous devinez probablement pourquoi ce moteur nous a tant manqués, pour ne pas dire marqués. Depuis l’année dernière, les motoristes ont revu la cartographie, installé de nouveaux pistons et la levée des soupapes à haut régime a été optimisée. Cette dernière déclinaison en date se distingue par une hausse du couple de 10 Nm (520 Nm) et de la puissance de 10 chevaux (460 ch).

Des valeurs qui n’impressionnent plus de nos jours si l’on doit se référer à la surenchère de puissance dont on nous abreuve constamment. A l’époque où le défi est de passer sous la barre des 3 secondes sur le 0 à 100 km/h, les 4.7 de la Maserati en sont loin. Par rapport au V8 de même cylindrée essayé cet été sur l’Aston V8 Vantage mk3, le bloc transalpin est meilleur dans tous les registres. 

Si pour vous aussi, le plaisir prend le pas sur le chronomètre, sachez que vous aurez le choix entre la boîte F1 MC-Shift, retravaillée pour l’occasion pour changer les rapports en 100 ms, ou la boîte automatique ZF, déjà vue sur le GranCabrio Sport. Se priver de la boîte robotisée à simple embrayage serait un crime de lèse-majesté car, même en étant moins réactive que celle de la MC Stradale, les vitesses claquent à un rythme déchaîné en mode Sport. A condition toutefois d’être dans la partie supérieure du compte-tours car, à bas régime, il lui arrive de se montrer paresseuse.  Le mode Sport donne l’impression de passer d’une télévision stéréo à un ensemble Home Cinéma. Bien que le spectateur privilégié soit celui logé sur une des places arrière, à l’avant vous n’en perdez pas une miette. En prime, une fois le moteur bien chaud, l’écoulement des gaz dans la ligne d’échappement est audible et particulièrement spectaculaire !

SUR LA ROUTE

essai maserati granturismo sport

Qui a dit que la St Valentin n’était qu’une fête commerciale ? Un 14 février en compagnie d’une Maserati revient à joindre l’utile à l’agréable. Peu farouche, elle se laisse approchée dès le premier rendez-vous. Mais elle n’hésite pas à vous gifler, montrant ainsi que c’est elle qui mène la danse. Et de danse, il en est question quand la météo se fâche et que des larmes coulent du ciel. Les nôtres se sèchent très vite grâce au plaisir pris au volant de cette italienne au sang chaud. A contrario, il ne faut pas manquer de sang froid quand elle amorce ses dérives et mieux vaut être habitué à la pratique du contre-braquage. Le coup de raquette est violent, y compris lorsque le très permissif ESP est connecté. Rattraper le coupé n’est pas une mince affaire pour un conducteur lambda. La voiture est pourtant équilibrée avec le moteur positionné à l’avant, et reculé jusqu’au poste de pilotage, et la boîte de vitesse montée en opposition sur l’essieu arrière. La répartition des masses permise par le Transaxle est de 47% à l’avant contre 53 à l’arrière sur les modèles équipés de la boîte F1. Le différentiel à glissement limité est taré à 25% en accélération et 45% en décélération. 

Les suspensions Skyhook ont été revues. Insuffisamment pour endiguer correctement la prise de roulis naturelle de la voiture. Le gros point noir est l’absence notable de ressenti lorsque le mode Sport est activé. Sur les appuis, l’avant plonge et le train avant manque de mordant. Un sentiment de lourdeur se fait également ressentir dans les enchaînements et au cas où vous ne seriez pas dans le bon régime moteur, l’italienne vous le fait rapidement comprendre à coup de sous-virage. Cela dit, ce phénomène est accentué sur chaussée trempée. Sur le sec, ça passe mieux.  Pour une meilleure rigidité, la barre stabilisatrice a été augmentée de 2 mm. La direction est plus directe qu’auparavant et, enfin, le freinage a été fait en partenariat avec Brembo. Les étriers sont 25% plus légers que les précédents et dotés de six pistons à l’avant et de quatre à l’arrière. L’attaque de la pédale de frein est toujours aussi déroutante. Spongieuse, elle ne met pas en confiance. Un long temps d’adaptation est nécessaire avant de freiner tard et fort. C’est d’autant plus incompréhensible que le freinage est finalement puissant. Pour l’endurance, nous n’avons pas eu à nous en plaindre, en les faisant refroidir régulièrement. A titre de comparaison, la Maserati est moins efficace que ne peut l’être la Corvette C6 Grand Sport que nous avions essayée… sur le sec. 

profilSPORT OU MC STRADALE ?
Maserati s’est lancé un défi délicat : améliorer la GranTurismo S sans pour autant faire perdre de l’intérêt à la MC Stradale. Y sont-ils parvenus et, si oui, comment ? Les deux caractéristiques majeures de la GT MC Stradale sont ses kilos en moins et sa boîte hors norme. Très clairement, il s’agit ni plus ni moins que de la meilleure boîte du monde. Celle de la GranTurismo Sport n’est pas en reste mais est nettement un cran en dessous car elle est moins rapide et moins violente. La faute à l’absence du mode MC-Race. Ensuite, la cure d’amaigrissement n’est pas un vain effort lorsque la base de travail est annoncée à 1.780 kg. Cela se ressent dans les performances, la consommation mais surtout, dans le comportement routier. Moins de poids donc un comportement moins pataud. L’amortissement Skyhook n’est pas non plus exempt de reproche, trop typé confort sur la GranTurismo Sport. Comprenez que la belle Maserati prend du roulis. Pour le même exercice, la MC Stradale n’a pas besoin de Skyhook tout en se montrant aussi confortable ! Enfin, délestée d’une bonne partie de l’insonorisation et équipée de lignes d’échappement spectaculaires, la sonorité de la "MC-S" s’apprécie davantage. Bref, la GranTurismo MC Stradale est bel et bien intouchable… 
>Lire notre essai de la Maserati Granturismo MC Stradale

CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
MASERATI GRANTURISMO Sport

MOTEUR
Type : 8 cylindres en V à 90°, 32 soupapes
Position : longitudinal AV
Alimentation : Gestion électronique intégrale, admission variable continue
Cylindrée (cm3) : 4691
Alésage x course (mm) : 94 x 84,5
Puissance maxi (ch à tr/mn) : 460 à 7000
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 520 à 4750
TRANSMISSION
AR
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle robotisée (6)
ROUES
Freins Av-Ar (ø mm) : Disques ventilés carbone-céramique (380x34) étriers fixes 6 pistons - (360x32) étriers fixes 4 pistons
Pneus Av-Ar : 255/35 - 295/35 ZR 20
POIDS
Données constructeur (kg) : 1670
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 3,9
fiche technique performances maserati granturismo sport v8 4.7 460 ch
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 301
1000 m DA : ND
0 à 100 km/h : 4"7
CONSOMMATION
Moyenne normalisée (L/100 Km) : 14,4
Moyenne de l'essai (L/100 Km) : 19
CO2 : 337g/km
PRIX (03/2013) : 131.201 €
PUISSANCE FISCALE : 38 CV

CONCLUSION

:-)
Moteur
Sonorité fantastique
Boîte F1
Comportement joueur
4 vraies places
:-(
Poids…
Délicate sur le mouillé…
Manque de nouveauté
Amortissement trop souple
Attaque des freins

La Maserati GranTurismo Sport cultive l’art du paradoxe. Grosse, lourde et confortable, elle ne laisse rien transparaître de son caractère bien trempé. Peu à son aise dans les enchaînements serrés, elle ne se privera pas de vous donner quelques frayeurs, en particulier sur chaussée humide où sa prise en main est franchement intimidante. Son moteur à la sonorité caverneuse tout droit sortie de Jurassic Park fait qu’on lui pardonne une orientation mi-GT mi-sportive un peu obscure. Bien que manquant de nouveautés, la GranTurismo Sport apparaît déjà comme un collector puisque c’est sans doute la dernière association du V8 4.7 et de la boîte F1 à simple embrayage…

Un grand merci au circuit de Pont l'Evèque qui nous a accueillis pour cet essai.

PHOTOS


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